꩜ ; apocalypse
"Your lips, my lips,
Apocalypse."
Parfois j'ai l'impression que les choses se sont passées vite entre nous, puis je me rappelle à quel point il m'a fait attendre, Hwang Hyunjin.
Un jour on s'est plus revu. Hyunjin avait disparu, du quartier, de la ville, de la province, du pays. Personne ne savait où il était, mais je sais qu'il avait eu besoin d'une pause dans sa vie pour réfléchir à ce qu'il voulait vraiment, il avait du mal à se décider et c'est d'ailleurs toujours le cas. Mais au début, j'ai bien cru que je ne le reverrai plus jamais.
Puis je me suis souvenu de cette phrase qu'il m'avait dit « Tu ne me perdras jamais de vue pour toujours, Seungmin, je reviendrais te voir bien avant mon dernier souffle, je te l'annoncerai si je venais à ne plus revenir ». Je ne savais pas vraiment ce qu'il voulait dire, ce qu'il avait derrière la tête, à cette époque-là, il ne m'a jamais vraiment parlé de ça concrètement. J'imagine que c'est quelque chose de sensible qu'il veut oublier ou dont il est incapable de parler pour l'instant bien qu'on soit comme les doigts de la main. J'avais peur que malgré ses paroles, il fasse quelque chose de mal, qu'il parte pour toujours je ne sais où. Mais je n'ai cessé d'attendre tout ce temps. Ô combien j'ai attendu qu'il mette les choses au clair dans sa tête pour revenir vers moi.
En réalité, il n'est jamais vraiment revenu. On s'est croisé dans les rues de Paris, à Montmartre, alors que je devais y passer un séjour seul pour me changer les idées, et lui voulait visiter tous les musées de la ville pour être inspiré pour ses tableaux. C'était un jour où le temps était gris comme il fait souvent à Paris. Quand nos regards s'étaient croisés, la pluie avait montré le bout de son nez, et on n'avait su que dire, on était restés figés. Je lui avais tendu mon parapluie que j'avais sur moi au cas où car il commençait à être trempé. Mais, Hyunjin, il aime la pluie, alors il ne l'avait pas pris, l'avait replié, puis pris ma main. Et on s'est enlacé sous la pluie, on s'est embrassés réellement pour la première fois. Après cet événement on ne s'est plus jamais quitté, comme si ce jour-là avait été comme un déclic pour lui, lui disant « C'est le bon moment, ça y est, il n'y a plus de retour en arrière à présent. » .
Oh...Hyunjin, qu'est-ce que tu m'a fait attendre. Qu'est-ce que tu m'a fait espérer. Mais ça en valait le coût. On en a mis du temps pour se mettre ensemble, même si ça faisait des années qu'on connaissait notre amour. Tu insistais comme un enfant avec tes histoires de premier et dernier amour bien que j'étais la première personne que tu désirais, tu voulais absolument que je sois le dernier. Le meilleur pour la fin, dit-on. Moi je voulais que tu sois les deux, mon premier et dernier amour. Après tout, pourquoi se contenter d'une chose quand on aurait pu être les deux ? Pour moi tu l'es.
— Non mais qu'est-ce que c'est qu'ce cirque ! m'écris-je soudainement avec ironie pour me sortir de mes pensées.
Hyunjin sursaute presque à l'entente de ma voix, écarquillant les yeux avec exagération comme il fait très souvent en me regardant avec incompréhension, un léger sourire amusé sur le visage.
— Nous sommes ici pour passer une nuit merveilleuse, il n'y a pas la place pour ces doutes sordides dans une ville que l'on dit si romantique, voyons, continuai-je d'un ton dramatique en remettant en place ses cheveux noirs qui tombent devant ses yeux. Pardonnez moi, mon Roméo, de m'être égaré ainsi.
Il se met à rire doucement, puis fait semblant de reprendre son sérieux en mettant ma main dans la sienne.
— Oh mais n'ayez crainte, mon amour, je vous pardonne entièrement. Il pose ses lèvres sur ma main tout en me regardant. Mais d'abord, permettez de m'accorder une dernière volonté...
On est de très mauvais acteurs, mais on s'amuse bien dans nos conneries. On rit souvent de nos bêtises ainsi après avoir eu une discussion un peu trop sérieuse. C'est comme ça entre nous, on finit par éviter ces questionnements insensés.
Je le vois qui se rapproche de mon visage tout en m'entrainant près de lui. Je retire ma main pour la poser sur sa nuque et la sienne passe sur mon dos. Nos lèvres s'effleurent puis s'enlacent.
— Je meurs ainsi... sur un baiser !
Je laisse son baiser me guider, tandis que mes mains se glissent dans ses longs cheveux que j'aime tant.
Depuis quelque temps il les a laissés pousser. J'adore quand il les laisse détachés par fatigue, quand ils sont mouillés, quand il les attache à moitié, qu'il fait des couettes pour rigoler, qu'il les met en arrière quand il est concentré, quand il peint généralement. On ne s'ennuie jamais avec. Parfois je m'amuse à le coiffer moi aussi, mais ils ne sont pas assez longs alors mes tresses ressemblent plus à des chignons mal faits et mes chignons à quelque chose d'indéfinissable, un peu comme ces stars aux coupes décalées. Il faut dire que j'ai jamais été un très bon coiffeur, — j'ai jamais été un coiffeur tout court en fait. Mais tout lui va à Hyunjin.
Il refuse de l'admettre mais il aime quand je lui touche les cheveux, un peu comme ces chats qui refusent d'être caressés mais qui ne s'y opposent pas une fois notre main posée entre leurs oreilles. Hyunjin il est un peu comme ça, il rejette l'affection qu'on lui porte mais il est le premier à nous en réclamer, et à en donner surtout, un vrai gamin, au fond.
Mais lui, son amour, il le montre à travers ses tableaux surtout. Une fois il m'a fait cette déclaration débile en repensant à nos retrouvailles, que ça n'avait pas servi à grand-chose de visiter tout Paris et ses musées remplis d'œuvres pour trouver l'inspiration car le hasard nous avait finalement réunis, il avait dit qu'il lui avait ramené une meilleure inspiration, la plus inspirante de toutes. Après ça il a pas arrêté de me dessiner dans pleins de carnets, sur des toiles avec de la peinture à l'huile, à l'eau, ou même parfois avec de l'aquarelle — alors qu'il n'aime pas vraiment ça—, toutes les sortes.
On dirait qu'il veut explorer toutes les possibilités de me représenter et je trouve ça adorable. Il ne me demande jamais de poser comme l'aurait peut-être fait un autre artiste, j'imagine qu'il préfère les scènes de genre. Quand il peint, on parle, on rigole, je peux faire le tour de la pièce et faire exprès de le déconcentrer, il réussit tout de même à cerner parfaitement mes traits. Il doit avoir un don, ou alors il connaît trop bien mon visage à force de me regarder, de me toucher, il doit l'avoir ancré dans ses prunelles. Ce doit être aussi ça l'amour.
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