Titre : Les Rois maudits, tome 3 : Les Poisons de la Couronne

Auteur : Maurice Druon 🇫🇷

Date : 1956

Louis le Hutin est parti guerroyer en Flandres, fidèle à son surnom. Plus fidèle déjà qu'à sa promise, la pieuse princesse Clémence de Hongrie qui arrive en France à travers les tempêtes.
Bonté incarnée, elle est bien trop gentille, je m'inquiète déjà du moment où elle posera un pied à la Cour de France où tous les monstres opportunistes ne manqueront pas de l'écraser... Mais Clémence parvient à gagner de l'influence sur le roi et lui apprendre la voie de l'altruisme, la charité et la piété.

Cette influence ne peut être que bénéfique, n'est-ce pas ?
Si dans le tome précédent se posait le dilemme moral entre le Bien et la nécessité, dans celui-ci on se tourne vers un tout autre aspect de la question insoluble du Bien et du Mal.
Car à faire l'aumône aux pauvres, Clémence vide le Trésor royal, empêchant de soulever les fonds pour protéger cette même population contre le brigandage. Et à demander la clémence pour tous les condamnés, des prisonniers dangereux sont relâchés en masse et la criminalité explose dans les rues.
L'économie et la politique sont des sujets immensément complexes — et n'ont cessé de se complexifier jusqu'à nos jours. Agir pour le Bien, c'est peut-être avant tout combattre le Mal. Or, Clémence, rendue naïve par sa trop grande gentillesse, ne voit pas le Mal, elle ne le connaît pas, elle ne peut donc pas le combattre.
C'est, une fois de plus, un constat amer que je retiens après la lecture d'un tome de cette série, mais je trouve ce questionnement sous-jacent passionnant et sans doute important. Faire le Bien serait avant tout une question de compétence, indépendamment de la volonté d'agir en bien ?

Émerge alors un autre personnage qui m'apparaît très intéressant : Philippe de Poitiers, frère cadet de Louis X, à qui reviendrait la couronne si son aîné venait à mourir sans descendance. Plus les preuves de l'incompétence de Louis s'accumulent, manipulé d'un côté par Valois et influencé de l'autre par Clémence ; et plus je veux voir Philippe de Poitiers le remplacer. Il est intelligent, compétent, digne, mesuré, il a tout d'un roi, et... Bon oui, c'est mon champion et c'est lui que je veux voir gagner.
Jusqu'ici, l'histoire prenait un malin plaisir à retirer le pouvoir des mains des personnages que je voulais voir diriger, pour le donner à ceux que j'adore détester. Mais pour une fois, des événements troubles vont donner sa chance à mon champion. À suivre dans le prochain tome !

Note : A+
Toujours aussi excellent. Le style, l'intrigue, les réflexions de fond. Non vraiment, c'est dur de s'habituer à autant de qualité, les autres livres que je lis en parallèle ne résistent pas à cette comparaison que je ne peux m'empêcher de faire.

Quand on écrit une histoire, définir le cadre moral de ses personnages peut être très intéressant. En effet, s'ils agissent tous pour le Bien mais en ont des conceptions différentes, il y a conflit. Et le conflit, c'est la base de la narration.

Le Bien et le Mal, est-ce une question de compromis ? De volonté et de foi, ou bien de compétence ?

Vous pouvez répondre pour vous-mêmes, et/ou pour vos personnages, protagonistes comme antagonistes. (La morale des méchants est souvent super intéressante à analyser !)

Je serai très intéressée de savoir ce qui vous vient en premier à l'esprit !

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