Nda : À une époque, j'avais une obsession étrange pour les Alexandrins. Je rêvais d'écrire une pièce de théâtre à l'ancienne, façon tragédie grecque. J'éprouvais une satisfaction et un plaisir sans fin à réciter des tirades entières avec des vers de 12 syllabes. C'est agréable comme ça coule, ça chante, vous ne trouvez pas ?

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Permettez moi, ô Amour renommé,
De poser a vos pieds cette lettre blasée.
Non que je remette en cause vous atouts, vos attraits,
Mais ce soir et pour toujours je vous quitte a jamais.
Mon cœur est vaillant, je le vois, je le sens,
Et cette vaillance-là, prend l'allure d'un serment.
Pourtant je me parjure et j'entraîne dans ma fuite,
Tant de rêves, tant de foi, interminable suite.
Fantômes de l'âme, ombres de promesses,
Ils me traquent, ils me hantent, à chaque instant me blessent.

Courage de l'infortune qui me pousse à trahir.
Faiblesse de l'esprit qu'il me faudra maudire.
Et ma raison se moque, elle me montre du doigt.
De murmure qu'il était son rire se fait loi.
Je le sens qui m'étouffe comme une condamnation,
Folle que je fus d'écouter mes passions !
Ainsi les yeux secs je m'en viens pour pleurer,
Ce en quoi je cru et qu'il me faudra renier.

Bel Amour tu es grand, Bel Amour tu es roi.
Pardonne moi de fuir car mon tombeau c'est toi.
Je ne puis être forte et aimer sans mourir,
Que le vent témoigne de ce en quoi j'aspire !
Je voudrais l'océan, l'horizon et le ciel
Ainsi que mon cœur, imprenable, éternel.
Car si tu es lumière, phare de bien des vies,
En moi, des ténèbres, tu trouveras le nid.

C'est pourquoi cette lettre, je dépose à tes pieds,
Je te remet l'éclat de ce qui fut mon reflet.
Garde moi une place, garde moi une larme,
Tu me donnas un cœur en oubliant ses armes.