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Le battant pivote lentement lorsque Minho ouvre la porte de son appartement à Hyunjin. Si lentement qu'on pourrait croire que c'est un léger vent qui provoque ce mouvement. Ou un fantôme. Ce qui n'est pas si loin de la réalité.

Hyunjin retient un glapissement lorsqu'il découvre le visage de son meilleur ami, pâle, inexpressif. Et pourtant, qu'est-ce qu'il y en a des émotions au fond de lui. Il n'y a qu'à voir ses yeux rouges pour comprendre l'ampleur des dégâts dans son cœur. Un si gros terrassement que son corps, lui ne réagit plus, il n'a pas l'énergie pour. Minho, il est ailleurs parce qu'il ne veut pas être ici, dans la réalité. Cette même réalité qui lui a éclaté au nez bien trop violemment, une bombe qui a carbonisé toute son idylle. Cupidon l'a encore trahi, cette fois, il ne sait pas s'il va pouvoir s'en remettre.

— Minho...

Le nouvel arrivant attrape le brun dans ses bras, le serre comme une poupée de chiffon. Aucun mouvement, ce dernier se laisse simplement porter par l'impulsion que le geste a provoquée. Ses pieds frottent maladroitement le sol pour ne pas trop perdre l'équilibre, c'est tout. Il a au moins gardé l'instinct de survie. Ce n'est pas toujours évident quand on a le cœur brisé. Après tout, il n'y a plus rien pour nous animer, plus de battement effréné.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Pas de réponse, seulement le silence, encore et toujours, inlassablement. Minho, le regard vide, observe les cheveux blonds de son ami. C'est la seule chose qu'il perçoit. Malheureusement. Ils ne sont pas bouclés, bien au contraire, mais ça lui rappelle tout de même celui pour qui son âme se déchire. C'est douloureux de tomber amoureux, pas si joyeux quand les nuages sont pluvieux. Et ça, il a plu ce soir. Sur lui, sur Chan, dans ses yeux, sur ses joues. Partout. De la pluie, de la pluie et encore de la pluie. Un ciel plein de grisaille, pas de soleil en vue. Même la neige dans la rue se teinte de gris, il n'y a plus rien de magique en elle. Tout a disparu lorsque la porte de l'appartement de Chan s'est refermée derrière lui.

— Tu peux pleurer devant moi Minho, tu sais. T'en as besoin...

D'un hochement imperceptible, il acquiesce, conscient qu'il a un torrent de larmes à déverser. S'il ne le fait pas maintenant, il risque de s'y noyer.

— Aller, viens là. Ça va aller, chuchote Hyunjin en l'amenant tout contre lui.

Il ne faut que ces quelques mots pour que les vannes s'ouvrent. Minho, il se sent en sécurité dans les bras de son ami, c'est bien le seul qui a le droit de voir ce genre de faiblesses. Hyunjin a beau jouer aux imbéciles, il n'en reste pas moins une épaule sur laquelle on peut s'appuyer. Le brun a toujours aimé cette partie de lui, un peu moins assumée, un peu plus cachée, sous des couches et des couches de bêtises dites à la minute. Mais il faut bien avouer que les câlins de Hyunjin, avec sa stature longiligne et plus haute que lui, ont le merveilleux don de rassurer Minho. Alors il se laisse aller, tout contre lui, à mouiller son t-shirt, à froisser ce même tissu. Il n'a pas honte, il sait qu'il en a le droit. Pleurer ça lave, ça nettoie un peu les tracas, ça balaie doucement les éclats de peine.

— Alors ? Va falloir que tu me racontes. Parce que là, je suis à deux doigts de débarquer chez bouclettes pour lui casser la gueule, ose Hyunjin, une fois que les sanglots se calment.

Minho renifle, rigole doucement, enfin tente, parce que ça ressemble plus au cri d'un chat dont on vient d'écraser la queue. Ce son inintelligible entraîne aussi le ricanement bienveillant de son compagnon, heureux de voir que son ami n'a pas perdu l'usage de ses cordes vocales.

— Tu tiendrais même pas dix secondes face à lui. T'as pas de muscle, croasse le brun.

— Je vois que Monsieur est encore capable de me descendre. C'est plutôt bon signe, grommelle ironiquement Hyunjin, cachant son soulagement face à la taquinerie qu'on vient de lui jeter.

— Puis... je crois que c'est moi qui ai merdé. Enfin, il a fait le con aussi, mais je l'ai peut-être mérité.

Bon. Hyunjin ne comprend toujours pas le pourquoi du comment, mais il avance. Doucement, mais sûrement. C'est d'ailleurs rare que Minho se remette en question si rapidement, il a habituellement sa petite fierté. Il lui faut toujours quelques jours pour analyser son comportement et accepter qu'il est un emmerdeur de première. Alors s'il assume ses torts aussi rapidement, c'est qu'il a vraiment foiré un truc ce soir. Hyunjin espère seulement que ce n'est pas une bêtise irréparable.

— Bon, bon, bon. Fini les conneries. Toi, va t'asseoir sur le canapé.

Le blond tape dans ses mains, semblant prêt à diriger toute une troupe et à répartir les rôles de chacun. Sauf que ce soir, il n'y a que Minho sous ses ordres, qui le regarde, les yeux encore humides, ahuri par ce soudain changement de ton. Hyunjin met fin à sa phase de "soutien émotionnel", le chrono est écoulé. À présent, il est temps de secouer son meilleur ami et d'arranger toute la situation. Il est prêt à se vêtir de son masque d'expert en amour, à trouver des solutions aux problèmes de cœur de Minho.

— Chocolat chaud ? demande-t-il, une fois le brun assis sur son clic-clac.

— Café.

Hyunjin roule des yeux, retenant un sourire. Même dans cet état, Minho ne change pas ses habitudes. Il a beau être deux heures passées, il ne semble pas vouloir troquer sa boisson fétiche pour quelque chose de plus doux et sucré. Cette même boisson qui fait froncer le nez de Hyunjin quand l'odeur lui prend aux narines. Décidément, il ne comprend pas l'attrait que certains ont pour ce liquide amer. Malgré tout, il s'active dans la cuisine pour préparer deux tasses, la sienne bien évidemment remplie de lait et de cacao.

— Bon ! Raconte-moi tout maintenant, prononce-t-il, d'un tout solennel, lorsqu'il pose les deux boissons sur la table basse et ses fesses sur le canapé.

— Parfois, j'oublie que tu peux être sérieux. Ça me perturbe, ronchonne Minho, hésitant sur la façon de parler de son malheur.

— T'es pas censé avoir le cœur brisé, toi ? Pourquoi tu continues de me tacler ?

Les lèvres de Minho se pincent instantanément. Oh. Ses yeux se remplissent d'émotion. Mince. Hyunjin se rattrape soudainement, il ne veut pas provoquer une énième crise de larmes. ll a peut-être manqué de tact, utiliser la carte du sarcasme trop rapidement n'était pas une bonne idée. Il s'excuse, passe sa main dans le dos de Minho, le caressant doucement pour le calmer. Alors, retrouvant finalement son calme, le brun lui explique. Sa volonté de ne pas aller trop vite, Jisung et ses messages, les angoisses de Chan, puis la dispute. La soirée, les éclats de voix, les mots qu'on regrette trop vite, ceux lancés comme des éclairs puisque sur le moment, c'est la seule façon d'extérioriser sa rancœur. Il parle de sa colère, de celle de Chan aussi, de leur déception à tous les deux, de leurs reproches. Ça lui fait mal de dire tout ça, il a merdé, il le sait. Il s'en rend d'autant plus compte en racontant les faits avec plus de recul. Chan n'est pas tout blanc non plus, loin de là, mais Minho saisit petit à petit sa réaction. Il comprend un peu mieux la peur que l'Australien a pu ressentir face à la menace que représente – ou plutôt représentait – Jisung pour lui.

— Wow. Minho t'es piqué.

— Ta gueule.

Un coussin s'écrase sur le visage de Hyunjin. Ce dernier ne bouge pas d'un cil, il a l'habitude après tout. Il accepte son sort, c'est ainsi avec Minho. Il est l'emmerdeur et son ami le grincheux, ils font la paire. Ils s'engueulent dès qu'ils le peuvent, rouspètent l'un contre l'autre à la moindre occasion. Mais jamais trop fort, jamais trop sérieusement, parce que c'est leur façon de se dire qu'ils s'aiment. Depuis le lycée, ils ne se lâchent plus. Et ils ne se lâcheront pas. Car Hyunjin ça ne fonctionne pas sans Minho. Tout comme Minho, ça ne fonctionne pas sans Hyunjin. Ils sont l'écho l'un de l'autre. L'épaule sur laquelle se reposer.

— Nan, mais plus sérieusement, t'es vraiment in love. Tu te serais jamais remis en question comme ça sinon.

— Je sais, souffle Minho, prenant sa tête entre ses mains. C'est bien là le problème. Quand je m'attache trop, ça finit toujours par merder. Et là, j'ai vraiment pas envie que ça se finisse comme ça.

Hyunjin attrape sa tasse, maintenant tiède, sirote une gorgée, le regard braqué sur son ami qui se morfond. Puis il la repose, sans détourner le regard, prêt à sortir la plus grande évidence du siècle.

— Tu dois le récupérer.

Minho relève la tête, les sourcils haussés, se retenant de lui sortir un " Non, sans blague ? " cinglant. Forcément, il aimerait bien réparer cette soirée. En revanche, aux dernières nouvelles, il n'a pas encore rencontré Marraine la bonne fée, qui règle chaque souci à coup de baguette magique.

— Bibidibobidibou, souffle Hyunjin et posant son index sur le front de Minho

— Hein ?

Parfois, il oublie pourquoi ils sont meilleurs amis. En fait, c'est plutôt évident, ils ont des neurones en commun. Sûrement pas les plus prestigieux, les plus affûtés, ni les plus réfléchis. Non, c'est certain, mais leurs pensées sont capables de divaguer dans la même direction. Ce qui donne des situations plutôt...amusantes.

— La fée Hyunjin va t'aider à reconquérir ton prince charmant.

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Hyunjin c'est le mvp de cette histoire et mon petit chouchou au passage. Pour une fois c'est pas un perso qu'on a envie de tarter.

À dimanche, prenez soin de vous !