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Enfoncé dans son écharpe, Minho peste contre le monde entier. La neige le fait chier, le froid le fait chier, le ciel gris le fait chier, les gens le font chier, et surtout l'amour le fait bien bien chier. Ils peuvent aller se faire foutre les amoureux du romantisme avec leurs discours sur le bonheur de trouver sa moitié, Minho il en a assez. Qu'ils aillent prêcher leur parole loin de ses oreilles, lui il abandonne.

Encore un date foiré aujourd'hui, à croire qu'il est maudit. En deux ans, aucune relation stable ou digne de ce nom n'est venue toquer à sa porte. Soit des connards là uniquement pour son cul, soit des mythomanes qui n'hésitent pas à la berner. Le brun en a marre de se retrouver avec des guignoles sous le coude, alors aujourd'hui il décide que l'amour c'est fini pour lui.

Il se revoit encore, quelques minutes plus tôt, rire nerveusement face à son date qui entre dans le resto où ils devaient se retrouver. Enfin, date c'est un grand mot, il devrait plutôt dire l'enfant. Un jeune d'à peine dix-sept ans s'était pointé tout honteusement, conscient qu'il avait menti sur son âge sur l'appli de rencontre. Minyoung, vingt-deux ans, étudiant en médecine, la blague. Minho aurait pu en recracher son verre d'eau en voyant le visage joufflue de l'adolescent, ça crevait les yeux qu'il venait de sortir du bac à sable. De son sac dépassait d'ailleurs la manche de son uniforme de lycéen. Pathétique.

Alors le plus vieux n'avait pas hésité une seule seconde à se lever avant de passer devant lui sans un regard, pour sortir de ce restaurant bruyant. Il s'était déplacé à l'autre bout de la ville pour un gamin, forcément il était sur les nerfs face à cette réalisation. Une perte de temps, encore et encore.

— Lee Minho... ?

La voix fluette du mineur l'avait interpellé timidement en le voyant partir. Minho s'était à peine retourné pour lui jeter un regard mauvais, lui faisant comprendre que ce rendez-vous n'irait pas plus loin. Il s'était arrêté une demi-seconde, lui lançant sèchement quelques mots qui trahissaient sa rancœur.

— La prochaine fois que tu veux explorer ta sexualité, adresse-toi aux gens de ton âge. Je suis pas là pour changer tes couches-culottes.

Le brun avait pu le voir blêmir sous le ton tranchant qu'il venait d'employer. Il n'avait pas attendu une seconde de plus et avait franchi la porte, laissant le supposé Minyoung seul.

Il en a ras le cul des plans foireux. Ça tombe toujours sur lui, il a dû être un beau connard dans sa vie précédente, c'est la seule explication qu'il a. Enfin pour être exact, Minho c'est aussi un petit merdeux dans cette vie là, seulement il a trop d'égo pour se l'avouer, il préfére blâmer les autres ou bien les forces supérieur de l'univers. A cause de ces bêtises, il se trouve présent à trente minute de chez lui, sous moins dix degrés, le ventre vide. Ça le fout en l'air. Il n'a plus vraiment faim pour être honnête, sa mésaventure lui a coupé l'appétit. En revanche, il a froid et sa gorge l'irrite, il va être malade d'ici demain.

Quand son regard se pose sur un petit café à la devanture chaleureuse, il n'hésite pas à s'y réfugier pour claquer une somme bien trop conséquente pour un pauvre café long. Que voulez-vous, Minho il a besoin de sa dose de caféine pour fonctionner correctement, surtout quand il bouillonne intérieurement. Et ça ça arrive souvent. Puis tout est cher à la capitale, les séoulites sont des pigeons aguerris, des maîtres en la matière. Surtout si c'est pour traîner dans un café aesthetic qui vend des brioches roses. Le brun fronce justement le nez en constatant que la déco du lieu est absolument adorable, ou comme diraient certains : instagrammable. Autrement dit, l'espace est peuplé de jeunes qui prennent absolument tout en photo et ça a le don de le rebuter.

Il secoue la tête, désespéré, avant de s'avancer vers le comptoir au fond. Par là c'est un peu plus calme, il apprécie. L'odeur de café vient l'envelopper, il se voit déjà une boisson entre les mains, la mine déridée.

— Bonjour, vous désirez ?

Minho sursaute en remarquant le vendeur qui vient de relever la tête de sa préparation. En voyant la mine ébahie de son client, ce dernier ne peut s'empêcher de rire doucement. Dans un son si doux et si pur que le brun se surprend à sentir son cœur louper un battement. Eh bah merde.

— Ça alors, Lee Minho, quelle surprise !

— Bahng Chan ?

Le dénommé secoue la tête de droite à gauche sans se départir de son sourire. Il tapote son doigt sur le badge de son uniforme avant de rectifier Minho.

— Ici c'est Chris. Ça fait plus éxotique, d'après l'équipe marketing ça attire là clientèle.

Ça se voit qu'il trouve ça absurde, pourtant il prend ça à la rigolade, comme si ça n'avait pas vraiment d'importance. Enfin ça n'a pas vraiment d'importance c'est vrai, Chan il s'en fout de comment l'appelle les inconnus qui viennent commander un café, ça ne lui fait ni chaud ni froid. Mais Minho il trouve ça vraiment stupide. Il trouve tout stupide de tout façon.

— T'as changé de couleur...

Le rire du serveur redouble, faisant gigoter ses boucles blondes sur son crâne. C'est un peu drôle à voir, le brun laisse un faible rictus prendre place sur ses lèvres. La joie de son vis-à-vis est contagieuse, ça a toujours été le cas et c'est rassurant de voir que certaines choses ne changent pas.

— Ouais, j'avais envie d'un truc un peu plus funky.

Ça aussi ça fait sourire Minho, qui utilise encore le mot funky sérieusement ? C'est un sacré personnage qui se trouve face à lui, quelqu'un d'un peu trop authentique. Ou alors il est simplement avenant avec ses clients ? Bonne question, Minho il ne connaît plus suffisamment Chan pour le savoir, ça fait maintenant plus de cinq ans qu'ils ne se sont pas revus. Et puis ils n'ont jamais été amis, seulement connaissances, camarades de lycée. Peut-être un peu plus ? Ou un peu moins ? Ils ont un passif un peu brouillon, une relation inexacte.

— Alors qu'est ce que je te serre ? On a une nouvelle boisson pour la Saint-Valentin si tu veux, le Cinnamon Lover.

Chan, ou plutôt Chris, montre une petite pancarte posée sur le comptoir représentant un verre de café au lait. "Bonne Saint-Valentin à tous les amoureux de cannelle" est inscrit sur l'écriteau en carton, le brun ne peut s'empêcher de froncer le nez. Surtout quand il voit que la boisson est saupoudrée d'un cœur fait de ce qui semble être de la poudre de l'épice en question. Ou bien de cacao, mais ça serait un peu incohérent. Enfin le breuvage en lui même est un ramassi de conneries selon Minho alors ça ne l'étonnerait pas plus que ça finalement.

— J'aime pas la cannelle.

— Ah.

— Et encore moins la Saint-Valentin.

Ça y'est Minho revêt son masque grognon. Le coin de ses lèvres pend vers le bas tandis qu'il observe la pancarte avec un regard dédaigneux. Chan se retient de rire, c'est plutôt drôle de voir quelqu'un vouer une haine si prononcée à un bout de carton.

— Tu vas me sortir que c'est une fête commerciale, c'est ça ?

— Oui. C'est dans trois semaines en plus, on est même pas encore en février. Puis sérieusement c'est quoi le délire à foutre des coeurs roses et rouges partout ? Le but c'est de déclarer sa flamme ou de nous brûler la rétine avec la déco de merde ?

Cette fois-ci Chan ne peut s'empêcher de souffler du nez, trahissant son amusement. Amusement qui se transforme rapidement en un vrai rire quand il voit des clients se retourner vers Minho et son humeur massacrante.

— Enfin bref, je vois que je commence à être la bête de foire ici.

— En même temps... pouffe le blond.

Il reçoit un regard noir pour toute réponse, mais au fond il y décèle une pointe de divertissement.

— Et du coup je te sers quoi Grumpy cat ?

— Un Americano. S'il te plaît.

Le serveur se retient de sortir une remarque face au choix basique de son client et s'empresse de réaliser sa commande tout en bidouillant sa machine pour encaisser Minho. C'est donc ça être multi-tâche, Chan ressemble au vieux Kamaji dans Le voyage de Chihiro. En un peu moins flippant quand même.

— Le ticket ? le brun décline silencieusement. Bon bah c'est tout bon pour moi alors, voici votre boisson Lee Minho, au plaisir de vous revoir.

Ah ? Minho passe subitement au statut de client lambda qu'il faut vouvoyer? Le blond est plutôt imprévisible comme personnage, peut-être qu'au final il était amical uniquement pour fidéliser le brun. Que leur passif n'avait rien à voir avec sa mine joviale. Enfin qu'importe, ils ne se recroiseront sûrement pas, vouvoiement ou tutoiement, quelle importance.

— Au revoir.

Puis Minho rejoint le froid une seconde fois, resserrant son écharpe autour de son cou. Sa gorge est toujours irritée, il a hâte de boire une gorgée brûlante. Cependant avant qu'il ne puisse porter le gobelet chaud à ses lèvres, ses sourcils se haussent d'étonnement. Le récipient semble avoir un message à lui délivrer.

"Je peux peut-être te faire changer sur les dangers oculaires des décos de la St-Valentin ;)

05 xx xx xx xx

Chris"

Quand avait-il eu le temps d'écrire ça sur la surface cartonnée ? Ce mec n'était définitivement pas humain, il devait avoir au moins six bras. Ou alors Minho avait la capacité d'attention d'une huître. C'était une possibilité. Sûrement plus réaliste d'ailleurs. Tout de même, cette situation, le brun ne l'avait pas vue venir.

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Sincèrement je sais pas ce que je suis en train de faire. Je veux que cette fic soit mims et drôle mais je suis ni mims ni drôle donc le résultat est imprévisible pour l'instant