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Human


Il n'a peut-être aucune idée de ce qui le rend beau. Il s'ignore lui-même, comme s'il marchait sur quelques trésors enfouis, dangereusement inconscients de la richesse sous ses pieds. Aucune carte, aucun indice ne semble pouvoir attirer son attention. 

Il est là, le corps et l'esprit posés dans le monde, mais à côté de lui quand même. Incroyable de force, magnifique de tendresse, pourtant fermé à sa propre magie, incapable de saisir les nuances et les enjeux de son existence.

Parfois, il m'arrive de ne pas croire cela possible. Comment peut-il ne pas prendre la mesure de sa musique, l'impacte de ses empreintes sur notre monde ? Quelle étrange sorcière lui a brûlé les yeux ?

Mon peuple s'émerveille sans cesse de la créature incroyable qu'est l'être humain : son intensité, son potentiel infini, sa capacité à se condamner lui-même comme s'il était responsable de son malheur. L'Humain est magnifique, une délicate perle de rosée dans le torrent des créations de l'Univers. Hélas, il est aussi le plus triste exemple de l'ironie du sort, une tragédie du vivant comme j'en ai peu vu depuis deux cent mille printemps que je suis née.

L'Univers est un génie créateur, il invente toute sorte de chose au cours de son expansion, comme s'il cherchait à combler la place créée au creux de ses bras grandissants. Mais l'Univers, tout à sa course, perd parfois le lien avec certaines de ses créations, tel un parent mammifère laisserait mourir ses petits à deux pas de lui, au fond de la forêt. Ces choses ne s'attardent généralement pas longtemps dans l'existence, il n'y a rien de plus difficile que d'exister sans pouvoir dialoguer avec l'Univers. C'est semblable à parler en n'ayant rien à dire, à vouloir aller dans toutes les directions en même temps, ou encore à dormir sans se reposer. À mes yeux, rien n'est plus fatigant que d'exister sans guide. Mais, heureusement la nature est bien faite, surtout quand les créations cassées font partie du Vivant. Ces créatures-là ne survivent pas longtemps. Le Vivant fait le tri, le Vivant est réactif. Il ne fait pas un bruit, mais il s'en va vite. Il m'arrive de ne même pas le voir passer, tant il est rapide à disparaître. Ainsi, quand les premiers humains sont apparus et qu'ils se sont fanés presque immédiatement, aucun des peuples gardiens ne s'attendait à ce que l'espèce perdure, évolue, puis finisse par peupler le monde de sa magie étrange.

À ce gardien-là, censé être le plus omniscient, le plus puissant, le mieux à même de veiller sur notre monde, le gardien des gardiens, l'Univers n'a pas fait cadeau du temps long. Son cœur, à peine plus fort que celui des petites souris dormants en boule sous les feuilles mortes, n'est qu'un éclair qui déchire le ciel : si éphémère qu'on a parfois du mal à y croire. 

En revanche, il fait autant de bruit et dégage autant d'énergie. Et c'est sans doute grâce à cela, ce petit cœur fragile mais redoutable, que l'être humain a tenu.

Nous autres, peuples des roseaux, des arbustes, et des fleurs sauvages, nous connaissons notre rôle dès la naissance. Nous comptons parmi les petits ouvriers du Vivant et nous veillons sur lui comme bien d'autres espèces. Un peuple parmi tous les autres, car il en existe des millions. Dès l'instant où nous perçons notre chrysalide, la mémoire du Grand Tout s'active. L'Univers nous parle et nous savons quoi faire, pourquoi aussi.

L'Humain, lui, ne sait pas. 

Et sans doute qu'il ne saura jamais puisque, coupé de l'Univers, il est aussi coupé de tous les autres gardiens. Nous ne pouvons pas communiquer avec lui, il nous est impossible de l'aider. Il erre donc dans le vivant depuis des millénaires, redoublant d'imagination pour s'inventer une raison d'être. Il s'épuise à dominer, agresser, créer, observer, construire, supposer, chercher, souvent même, il détruit. 

Finalement, l'Humain est un petit Univers dans l'Univers, comme s'il fallait devenir lui-même créateur pour se donner un sens. 

C'est précisément en cela qu'il est une tragédie. En effet : à la recherche de son sens, l'humain marche contre lui. Il remonte la rivière à corps perdu, agité dans toutes les directions, concentré sur un cap par défaut, comme un outil déréglé. 

Et c'est ainsi que dans les remous de ses vagues, il détruira une branche entière du vivant, celle-là même qu'il était censé protéger à l'origine. L'humain détournera la rivière et s'emportera lui-même, ainsi que nous tous avec lui.

Et dans le fond, il le sent. Qu'il aurait pu être autre, qu'il aurait dû grandir autrement. Dans un coin de sa pensée commune, l'humain sait qu'il passe à côté de ce pour quoi il a été inventé. Et son petit cœur redoutable, désespéré, n'en peut plus de battre le tonnerre de sa tempête. 

Les uns après les autres, ils naissent et s'éteignent dans une cacophonie qui rendra sourd l'Univers. Par bancs entiers, ils jaillissent au-dessus de l'écume comme des poissons volants, en lançant partout des éclats de lumière, avant de replonger instantanément dans les eaux noires du néant.

L'humain est extraordinaire, un grand bouleversement tel que ce monde n'en connaîtra pas souvent. Et même s'il nous éteindra tous en partant, le Vivant ne m'avait jamais paru si vrai avant qu'il ne le pourfende de ses éclairs extraordinaires. 

Et si je ne connais pas grand chose à l'amour, j'aime l'humain pour tout ça. 

Le pauvre ne trouvera jamais son sens, mais il en aura redonné à tout ce qu'il aura touché.

Parfois, je voudrais que cette créature se voit, comme nous la voyons. Qu'elle sache qu'on ne lui en veut pas. Disparaître, c'est la vocation du vivant. Que ce soit par l'homme ou autrement, il n'y a pas de meilleure façon qu'une autre. Tout à un temps. Le nôtre est compté au rythme de milliards de battements de cœur. De tous petits cœur éphémères et fragiles, mais acérés.

Parfois, j'aimerais que l'humain se reconnaisse, dans chacune des fleurs que j'ouvre sous ses pieds, qu'il perçoive dans tous les arcs-en-ciel, les messages d'espoir que nous lui envoyons. Nous ne pouvons pas lui parler, mais nous faisons parler le monde de lui. Nous le racontons comme nous le voyons afin que, peut-être, il finisse par se comprendre un peu. Qu'il se lise dans nos histoires comme il nous invente parfois dans les siennes. Il n'a peut-être aucune idée de ce qui le rend beau. Il se déteste sans doute, et il ne se pardonnera pas d'avoir tout gâché, comme si c'était sa faute. Il ne saura jamais, qu'il a été de toutes les créatures du monde, ma préférée. Et quand il s'agira de partir avec lui, je le suivrai sans regret. 

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