🪧 Les mauvaises gens [B+]
Au menu du jour, un petit roman graphique de la librairie de la CGT, abordant la culture ouvrière, le militantisme syndical et la foi catholique dans la région française des Mauges.
Si j'ai bien compris, un « roman graphique » désigne une bande-dessinée longue, s'affranchissant des contraintes usuelles de la BD et étant à destination d'un public adulte. Il s'agit surtout d'un terme médiatique (et commercial) utilisé pour parler des bandes-dessinées sans subir la connotation « pour les enfants ».
On pourra par exemple citer Maus, La Ballade de la mer salée, Persepolis ou Watchmen, qui sont chacun dans des styles et genres très différents.
Titre : Les mauvaises gens : Une histoire de militants
Auteur : Étienne Davodeau
Date : 2005
Quatrième de couverture
Les Mauges. Une région rurale, catholique de l'Ouest français. Les années 50.
Quittant l'école au seuil de l'adolescence, des centaines de jeunes gens découvrent l'usine et ses pénibles conditions de travail.
Avec l'église, elle semble être l'horizon indépassable de leur quotidien.
Sur ces terres longtemps considérées comme rétives aux changements, certains d'entre eux se lancent pourtant dans l'action militante.
Pourquoi ? Comment ?
De l'immédiat après-guerre à l'accession de la gauche au pouvoir en 1981, Les Mauvaises Gens raconte ce désir d'émancipation collective, ses difficultés, ses limites et ses espoirs.
C'est à travers l'expérience de ses propres parents et de leurs amis militants qu'Étienne Davodeau dresse ce portrait passionnant du monde ouvrier et de ses combats.
Au fil de ces pages, c'est non seulement l'histoire de toute une région qui se dessine, mais aussi celle d'une France en pleine mutation.
L'auteur raconte le parcours de ses parents entre 1950 et 1980.
Dans la région très traditionaliste des Mauges, la religion catholique est prégnante. Pape et curés traditionnels encouragent davantage à « tendre l'autre joue » qu'à défendre ses droits humains.
Mais un courant déviant commence à émerger, plus proche de la population ouvrière que du patronat bourgeois. Au village de Botz-en-Mauges, un tout jeune prêtre fonde la jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C.), créant un cercle d'échange, de réflexion et d'action.
Marie-Jo et Maurice, tous deux ouvriers, rejoignent le mouvement. Découvrant cette autre vision de la foi chrétienne, ils se syndiquent. Les usines locales profitent de leur quasi-monopole d'offreuses d'emplois pour exploiter leur main-d'œuvre. Le travail dès l'adolescence est généralisé chez les pauvres, et les conditions de travail sont déplorables. On suit alors les combats respectifs des deux jeunes militants. La culture ouvrière a une importance capitale pour eux. C'est un mode de vie, une philosophie, une force, et même un devoir.
J'ai bien apprécié les petits récapitulatifs historiques qui ponctuent le récit. Ils permettent de se représenter concrètement le contexte politique, économique et social de l'époque et de saisir les enjeux qui s'y jouent. Ainsi, les petites histoires se vivent en parallèle de la grande, et parfois la rejoignent.
Il s'agit d'une bande dessinée, donc il serait à propos de parler du dessin. Les illustrations des lieux immergent bien dans la vie quotidienne de ce petit village campagnard qu'est Botz-en-Mauges.
L'image de l'église (autorité morale) mise en parallèle avec l'usine (autorité économique) est très puissante. On sent à quel point elles pèsent chacune sur la vie des personnes et les étouffent.
Cependant, en dehors de ce visuel fort, j'ai trouvé dommage qu'il n'y ait pas eu d'autres trouvailles chargées de symbolique. Les cases montrant un personnage qui raconte un souvenir me sont apparues assez redondantes et n'exploitent pas tout le potentiel qu'offre l'aspect graphique de la narration.
Oubliant ce bémol, j'ai trouvé ce témoignage très intéressant et motivant. Le contexte d'aujourd'hui est autre, les combats ont changé, mais les enjeux restent les mêmes après tout.
Personne ne défendra nos droits à notre place.
Note : B+
Vraiment très agréable à lire et intéressant, mais laissant l'impression que le potentiel n'a pas été exploité à fond pour cette œuvre.
À qui je le recommande : De culture militante (ou non pour la découvrir !) ou passionnés d'Histoire régionaliste.
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