\\Double update, ne loupez pas le chapitre précédent//

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— Salut.

Chan observe Minho, clignant des yeux lentement. Ce dernier débarque devant lui comme s'il ne venait pas de se faire klaxonner violemment par un automobiliste. Complètement décontracté , il ne semble même pas se rendre compte que la moitié des piétons l'observe l'œil mauvais.

— T'as failli te faire renverser par une voiture là, t'es au courant ?

Le brun regarde derrière lui, analyse la route quelques secondes, puis hausse les épaules avant de dépasser Chan. Finalement, il pose ses yeux sur la devanture du café qui lui semble bien plus intéressante que le goudron qu'il vient de fouler.

— Il a plus de gueule que celui où tu travailles, dit-il en passant la petite porte vitrée.

Le blond rigole nerveusement, désespéré par le brun. Il n'a pas changé, il est toujours aussi honnête, toujours aussi cinglant. Son comportement complique souvent ses relations sociales, Chan le sait, pourtant c'est aussi ce qui fait son charme. Enfin d'après lui en tout cas.

Ils commandent rapidement leurs boissons puis trouvent une table tranquille où s'asseoir. Le lieu est sobre, dans des teintes chaudes qui plaisent à Minho. Il y a un léger fond musical, très bas, peu envahissant. Le clou du spectacle ? Ils sont en présence de beaucoup, beaucoup de plantes. Et ça, ça fait toute la différence. Pourquoi ? Parce que la verdure ça ne parle pas.

— C'est sympa ici, prononce le plus jeune pour entamer la conversation.

— Je savais que ça te plairait.

— Ah ?

Chan a un léger sourire aux coins des lèvres. Il a beau n'avoir connu Minho que durant sa dernière année de lycée après un concours de circonstances plutôt chaotiques, il n'a pas tellement changé. Et puis avec leur interaction de la dernière fois, il l'a cerné très facilement.

— Pas de pâtisseries ou de café à la cannelle. Aucune déco adorable, mignonne, ou trop colorée. Des clients qui se composent principalement de plantes qui restent silencieuses et qui ne vont pas mal te regarder parce que t'es désagréable.

— Je ne suis pas désagréable.

Le blond lève les yeux au ciel, amusé par le ton grincheux que son compagnon vient d'employer

— Tu es désagréable. Ça se voit à des kilomètres que t'aimes pas les gens.

Minho ne dit rien. Il pince seulement ses lèvres, et regarde ailleurs, sûrement un peu vexé.

— Perso c'est ce que je trouve charmant chez toi.

Toujours aucune réponse. Le brun s'étouffe plutôt avec sa boisson tandis que le rouge lui monte aux joues. Il n'a pas l'habitude des compliments. Encore moins s'ils sont aussi direct.

— Je- euh...

Ça aussi ça n'a pas changé. Minho il agit toujours comme s'il était froid, comme si tout coulait sur lui sans jamais l'atteindre. Et pourtant quand on est un peu trop doux avec lui, il perd bien vite ses moyens.

— T'es pas hétéro toi ? Enfin j'ai bien compris que c'était pas le cas sinon t'aurais pas proposé qu'on se voit mais... Je sais pas, ça me fait bizarre. Surtout si tu fais du rentre-dedans comme ça.

— En terminal je pensais sincèrement n'être attiré que par les filles mais en six ans j'ai eu l'occasion de tester de nouvelles choses tu sais, sourit le blond.

— Ah oui... okay.

Minho cache sa gêne en buvant une nouvelle gorgée de son café, déstabilisé par cette situation. C'est étrange. Bien trop étrange. Il y a à peine une semaine il se promettait de renoncer à l'amour en le voilà en date avec son crush de Première. Décidément l'univers aime s'amuser avec lui.

— Sinon tu deviens quoi ? T'es encore étudiant ?

— Hum, hum.

Le plus jeune hoche la tête, avale le café qui lui brûle la langue et se détend un peu quand la conversation reprend une direction plus neutre.

— Je suis en dernière année de master en biologie. Et toi ? Comment tu t'es retrouvé à travailler dans un café ? T'as fini ton école de commerce ?

Sujet sensible ? Sûrement, la façon dont Chan serre les lèvres et détourne le regard interpelle le brun. Peut-être qu'il vient de mettre les deux pieds dans le plat. C'est un peu sa spécialité, Minho il ne sait pas trop quand il faut se taire.

— J'ai abandonné les études au milieu de ma deuxième année.

La réponse est prononcée avec légèreté, pourtant elle coûte à Chan. Son regard est plus sombre, plus sérieux.

— Oh, désolé. On est pas obligé de parler de tout ça si tu veux. C'est vrai, c'est chiant les études, on peut discuter d'autre chose, il tente de se rattraper mais le mal est fait.

— C'est moi qui ai lancé ce sujet, désolé.

Ça devient gênant. L'ambiance est plus lourde, plus épaisse. Minho à l'impression de s'être empêtré dans un malaise qu'il a du mal à gérer. Il doit changer de sujet, vite sinon il va sûrement se mettre à paniquer, à transpirer, peut-être même à exploser.

— Tu te rappelles la première fois qu'on s'est parlé, dit-il pour fuir la situation.

— La fois où t'as bégayé avant de partir en courant ou la fois où tu m'as vomi dessus ?

Le brun grimace. Il vient de se sortir dans l'embarras pour finalement ressasser des événements honteux qui sont d'autant plus désagréables pour lui. Réfléchir vite ça ne lui réussit pas, en fait il n'y arrive tout simplement pas. Il est impulsif, une spontanéité stupide qui l'emmerde. Au moins les yeux de Chan ont retrouvé leurs éclats rieurs.

— La fois où je t'ai vomi dessus... Quand je t'ai donné la lettre ça comptait pas, j'ai même pas aligner deux mots.

— Donc nos premiers mots échangés sont officiellement "je crois que je vais gerber" ?

Boum. Minho vient de taper son front sur la table, le visage cramoisi. C'est encore plus embarrassant quand Chan prononce les mots qu'il lui a adressés complètement bourré. Il aimerait oublier cet épisode de sa vie, c'était la première fois qu'il buvait. Pas la dernière ça c'est certain, mais il ne s'est jamais mis aussi mal depuis cette fois-ci. Pourquoi a-t-il fallut que la discussion s'aventure sur ces souvenirs lointains mais qui reste honteux malgré les années ?

— Ça va ? s'inquiète le blond.

Le plus jeune relève la tête, une trace rouge là où il s'est plus ou moins volontairement cogné.

— Oui, oui ça va. Je viens juste de me rappeler à quel point je me suis ridiculisé devant toi il y a six ans, répond-t-il sarcastiquement.

Chan pince une énième fois sa bouche pour ne pas exploser de rire mais la scène est comique. Minho est comique. Dans son entièreté. Il fait tout de travers, et lorsqu'il se rend compte de la situation dans laquelle il s'est fourré, il a toujours cette même expression sur le visage : les sourcils froncés, le nez plissé, les lèvres retroussées. C'est encore plus drôle à observer.

Le blond revoit l'adolescent de seize ans, les joues rougies par l'éthanol, la démarche incertaine, devant la porte des toilettes de l'appartement de Hwang. Il se rappelle des bêtises qu'il lui a baragouiné de sa voix pâteuse, de ses rires alcoolisés et de son ton colérique. Il se rappelle du doigt qu'il a pointé sur son torse, pas trop conscient de ses mouvements et de son fameux "je crois que je vais gerber" avant de finalement joindre le geste à la parole. Puis comme pour clôturer le tout, une fois le contenu de son estomac rendu sur les chaussures du plus vieux, il avait eu cette exacte même mimique, tout son visage pincé, paniqué, gêné, énervé. Il y avait un brouhaha d'émotion qui se disputait sur son visage, comme s'il ne savait plus comment agir face à la honte qu'il éprouvait.

— Arrête de ricaner, peste Minho, ne sachant même pas que ce fameux souvenir se rejoue précisément dans la tête de son vis-à-vis.

— Je ne ricane pas, se défend l'autre.

— Tes lèvres tremblent, tu ris intérieurement.

Un sourire moqueur s'invite sur le visage de Chan, il adore cette après-midi, Minho est bien trop divertissant avec ses airs ronchons.

— Tu prétends savoir ce qu'il se passe dans ma tête alors ?

— Absolument, tes traits sont trop expressifs.

Venant de quelqu'un d'aussi transparent, c'est culotté. Mais d'un autre côté il n'a pas tort, le blond est sur le point de laisser un rire s'échapper, il a de plus en plus de mal à se retenir. Ça transpire sur son visage qu'il a envie de se moquer ouvertement de Minho.

— Ah ouais ? Et je pense à quoi là actuellement ?

L'air taquin qu'il revêt en prononçant cette phrase, le brun à envie de le lui arracher. Ce dernier voit dans ses yeux qu'il le charrie, qu'il s'amuse de la situation et qu'il ne ratera pas une occasion pour l'embêter d'autant plus.

— Tu es en train de te dire que je suis idiot et ridicule.

Les yeux du blond se plissent, son visage s'avance et sa tête se penche sur le côté. Il a envie de jouer avec le plus jeune jusqu'au bout, de le secouer un peu, de le chambouler. Il le trouve adorable, alors il ne peut s'empêcher de le gêner d'autant plus. Rien qu'un peu.

— C'est moi qui suis idiot de te trouver ridiculisement mignon ainsi, finit-il par prononcer un brun charmeur avant de reprendre correctement place sur son siège.

Minho lâche un cri, quelque chose qui semble être un mélange de dégoût feint, de surprise et de timidité. Ses mains se plaquent sur sa bouche, ses doigts recouvrent ses yeux. Il est rouge. Pivoine. Ou carmin ? Peut-être que Chan est allé un peu trop loin avec son flirt, Minho n'était pas prêt. Son système a du mal à redémarrer. Erreur 404, l'appareil a surchauffé.

— Je... ah... ça va pas... je

Il y a une collision de mot qui se joue sur sa langue, il ne sait pas quoi dire, quoi faire. Son coeur bat trop vite, il est stupide de s'emballer pour de si petits mots. Chan lui a juste dit qu'il était mignon, rien d'alarmant. Oh que si, c'est dramatique, il est faible face aux boucles blondes qui lui font face, aux yeux chocolat qui le sondent, aux lèvres rieuses qui le narguent. Merde, Minho ne se pensait pas aussi fragile. Et il n'aime pas ça, perdre ses moyens, se sentir tout petit face aux autres. Il veut garder le contrôle, savoir où tout ça le mène, il ne veut pas s'enfoncer dans un sentiment aussi profond. Alors une fois que son coeur se calme un peu, il reprend son air grincheux. Pour ne pas perdre la face.

— Désolé, pouffe Chan, c'était trop tentant, tes réactions sont beaucoup trop amusantes.

Le brun lui lance un regard noir, il lui en veut. Il est déjà assez doué pour se ridiculiser tout seul, si Chan le pousse à bout, il ne va pas s'en sortir. Il garde le silence, souffle du nez puis boit une gorgée de sa boisson pour se redonner contenance.

— Tiens, pour me faire pardonner.

Le barista cherche quelques secondes dans la poche de son manteau avec de sortir une enveloppe blanche et froissée pour la tendre à Minho. Il est temps de laisser le plus jeune tranquille avec son passé honteux.

— J'ai pas eu le courage de la brûler mais ça semble te déranger que je la garde alors je te la rends. Tu en fais ce que tu veux maintenant.

Hésitant, le plus jeune la saisit entre ses doigts et l'observe distraitement, comme s'il avait peur qu'elle ne se mette à dévoiler ce qu'elle renferme. Il ne l'ouvre même pas, il sait déjà de quoi il s'agit, il n'a pas envie de se remémorer cette lettre. Alors il la fourre simplement dans sa parka pour l'oublier.

— Merci, souffle-t-il malgré tout.

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Lequel des deux est le plus insupportable ? Vous avez 4h

Rdv samedi pour la s8