Je regarde Junhui depuis quelques secondes, silencieusement. Je ne suis pas sûr de comprendre. La chanteuse lyrique était donc... Junhui ? Non, je dois certainement halluciner ou quelque chose de ce genre. La voix est bien trop aiguë pour qu'elle puisse appartenir à Junhui.

— Je... Désolé, j'ai dû me tromper de salle... J'y vais... Je m'apprête à fermer la porte.

— Minghao, attends !

Je sursaute en entendant une nouvelle fois la voix enfantine. Je relève le regard vers Junhui, qui est apparemment celui qui vient de parler. Je comprends encore moins. Il n'est pas censé avoir une extinction de voix ? Et bordel, comment ça se fait que sa voix soit si aiguë ?

— Excusez-moi... Murmuré-je.

Je ferme la porte et je m'en vais rapidement, le cerveau maintenant éteint par ce que je viens de comprendre. Il est clair que je ne sais pas comment réagir, je suis simplement gêné. Même incroyablement gêné.

— Minghao !

Je m'arrête, en entendant une nouvelle fois la voix enfantine de Junhui et je me retourne vers lui, qui court jusqu'à moi.

— Écoute... Je peux tout t'expliquer...

— Il n'y a rien à expliquer, lui dis-je, les sourcils froncés, je suis juste... surpris.

— Car tu t'attendais à voir une chanteuse, une femme, et pas un homme, en particulier moi, je suppose ?

Je regarde Jun, qui a tout compris. J'acquiesce doucement. Une question me brûle les lèvres.

— Je peux te poser une question ?

— Pourquoi j'ai la même voix qu'un gosse de dix ans, je suppose ?

Je ne dis rien, je bouge simplement la tête de haut en bas. Je peux voir Junhui soupirer, il passe sa main dans ses cheveux.

— Je ne peux pas te le dire.

— Ça ne doit pas être si grave.

— Ça l'est. Je peux juste pas le dire car sinon, tu risques de te moquer de moi, de me regarder différemment.

— Qu'est-ce que t'en sais ?

— Ça se passe toujours comme ça.

Je fronce une nouvelle fois les sourcils. Donc Jun a déjà subi des moqueries par rapport à sa voix. Il est vrai que c'est particulier. Quand on est jeunes, on est cons.

— C'est pour cette raison également que tu ne parles pas ?

— Oui. J'ai bien trop honte de ma voix quand je parle.

— Et bien, sache que quand tu chantes, c'est juste exceptionnel.

Je l'entends chuchoter un « merci ». Un grand silence reste présent entre nous. Je cherche quoi dire, désespérément. Bien heureusement, j'arrive à trouver les mots sur mes pensées.

— Tu sais, ta voix... Tu ne peux rien y faire malheureusement. Ces personnes n'avaient pas à se moquer de toi à cause de ça. Peut-être que tu as un retard de la puberté, je ne sais pas... Mais n'aies pas honte de toi pour quelque chose à laquelle tu ne peux rien y faire... Faut voir le bon côté des choses, tu as une voix soprano grâce à ça.

— Je n'ai pas un retard de puberté...

— Dans ce cas... Ça arrive...

— Non, ce n'est pas ça...

Junhui croise les bras, l'air embêté par la situation. Il soupire une nouvelle fois.

— Minghao, peux-tu me promettre quelque chose ?

— Ouais ?

— Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, mais tu sembles... Être quelqu'un de confiance. Du moins, tu ne t'es pas moqué de moi quand tu as compris quelle était ma voix, donc je vais te demander de garder ce que je vais te dire, et toute notre discussion pour toi, et de ne pas te moquer.

Sur le coup, j'ai l'impression que Junhui s'apprête à me dire quelque chose d'incroyable. Mais je comprends sa réaction, et je trouve ça gentil au passage qu'il me fasse confiance, comme ça.

— Oui, je te le promets.

Junhui me remercie, et il commence à jouer avec ses doigts, nerveusement.

— Voilà... Je me doute que ton regard va changer, mais bon, qu'est-ce que j'ai à perdre ? Rit-il nerveusement. Je... Je suis un castrat*.

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*Castrat (définition du dictionnaire) : Chanteur masculin castré dans son enfance pour qu'il conserve sa voix de soprano.