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💃🏻 Une maison de poupée [B/S]

Relecture d'une pièce de théâtre que j'avais lue pour les concours de prépa sur le thème « Servitude et soumission ».

Attention, cet avis divulgue toute l'intrigue.

Titre : Une maison de poupée
Original : Et Dukkehjem

Auteur : Henrik Ibsen

Traduction : Éloi Recoing, du norvégien (nynorsk)

Date : 1879

Résumé (Wikipédia)
Nora est mariée depuis huit ans à Torvald Helmer, un directeur de banque avec lequel elle a eu trois enfants. Le rôle de Nora dans son mariage consiste en celui d'une simplette : son mari ne cesse de l'appeler son « alouette » ou son « petit écureuil » sans la prendre au sérieux et en la traitant de façon superficielle. Torvald se contente ainsi de lui donner des directives et cela sans méchanceté aucune de sa part car il considère simplement que c'est le rapport normal entre hommes et femmes, comme le veut l'opinion de son époque.

(Avant le début de la pièce) À la suite d'une maladie de son mari, le médecin annonce à Nora que le seul moyen de sauver ce dernier est de l'emmener faire un voyage en Italie où le repos lui apportera la guérison. Le voyage coûtant cher et Nora n'ayant pas les moyens, elle ne trouve d'autre recours que de faire un faux en écriture, sans toutefois connaître la gravité de son acte. La pièce débute quand Nils Krogstad, (la personne ayant prêté l'argent à Nora) menace de tout révéler à Torvald, qui se trouve être son patron. Nora va se battre pour empêcher Torvald de savoir ce qu'elle a fait à son insu.

Krogstad envoie une lettre à Torvald le mettant au courant du faux en écriture commis par sa femme. Torvald réagit avec horreur, dégoût et colère. Il ne pense qu'à sa réputation et qualifie l'amour qui a poussé Nora à agir ainsi de « prétexte stupide ».

Peu après, une seconde lettre parvient à Torvald, contenant la reconnaissance de dette : Krogstad renonce à rendre l'affaire publique. À la suite de quoi Torvald pardonne à sa femme. Contrairement à un drame conventionnel victorien, la pièce ne s'arrête pas là.

Nora réalise qu'elle vient d'avoir la première conversation sérieuse avec son mari depuis qu'ils se connaissent. Elle ajoute que son père la traitait lui aussi comme une poupée. Nora quitte son mari pour mieux comprendre le monde qui l'entoure, trouver ses réponses aux grandes questions de la vie. Dans l'optique d'un possible retour une fois cela accompli, elle impose une condition à son mari : « que leur vie en commun puisse devenir un vrai mariage ».

Cette pièce a très bien « mal vieilli », dans le sens où ce qu'elle décrit n'existe plus (ou presque), précisément grâce au fait qu'elle l'a décrit et dénoncé.
J'ai dû vérifié la date plusieurs fois pour me convaincre qu'elle datait effectivement de 1879, vu son point de vue très actuel. Provoquant des scandales à sa sortie et censurée dans de nombreux pays (surtout protestants), elle a participé aux mouvements d'émancipation des femmes jusqu'en Chine et au Japon.

Mais s'arrêter à ses seuls intérêts historique et féministe serait une erreur.
Cette pièce se lit comme un roman d'apprentissage, dont le ressort pédagogique est de montrer tout ce qu'il ne faut pas faire dans une relation saine. Et ça, c'est aussi universel qu'intemporel !
En résulte un condensé de leçons de vie essentielles, appellant à se questionner personnellement sur les relations, la conception du bonheur, l'épanouissement... et le prix de la liberté, car il faut être prêt à le payer.
Certaines réflexions (que je vais longuement détailler ci-après) me paraissent aujourd'hui évidentes tant elles m'ont marquées à vif lors de ma première lecture.
C'est une première leçon métatextuelle que je retiens : La culture est un catalyseur de l'apprentissage de la vie. Car sans doute aurais-je compris ces faits essentiels l'âge avançant, mes expériences s'accumulant, mes grilles de lecture du monde s'enrichissant et se nuançant ; mais je constate que beaucoup de choses simples se sont mises en place à la lecture de cette simple pièce de théâtre, et ces petits mantras m'ont — et vont — m'accompagner dans mon propre apprentissage de la vie.

* Le couple *

Nora et Torvald forment à eux deux le parfait couple de bons bourgeois qui présente bien.
Cependant, ils ne sont aucunement conscient que leur mariage n'est qu'apparence et fausseté, étant trop enlisés dans une vision normée de ce que doit être leur relation. Nora vit de la manière dont son mari la fantasme : femme-enfant, femme-objet, petit animal domestique, trophée à exhiber, une poupée qu'il peut manier à sa guise.
Par amour pour Torvald, Nora oublie qu'elle aussi mérite le respect. Ainsi, il est important de toujours se rappeler : On ne reste pas en couple par amour mais car cela nous rend heureux.

Dans leurs échanges, Nora et Torvald n'abordent jamais de sujets profonds ou personnels.
Les émotions de Nora ne sont pas importantes car... eh bien, c'est la petite Nora ; et Torvald considère que suggérer qu'il puisse en avoir est en soi insultant.
Il ne reste alors que des échanges de l'ordre du factuel, mais là encore, Torvald ne dit rien à Nora car elle ne comprendrait pas, et Nora doit vivre avec un lourd secret (d'avoir emprunté de l'argent sans autorisation d'un tuteur légal, père ou mari).
C'est cette absence de communication qui les a conduits à cette situation intenable. La communication est la base de toute relation saine.

* Soumission volontaire *

Nora n'a jamais eu l'envie de remettre en question son statut, et pour cause : sa situation est confortable. Dépendre de quelqu'un est en effet facile. Au contraire, tout oppose l'usage de la liberté et le confort. La liberté demande sans cesse de faire des choix, des erreurs, les assumer, décider de qui l'on est et être jugé dessus. Et surtout : se prendre soi-même en main. La liberté s'accompagne de responsabilités.

La rébellion de Nora se produit lorsque son couple traverse une crise et qu'il devient nécessaire de redéfinir leur relation. Sans quoi, elle n'aurait peut-être jamais eu l'occasion de le remettre en question.
Il faut véritablement un immense courage pour quitter une relation construite non seulement sur ce que la société attend de soi, mais aussi et surtout sur les habitudes de toute une vie. Cela montre que s'enfermer dans des habitudes nous prive de nos libertés.

* Rapports entre classes sociales *

Henrik Ibsen met en parallèle les relations de domination entre hommes et femmes avec celles entre bourgeois et prolétaires. Cela s'illustre par le choix des quatre personnages actifs : Nora femme bourgeoise, Torvald homme bourgeois, Kristine femme prolétaire, et Nils homme prolétaire.
De façon schématique, Nora domine Kristine (se servant d'elle comme confidente sans réciprocité et comme couturière), Nils domine Nora (son créancier et maître chanteur), Torvald domine tout ce petit monde : Nils et Kristine (ses employés mis en concurrence pour un poste) et Nora. Dans ce quatuor, seuls Nils et Kristine semblent avoir une relation que l'on pourrait qualifier d'égalitaire, réciproque, symétrique.
Ainsi, on voit que Torvald, archétype de qu'on appelerait aujourd'hui « l'homme blanc riche cis hétéro », est au sommet de ces relations de domination. Avoir tous ces privilèges suffirait-il à être n'avoir aucun problème ? Ibsen a l'intelligence d'apporter une nuance très bienvenue, grâce à l'ajout d'un personnage dont je n'ai pas encore parlé : Dr. Rank, ami des Helmer. Il partage les mêmes privilèges que Torvald, mais de tous, il est sans doute celui qui souffre le plus. Car en effet, sa maladie incurable le condamne à compter la poignée de jours qu'il lui reste avant de mourir, seul...
D'où ce constat : Il est stupide de construire une hiérarchie des souffrances sur la base de supposés privilèges.

Poursuivons sur les relations bourgeois/prolétaires.
Puérile et égocentrée, Nora est incapable de comprendre les vies de sa servante, sa bonne ou de son amie Kristine, toutes trois de la classe ouvrière où les femmes doivent travailler pour survivre.
D'autre part, Torvald se forge une mauvaise image de son employé Nils Krogstad, notamment à cause de sa mauvaise maîtrise des codes bourgeois. Enfermé dans sa condition, Nils est alors contraint d'agir bassement pour se battre pour son poste et, la vie ne l'ayant pas épargné, il n'épargne personne en retour.
J'en retiens ce précepte, facile à dire mais toujours difficile à appliquer dans les faits : On ne peut juger correctement une personne qu'en prenant en compte son vécu.

* Liberté *

La définition qu'on a du bonheur ne coïncide pas forcément ce dont l'autre a besoin. En voulant la protéger, la mettre en valeur — l'aimer à sa manière — Torvald étouffe Nora.
La liberté de l'autre doit passer avant le bonheur de l'autre.
Cette pièce l'illustre avec l'exemple d'un couple bourgeois marié, mais je pense que cette idée est bien plus universelle, et ne s'arrête pas qu'aux relations sociales individuelles.
À l'échelle d'une société, on ne devrait pas considérer que sa vision du bien est universelle, mais plutôt souhaiter que chacun puisse vivre librement avec sa propre défintion de l'épanouissement.
Si on juge certains choix de vie asservissants (l'addiction aux macarons de Nora par exemple !), effectivement il faut tout mettre en œuvre pour aider les personnes concernées à s'en affranchir. Cela signifie travailler à augmenter leurs libertés, et non pas leur en enlever en interdisant ce qui nous déplaît.

La liberté prévaut sur le bien, écris-je juste au dessus, mais ne tombons pas dans le relativisme toutefois. Pour vivre librement, il faut d'abord s'affranchir des soumissions, dont pour beaucoup nous ont été inculquées et auxquelles nous sommes asservis inconsciemment.
Ce n'est pas pour rien que lorsque Nora décide de partir, elle parle avant tout de vouloir s'éduquer. Elle ne pourra pas être réellement libre tant qu'elle n'aura pas remis en cause tout ce en quoi elle croyait. Les autres (parents, mari, société) lui ont donné des réponses toutes faites sur qui elle est et quelle est la vie qu'elle doit mener. À elle désormais de se poser ces questions et de trouver ses propres réponses.
(Amusant d'ailleurs de voir que dans la première version pour l'Allemagne, Nora reste uniquement pour ne pas abandonner ses enfants. Les censeurs ont une fois de plus répondu à sa place ! La pièce a beaucoup mieux marché une fois la fin originelle rétablie.)
Tout ça pour dire : La liberté s'apprend.

Le mariage de Nora et Torvald est un naufrage. Mais la pièce ne dit absolument pas que tout ce qui est « dans la norme » est à éviter, et le prouve en présentant le couple que forment Kristine et Nils.
Kristine est indépendante sur les plans financier et psychologique, et c'est donc en temps que personne entière qu'elle envisage une relation de couple avec Nils. En effet, elle aspire à partager le fruit de son travail pour construire un patrimoine, à élever des enfants, et aussi à l'amour. L'ordre de ses priorités montre qu'elle ne choisit pas cette relation par défaut, mais par pragmatisme. Rien ne l'y oblige, elle fait ce choix en toute conscience, car cela répond à ses besoins qu'elle a su identifier et faire valoir.
S'opposer à la norme par anticonformisme, ce n'est pas non plus être libre.

Note : B/S
Ah ! Vient le moment où il nous faut donner une note ! Exercice décrié voire honni par certains, personnellement je l'apprécie car il est révélateur de pas mal de choses.

Sur le moment, j'ai mis un B à cette expérience de lecture. C'était simple à lire, rapide et agréable, mais je n'ai pas entièrement embarqué dans l'histoire ni ne me suis attachée aux personnages. Il n'y a pas grand chose de transcendant, me suis-je même dit plusieurs fois au cours de la lecture.

Puis les jours passent, je rédige cet avis. Et c'est là qu'avec le recul, je me mets à y réfléchir davantage pour trouver de quoi parler et, de fil en aiguille, je me pose les nombreuses questions que cette pièce suscite...

Quand on prend le temps d'analyser une œuvre, j'ai l'impression qu'on en exacerbe ses qualités mais aussi ses défauts. Pour Frankenstein, c'est en l'analysant que j'ai su l'apprécier ; et au contraire, j'ai d'autant plus détesté L'Ours et le Rossignol en constatant à quel point son propos tapageur et son message véhiculé étaient contradictoires.
Pour Une maison de poupée, l'analyser me l'a rendu infiniment plus appréciable. C'était absolument passionnant d'entrer en profondeur dans le texte, et cela m'a permis voir des choses qui ne m'étaient pas apparues au premier abord, notamment les nuances plus subtiles du propos.

Et c'est là qu'il faut distinguer ce qu'apporte un livre pendant le moment de la lecture (divertissement, rire, dépaysement, immersion, émotions...) et ce qu'il nous apporte après coup (connaissances, réflexions, ouverture, compréhension d'un autre vécu, empathie...).
Ce n'est pas un A pour moi, ayant passé un bon moment et non un « excellent » à sa lecture, mais c'est clairement un S puisqu'il a grandement contribué à ma construction personnelle sur le plan des relations sociales (dont romantique).

Résumé des 10 enseignements que ce livre m'a apportés :

La culture est un catalyseur dans l'apprentissage de la vie.

On ne reste pas en couple par amour mais car cela nous rend heureux.

La communication est la base de toute relation saine.

La liberté s'accompagne de responsabilités.

S'enfermer dans des habitudes nous prive de nos libertés.

Il est stupide de construire une hiérarchie des souffrances sur la base de supposés privilèges.

On ne peut juger correctement une personne qu'en prenant en compte son vécu.

La liberté de l'autre doit passer avant le bonheur de l'autre.

La liberté s'apprend.

S'opposer à la norme par anticonformisme, ce n'est pas non plus être libre.

Oh, j'ai peut-être oublié d'argumenter celui-ci, mais...

À bas le capitalisme et ses patrons !!

Lecture : 12-13 mars 2022
Avis : 24 mars 2022

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