@14 - Slide ʚ☆ɞ
༺☆༻
Un morceau de pastèque entre les doigts, Minho observe le soleil décliner sur sa chaise de plastique. Il peut entendre Chan, Hyunjin et Yeji se disputer derrière, sur la terrasse du bungalow, à cause de désaccord sur les règles du Uno. Lui n'a pas voulu jouer, il a besoin d'être seul, de recharger ses batteries. Quatre jours qu'il se retrouve dans ce camping au bord de la mer avec les Hwang et Chan. Quatre jours qu'il est loin de chez lui et constamment actif, il a besoin de se reposer. Les parents de Hyunjin et Yeji sont partis au restaurant tous les deux, les trois autres enchaînent les jeux de cartes depuis bien une heure. Lui il n'arrive plus à suivre alors il en profite pour s'imprégner du calme.
Mais ce n'est pas assez, les cris de Hyunjin résonnent et lui donnent mal aux crâne, et les rires du couple n'arrangent en rien l'environnement sonore. Alors dans un soupir exténué, Minho se décide à s'éloigner. Une petite balade dans le camping, au milieu des pins, ça ne lui fera pas de mal.
L'air est chaud, c'est agréable. Le soleil rosit tandis que le chant des oiseaux se fait de plus en plus éparse, seules quelques hirondelles gazouillent de temps à autre. C'est doux. Minho marche quelques mètres, s'arrête, inspire l'air puis ferme les yeux avant de se remettre en route. Finalement il tombe sur un parc miteux avec des jeux pour enfants à l'état plus que douteux. Grimpant sur une des structures métalliques rouillées, il s'échoue en haut, les pieds pendant du haut du toboggan attenant. D'ici, il surplombe la grande butte qui sépare le camping de la mer, il peut apercevoir les vagues au loin qui mangent le sable. C'est exactement ce dont il avait besoin.
Il observe la danse de l'eau, la tête posée contre son perchoir. Calé ainsi, il passe plusieurs minutes immobile, se délectant seulement du paysage. Jusqu'à ce que sa bulle éclate lorsqu'il sursaute violemment.
— Putain !
Un rire léger le fait doucement sourire malgré la peur qu'il vient d'avoir. Chan se trouve derrière lui, une main sur son épaule pour signifier sa présence. Malheureusement ce geste bienveillant n'a pas suffit à empêcher la surprise de Minho. Tant mieux, la scène était plutôt drôle à voir.
— Désolé, s'excuse le châtain dans un demi mensonge, je voulais pas te faire peur.
Le brun hausse seulement les épaules, pour lui signifier qu'il ne lui en tient pas rigueur. Il se décale simplement pour lui laisser une place à ses côtés. Chan comprend rapidement l'invitation et s'installe lui aussi face à la mer, prêt à dégringoler le toboggan.
— Je te dérange ?
— Non, pas tellement.
C'est vrai, Chan ne dérange pas Minho. Cela fait six mois que l'incident 'vomi' est arrivé, six mois que Minho a peu à peu effacé ses sentiments pour le plus vieux. Alors il n'est plus tellement gêné par sa présence, il a laissé le passé au passé et c'est très bien ainsi. Il espère seulement que Yeji est consciente de ça et qu'il ne tentera jamais de lui voler son copain. A présent il apprécie simplement sa présence, c'est tout. Chan c'est une force calme, une personne un peu brute et joueuse mais douce. Un peu comme le paysage qui est peint devant lui. Chan c'est un océan plat. Alors il ne lui prend pas d'énergie, il n'est pas aussi turbulent que Hyunjin et sa personnalité explosive.
— T'avais besoin de prendre une pause ? Désolé, on était un peu bruyant toute à l'heure.
— Pas de problème, il faut bien profiter de nos dernières soirées ici. J'espère que Hyunjin a pas mal pris que je sois parti.
Chan souffle du nez, légèrement amusé.
— Non, il te connaît, il sait que toi et les gens c'est pas toujours l'amour fou. Il comprend.
Minho ne répond rien, il continue de fixer son regard sur les rouleaux iodés. Il n'a pas envie de rebondir sur ce qui vient d'être dit. C'est vrai de toute façon, il a parfois du mal à supporter la compagnie d'autrui. Et même si certaines personnes peuvent faire exception, il arrive toujours un moment où il a besoin de souffler. Sinon il devient cassant, tranchant, blessant. Le plus jeune n'aime pas quand les attaches sont trop fortes, les gens sont trop collants.
— Sinon les amours ça va ? J'ai vu que tu t'entendais bien avec le petit nouveau. Jisung, c'est ça ?
Minho vire au rouge pivoine. Est-ce réellement le genre de conversation qu'il doit avoir avec Chan ? Pas tellement, pourtant il sent que le blond veut simplement faire la conversation. Loin de lui l'idée de mettre le plus jeune mal à l'aise.
— Oui, il vient de Malaisie, il est plutôt cool.
— Plutôt cool ? C'est tout ? Moi je dis que c'est qu'une question de temps avant qu'il ne te roule la pelle de ta vie vue comment il te tourne autour.
Un gémissement de douleur s'envole dans l'air tiède lorsque Minho enfonce son coude entre les côtes de son compagnon.
— Tu nous observes ?
— Vous êtes mignons, pas de ma faute. Puis je suis au courant de tout ce qu'il se passe dans ce lycée, rien ne m'échappe.
Chan ne reçoit aucune réponse à cette dernière affirmation, le brun siffle seulement entre ses dents pour montrer son léger agacement. Il n'a pas envie de parler d'amour avec son ancien béguin, ça ne colle pas.
— En tout cas, c'était sympa de venir ici avec vous. Yeji m'a dit que les Hwang t'invitaient chaque année à passer ce séjour avec eux, j'espère que ça ne t'as pas trop embêté que je me tape l'incruste.
— Non, c'était cool, souffle Minho. Puis ça faisait plaisir à tout le monde que tu viennes, les Hwang t'ont déjà adopté si tu veux mon avis.
— Et toi ?
Silence. 'Et toi ?' Qu'est ce que ça signifie ? Lui ? Minho ? Qu'est ce qu'il a avoir avec ça ? Est-ce qu'il apprécie Chan ? Oui évidemment, non plus de manière romantique mais tout de même. Est-ce que cela sous-entend quelque chose d'autre ? Non, probablement pas, pourtant cette question sonne étrangement aux oreilles du brun.
— Moi ?
— Oui toi. Est-ce que je suis adopté par toi ? Chan s'étire et tappe ses jambes sur l'aluminium du toboggan avant de continuer. Je sais bien que notre relation a commencé bizarrement alors je voulais te laisser le temps avant de me rapprocher de toi. Mais sincèrement je t'ai toujours trouvé intéressant Minho, j'ai vraiment envie qu'on devienne amis. Alors est-ce que je suis adopté ? Est-ce que je peux être plus que le copain de Yeji à tes yeux ?
C'est flatteur dans un sens. Pourtant le brun ne peut s'empêcher de grimacer. Il n'est pas sûr de ce dans quoi Chan veut se lancer. Il lui demande simplement d'être son ami, rien d'alarmant pourtant. Malgré ça, Minho ne se sent pas en confiance avec cette nouvelle étiquette.
— Je sais pas... Je sais que je ressens plus rien pour toi mais j'ai du mal à me dire qu'on puisse être amis. Et puis je crois que je me sentirai mal vis à vis de Yeji.
Est-ce qu'il vient d'être blessant ? Minho n'en sait rien, ce dont il est sûr c'est qu'il a pris la bonne décision. On ne peut pas construire quelque chose de solide sur des ruines fragiles.
— Tant pis, sourit Chan, au moins j'aurais essayé. De toute façon je pars bientôt pour Séoul, on ne se croisera plus dans les couloirs du lycée.
— Tu pars quand ?
Changer de sujet est probablement lâche mais c'est ce qu'ils décident de faire pour ne pas alourdir l'atmosphère.
— Dans deux semaines...
Minho s'étonne. La voix du châtain est soudainement plus sombre, teintée d'un voil de morosité. Un timbre qui ne ressemble pas à sa gaieté habituelle.
— Ça te stresse de partir ? Gimpo et Séoul ne sont pas loin tu sais, tu pourras rentrer les week-ends, tente-t-il de le rassurer.
— C'est pas ça.
Le plus vieux s'arrête, pince ses lèvres avant d'expirer légèrement.
— Ça me fait peur tout ça. La majorité, les études, le temps qui passe, les responsabilités. J'ai toujours considéré la fin du lycée comme la ligne d'arrivée, j'avais rien prévu pour la suite parce que pour moi y avait pas d'après. Et voilà où j'en suis maintenant, le bac en poche prêt à rejoindre la capitale pour aller vers je ne sais où.
Le brun l'écoute attentivement, il ne peut que le comprendre. C'est vrai, la vie est séquencée en différents chapitres. On a d'abord l'âge de l'insouciance, qui s'arrête probablement lorsque l'on met les pieds au collège, ou peut-être un peu avant. Puis on a celui de l'adolescence où on se cherche, on s'apprend, on se construit. Viens ensuite la vie de jeune adulte, on atteint la majorité, on continue ou non ses études, on trouve un travail, on se forge, on expérimente. Les chapitres s'enchaînent ainsi de suite, chaque page est une nouvelle étape, chaque partie propose une nouvelle dynamique à laquelle il faut s'adapter. Forcément c'est terrifiant.
— Je suis certain que tu vas trouver du sens à tout ça. T'es intelligent, sociable, drôle. T'as tout pour réussir, il faut seulement que tu trouves ton objectif maintenant que tu as fini la course. Tu peux dessiner une nouvelle ligne d'arrivée si c'est ce qui t'aide à avancer. Envisager un marathon encore plus ambitieux. Je t'assure que cette nouvelle aventure sera encore plus excitante.
La mélodie des vagues résonne, Chan observe Minho les yeux écarquillés. Wow. Il se sent écouté, les paroles du plus jeune respire un optimisme qui n'a rien de surjoué. Elles sont transpirantes de sincérité. Son cœur est soudainement bien plus apaisé, son esprit bien moins tourmenté.
— Je pensais pas que tu étais doué pour rassurer les gens.
— Moi non plus. Je suis persuadé que je suis mauvais à ça d'ailleurs, j'ai juste dis ce que je pensais réellement. Et puis tes peurs sont totalement justifiées.
— Arrête de faire le faux modeste Minho, t'es doué avec les mots. Tu penses trop mais ça te réussit parfois.
— Comment ça je pense trop ?
Ignorant dans un premier temps sa question, Chan donne une impulsion pour se laisser partir vers l'avant et glisser le long du toboggan. Une fois en bas de la structure, il reste immobile un instant avant d'éclater de rire. Il a peut-être déraillé. Il finit par se lever avant de se retourner vers Minho, toujours perché en haut.
— Je pense que si t'as du mal avec les gens c'est parce que tu analyses tout tout le temps et que tu réfléchis trop. Être entouré te donne trop d'informations instables à traiter. Ton cerveau ne s'arrête pas, il surchauffe, interprète et surinterprète. On n'est pas si différents sur ce point : 'y a un trop gros bordel coincé là dedans, finit-il en désignant son crâne.
Minho reste sur le cul, Chan vient de comprendre quelque chose que lui-même n'avait pas réalisé. Ébahi, il regarde le plus vieux s'éloigner tout en lui faisant un mouvement de main.
— Je vais rejoindre les autres, ils vont finir par s'inquiéter. Rentre pas trop tard.
Et sur ces mots il disparaît entre les pins, laissant le brun seul face à la mer.
༺☆༻
Est-ce que ce sont les mots que j'avais besoin d'entendre à mes 18 ans ? Probablement, donc je me les écrits presque 2 ans après. Mieux vaut tard que jamais.
Cette fic était censée être toute douce mais plus j'avance dessus, plus je me rends compte que les persos sont un ramassis de mes angoisses lol. Elle risque donc d'être légèrement plus deep que prévue ( et ptt plus longue dcp) mais promis je vais essayer de me contrôler pour pas abuser.
J'adore ce chapitre snn, le mood estival me donne envie d'écrire une summer fic. Samedi on retourne en plein hiver malheureusement 😔
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro