🤘Wyld [B-]
J'attaque le premier livre de ma pile. C'est parti pour Wyld de Nicholas Eames !
Un libraire me l'a conseillé à « Lu & approuvé » dans la ville d'Amboise. Ils y sont de très bon conseil, si vous passez un jour dans le coin !
Auteur : Nicholas Eames 🇨🇦
Traduction : Olivier Debernard, de l'anglais canadien
Date : 2020
Quatrième de couverture :
Clay Cooper et son groupe étaient jadis la bande de mercenaires la plus renommée du Cœur du Wyld — de véritables stars adulées de leurs fans. Mais leurs jours de gloire sont loin : les redoutables guerriers se sont perdus de vue, ils ont vieilli, grossi et abusé de la bouteille. Quand, un beau jour, un de ses anciens compagnons se présente chez Clay et le supplie de l'aider à sauver sa fille, prisonnière d'une cité assiégée par une horde de monstres sanguinaires. Une mission qu'il serait inconscient d'accepter...
Le temps est venu de reformer le groupe et de repartir en tournée.
Résumé perso :
Gabriel (anciennement connu sous le nom de « Gabe le Magnifique ») vient demander à Clay (« Main Lente ») de l'aider à sauver sa fille Rose. Cette dernière est devenue mercenaire comme son père et, à la suite d'une bataille qui a mal tourné, s'est retranché dans une forteresse à l'autre bout du monde, assiégée par près de cent mille monstres.
Clay refuse de l'aider : il a sa petite vie de famille, sa fille qui collectionne les grenouilles, son rêve d'ouvrir un jour une auberge avec son épouse...
Puis, le scénario aidant, il accepte de repartir à l'aventure.
Mais les deux anciens héros doivent d'abord retrouver les trois autres membres de leur ancienne roquebande « Saga », qu'ils formaient vingt ans auparavant.
Et aussi les convaincre de les suivre dans cette mission-suicide. Ce n'est pas chose aisée, car l'un est devenu sénile, l'autre est roi, et le dernier a eu quelques ennuis avec la justice.
Sans parler des nombreux ennemis, humains ou monstres, qu'ils croisent sur leur chemin.
Temps de lecture : 11h
Le concept
De la fantasy bien bourrine et épique ! On suit un groupe de héros qui découpe des monstres à tour de bras lors de leur tournée.
Les « roquebandes » de héros rappellent beaucoup les groupes de rock de notre monde. On a tout : les tournées, les manageurs vénaux, les stades où les shows commençant par une première, les carrières solo, les problèmes de drogue et d'alcool, les festivals...
Et ces clins d'œil sont suffisamment bien intégrés à l'univers et à l'intrigue pour que ça ne sorte pas de l'histoire.
Il y a même l'idée qu'avant le rock était contestataire et réclamait un monde meilleur (les roquebandes combattaient des monstres pour sécuriser les villes), et que maintenant ce n'est plus que du spectacle sans authenticité (toute une industrie du spectacle s'est développée).
Style
Le style est souvent familier voire assez vulgaire, mais absolument pas simpliste. J'ai même appris quelque mots au passage
Il y a quelques répétitions, avec des mots qui reviennent à quelques phrases d'écart et des idées qui se ressemblent un peu trop, par exemple : en l'espace de 3 chapitres on a des kobolds obsédés par l'or, des basiliques qui pétrifient en pierre en un regard, puis des gorgones obsédées par l'art mais on précise qu'elles ne pétrifient pas contrairement au mythe.
Certaines explications sur l'univers sont aussi répétées plusieurs fois exactement de la même manière.
Mais sinon, j'ai beaucoup apprécié le style qui insuffle un ton humoristique ou au contraire épique aux scènes les plus anodines.
Intrigue
Les chapitres sont assez courts et l'intrigue avance avec un bon rythme soutenu.
Cependant, elle utilise pas mal de coïncidences. Dans les premiers chapitres, comme l'intrigue avance très rapidement c'est assez flagrant :
— Clay pense à son ami Gabriel, puis ce dernier apparaît devant lui.
— Sa fille a écouté aux portes (alors qu'on nous a dit juste avant que sa mère était avec elle...) et elle demande si Clay va partir sauver la fille de Gabriel, et c'est précisément ça qui le décide à partir à l'aventure.
— La 1ère maison qu'ils croisent dans le royaume est précisément la maison d'enfance de Clay, pour amener une scène de flashback.
Bref, j'ai eu un peu de mal à y croire complètement à cause de ces coïncidences faciles.
Dans la suite, les scènes-clef faisant avancer l'intrigue sont plus espacées, donc même lorsqu'il y avait des coïncidences, c'est bien moins dérangeant. L'aspect un peu parodique du livre fait tolérer ces petites facilités.
Univers & inspirations
Le bestiaire très vaste vient de légendes variées : loups-garous, cyclopes, sirènes, golems, trolls, tréants (des arbres qui marchent), des nécromanciens, des dragons, des kobolds... des druines (hommes-lapins)...
Outre l'univers du rock, on sent l'inspiration de romans fantasy et de jeux de rôle.
Il y a notamment cette constante dans le monde de Wyld que les bardes dans les roquebandes meurent très souvent (les bardes ayant peu de PVs dans les jeux de rôle).
Les armures des femmes sont quant à elles typiques de celles dont elles sont affublées dans les MMORPG. Et c'est d'ailleurs parfaitement justifié dans le contexte : « Beaucoup de spectacle et pas beaucoup de substance ».
Les personnages
Cela prend un petit peu de temps pour bien les connaître, mais les personnages sont vraiment bien caractérisés. Chacun a une histoire qui explique son comportement, ses qualités et ses défauts. Ils ont tous un combat interne, et leur profonde amitié les aident à le dépasser. Ils sont vraiment attachants (et aux premières pages, je ne pensais clairement pas que j'allais dire ça d'eux !).
Les trois antagonistes ne sont pas en reste. Ils sont vraiment intéressants, vraiment méchants, et avec de vraies motivations qui les poussent à agir contre l'intérêt des héros. Les scènes de bataille contre chacun d'eux sont prenantes, et c'est grâce aux enjeux importants qui dépassent la seule survie des héros.
Action, émotion & humour
Chaque chapitre a sa dose de passages épiques, des vraiment forts en émotions, et des extrêmement drôles. Nombreux sont ceux qui font les trois en même temps, ce qui donne un ton vraiment particulier à l'histoire.
Bon après, il y a beaucoup de blagues graveleuses. J'ai trouvé ça un peu lourd, mais en même temps ce n'est vraiment pas mon type d'humour.
Plusieurs thèmes durs sont abordés : viol, violence conjugale, maladie incurable, deuil, addiction... Ils le sont avec le sérieux nécessaire, et une certaine sensibilité.
La distinction humain / monstre est discutée de manière intelligente, avec plusieurs informations de l'univers qui corroborent ou infirment cette séparation. On est loin du « en fait les humains sont les véritables monstres ».
Clichés réappropriés.
Les personnages sont pas mal genrés : leurs comportements et personnalités dépendent avant tout de leur genre.
Au début, ça me dérangeait pas mal, car je retrouvais tous les clichés habituels sur les femmes et les hommes. Mais l'histoire avançant, les personnages sont approfondis et on s'éloigne beaucoup des clichés.
On se rend compte aussi de l'importance que prennent les apparences pour réussir à percer, et les attentes sont différentes selon les genres (viriles ou aguicheuses). Cela rappelle encore une fois la réalité des groupes de rock.
D'ailleurs, il y a très peu de groupes mixtes. Le seul qu'on voit est de la nouvelle génération qui se rebelle contre l'ancienne et contre le système.
Il y a autre cliché que j'ai trouvé très élégamment réapproprié. C'est le vieux mage savant fou a fini par attraper une malédiction à cause de ses expériences... et cela permet d'évoquer ses sentiments liés à son état de santé, la douleur de ne pas avoir pu sauver son mari de cette même maladie.
Ces quelques éléments m'ont évoqué la maladie du SIDA, et c'est brillant de traiter de ce sujet aussi subtilement dans un livre de fantasy bourrin.
Note perso : B-
« B » parce que c'est vraiment sympa à lire, sans prise de tête, avec des bonnes scènes d'émotion et d'action.
Le « moins » à cause des blagues graveleuses omniprésentes, qui m'ont gâché certaines scènes sérieuses.
À qui je le conseille :
À tous les amateurs de fantasy, de combats épiques et/ou hilarants, de personnages au départ un peu cliché dont on découvre la profondeur progressivement.
Et puis si vous aimez le rock et son univers, sachez qu'on y retrouve beaucoup cet état d'esprit rock'n'roll.
Par contre, si vous comptez le lire il ne faut vraiment pas que vous soyez dérangés par la violence, le langage cru et les blagues salaces !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro