Chapitre 11 - Robin (1/2)
Bantry House - Cork
Qu'a-t-il bien pu se passer entre Phœbus et toi pour que vous en veniez à passer outre vos propres accords ?
Je pensais que si j'avais été à même de pouvoir dormir, alors je ne l'aurais pas pu, tant j'étais coincé dans mes pensées toutes plus mélangées les unes que les autres.
J'allais souvent être amené à revoir Samaël. Sans doute trop pour ma propre santé mentale. Pour autant, je ne savais pas si c'était le fait de le revoir qui me mettait dans tous mes états, ou si c'était de savoir que plus, nous avancerions, et plus nous risquerions de trouver des vérités cachées à propos de nos paternels.
Qu'as-tu, Samaël Quervelec ? Pourquoi hantes-tu mes pensées à ce point ?
Si je le pouvais, je pense que je m'assommerais moi-même. Pourquoi étais-je incapable de me concentrer sur mon travail ? J'avais des choses à faire, moi ! Je devais revoir les lois qui touchaient mon peuple, les étudier de plus près, pour certaines les apprendre d'ailleurs, puisque je ne m'étais jamais penché sur la politique du royaume, et il me fallait ensuite les remettre au goût du jour.
Je secouai la tête, mais au lieu d'effacer le regard azur de mon ennemi, je discernai désormais ses boucles noires. Je soupirai d'impatience et d'exaspération.
J'avais souvent entendu des histoires qui relataient certains événements incompréhensibles. D'après les croyances, il arrivait que certains vampires tombaient sur l'amour de leur vie, une seule fois au cours de leur très longue existence, et que cette rencontre était telle que l'individu touché se retrouvait incapable de vivre sans être auprès de l'élu de son cœur.
J'ignorais pourquoi cette histoire me revenait en tête. Samaël n'avait rien d'une âme sœur. Il était simplement le type idéal que je désirais embrocher de ma lame de chair. Rien que d'y penser, je sentais mon membre durcir dans mon boxer, une fois de plus. Qu'avait-il donc de si différent de mes anciennes conquêtes pour me rendre aussi fou ? D'ailleurs, comment pouvais-je ne serait-ce qu'imaginer ma queue dans ses fesses alors même qu'il était l'ennemi de mon clan ?
J'attrapai mes cheveux entre mes doigts, tirai dessus et tombai à genoux tout en grognant. Il fallait absolument que je songe à autre chose, sinon j'allais finir par éjaculer de mes fantasmes. C'était pitoyable.
Des coups furent donnés contre la porte, et je me redressai aussitôt. L'instant d'après, Kara pénétra dans la pièce.
— Comment te sens-tu ? me demanda-t-elle. Je sais que tu n'as pas besoin de dormir, mais je pensais que tu serais resté à mes côtés, cette nuit. Après tout... nous allons nous marier.
Je haussai les épaules.
— Comme tu viens de le dire, nous ne le sommes pas encore. Je n'ai pour le moment aucune obligation envers toi.
Elle redressa la tête, comme pour me défier. Mes mots ne lui plaisaient pas, de toute évidence, mais il fallait qu'elle comprenne que son avis ne m'intéressait guère. Elle n'était qu'une simple femelle humaine. J'allais devoir unir ma vie à la sienne et fonder une famille, cela, je le savais déjà. Quant au reste, je n'étais forcé en rien de l'aimer, ni même de lui confier mes projets concernant mon peuple. Elle n'était que la pièce rapportée qui servirait à mettre au monde mon successeur. Rien d'autre. Et il fallait absolument qu'elle l'intègre dans son petit crâne d'être inférieur.
Je me redressai et remuai mes épaules pour me détendre, puis, tout en soupirant sans m'en cacher, je lui demandai :
— Que fais-tu vraiment là ? Que veux-tu ?
Elle me fixa un long moment sans prononcer le moindre mot, ce qui eut le don de m'exaspérer. Elle souffla et s'assit face à moi.
— J'aimerais savoir de quoi tu as peur. Ce qui t'empêche de chercher après Oscar, de l'aider. Je pensais que tu serais d'accord pour le retrouver, pour le soigner.
Je tiquai. Je n'avais pas peur. Je ne craignais rien et trouver mon frère était bel et bien dans mes objectifs. Seulement, il s'était produit de nombreux événements ces dernières semaines, et ils avaient monopolisé tout mon temps.
— Tu sais très bien qu'il ne sera pas accepté que je quitte Bantry House avant notre mariage.
Elle fronça les sourcils, mais garda le visage relevé.
— Qu'attendons-nous pour nous marier dans ce cas ? Plus tôt, nous partirons à la recherche d'Oscar, et plus tôt, nous pourrons le retrouver.
Mes canines poussèrent subitement, et ma vue prit une teinte rouge. Je grognai, un son bestial qui indiquait qu'elle frôlait mes limites.
— Mais de quel « nous » tu me parles ? Il n'a jamais été question que tu viennes avec moi. Tu seras ma femme, que tu le veuilles ou non, que je le veuille ou non, et ce sera de mon devoir de chef de clan, mais surtout de frère, d'aller à la recherche d'Oscar. Tu n'es qu'une femelle qui restera à l'intérieur de ces murs.
Sa bouche s'ouvrit en grand. Elle tombait des nues. Tant mieux. Il était plus que temps que Kara repose ses pieds au sol. Peu m'importait l'arrangement qu'elle avait pu me proposer. Elle devait cesser de songer qu'elle pourrait se jouer de moi sous mon nez, sous mon toit. Que dirait mon peuple si je laissais ma femme aller dans les bras d'un autre, dans le lit de mon frère ?
Je ne voulais pas de cette vie. J'étais destiné à une existence bohème, sans attaches, sans obligations. Mais les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, et désormais, j'étais commandant d'un clan. Je ne pouvais pas passer à côté des charges qui me pesaient, et je n'avais pas d'autre choix que de les assumer. Alors, tant pis pour ma liberté. De toute manière, depuis mon élévation et l'acquisition de tous mes pouvoirs, je réalisais que j'adorais ma position. À présent, je ne jurais plus que par la puissance, et je sentais que plus les jours passaient, plus c'était une évidence.
Si j'avais encore quelques résistances, il n'y avait pas si longtemps de cela, tout était différent dorénavant. J'étais animé par la volonté de dominer mon peuple, de le protéger, d'être un chef respectable et respecté. Crains par ses ennemis. Je savais déjà que je faisais fausse route auprès de Samaël, puisque mon corps refusait qu'il ait peur de moi. Au contraire, tout mon organisme priait silencieusement pour que je puisse lui convenir, que je sois celui qu'il attendait lui aussi.
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