🔱 Ondine [A-]
Retour aux sources ! (Comprenne qui pourra, et rira qui aura un humour vaseux.)
Titre : Ondine
Auteur : Jean Giraudoux 🇫🇷
Date : 1939
Résumé
Acte I
Près d'un lac dans une forêt, Auguste et Eugénie vivent avec leur fille adoptive Ondine. Le couple de pêcheurs l'a trouvée bébé à côté du lac, alors que leur fille biologique avait été enlevée.
Auguste ordonne à Ondine de se mettre à l'abri de la tempête, mais elle refuse et se joue de lui. Il ferme la porte à clef, mais un chevalier errant vient demander l'hospitalité. Ils l'accueillent, et le chevalier Hans parle longuement de sa fiancée Bertha, qui est la fille du roi. Ondine profite que la porte soit déverrouillée pour entrer. En voyant Hans, elle s'exclame « Comme vous êtes beau ! »
Ondine et Hans tombent amoureux. Les ondines se moquent et tentent de charmer Hans pour prouver que ce n'est pas un réel amour, et Auguste désapprouve. Le roi des ondins vient avertir Ondine : selon la loi du peuple de l'eau, si Hans la trompe il devra mourir. Ondine accepte malgré tout de se lier à Hans.
Acte II
Après trois mois de lune de miel, Ondine doit être présentée à la Cour du roi.
Le Chambellan, responsable d'organiser les spectacles de cette journée, rencontre un Illusionniste qui propose ses services. Il est en vérité le roi des ondins déguisé. Pour convaincre le Chambellan de le choisir, l'Illusionniste exécute quelques tours de magie extraordinaires, sans aucun matériel.
Des curieux arrivent en avance au spectacle. L'Illusionniste les fait patienter. Il leur promet de faire se réaliser l'improbable : que les deux personnes du royaume qui souhaitent le plus s'éviter se rencontrent. Par une manipulation de l'effet papillon, Bertha et Hans se retrouvent face à face dans la salle. Ils échangent quelques mots, Bertha le manipule en le faisant culpabiliser et arrive à lui voler un baiser.
Pendant ce temps, le Chambellan prépare Ondine à sa rencontre avec le roi. Elle n'a absolument aucun sens des convenances, et encore moins celui de l'hypocrisie que requiert l'étiquette. Elle n'écoute le Chambellan que distraitement et part en courant au milieu d'une phrase pour aller discuter avec Bertram, un poète. Elle revient auprès du Chambellan et lui refait le coup plusieurs fois de suite.
À la réception du roi, Ondine fixe intensément Bertha puis l'accuse devant toute la Cour d'essayer de lui voler Hans, car elle entend ses pensées. Le roi, puis Hans honteux, tentent de lui faire entendre raison mais en vain. La reine Yseult demande qu'on la laisse seule avec Ondine pour la calmer. Elle lui demande qui elle est et pourquoi agit-elle de la sorte. Ondine lui explique que si Hans la trompe, il mourra.
Ondine cherche un plan pour sauver Hans de ses sentiments envers Bertha. Elle compte demander pardon à Bertha, se rapprocher d'elle et l'inviter chez eux. Elle espère qu'en étant proche d'elle au quotidien, Hans trouvera Bertha indifférente. Yseult, abasourdie, la remercie pour cette leçon d'amour.
De retour dans la salle du palais, Ondine s'excuse auprès de Bertha, mais cette dernière s'en offense. Ondine entend dans ses pensées qu'elle l'insulte. Furieuse, elle dévoile la vérité sur ses origines : les parents biologiques de Bertha étant Auguste et Eugénie, de simples pêcheurs. Le roi des ondins les fait apparaître. Bertha refuse de reconnaître ses parents. Le roi la bannit jusqu'à ce qu'elle présente ses excuses. Ondine lui propose alors de venir vivre avec eux dans le château de Hans. Bertha accepte.
Ondine se rend compte que le château est entouré d'eau. Elle met en garde Hans sur l'eau qui le surveille, mais il n'y prête pas attention.
Acte III
Six mois ont passé. Ondine a disparu sans laisser d'explication mais en disant sans cesse à tout le monde qu'elle a trompé Hans avec Bertram.
Le matin du mariage de Hans et de Bertha, Hans entend ses serviteurs parler en vers. Dans sa famille, cela signifie que quelque chose de terrible va se produire. Il est toujours préoccupé par Ondine, et Bertha lui reproche de penser à elle le jour de leur mariage.
Un homme pêche Ondine dans son filet. Un procès de l'Inquisition est organisé à la hâte. Répondant aux questions, elle ne nie pas être une ondine et proclame encore qu'elle a trompé Hans avec Bertram. Le juge demande à Hans quelle est la nature exacte de sa plainte. Hans demande de faire un procès à l'amour, irrationnel et déraisonnable.
Ondine continue d'insister sur le fait qu'elle a trompé Hans la première, avec Bertram. Elle tente de faire en sorte que la sentence du peuple de l'eau ne soit pas appliquée à Hans.
Mais le roi des ondins ne se laisse pas duper et fait venir Bertram. Ce dernier soutient le témoignage d'Ondine mais leurs histoires ne concordent pas et personne ne les croit.
Ondine est accusée de sorcellerie par l'Inquisition. Le roi des Ondins est alors pris à témoin mais il explique qu'Ondine est la plus humaine qui soit, car elle l'est devenue par choix. Les juges décide qu'Ondine a transgressé les limites de la nature et doit donc mourir. Mais comme elle n'a agi que par amour, par compassion ils la condamnent à mort sans exécution publique.
Le roi des ondins accorde une dernière entrevue entre Ondine et Hans. À l'issue de celle-ci, Hans sera tué par le peuple de l'eau, et Ondine perdra toute sa mémoire humaine pour redevenir une ondine. Les deux amoureux font leurs adieux. Hans est déchiré par le fait que leur séparation sera éternelle, lui ayant une âme et elle non.
Ondine tente de le rassurer. Pendant tout le temps où elle a disparu, elle a répété le chemin du monde des ondins vers le château d'Hans, en répétant les mêmes gestes inlassablement pour que son corps les reproduise mécaniquement même après que sa mémoire soit effacée.
Ondine et Hans s'embrassent une dernière fois. Il meurt et elle oublie tous ses souvenirs.
Elle demande qu'est-ce que ce beau jeune homme a à faire à ne pas bouger, ayant oublié jusqu'à le concept de mort. Avant de repartir avec le roi des ondins vers son peuple, elle dit « Comme c'est dommage ! Comme je l'aurais aimé ! ».
Comme on l'a vu dans le résumé, l'intrigue est simple et finit en tragédie. Mais cela ne donne qu'une vague idée de la pièce. L'essentiel se trouve dans la manière de la raconter, les détails, les mots, les malentendus et trop entendus, les enchaînements de répliques, et surtout l'absurdité de tout cela.
Les jeux avec le quatrième mur sont au passage assez bien trouvés.
Chaque personnage est caractérisé par une irrationalité qui lui est propre : naïveté, idiotie, jalousie, loi, hypocrisie... Chacun se rend compte de celle des autres mais pas de la sienne.
Plusieurs passages m'ont bien fait rire, notamment la scène entre le Chambellan et l'Illusionniste.
Il y a aussi les réactions non retenues d'Ondine, qui n'a vraiment aucun sens des convenances. Elle répond toujours à côté de ce qu'on attendrait. La pression sociale n'a aucune prise sur elle.
Le fond
Les remarques sur le fonctionnement du monde des humains sont aussi assez drôles, mais pas forcément assez approfondies pour faire réellement réfléchir sur les thématiques abordées (amour, bonheur, politesse).
De ce qu'Ondine a compris de ses observations des humains, c'est qu'être malheureux est la seule chose qui puisse les rendre heureux, car l'amour est nécessaire au bonheur et conduit au malheur.
Même idée que lorsque le Chambellan se justifie de faire indirectement du mal à Ondine en jetant Hans dans les bras de Bertha. Selon lui, un amour aussi intense est si rare que cela vaut la peine de provoquer des péripéties, malgré tout ce que cela implique de négatif pour les protagonistes.
Le roi des ondins dit que les humains, quand ils sont au pied du mur, deviennent ce qu'on appelle « fous », et il explique que cela signifie qu'ils deviennent d'un coup rationnels. Ils cessent de faire ce qu'ils n'ont pas envie de faire.
Pourquoi on nous parle encore d'amour ?
Le seul bémol d'un point de vue personnel, c'est en fait le cœur de la pièce : l'irrationalité de l'amour.
Je n'adhère pas à cette vision, avec ses coups de foudre, son absence de libre arbitre et qui rendrait nécessairement malheureux.
Ce n'est sans doute pas aidé par le format de la pièce de théâtre qui impose une limite de temps/mots, et donc oblige à aller vite sur certains développements — tout à fait logiques et rationnels selon moi — qui peuvent conduire à l'amour dans la vraie vie.
Dans toutes ces histoires d'amour puissantes et tragiques, je me dis toujours que personne ne vit ça réellement.
Je vois l'intérêt en termes de narration qui est que l'amour est un but avec pour objet une personne. Si deux personnes ont comme but l'autre, en temps que spectateur on veut voir les deux aimants s'entrechoquer, ou bien arrêter la tension en les séparant.
Mais bon, j'ai quand même beaucoup de mal avec ces histoires d'amour qui sont enfermées dans leur statut d'histoires, avec l'impératif de construire une narration que cela implique.
Note : A-
Une lecture agréable, des décors diversifiées, des scènes amusantes, des personnages absurdes, une fin tragique au concept vraiment fort.
De l'amour avec un immense A comme il n'y en a jamais dans la vraie vie (et c'est tant mieux).
À qui je le conseille :
Lecteurs de théâtre bien amarrés. Plein de passages drôles peuvent tomber à l'eau si on ne comprend pas aisément le vocabulaire utilisé.
Si l'occasion se présente un jour, à voir sur les planches car ça peut être vraiment intéressant de découvrir une autre vision de la pièce, notamment savoir si c'est l'aspect comique ou tragique qui prime.
Aux gens qui veulent savoir pourquoi je m'appelle comme ça. 😁
23/01/22
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