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Minho saisit les clefs que Chan lui tend pour ouvrir l'appartement du plus grand. Ce dernier n'est pas vraiment en état pour effectuer cette simple tâche. Il rigole seul, fredonne un air inconnu, embête Minho pour le pousser à bout. En clair, il est chiant.

— Arrête ça, peste Minho en repoussant le battant pour fermer la porte

Le blond ne l'écoute pas et s'accroche plutôt à lui, lâchant tout son poids sur ses épaules. Conséquence, ils se retrouvent tous les deux au sol, le brun insultant le propriétaire des lieux de tous les noms possibles.

— Pourquoi t'as bu autant ? s'énerve-t-il, t'es ingérable, je suis pas une nounou moi.

Surplombant le corps du plus jeune, Chan se penche vers lui, se maintenant tant bien que mal sur ses bras pour ne pas l'écraser.

— Je suis heureux. Toi et l'alcool ça me rend vraiment heureux. J'oublie tout, sourit-il.

Minho tique. Sujet sérieux. Intonation étrange. Une douce mélancolie coule dans les mots de Chan. Ça, ce n'était pas prévu. Surtout venant de quelqu'un qui peint ses lèvres de soleil à longueur de journée. Quelque chose cloche.

— Oublier quoi ?

— Moi.

Décidément il y a des pensées qui tracassent le plus vieux. Minho le repousse doucement pour s'asseoir sur le parquet et lui faire face. Il passe une main dans son dos, tente de le rassurer en ancrant ses pupilles dans les siennes. Il signale sa présence sous ces gestes. Il ne bougera pas d'ici, c'est ce qu'il essaie de souffler silencieusement à son compagnon. Et pourtant, il est très peu serein actuellement, il redoute la conversation dans laquelle ils vont s'embarquer.

— Pourquoi tu veux t'oublier toi ?

Chan pince ses lèvres. Il hésite. Son regard fuit celui de Minho, vient chercher un coin blanc sur les murs sombres de son appartement. Il ne sait pas s'il peut se dévoiler si facilement au brun. Il ne veut pas l'embêter avec les nœuds dans sa tête. Pourtant avec lui tout est simple, plus léger. Ce soir, il a besoin de parler.

— Je suis un raté Minho, murmure-t-il suivi d'un rire grinçant.

— T'es brillant qu'est ce que tu racontes ?

C'est vrai ça, Chan a toujours eu un bulletin scolaire impeccable, a toujours fait un milliard d'activités, a toujours été bon dans tout ce qu'il entreprenait. Il a toujours eu tout pour lui, alors Minho ne comprend pas d'où lui vient cette image de lui-même.

— C'est ça le problème. Tout le monde s'attendait à ce que j'aille loin, j'ai toujours été le petit garçon parfait. A force on avait toujours plus d'attentes envers moi, on voulait que j'aille plus haut, plus loin. Mais la peur du vide m'a rattrapé, est arrivé un moment où j'ai plus su grimper parce que la chute je la savais inévitable. Et j'en ai eu peur. Puis qu'est ce qui m'attendait au sommet ? Est-ce que tout ça en vaut la peine ?

Si Minho pensait trop réfléchi, il fait face à quelqu'un de plus compliqué que lui à présent. Une âme esseulée qui souffre en silence depuis un trop long moment lui semble-t-il. Sa gorge se noue, il réalise que Chan est bon acteur, que tout n'est pas tout rose dans sa vie. Que la réussite est son poison.

— J'ai commencé par développer une sorte de phobie scolaire en deuxième année. Ça a fini par un burn-out. J'ai arrêté mes études parce que j'avais peur de l'échec Minho. Je suis incapable d'être l'image que les gens projettent sur moi. Je suis à un stade où je sais plus quoi faire de ma vie. Ça fait quatre ans que j'ai tout mis sur pause.

Situation délicate, le blond expose sa douleur pleinement face à une personne qui ne sait pas gérer les émotions d'autrui. Minho panique, il voulait le rassurer mais voilà qu'il perd ses mots. Les révélations trop honnêtes arrivent trop vite à son goût. Que dire ? Que faire ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Non, en réalité il n'a jamais su. Il ne faut pas être une lumière pour savoir que Minho et les relations humaines, ce n'est pas un combo gagnant.

— Je...

Il n'a même pas le temps de tenter une suite de mots plus ou moins cohérents qu'il se fait stopper. Deux mains viennent se poser de part et d'autre de sa mâchoire, à la limite entre son cou et son visage. La discussion prend une autre tournure, une dimension qui emballe d'autant plus le cœur du plus jeune. Cette soirée va finir par avoir sa peau.

— T'es pas obligé de répondre Minho, je suis désolé de t'embêter avec ça. Le simple fait que tu m'écoutes me suffit, les mots ne peuvent pas tout réparer. Le silence, lui, il peut apaiser en revanche.

Est-ce Chan qui est en train de rassurer le brun ? Ce dernier a envie de se gifler, c'est le dernier des abrutis. Son hôte n'a définitivement pas besoin d'avoir un boulet comme lui à ses côtés, la culpabilité lui enserre la gorge.

— Tu réfléchis trop encore, souffle Chan en rapprochant son visage du sien.

— Dit-il, grommelle Minho le regard fuyant.

Un rire léger résonne dans l'appartement toujours sombre. Ça éclaire un peu leurs silhouettes, ce son lumineux qui échappe au blond. Même lorsqu'il se noie dans sa tristesse, il y a toujours un éclat de joie, de douceur dans son être. Est-il feint ? On pourrait presque croire que Chan est une source inépuisable d'optimisme.

— On est deux idiots qui pensent un peu trop alors.

Le chuchotement du blond se répercute sur les joues de Minho. Ce dernier déglutit difficilement, puis hoche la tête pour affirmer ses dires. Il n'arrive pas à parler, sa gorge est nouée d'appréhension mais aussi d'une impatience qu'il ne peut réprimer. Il attend autant qu'il redoute.

— Tu m'autorises à faire un truc irréfléchi pour une fois alors ?

Deuxième hochement de tête. Encore plus imperceptible que le précédent. Un mouvement qui souhaiterait se déguiser en illusion tellement il est incertain, peu sûr de lui. Pourtant les mains de Minho viennent rejoindre la nuque du plus vieux. Chaque partie de son corps se contredit, la peur freine son envie.

Puis quand les lèvres de Chan se retrouvent à quelques centimètres des siennes, ses barrières lâchent, il s'autorise lui aussi à stopper ses pensées. A les ranger dans un coin sombre de son esprit pour les taire. Qu'a-t-il à perdre sincèrement ? Pourquoi se priver de ce désir si ardent qu'il ressent à l'instant présent ?

Lorsqu'il sent une pression approcher son visage de celui qui lui fait face, il a déjà fait son choix, il se laisse aller aux lèvres qui viennent frôler les siennes. Et putain il ne regrette pas, surtout pas. Ça picote dans son ventre, ça brûlerait presque. Il se laisse aller à la danse que joue leurs lippes, décide même que se laisser porter ce n'est pas assez. Il prend des initiatives, entrouvre la bouche et invite leurs langues à se joindre au bal. Ça faisait longtemps que Minho n'avait pas embrassé ainsi, n'avait pas ressenti ça. Il a chaud, très chaud, surtout quand les lèvres de Chan dévient de leur course et s'aventurent au coin gauche de sa lèvres, puis descendent peu à peu sur sa mâchoire pour s'échouer dans son cou.

Oh merde. Merde, merde, merde.

Là, c'est le moment où il faut faire un choix. Savoir s'il faut continuer, profiter, ou s'il faut tout arrêter avant que ça ne prenne de trop grosses proportions. Le baiser n'est plus du tout innocent, il sait très bien comment ça peut se terminer. Le cœur de Minho lui hurle de se laisser aller, mais son cerveau lui tonne de ralentir. C'est trop. Pas bon. Pas bon du tout. Ou peut-être que c'est tout le contraire justement. Mais il y a des responsabilités derrière chaque geste effectué, chaque gémissement envolé. Minho il ne peut pas les prendre, pas tout de suite. De un, car Chan est alcoolisé, de deux car cela rendrait leur relation un peu trop sérieuse. Fini le flirt, il y aurait autre chose à creuser, un truc auquel il faut faire face. Une étiquette à poser. Ah non, ça non. Surtout pas.

— Chan, souffle le brun en le repoussant doucement. T'es bourré.

Le nommé cligne des yeux, reprend contact avec la réalité, puis secoue la tête de droite à gauche. D'abord silencieux, il baisse le regard pour observer ses mains dans celles de Minho, puis finit par tirer une mine coupable.

— T'as raison, désolé, di-il en passant ses paumes sur son visage.

— Arrête de t'excuser, t'as rien fait de mal.

Silence. Ils ne savent plus sur quel pied danser. L'ambiance est de nouveau lourde, morose.

— Va te coucher, je prends le canapé.

Comme un enfant qui vient de se faire gronder, le blond hoche timidement la tête et se relève avant de traîner des pieds vers sa chambre. Le plus jeune l'observe marcher mollement, une moue contrite sur le visage. Il a l'impression d'avoir merdé mais c'était la meilleure chose à faire, il le sait. Alors tant pis si Chan est un peu triste sur le moment, ils en reparleront plus tard pour mettre les choses au clair. À présent, il est temps de dormir et de prendre du recul sur leur relation avant que ça ne dérape. Qu'ils se lancent dans quelque chose de fragile et d'irrattrapable.

— Bonne nuit Bahng Chan

— Bonne nuit Lee Minho.

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J'avais dit que ça serait mims et drôle ? Moi ?

Je vous jure je peux pas m'empêcher de mettre des discussions sérieuses comme ça help. Sinon c'est trop planplan... j'ai besoin de drama 😗

Kiss kiss