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💎 Cristallisation secrète [A]

Ouch.
Quelle claque ce livre.

Titre : Cristallisation secrète

Auteure : Yōko Ogawa 🇯🇵

Traduction : Rose-Marie Makino-Fayolle, du japonais

Date : 1994, traduit en 2009

Quatrième de couverture

L'île où se déroule cette histoire est depuis toujours soumise à un étrange phénomène : les choses et les êtres semblent promis à une sorte d'effacement diaboliquement orchestré. Quand un matin les oiseaux disparaissent à jamais, la jeune narratrice de ce livre ne s'épanche pas sur cet événement dramatique, le souvenir du chant d'un oiseau s'est évanoui tout comme celui de l'émotion que provoquaient en elle la beauté d'une fleur, la délicatesse d'un parfum, la mort d'un être cher. Après les animaux, les roses, les photographies, les calendriers et les livres, les humains semblent touchés : une partie de leur corps va les abandonner.

En ces lieux demeurent pourtant de singuliers personnages. Habités de souvenirs, en proie à la nostalgie, ces êtres sont en danger. Traqués par les chasseurs de mémoires, ils font l'objet de rafles terrifiantes...

Un magnifique roman, angoissant, kafkaïen. Une subtile métaphore des régimes totalitaires, à travers laquelle Yoko Ogawa explore les ravages de la peur et ceux de l'insidieux phénomène d'effacement des images, des souvenirs, qui peut conduire à accepter le pire.

Résumé

La narratrice est romancière et travaille sur un prochain livre avec son éditeur R. Ce dernier lui avoue qu'il garde les souvenirs des objets « disparus ».
Le nombre de rafles par les chasseurs de mémoire augmente, dans le but de veiller à ce que rien n'entrave les disparitions. La narratrice comprend que R est en danger. À l'aide d'un ami, le grand père, la narratrice entreprend d'aménager une cachette dans sa maison. R vient s'y réfugier.
Au cours de leur cohabitation secrète, il tente sans cesse de faire revivre les souvenirs des objets disparus. Mais la narratrice et le grand père, eux, essaient avant tout de trouver de quoi se nourrir, surtout depuis que les calendriers ont disparus, les laissant dans un hiver éternel.
En parallèle, la narratrice écrit son nouveau roman racontant l'histoire d'une étudiante en dactylographie atteinte d'aphonie. Alors qu'elle prévoyait d'en faire une gentille romance entre elle et son professeur qui l'aiderait à chercher sa voix, l'histoire devient de plus en plus sombre et désespérée à mesure qu'elle la rédige.
Et les disparitions continuent, à un rythme de plus en plus effréné.

Introduction

Si je vous demande : qu'avez-vous oublié ? Eh bien je ne sais pas moi, ce que j'ai oublié. C'est bien là tout le principe de l'oubli : on finit par oublier tout ce qu'on oublie. Et ça ne vous manque pas ? Peut-être un vide, un manque, l'impression qu'il y a si peu de possibilités qui s'offrent encore à nous, et cette peur inexorable qu'elles se réduisent encore... et jusqu'où ? Car tout finira bien par disparaître, et nous avec.

L'histoire est entièrement construite sur ce sentiment particulier, les réminiscences vagues et fugaces, les souvenirs à jamais perdus, l'humanité en perdition, ses libertés et sa combativité réduites à peau de chagrin.
En somme, la disparition sous toutes ses formes. 

Métaphore effilée

Le lecteur est très peu guidé pour appréhender la profondeur du propos. C'est à lui de chercher activement les parallèles entre ces objets qui disparaissent et certains phénomènes de notre monde. 

Je ne pense pas que l'on puisse apprécier la lecture sans faire l'effort de s'investir, se questionner et chercher sans cesse des liens avec du concret, et ce malgré les obstacles. En effet, à l'image du style dépouillé, les personnages sont extrêmement impersonnels, et cela peut rebuter au premier abord. Ils sont d'ailleurs à peine nommés ! Il n'y a que la narratrice, R et le grand-père, et une atmosphère de huis-clos.

Volonté n'est pas résistance

Comme ces personnages sont tous très transparents, ce sont les situations qui importent. Cette sobriété violente sert le propos de l'histoire, car une fois acceptée, je l'ai ressentie comme une invitation à compléter les trous par soi-même.

Cette sobriété se trouve dans la forme, mais aussi dans l'intrigue. C'est une dystopie, alors où sont les scènes de rébellion grandiose contre le système ? Ça manque, non ? C'est ce à quoi je m'attendais en commençant la lecture... avant de réaliser que malgré la présence de cet onirisme magique, c'est pourtant tristement réaliste que la population ne se rebellent pas contre leur sort tant il est difficile pour eux de s'opposer aux disparitions, auxquelles ils contribuent activement.

Et même lorsqu'ils souhaitent résister : d'une, la volonté ne suffit pas pour trouver comment agir ; et de deux, les actions de résistance sont souvent dérisoires si ce n'est vaines.
Cela sonne déprimant — et ça l'est certes — mais au final je sors de cette lecture avec cette passivité ordinaire en horreur, accompagnée de l'envie de se battre pour que les choses importantes ne disparaissent pas. Qu'importe si ces combats sont dérisoires dans leurs effets, j'ai le sentiment que c'est aussi cela qui manquait aux personnages pour apparaître humains... Il est donc nécessaire d'avoir des combats pour ne pas soi-même disparaître.

(N'empêche, j'ai bien eu envie de les secouer pour qu'ils réagissent ! J'étais parfois plus impliquée dans leurs vies qu'ils ne semblaient l'être eux-mêmes !!)

Les disparitions

À chaque disparition, ils réagissent avec une indifférence qui devient de plus en plus glaçante. C'est pas si grave, on peut bien vivre sans...

Lorsque des objets disparaissent, on peut rapidement perdre des éléments de personnalité : des petits attachements, des souvenirs, voire des relations avec des personnes, vivantes ou non... 🦜

Certains objets, malgré leur caractère matériel, revêtent un symbolisme fort, voire une forme de spiritualité. Leur disparition (ou leur interdiction) est alors un drame pour les seuls se rappelant de leur importance. 📕

« Ce qui brûlent les livres finissent pas brûler les hommes. »

Certains objets sont le moyen de permettre et de garantir une liberté. ⛴
Des disparitions concernent aussi des marques de produits qui ne sont plus importés, à cause d'un repli hors du  monde extérieur. 🍬

D'autres objets semblent anodins. « Les calendriers ne sont que des morceaux de papier. » Avec la fin des calendriers, c'est la notion du temps qui est abolie. Et avec cela, une simple fête d'anniversaire devient une fête célébrant le temps, croyance désormais interdite. On peut y voir un parallèle avec des fêtes religieuses. 📆

Tout de même c'est ridicule, comment pourrait-on oublier les oiseaux, les livres, les bonbons ou les timbres ? Mais dans la vraie vie... Comment peut-on oublier l'importance de la Liberté, la Foi, l'Égalité, la Tolérance, la Vérité... ?
Elles ne sont importantes que pour ceux qui s'en souviennent. Difficiles à transmettre quand toute une société ne s'en souvient plus. 

Des connaissances disparaissent, notamment celles pratiques : conduire un bateau, écrire un livre... Dans notre monde, il y aurait aussi faire les foins, différencier les plantes ou vivre sans internet. Ces oublis contribuent à nous rendre dépendants à une forme d'autorité centralisée. 🌱

D'autres formes de disparitions sont évoquées sans qu'elles ne soient causées par le phénomène magique des disparitions. C'est le cas pour les personnes emmenées par les chasseurs de mémoire et les défunts.
Le manque de nourriture, indirectement causé par les disparitions, fait écho aux famines dûes à des régimes totalitaires, soit à cause d'incompétents se retrouvant avec les plein pouvoirs, soit par une orchestration tout à fait volontaire. L'Histoire regorge d'exemples pour ces deux cas de figure.
Et du point de vue de la population, lutter pour des idéologies abstraites ne peut pas être la première priorité lorsqu'on vit dans la misère et la faim.

Le roman dans le roman

La narratrice étant romancière, elle écrit l'histoire d'une étudiante en dactylographie qui a perdu sa voix et qui s'exprime grâce à sa machine à écrire. Au début, la narratrice souhaite écrire une romance mignonne et légère. On lit quelques chapitres, puis on revient à sa vie quotidienne.

Lorsqu'on a de nouveau un extrait de son livre... ce n'est plus du tout une petite romance inoffensive !! Le professeur vole les voix de ses étudiantes pour abuser d'elles. Pendant ses cours, il les oblige à écrire d'une certaine manière sur la machine : il impose le texte à taper, interdit de bavarder, veut que les gestes soient précisément ce qu'il a ordonné, humilie celles qui font autrement. C'est ainsi qu'il vole la voix, en faisant perdre l'habitude de l'utiliser.

Il y a un sous-texte politique évident, où encore une fois des objets matériels se font symboles d'idées puissantes. Dans l'histoire (dans l'histoire), on peut empêcher quelqu'un de s'exprimer en lui retirant son accès à de l'encre, là où dans notre monde, on peut empêcher l'accès à la tribune dans les médias ou en politique...
D'ailleurs, lorsque les livres disparaissent, la narratrice qui était romancière devient alors dactylographe. C'est l'écriture à laquelle on a retiré tout degré de liberté pour s'exprimer.

La fin croisée est intéressante. Qu'est-on sans voix ? Qu'est-on s'il ne reste plus que la voix ?

Influences extérieures ?

L'ambiance me rappelle beaucoup Auprès de moi toujours de Kazuo Ishigiro (Prix Nobel de Littérature 2017) que je ne connais que par l'adaptation en film Never let me go.
C'est l'histoire de clones élevés dans un orphelinat très strict, et qui servent juste à donner leurs organes à leurs « géniteurs » originaux.
L'impression qu'il me reste après la lecture ressemble beaucoup à celle que j'avais après visionnage du film. Il y avait cette frustration de ne jamais voir les personnages se rebeller, quelles que soient les horreurs qu'ils vivent. Une sorte d'obéissance exacerbée, un flegme inhumain toujours sur la réserve, un conformisme dérangeant... Il se trouve aussi que la fin est très proche dans sa morale ambiguë.
Est-ce qu'il n'y aurait pas une sorte de courant littéraire japonais, voire un trait culturel plus large ?

Le thème de la disparition m'évoque par ailleurs le phénomène des « évaporés » au Japon, qui désigne les 100 000 personnes qui disparaissent chaque année. Cela représente 1‰ de la population tout de même.

Note : A
Ce fut une expérience de lecture assez déstabilisante et qui demande un effort d'immersion. Des scènes puissantes, et parfois très dérangeantes, font que ce n'est pas une lecture forcément « agréable », mais en tout cas très intéressante.

À qui je le recommande :
Ce livre va plaire aux aficionados de fables philosophiques teintées d'onirisme (c'est une littérature de niche mais c'est totalement ma came).
Autrement, ça peut être intéressant d'explorer cet autre aspect de la culture japonaise.

05/02/22 - 06/02/22

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