II. Soumission
Ses doigts frottaient le carrelage froid qui recouvrait les murs et ses pas résonnaient dans le couloir désert. Elle s'orienta sans difficultés dans le dédale de couloir qu'elle connaissait depuis quelques années et entra dans sa chambre.
Un silence morbide planait dans la petite chambre qu'occupait Noah depuis son arrivée dans la laboratoire. La petite pièce était totalement blanche, jusqu'au draps du lit sur lequel était assise Noah. Dans son bras une perfusion amenait en elle un liquide d'un noir profond, l'unique chaîne qui la retenait dans cette prison blanche. La respiration de la jeune fille était calme et régulière, elle fixait un point de le pièce qu'elle ne pouvait pas voir et le silence de la pièce n'était troublé que par un bruit de gouttes qui tombaient au sol à intervalle régulier.
Soudain Noah se leva et arracha la perfusion de son bras en ignorant les quelques gouttes de sang qu'elle avait fait couler sur ce dernier puis elle se mit à hurler comme en proie à une insoutenable douleur. Elle sauta comme un diable s'échappant de sa boîte vers la porte et se saisit de la poignée. Elle était verrouillée. Elle se mit à la secouer en hurlant de plus belle et en y donnant des coups de pieds puis s'y frappa la tête des dizaines de fois. Sa vue était brouillée par des larmes de douleur et de rage. Les échos de ses cris et de ses coups se perdaient dans les longs couloirs déserts. Noah avait cessé de s'attaquer à la porte et s'en pris à elle même. Elle se frappait la tête au sol, se mordait les bras et s'arrachait les cheveux quand deux bras la saisirent et l'aplatirent au sol avant de lui enfoncer une seringue dans l'épaule et de la laisser sombrer.
Elle se réveilla allongée dans son lit, les bras et les jambes attachés par de solides liens. Un léger picotement sur son bras droit lui indiqua que sa perfusion avait été remise en place. Un sourire glaçant apparut sur son visage. Si son plan avait fonctionné elle n'allait pas tarder à venir. Noah avait beau sembler innocente elle était loin d'être bête et connaissait parfaitement le but de l'expérience de Sandra, elle avait juste besoin de savoir comment savait-elle qui elle était vraiment et pour cela elle s'apprêtait à briser l'une des règles les plus importantes à laquelle elle était soumise. Il lui était formellement interdit de se servir de son pouvoir sur les membres du corps scientifique du laboratoire. D'ailleurs la porte s'ouvrit et quelqu'un entra. Noah entendit cette personne tourner une clé dans la serrure avant de la ranger dans sa poche. C'était elle. Noah se retint de sourire quand elle sentit Sandra défaire les liens qui la privaient de tous mouvements. Dès qu'elle fut libérée de ses entraves elle s'assit et ramena ses jambes contre sa poitrine et senti le matelas s'affaisser à l'endroit où se trouvaient ses jambes quelques secondes plus tôt, signe que Sandra venait de s'y asseoir et son parfum entêtant vint presque immédiatement lui assaillir les narines.
Il n'en fallut pas plus à Noah qui projeta littéralement son esprit dans l'âme de Sandra. Elle pensa se heurter à un mur ou tout simplement ne pas en être capable mais rien de tout ça ne vint la gêner. Elle pu explorer l'âme de Sandra avec beaucoup de précautions pour qu'elle ne se rende compte de rien et elle ne tarda pas à trouver ce qu'elle cherchait. Noah savait parfaitement qu'elle était l'unique survivante du clan des Clairvoyants, elle savait également avec quelle violence un clan ennemi avait liquidé le sien une dizaine d'années plus tôt, avant que Sandra ne la retrouve dans la rue. Ce sont ces souvenirs qui resurgissent quand une odeur très présente dans son âme frappa Noah. L'odeur aigre du clan ennemi au sien, celle qu'elle n'avait jamais oublié, l'odeur des Chasseurs d'Âmes.
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