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🔪 Premier sang [A-]

Je découvre Amélie Nothomb avec ce livre, son trentième. Ou plutôt je découvre son père puisqu'il s'agit d'une biographie à la première personne.

PRÉSENTATION

Titre : Premier sang

Auteure : Amélie Nothomb 🇧🇪

Date : 2021

Quatrième de couverture
« Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. »

MON AVIS

Entrée en matière très forte ! Va-t-il survivre contre toute probabilité ? Mais avant de le savoir, il va d'abord falloir suivre l'analepse de toute la vie de Patrick Nothomb (père d'Amélie) depuis sa naissance. Il s'agit donc du film de sa vie qui repasse devant ses yeux alors qu'il est au seuil de la mort.
Cette analepse est très frustrante puisqu'elle brise l'élan dans lequel nous étions lancés, mais réussit bien son coup pour embarquer dans l'histoire : puisqu'on ne peut savoir s'il va s'en sortir, on veut savoir comment il en est arrivé là.

Un premier point qui frappe : la maîtrise du style. Les mots n'ont pas besoin d'être sophistiqués pour qu'il y ait du style, au contraire. Ici cela passe par la gestion de la temporalité de l'intrigue.
L'écriture sait jouer avec les points de focalisation : le point de vue de Patrick lorsqu'il est enfant et vit les faits, celui du lecteur qui entrevoit les conséquences implicites, et le narrateur étant Patrick plus vieux avec du recul sur sa vie.
Ainsi, des scènes de vie nous sont racontées au passé. Tout au long du roman, les ellipses s'étirent de plus en plus et les évènements deviennent non plus quotidiens et immersifs mais des descriptions lointaines de situations. Puis les évènements deviennent flous et hors de contrôle, on se perd dans le chaos et la violence. Et c'est là que l'on repasse d'un coup au présent : le passé ne nous protège plus, il n'y a plus aucune distance entre les événements et nous.
J'admire cette maîtrise du rythme de l'histoire.
Malheureusement, il y a un gros bémol — disons même deux ton de moins — qui vient amoindrir la force de cette construction. Selon moi, toute la fin aurait vraiment mérité d'être développée. Elle va trop vite et surtout présente la situation avec bien trop de recul, brisant complètement l'immersion dans le vécu de Patrick Nothomb. Ce qui avait justement fait la force du présent est gâché par le retour inopiné du passé. On nous résume plus qu'on ne vit les actions.
Peut-être est-ce, par pudeur, un choix délibéré de l'auteure ? Quoi qu'il en soit, cette fin qui m'a semblée « bâclée » n'a pas réussi à me faire ressentir quoi que ce soit, alors que ce qui est raconté avait un potentiel immense.

Je note aussi, toujours concernant le style, un passage où on nous expose une situation idyllique, et en tournant la page il est écrit « Pas du tout », démantant tout ce qu'on vient de lire. Je ne sais pas s'il s'agit d'un hasard de mise en page mais cet effet fonctionne très bien.

Attaquons le fond. Ce livre aborde plusieurs thèmes forts et parfois durs : le non-amour d'une mère veuve pour son fils, les codes rigides et ridicules de la haute bourgeoisie belge des années 1950, la maltraitance des enfants par volonté de les « endurcir », le handicap mental...

Le thème central émerge alors : la figure du père en son absence. Le récit de Patrick Nothomb se construisant sans figure paternelle fait écho à son propre décès qu'a dû surmonter l'auteure. Ce thème se décline tout au long du roman : le manque d'un père, la construction personnelle en l'absence de ce pilier, l'ignorance de ce qu'est réellement un père, la recherche plus ou moins consciente de figures paternelles parmi les hommes de son entourage, la désillusion de voir que les pères des autres sont imparfaits, l'héritage du nom et des responsabilités envers la famille, devenir soi-même père, concilier responsabilités et vie familiale. Ce thème est abordé très justement.

Il y a aussi un thème en filigrane, une sorte de leçon de vie qui n'est jamais complètement explicitée.
La poésie apprend à Patrick le pouvoir de la parole. Ses séjours au Pont de l'Oye lui font gagner sur le tas en force de caractère. De ne jamais avoir connu son père, il a la rage de survivre pour que ses enfants ne vivent pas la même chose.
Chaque expérience de vie devient alors un enseignement. Et ceux qu'il a reçu deviennent cruciaux lors de la négociation avec les preneurs d'otages de Stanleyville au Congo, qui ne peut se résoudre précisément que par le pouvoir des mots, la résilience et la rage de survivre.

Au risque de me répéter, la rapidité de la fin est d'autant plus dommageable qu'elle empêche d'approfondir cette intéressante réflexion. Nos enseignements de vie nous destinent-ils à être cette personne dont on a besoin à un instant et un lieu précis ?
Qu'en est-il lorsque nos abilités personnelles ne coïncident pas avec nos volontés ? Cette question est double : lorsqu'il y a envie sans abilité (devenir militaire lorsqu'on s'évanouit à la vue du sang) ou abilité sans envie (s'il n'avait pas pris ses responsabilités en tant que diplomate).
Pouvons-nous devenir maîtres de nos destins alors que tant de variables sont fixées indépendamment de nos volontés ? Pendant l'enfance, toutes ces variables sont choisies par les autres ou le hasard. Et quand vient l'âge adulte, on doit composer avec les enseignements et traumas de sa vie passée...

Cette biographie est construite sur le fait que chaque élément introduit a une conséquence qui permet le dénouement final. Sans un seul de ces éléments, il n'aurait pu avoir lieu.
Ce n'était peut-être pas la volonté de l'auteure d'aborder frontalement ces réflexions, mais la construction même de son roman adresse ce message. Cela aurait donc été bien de l'étayer selon moi.
Car Patrick Nothomb n'est pas qu'un personnage, il est une personne réelle, et écrire sur insuffle du sens à sa vie.
Soit il y a effectivement une philosophie derrière, donc cela aurait été préférable de la rendre plus limpide ; soit il n'y en a pas et cette histoire s'est retrouvée enfermée dans une structure de fiction où tout élément doit avoir sa place en terme de narration — ce qui n'est pas le cas dans la vraie vie.

CONCLUSION

Note : A-
En conclusion, j'ai totalement embarqué dans l'intrigue, malgré une fin que je considère passant trop rapidement sur les évènements.

Beaucoup de thèmes intéressants sont abordés. Je regrette toutefois que les réflexions ne soient pas allées plus loin.

En note, ce serait donc : excellent avec (beaucoup de) réserves. Car de toute évidence Amélie Nothomb maîtrise ce qu'elle fait, je regrette juste que son ambition n'ait pas été plus élevée pour ce livre. Disons, A--.

Lu : 21-22 mars 2022
Avis : 1er avril 2022

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