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— Pourquoi tu l'as provoqué putain ?

— Pourquoi tu t'es pas défendu ?

Chan et Minho se retrouvent comme deux cons dans la rue, les nerfs à vif. L'altercation avec Mingyu leur a laissé un goût âpre sur la langue, la colère réside encore en eux comme un brasier qui ne souhaite s'éteindre.

— Parce qu'il attendait que ça, il a toujours été ainsi. Je voulais pas m'abaisser à ses gamineries.

— Il était en train de te descendre gratuitement juste pour flatter son égo, merde ! C'est le genre de personne qui ne s'arrête pas dans sa connerie tant que tu la remets pas à sa place !

— Et alors ? C'était pas à toi de le faire !

Minho bouillonne, à présent sa rage se confronte à celle de Chan, et ça n'annonce rien de bon. Ils ont tous les deux besoin de se défouler sauf qu'ils n'y a plus qu'eux face à face, avec leur frustration qui les ronge. Forcément ça crépite dans leur mots. Ça blesse.

— Qui va le faire alors ? Je pouvais pas le laisser te rabaisser comme ça ! Puis tu parles, c'est toi qui l'as frappé je te signale.

Brusquement, le blond tourne le dos à Minho, il sature. Leur dispute est stupide, ça ne mène à rien. Ils ont tous les deux merdés, point. Sauf qu'il n'a pas envie de baisser de ton, il n'a pas envie d'essayer de calmer le jeu. Il a le sang à chaud pour l'instant, il ne peut pas faire la part des choses. Alors il marche. Il s'en va. Comme ça.

— Bahng Christopher Chan, reviens ici !

Il ne l'écoute pas. Il n'a pas envie de dire quelque chose de blessant. Il va dérailler, tout gâcher. Il sait que Minho est dur à gérer, à canaliser, que c'est une personnalité brute et explosive, et il ne peut pas aller dans son sens sur le moment.. Ils continueront cette discussion à tête reposée. Pour l'instant il fuit. Jusqu'à ce qu'un choc dans son dos le pousse à s'arrêter.

Une chaussure.

La scène pourrait presque être comique. Il y a Minho, rouge de colère, une chausette à l'air. Puis il y a Chan, les sourcils relevés, qui observe la semelle d'une converse, quelques mètres plus loin.

— Tu-

— Oui je viens de te balancer ma putain de pompe dessus. Et j'ai les orteils congelés là. Donc ne pars pas. S'il te plaît.

Est-ce que toute cette situation à du sens ? Pas tellement. La conclusion de Minho ne s'appuie sur rien du tout. Rester ? Pourquoi ? Ils s'engueulent, sont en colère l'un contre l'autre, ça ne va nulle part. Mais d'un autre côté il supplie presque le plus grand de ne pas s'en aller. Pourtant c'est étrangement celui qui semble le plus prêt à s'éloigner, dans ses yeux il y a un éclat craintif. Il a peur de ce qui va suivre. Que Chan se décide à l'abandonner. Peut-être devrait-il partir avant ? Non. Non, non, non.

— Je...hum.

Chan croise les bras, regarde le brun de bas en haut puis de haut en bas, attendant la suite.

— Je suis désolé, souffle finalement le plus jeune, la voix basse. Ça m'a fait chier qu'il te parle comme ça alors que t'es une personne géniale. Je voulais pas qu'il te pousse à croire que t'as foiré ta vie. Ça m'a foutu en rogne. Alors désolé si je l'ai provoqué. Même si je regrette pas de l'avoir fait, termine-t-il plus fort.

Le concerné ne dit d'abord rien. Il s'avance seulement, revenant sur ses pas, passant devant la chaussure qui gît au sol. Aucun sourire ne préside sur son visage, il a toujours cet air sérieux, crispé. Puis finalement les mots sortent enfin. Parce qu'il ne suit pas. Il ne saisit pas.

— Je comprends pas tout Minho. T'es le premier à me dire que tu veux pas que ça aille trop vite entre nous, que partager nos problèmes ça te fait peur. Mais finalement t'es prêt à te faire traiter comme de la merde juste pour me défendre. T'es quoi ? De la chaire à canon ?

C'est vrai ça, même le brun réalise que ça ne tient pas tellement la route. C'est stupide. Il est stupide. En réalité il ne sait juste pas comment faire, il est tiraillé entre l'affection qu'il éprouve pour Chan et la peur de s'y attacher un peu trop profondément. Il agit comme un con.

— Sache que je me suis senti encore plus comme une merde avec ton intervention. Il t'a traité de tous les noms parce que t'as décidé de te ranger de mon côté. J'en ai rien à foutre qu'il me rabaisse, il a toujours eu un complexe d'infériorité à mon égard, mais qu'il s'en prenne à quelqu'un d'autre par ma faute, ça je supporte pas. J'ai encore plus honte. Je t'entraîne dans ma médiocrité.

Qui se ressemble s'assemble ? Minho n'y croit pas tellement à ce dicton, pourtant il a envie que ce soit vrai ce soir-là. Parce que Chan et lui ils sont un peu trop similaires au fond, ils fonctionnent de la même façon. Qu'on s'attaque à eux, ce n'est pas tellement un problème, qu'on blesse leur entourage, ça ça ne passe pas. Pourquoi ça ? L'un a sûrement une trop haute estime de lui même pour se soucier des insultes qu'on lui lance, l'autre se déteste tellement qu'il pense les mériter. Finalement ils fonctionnent en inversé. Les contraires s'attirent alors ? Ils sont le miroir de l'un et de l'autre. Des âmes symétriques.

— Tu m'agaces, termine finalement Chan.

Minho relève la tête face à cette phrase avant de la baisser rapidement, fixant ses pieds, penaud. Croiser le regard de son vis-à-vis n'est pas une bonne idée, il risque d'y lire sa déception et ça fera mal. Il n'a pas envie d'être blessé, il a déjà assez donné. Mais c'est trop tard, les ressentiments de Chan lui serrent le cœur de culpabilité, il s'est déjà trop attaché. Game over Minho, la partie est terminée, t'as tout foiré avant même que ça n'ait commencé. Finalement ce n'était pas une bonne idée de retenir le blond, maintenant c'est définitivement lui qui est prêt à prendre ses jambes à son cou.

— Tu m'agaces parce que j'arrive même pas à t'en vouloir. Que, pour je ne sais quelle raison, j'ai une putain d'envie de t'embrasser mais j'ai trop peur que tu flippes comme la dernière fois. Déjà que je sais pas où on va, je veux pas que tu te barres en courant.

Et ça le brun s'apprêtait à le faire, à fuir, très loin. Il était à deux doigts de récupérer sa chaussure pour rentrer chez lui et bloquer Chan. Fermer les portes à leur début de relation que ni porte pas de nom. Pour que ça ne fasse pas trop mal. C'est une solution peut-être un peu trop drastique qu'il envisageait mais que voulez-vous, Minho il n'est jamais dans la demi mesure, il réagit un peu trop à chaud. Sauf que là, les paroles du plus vieux changent toute la donne. Son cœur s'emballe.

— Je...euh...

— Tu vois, tu sais même pas quoi dire. Ça devrait me taper sur le système et pourtant je trouve ça... arghh... attendrissant.

Chan semble être plus en plein débat intérieur qu'en dialogue avec le plus jeune. Ne s'énerve-t-il pas contre lui-même d'ailleurs ? C'est assez difficile à dire, ses yeux font des allers-retours entre Minho et le goudron gris, pas facile de savoir qui est la cible de ses mots.

— T'es bourré ? ose finalement Minho.

Le blond fronce les sourcils, s'arrête dans ses ruminations pour venir ancrer son regard dans celui du brun. Complètement cette fois-ci, pas de navette entre le sol et lui.

— Non, pourquoi ?

— Parfait.

Le plus jeune n'attend pas une seconde de plus et finit de remplir l'espace qui les séparait jusque-là. Un pas assuré, un deuxième moins maîtrisé, un dernier qui gratte l'asphalte pour freiner son courage. Malgré son léger doute, il va jusqu'au bout. Minho attrape le t-shirt de Chan, s'y agrippe fortement pour se donner contenance et finit par écraser les lèvres contre les siennes.

Eh bah ça. C'était aussi imprévisible qu'attendu. C'est un peu brouillon comme geste, un peu gauche comme volonté, et pourtant, c'est tout ce qu'ils attendaient. Sûrement que leur colère avait aussi un peu de crainte en elle. Une sorte de réticence de peur de brusquer leurs sentiments naissants. C'est vrai, c'est terrifiant de laisser quelqu'un prendre une place dans notre vie, mais c'est grisant aussi. Parfois ça pète comme ce soir, il y a des désaccords et de l'incompréhension. Parfois ça marche mieux aussi, il y a des discussions, des aveux et de la tendresse.

— Je crois que tu me plais, murmure Minho entre deux baisers. Beaucoup même.

— Moi j'y crois pas, j'en suis certain.

Et puis Chan s'empare de nouveau de la bouche de son interlocuteur. Enfin interlocuteur... a vrai dire il n'est plus trop loquace à présent. Trop occupé à goûter aux lèvres qui se mélangent aux siennes. Deux imbéciles sur le trottoir qui se disputaient. Deux passionnés sur le trottoir qui apprennent à s'aimer. Fin de l'histoire ? Ils s'adorent à en crever jusqu'à ce que la mort les sépare ? Peut-être qu'ils n'en sont pas encore là, ils s'apprécient c'est vrai, mais pas suffisamment pour brûler les étapes.

— On prend notre temps hein ? demande craintivement le brun, comme s'il avait peur que leur réconciliation et leurs baisers signifient trop de choses.

— Oui, on y va tranquille. Je suis pas encore prêt à te demander en mariage ne t'inquiète pas.

— On continue à être des idiots qui pensent un peu trop ?

— Exactement.

— Parfait, sourit Minho en s'éloignant légèrement de Chan pour ensuite lui prendre la main.

C'est plus confortable d'avoir une relation flottante. Les étiquettes sérieuses ça fait rapidement peur, ce soir ils ne se promettent rien, rien du tout, et ça fait du bien. Pas de conséquence, pas de futur en vue, seulement l'instant présent. C'est tout ce qu'il leur faut.

— Allez viens, je te raccompagne chez toi, énonce le blond en serrant les doigts du plus jeune contre les siens.

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Le bizouxxx (pas bourrés cette fois)

Poster CK c'est ma dose de dopamine de la semaine, sauvez moi des cours svp. Hâte d'être en juillet pour respirer et voir le monde extérieur 😻

Sur ce, à samedi