PROLOGUE
Un cri. Un seul avait attiré l'attention de la meneuse. Pourtant, c'était une bataille -et dans ce cas, il n'était pas rare d'entendre des feulements, des griffes et des crocs martelant la chaire ainsi que d'autres. Mais ce cri était différent et c'est pourquoi il avait attiré l'oreille de la femelle grise. Elle se sonna son adversaire et se dépêcha d'aller en provenance de ce son atroce qui martelait encore ses oreilles. Elle ne pouvait le chasser de sa tête, même si elle le voulait.
Tout semblait s'être arrêté autour d'elle et elle continuait son chemin, se fichent totalement de ce qui se passait autour d'elle. Mais tous les autres félins agissaient comme si rien ne s'était passé, dans l'indifférence générale. Ce qui l'agaçait fortement, elle avait envie de leur hurler de ne plus bouger mais c'était comme si les mots refusaient de sortir de sa gorge et elle continua son chemin en évitant les chats qui continuaient à se déchiqueter encore et encore.
Soudainement, elle était comme gelée sur place. Ses pattes ne bougeaient plus, son corps ne lui obéissait pas et seul son regard se mouvait de gauche à droite.
Bientôt les cris et tout le reste s'évaporèrent au même moment. L'habituelle forêt était sombre et il n'y avait qu'une tâche au loin qui se rapprochait d'elle.
Esprit de la Suie voulait tout donner à ce moment pour ne pas la voir. Parce qu'elle savait ce que c'était mais peine perdue. Chacun de ses efforts étaient vains et encore une fois, elle ne pu que subir ce qu'elle savait.
Ça lui faisait toujours le même effet et pourtant elle se battait de toutes ses forces mais elle perdait à chaque fois.
« Je suis désolée ! Je... Ne voulais pas ! Je... »
L'émotion l'étranglait lorsqu'elle vu la petite tâche se relever et elle aurait pu être heureuse à ce sujet si ce n'était l'amont de chaire et de sang -sans oublier l'odeur nauséabonde.
La tâche-chat ouvrit la bouche, perdant une dent et crachant du sang pendant qu'il essayait de parler -ou plutôt de crier.
« Tout cela est de votre faute.
Le fait qu'il semblait avoir un minimum de respect pour elle lui fût un peu plus mal encore -comme si c'était possible.
- Je sais...
Elle ne niait même pas.
- Vous auriez pu éviter tout cela. » Le mâle défiguré désigna son état. « Mais vous ne l'avez pas fait.
- Je ne l'ai jamais voulu !
Cracha t-elle soudainement comme elle ne voulait plus être la seule fautive. Une tentative désespérée d'écourter cette torture, ou au moins, de ne plus la subir.
- Il n'y a pas que ça. »
Il marqua une pause et ouvrit la bouche comme pour ajouter quelque chose mais tout ce que la femelle tacheté pouvait entendre était l'écho de son propre nom. Il devenait de plus en plus clair à présent, ce qui eut pour réaction de la sortir de sa torpeur.
« Non ?! »
Elle respira frénétiquement en ouvrant les yeux et en regardant partout autour d'elle. Pendant un court instant, elle ne discerna que les battements irréguliers de son cœur et son souffle rauque. Puis, elle sentit son pelage boueux et trempé par la pluie et le fait qu'elle était près d'un monticule de terre. Près d'elle, un grand matou noir la fixait de ses prunelles vertes.
« Tu as dû t'endormir ici encore une fois donc je suis venu te chercher avant que l'orage s'empire. »
Sa voix était neutre mais Esprit de la Suie savait que son lieutenant faisait de son mieux pour éviter le sujet directement, ainsi que le monticule de terre -et surtout ce qu'il refermait.
« Comment va t-elle ?
Fût le seul commentaire qu'elle s'autorisa. Bien que la meneuse n'avait donné aucune indication de nom, Chant de la Nuit savait exactement à qui elle faisait allusion.
- Mieux. Il se tut un instant, cherchant ses mots. Elle a réussi à faire un tour, bon elle a été pratiquement forcée par son ancienne mentor. Tu sais aussi bien que moi qu'il est difficile de lui résister !
Elle savait qu'il avait essayer de dédramatiser tout cela en essayant de faire un commentaire drôle. Elle força donc un sourire triste :
- Oui. Au moins c'est une bonne nouvelle. »
Il ne répondu pas et la femelle garda également le silence. Que pouvait-elle dire de toute façon ? Rien ne lui semblait assez juste, assez fort pour décrire ce qu'elle aurait voulu crier.
Elle posa de nouveau le museau sur ses pattes avants, n'ayant pas la force encore nécessaire pour se relever complètement ou faire autre chose. L'odeur de la terre humide l'incommodait mais valait mieux cela que celle de la chaire putride encore une fois.
Bien qu'elle détestait Chant de la Nuit -enfin disons qu'elle n'approuvait pas du tout son côté gentil et naïf ainsi que bien d'autres choses, elle fût toutefois très reconnaissante de son tact et de la façon dont il semblait accepter les choses. Du moins avec les autres car elle savait que lui aussi avait été ébranlé par tout ça.
« Le clan a besoin de toi ! »
Elle fut surprise lorsqu'il sorti cette phrase, elle devait avouer qu'elle ne s'y attendait pas. Presque automatiquement, elle secoua la tête de gauche à droite.
Non. Il a plus besoin de lui que de moi.
Le mâle couleur ébène fouetta l'air furieusement avec sa queue avant d'ajouter.
« Je ne peux pas le diriger tout seul. Et certains apprentis devraient être nommés guerriers. Ça aiderait peut-être à remonter le moral des autres.
- Tu peux t'en charger. Esprit de la Suie n'a envie de voir personne ! »
Elle avait hausser la voix mais s'en fichait. De toute façon, ce n'était pas comme si son lieutenant n'était pas habitué à tout cela. Il l'avait -enfin c'était plutôt elle qui l'avait toujours plus ou moins supporté depuis sa jeunesse et c'était encore pire depuis qu'elle avait été nommée cheffe.
« C'est dur pour tout le monde. T'es pas la seule qui en souffre. »
Mais Esprit de la Suie est la seule à blâmer.
Songea t-elle aussitôt en remarquant que Chant de la Nuit devait sûrement être agacé par son attitude -comme toujours, en fait, non. Il semblait être totalement énervé contre son manque d'attitude pour être honnête.
« Ce n'est pas ce qu'il aurait voulu ! Il...
Le matou n'eût même pas le temps de finir sa phrase que la meneuse lui cingla les oreilles, furieuse.
Comment osait-il ?!
Ce dernier cracha et hérissa son pelage en retour :
- Il aimait son clan plus que tout ! C'est pourquoi il a fait ça ! Mais toi, il souffla comme pour essayer de se contenir. Toi, t'es en train de détruire ce qui comptait pour lui. Visiblement il n'y arriva pas. Si tu avais ne serais-ce qu'un minimum de respect pour lui, tu ne seras pas ici ! Tu serais sur ton promontoire en train de me hurler dessus pour t'avoir dit que le clan va bien ! Ensuite tu feulerais sur la patrouille pour t'avoir dit qu'il n'y avait rien à signaler ! Tu traiterais les apprentis comme des bons à rien avant de leur concocter une épreuve difficile pour les motiver à réussir ! Il marqua une pause, sans doute pour reprendre son souffle. Et peut-être parce que la pluie s'intensifiait. Enfin bref, tu ne serais surtout pas comme ça. »
Sans attendre de réaction de sa part, il lui tourna le dos et parti dans la direction du camps. Une fois qu'elle fût complètement seule, Esprit de la Suie fit un incroyable pour s'assoir et soupira.
« Par les Esprits-des-Eaux, quand est-ce que ça a mal tourné ? »
Elle n'eût aucune réponse et soupira de nouveau.
« Esprit de la Suie aimerait tellement pouvoir retourner en arrière... »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro