Je ne pourrai plus dire qu'Orson Scott Card ne me déçoit jamais. Je continue d'adorer sans réserve Ender, Terre des Origines, Alvin le Faiseur ou encore La Geste Valois qui restent pour moi des œuvres-phares. Pourquoi la magie n'a-t-elle donc pas opéré avec ce livre-ci ?

Titre : Pisteur, Livre 1

Auteur : Orson Scott Card 🇺🇸

Date : 2013

Quatrième de couverture
Lorsqu'il chasse avec son père, Rigg est capable de suivre des pistes que lui seul perçoit, des traces d'un passé pas tout à fait enfui. Hormis ce talent peu commun qu'il doit dissimuler, le jeune homme mène une vie ordinaire. Du moins le croit-il, jusqu'à la mort de son père, lorsqu'il découvre avec stupéfaction que son histoire personnelle n'est qu'un tissu de mensonges, même son identité est sujette à caution. Commence alors pour lui un fantastique voyage à travers les arcanes du temps.

L'intrigue met énormément de temps à se lancer véritablement. Pendant toute la première partie du livre, Rigg, le personnage principal, n'a aucun but personnel. Il n'a pour seule consigne que de se rendre dans une ville inconnue et de retrouver sa sœur dont il ne sait rien, partant vers sa quête avec un adolescent de son village qu'il connaît à peine et un tavernier rencontré en chemin.
À chaque situation complexe, Rigg se montre excessivement confiant et sait rapidement tout gérer à la perfection. Certes, cela est justifié par le fait que son père l'avait éduqué précisément pour ces tâches mondaines du fin fond de leur forêt isolée. Mais j'ai trouvé cette justification trop facile. Je n'ai pas cru à son personnage.

À cette première difficulté d'identification s'ajoutent des dialogues souvent assez plats. Nombre d'entre eux partent d'une idée intéressante pour expliquer la psychologie des personnages, mais celle-ci est souvent exécutée de manière trop artificielle pour que je parvienne à me sentir proche d'eux.

Hormi cela, il y a toutes les orsonscottcarderies habituelles que j'adore retrouver : de jeunes protagonistes dotés d'une intelligence redoutables, des réflexions philo intégrées au fil du récit, une prise de recul sur les personnages que l'on suit grâce à un brusque changement de point de vue (par exemple, Rigg sait maîtriser les émotions de son visage mais à la place d'être un atout, cela rend suspicieux : on ne peut faire confiance à une personne dont les émotions sont si opaques). Il y a aussi une thématique autour de la science (dans leur épreuve d'entrée, les chercheurs ne s'intéressent pas à voir si Rigg connaît les réponses à leurs questions, mais à comment il chercherait les réponses qu'il ignore).
Toutes ces trouvailles sont ingénieuses, c'est juste dommage qu'elles se retrouvent noyées dans une intrigue assez fade, comme une multitude d'étincelles s'éteignant trop vite pour que le brasier prenne vraiment.

Concernant l'univers, on a un habile mélange de fantasy et de science-fiction. Nous suivons deux intrigues parallèles, celle principale centrée sur les aventures de Rigg dans une ambiance médiéval-fantasy, et celle en introduction de chapitres où l'on nage en pleine SF : intelligences artificielles, vaisseaux interstellaires et paradoxes temporels. J'ai bien aimé élaborer des hypothèses sur comment ces deux intrigues allaient se rejoindre. 
Le système de magie ne m'a en revanche pas tellement convaincue. Les nombreuses discussions des personnages essayant de comprendre le fonctionnement de leurs pouvoirs surnaturels m'a assez vite lassée, et ces pouvoirs deviennent un peu trop utiles à l'histoire, dans le sens où leur rôle semble avant tout de faire avancer l'intrigue à des moments opportuns.

Note : C

Très décevant, OSC m'a habituée à bien mieux. Je ne lirai pas les tomes suivants.
Par contre, je découvrirai volontiers ses autres séries. Trouver un auteur dont plusieurs livres m'ont autant marquée vaut bien de se risquer à quelques déceptions de ce genre.

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