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Minho pianote sur son téléphone, les doigts glacés et le corps frigorifié, lorsqu'un poid s'abat soudainement sur ses épaules.

— Hellooooo !

Il retient un gémissement de douleur avant de ranger tant bien que mal son cellulaire dans la poche de son manteau. Se dégageant de Chan, il lui fait finalement face, permettant au blond de remarquer les tracés violets qui tapissent le dessous de ses yeux.

— Lut'.

— Oula, t'as passé une mauvaise nuit toi, ose le nouvel arrivant, se reculant pour analyser l'allure fatiguée de son compagnon.

Ce dernier hausse simplement les épaules pour toute réponse, sachant pertinemment que son manque de sommeil se voit à des kilomètres.

— T'es sorti ?

— Non, insomnie.

— Ah.

L'australien n'ose pas creuser plus loin. Le ton de Minho est fermé, il montre clairement qu'il ne veut pas continuer cette discussion. Pour la faire courte, il est de mauvaise humeur et ne semble pas prêt à se délester de sa mine bougonne. Chan souffle distraitement, laissant un nuage blanchâtre tapisser l'air frais du mois de février. Il est bien embêté, il comptait taquiner Minho, le titiller un peu, le traîner dans les rues de Séoul. Mais voilà, le plus jeune a l'air éteint, il ne semble pas prêt à supporter l'énergie du blond.

— T'as froid ? fait remarquer Chan quand il décèle les tremblements de Minho.

— Un peu.

— T'as pas pris ton écharpe aujourd'hui, s'étonne-t-il.

Encore une fois, les épaules du brun se haussent, comme pour souligner que ce n'est pas un détail si important. Et pourtant, ça l'est, Minho sort rarement sans ce long tissu violet alors que le froid sévit les plus intrépides. Mais encore une fois il n'a pas envie d'aborder ce sujet.

— Tiens.

Chan n'attend pas l'accord du lutin grognon pour lui enfoncer son bonnet sur le crâne, mettant par la même occasion ses cheveux en pagaille.

— Mais-

Le plus jeune tente de protester tandis que l'autre l'en empêche en fronçant les sourcils et en lui intimant le silence. Il n'en a pas fini. Il s'avance d'autant plus vers Minho, attrape la fermeture éclair de son manteau pour la glisser jusqu'en haut et protéger le cou du brun. Son menton dépasse à peine du vêtement à présent, seule la moitié de son visage est visible, son couvre-chef lui mange les sourcils.

— Bah voilà, sourit-il finalement, fier de son œuvre.

— Tu vas attraper froid, grommelle sa victime.

— T'inquiète pas pour moi, ricane simplement le blond avant d'abaisser le bonnet sur la tête de Minho pour faire disparaître ses yeux.

Ce dernier ne rouspète même pas, il place seulement ses mains de part et d'autre de son chapeau pour le remonter correctement et observer Chan , les joues rouges. Un doux sourire se dessine sur ses lèvres, la personnalité rayonnante du plus vieux réchauffe peu à peu son cœur. Alors, pour rattraper légèrement son comportement précédent, il se saisit de la main du blond avant de la glisser dans la poche de son manteau, leurs doigts ainsi emmêlés et au chaud.

— J'ai envie de patate douce, murmure-t-il timidement.

Leurs paumes toujours liées, ils se décident à arpenter les rues couvertes de neige, à la recherche d'un vendeur. A cette période de l'année, il n'est pas bien compliqué d'en trouver, tous les séoulites raffolent de ce féculent rôti, la demande est aussi forte que l'offre. Il ne leur faut donc pas plus de cinq minutes pour tomber sur un petit chariot qui en propose. Cinq minutes où le téléphone de Minho vibre sans arrêt dans sa poche, se faisant ignorer par son propriétaire.

— Je vais les acheter. Toi prends ton appel, je vais devenir fou avec ta sonnerie.

Chan a bien compris que le brun évitait de décrocher devant lui. Plus les appels se faisaient insistant, plus il sentait la main de Minho se serrer contre le sienne, signe de sa tension et de son impatience. Sauf que les histoires du plus jeune, ça ne le regarde pas, alors il profite des patates douces pour lui laisser un peu de temps seul. Il s'approche du vendeur, lui donne un billet et récupère son achat. A quelques mètres, il peut voir que Minho a sorti son téléphone pour le coller à son oreille. Il reste alors en retrait, attendant que ce dernier finisse. Il observe simplement son compagnon de loin, tandis que son encas lui brûle les doigts. La scène n'est pas très jolie à voir. Minho il a les sourcils froncés, les lèvres pincées et le pied droit qui frappe nerveusement le sol. Il semble prêt à imploser. Le blond ne peut pas entendre distinctement ce qu'il raconte mais son ton de voix est suffisamment élevé pour qu'il comprenne qu'il est en colère. Est-ce que sa mauvaise humeur précédente serait liée à son interlocuteur ?

Finalement, l'appel est coupé par Minho qui raccroche rageusement. Il se retourne instantanément vers Chan qui n'attend pas plus longtemps pour le rejoindre. Le brun lui offre un faux sourire qui ne trompe personne, il est sur les nerfs. Peut-être même que c'est un éclat de tristesse qu'on peut déceler dans ses yeux.

— C'était qui ? Ose le blond.

Silence. Minho baisse le regard et observe son pied qu'il balance d'avant en arrière, frottant ainsi la neige qui se teinte gris. Alors Chan racle sa gorge, légèrement mal à l'aise.

— Désolé, c'est pas mes affaires.

— Jisung, souffle Minho après quelques secondes de latence. Tu veux t'asseoir ? demande-t-il en désignant un banc qui borde une petite patinoire à ciel ouvert.

L'australien acquiesce silencieusement, attrapant de nouveau la main du plus jeune pour la mélanger à la sienne. Il la lâche une fois assis, tendant une patate à Minho. Ce dernier l'attrape distraitement, regardant les enfants et les couples qui évoluent sur l'étendue de glace face à eux.

— Tu veux me raconter ? questionne Chan après un moment de calme.

— C'est pas interdit de parler de ses exs en date ?

— Seulement durant le premier.

— A partir du deuxième c'est autorisé ?

Chan étire ses jambes et laisse un sourire doux apparaître sur ses lèvres. Il avait peur d'alourdir l'ambiance avec sa question, mais étrangement, Minho semble la prendre avec plus de légèreté qu'il ne le pensait. Enfin il ne s'énerve pas, c'est déjà ça.

— C'est officiellement le deuxième mais officieusement le quatrième.

— Hum.

— Si t'as pas envie d'en parler c'est ok, je veux pas te forcer.

— Qu'importe, je m'en fous de lui, au vu de son air blessé, il n'est pas complètement indifférent en réalité. Puis t'as pas du tout comprendre quand Mingyu en a parlé. Quoique c'était plutôt clair en fait. Il n'a pas mâché ses mots.

Minho rigole jaune en prononçant cette dernière phrase. Les mots du noiraud lui sont restés en travers de la gorge, il ne peut pas le nier. Cela à beau faire quelques années qu'il s'est séparé avec Jisung, il y a des choses qui ne s'oublient pas.

— Je suis sortie avec Jisung en terminal, ça a été mon premier amour, commence-t-il finalement. Tu te rappelles de ce que tu m'avais dit au camping ? Bah t'avais raison, c'était qu'une question de temps avant qu'il ne me roule la pelle de ma vie...

Le cœur de Chan se serre en entendant ces révélations. C'est lui qui a demandé à ce que Minho lui raconte mais il ne peut s'empêcher d'être jaloux. Il aurait aimé être le premier pour qui le cœur du brun batte. Peut-être que s'il n'avait pas été avec Yeji à ce moment-là, il aurait pu éviter à Minho ce chagrin d'amour. Il secoue la tête. Non, c'est stupide de penser ainsi, et irrespectueux pour Yeji. Il aimait vraiment la jeune femme à cette époque, pour rien au monde il n'aurait voulu effacer sa relation. Il doit seulement accepter que Minho et lui, à cette période, ce n'était pas encore le bon moment.

— On était vraiment amoureux, on était jeunes mais je me voyais déjà finir ma vie avec lui. On a rapidement emménagé tous les deux à Séoul pour nos études. C'était peut-être rapide pour habiter ensemble mais c'était plus simple question budget. Puis on était heureux comme ça. Tout allait parfaitement bien pendant un temps. Il marque une pause. Jusqu'au jour où il est revenu d'une soirée en pleurs...il m'a avoué m'avoir trompé en boîte. Il avait embrassé une meuf. Il m'a assuré qu'il n'était pas allé plus loin et que ça ne se reproduirait pas, alors je lui ai pardonné comme un con. Je m'étais dit qu'un dérapage pouvait arriver, qu'il avait été honnête avec moi et qu'il reconnaissait son erreur.

Chan sert les dents mais ne dit rien, ce n'est pas le moment. Pour l'instant, il écoute Minho et sa voix qui se brise petit à petit. Il pose simplement sa tête sur son épaule, fixant toujours les séoulites assez audacieux pour patiner. Ils ne se regardent pas mais le contact de leurs corps suffit.

Après quelques secondes de silence, le plus jeune continue, se remémorant douloureusement cette période de sa vie. Il se rappelle très bien que ce soir-là, Jisung était avec Mingyu et son groupe d'amis. Le noiraud et Minho n'avait jamais pu se voir en peinture, cependant, ce dernier n'avait jamais souhaité contrôler ou juger les fréquentations de son petit ami. Alors il l'avait simplement mis en garde contre lui, tout en le laissant faire ses propres choix et vivre sa vie. Jusqu'à ce qu'il surprenne une conversation sur son téléphone. Un faux pas de trop. Une faute irréparable. Il n'avait pas voulu fouiller mais les messages étaient là, affichés sur l'écran de verrouillage, comme pour le narguer. Un prénom féminin lui semblait-il, une jeune femme qui souhaitait apparement revoir Jisung, qui se languissait de sa présence, encore chamboulé par la soirée qu'ils avaient passé ensemble. Il n'y avait pas de place aux doutes, son copain l'avait trompé. Une seconde fois. Jusqu'au bout cette fois-ci. Et évidemment les messages mentionnaient aussi Mingyu, leur entremetteur. Quelle bonne idée il avait eu de les faire se rencontrer, elle l'avait bien souligné.

Minho n'avait pas cherché plus loin, il avait confronté Jisung le soir même. Ça avait fini en engueulade, de toute façon plus rien n'était sauvable. Le châtain s'était à peine défendu, il n'avait pas nié, il avait simplement affirmé qu'il ne comptait pas la revoir, qu'encore une fois c'était une erreur de mec un peu bourré. Il avait ensuite reproché à Minho d'être une partie du problème, qu'il l'aimait follement mais que le brun ne lui faisait pas assez confiance sur ses sentiments. D'après lui, coucher avec quelqu'un n'avait rien avoir avec de l'amour. Se rendait-il seulement compte de l'absurdité de ses propos ? Le brun n'en a jamais rien su puisque Jisung s'est barré le lendemain, sans un mot.

— On s'est jamais officiellement séparés, il est juste parti comme un connard et c'est devenu un fantôme pour moi. Si tu veux tout savoir, notre histoire s'est terminée le quatorze février. Ironique, pas vrai ? J'avais tout prévu pour cette soirée pourtant. Chaque année, l'invasion de cœurs rouges me rappelle que j'ai été pris pour un con.

L'Australien a les jambes qui tressautent. La colère bout en lui. Il a un vague souvenir de Jisung, celui d'un petit châtain au visage angélique, toujours souriant et énergique. Il ne pensait pas que cette histoire se finirait ainsi. Les gens changent, à tel point qu'ils semblent parfois être devenus des inconnus. Il ne comprend pas comment il a pu infliger ça à Minho tout en affirmant l'aimer. Peut-être qu'il aurait dû frapper Mingyu plus fort la dernière fois, histoire qu'il prenne pour Jisung aussi.

— Et du coup... vous vous reparlez là ?

— Reparlez, c'est un grand mot. Ça fait dix jours qu'il m'appelle en chouinant. Il veut qu'on se revoit pour reparler de tout ça. Y a rien à dire.

— Quel batard.

A ces mots, les yeux de Minho s'assombrissent. Il croque timidement un morceau de sa patate douce avant de secouer la tête.

— Non... c'est con à dire mais je suis persuadé qu'il a un bon fond. Je lui en veux mais j'arrive pas à le détester, il a été une personne merveilleuse pendant la majeure partie de notre relation. Désolé, je devrais pas dire ça devant toi, s'excuse-t-il en voyant le regard blessé de Chan.

Ce dernier lui offre un faux sourire avant de secouer la tête. Bien sûr que ça le fout en l'air de voir Minho toujours attaché à Jisung malgré cette histoire. En revanche, il est conscient qu'un premier amour ça prend toujours une place spéciale dans le cœur des gens. Ça ne s'oublie pas, il y a des traces qui ne s'effacent pas, des baisers qui ne s'estompent pas.

— Je comprends, il a été le premier. Mais je compte bien être le dernier Minho. A défaut de les faire disparaître, je peux adoucir tes blessures. Et je peux te prouver que la Saint-Valentin c'est pas une fête de merde. Si tu m'en laisses l'occasion bien sûr.

Le plus jeune ouvre la bouche, la referme, pince ses lèvres, et laisse ses joues se colorer de rose. Instinctivement, il abaisse son bonnet sur ses yeux pour tenter de disparaître en dessous.

— Pourquoi tu dis des trucs comme ça, marmonne-t-il.

— Comment ça?

— T'es tellement un beau parleur que ça devient limite difficile de te croire sincère.

Chan pouffe, il est ridicule à se plaindre ainsi. On dirait presque qu'il gargouille. Le vocabulaire de Minho se transforme facilement en un charabia plus ou moins compréhensible lorsqu'il est gêné. Ça donne envie de l'embêter un peu plus. Les mains du blond se placent de part et d'autre de son crâne et le frotte vigoureusement, malmenant son bonnet et ses cheveux.

— Arrête ça, s'énerve Minho en le repoussant tout en remplaçant correctement son couvre-chef.

— T'es tout choupi aussi, réplique le plus grand en pinçant ses joues.

— Je vais te faire bouffer tes couilles si tu continues.

Chan s'écarte légèrement en mettant ses mains en l'air. La menace semble avoir fait son effet, il capitule. Enfin presque. Il a envie d'une dernière taquinerie. Juste pour le pousser à bout. Alors, il s'avance rapidement pour claquer un baiser furtif sur le nez rouge de Minho. S'en est trop pour ce dernier qui se lève d'un coup, comme électrocuté, pour finalement s'éloigner de l'Australien.

— Minho, reviens ! Tu devais pas te venger et me faire perdre mes moyens ? J'attends toujours.

— Ta gueule, répond le nommé sans se retourner, lui présentant seulement son majeur.

Chan lui court après, le rattrapant rapidement. Ses bras passent par-dessus ses épaules, laissant son poids légèrement reposer sur Minho tout en l'enlaçant. Il se balance de droite à gauche, rendant la marche difficile du jeune homme bougon.

— Arrête de bouder, promis j'arrête de t'embêter, rigole-t-il en posant sa tête sur son trapèze pour observer son profil.

— Oui, oui c'est ça.

— Promis. Viens on va patiner, t'auras même le droit de me pousser si tu veux. Enfin si t'y arrives plutôt

Stop. Minho s'arrête, reste immobile quelques secondes, puis se retourne vers l'Australien,un sourire mauvais sur le visage.

— Vraiment ?

— Vraiment.

Minho a oublié un détail, il ne sait pas patiner. En revanche Chan, lui, sait très bien tenir sur ses pieds. Résultat : échec de la vengeance, le brun s'est mangé la glace. Trois fois. Sans grande surprise, il a encore fini par s'humilier.

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Mitigé sur ce chap :/

Bon. J'ai plus de chapitres d'avance et j'ai ni le temps ni la tête à écrire cette fic. Conclusion : je la mets en pause pour une durée indéterminée.
Je vais essayer de reprendre son écriture rapidement mais avec l'Été j'ai envie de me lancer dans d'autres projets donc pour l'instant je la mets de côté.

Merci énormément de l'avoir suivie jusqu'ici, vos commentaires me font bien rire, vous êtes géniaux <3

À bientot :)