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— À vous entendre, on dirait que vous regrettez presque d'être devenu célèbre si jeune.

— Ce n'est pas que je regrette. Si aujourd'hui, je vis de la musique, c'est grâce à Neptune. C'était une opportunité incroyable et je ne pourrais jamais regretter. Mais il est vrai que j'étais vraiment très jeune et absolument pas préparé à tout ça. On a été repérés très vite et notre premier album Abysses a fait un carton. En moins de six mois, on était numéro 1 dans quasiment toute l'Europe. Un jour on jouait dans les bars et le lendemain devant des milliers de personnes.

— C'était compliqué pour un ado de quatorze ans, j'imagine.

— C'est ça. Je n'avais pas les épaules. Alors je ne pense pas que c'est possible d'être réellement prêts pour une telle célébrité, mais certains artistes ont connu un succès plus progressif. Et quand on est ado, on est plus sensibles aux critiques. En tout cas, moi je l'étais.

— Vous faites référence à quelque chose en particulier ?

— Évidemment, les critiques sur notre musique, le fait qu'on nous qualifie de groupe commercial, qu'on nous reproche de ne pas écrire nos propres chansons, ça me touchait. Je pouvais pas être indifférent. Mais j'avais quatorze ans quand Abysses est sorti, merde. Non je n'étais ni parolier, ni compositeur. J'étais un gosse ! Et quand on y pense, il y a des dizaines et des dizaines de groupes et de jeunes chanteurs, et même des chanteurs adultes qui ne sont qu'interprètes. Mais nous, comme on était un groupe majoritairement féminin, avec un public tout aussi féminin, il fallait qu'on prouve qu'on méritait notre succès.

— Vous pensez que Neptune était critiqué pour des raisons sexistes ?

— Et homophobes. Après je ne dis pas que c'est la seule raison, évidemment c'est normal de recevoir des critiques et notre musique était ce qu'elle était. Ce que je dis, c'est que si on avait été un groupe de mecs hétéro avec un public masculin, ça aurait été très différent.

— Vous avez beaucoup souffert des spéculations sur votre sexualité ?

— Vous trouvez que je m'exprime beaucoup sur le sujet ?

— Sur votre orientation sexuelle ?

— Oui. Vous trouvez que j'en parle beaucoup dans les médias ?

— Si je ne me trompe pas, la première fois où vous en avez parlé ouvertement, c'était le mois dernier.

— Je pense que vous avez votre réponse.

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Charly Vogel pour Track, novembre 2019