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XXIII Et le sang coula (2)

Juché sur sa selle, entouré des autres cavaliers, il sentait sa monture nerveuse sous lui. Les deux armées se faisaient face, en ordre de bataille. Le soleil déclinant jetait de longues ombres sur le champ de bataille et des brillances orangées sur les alignements de lances et de heaumes. Corbeau comptait bien trois fois plus de rangs en face.

Un seul homme. Il suffit d'un seul homme.

Soudain des voix retentirent, comme issues d'une seule gorge, de l'autre côté du val. Des cris scandés en rythme, ponctués du tintement de centaines d'épées frappées contre des boucliers. La vallée s'emplit d'échos menaçants. Le chevalier put presque sentir les lignes du Foyer frémir.

Lorsque cessa l'intimidation, une seule voix s'éleva. Un ordre bref, qui claqua comme un fouet. Et la masse des pillards s'ébranla pour se mettre en marche. Mais pour l'heure, l'œil du Brümien ne parvenait pas à distinguer le Cauchemar parmi la multitude.

Les forces du Foyer campèrent sur leurs positions. À l'arrière, les archers, parmi lesquels nombre de femmes volontaires et légèrement armées, encochèrent leurs traits et attendirent l'ordre de tirer. Les derniers instants de calme pesèrent sur la vallée. Le pas lourd et régulier de centaines de bottes roulait comme un tonnerre lointain.

Sitôt les pillards à portée de tir, la voix de Morgan rompit le silence et les flèches s'envolèrent, traversèrent le ciel embrasé, plurent sur les têtes adverses. Le premier sang coula, les premiers cris résonnèrent entre les montagnes. Quelques tirs répondirent à cette première salve. Sur l'ordre du capitaine, les boucliers s'élevèrent dans un bel ensemble. La plupart ricochèrent sur le mur compact. Puis l'on décocha la salve suivante. L'organisation inculquée aux hommes payait. Et l'on pouvait constater à quel point les forces du Cauchemar étaient mieux préparées à la guerre d'escarmouche qu'à la bataille rangée.

C'est d'ailleurs davantage une horde sauvage qu'une armée qui déferla sur les lignes du Foyer. L'impact de la charge, irrégulier, ne suffit pas à ébranler leur solide position. Corbeau entendit distinctement le hurlement bestial du Double-Poitrail, au centre de la formation. Il distingua le marteau s'élever et s'abattre, à plusieurs reprises, le fracas du métal et l'éclat rubis du sang. Sur la droite, Morgan menait les troupes. Ce côté devait tenir à tout prix. Si un flanc devait avancer et l'autre reculer, mieux valait être acculé à la falaise que précipité dans le lit encaissé du torrent sec. Firman étant mort, la gauche avait été confiée à Grim, qui avait fait montre d'un rare courage lors de l'affrontement précédent.

Difficile de dire pour l'instant de quel côté penchait la balance. L'unique assurance du chevalier, c'était le nombre tellement avantageux de l'ennemi. Heureusement que ce goulet les empêchait d'être cernés. Autour de lui, les cavaliers étaient impatients. L'attente leur pesait.

Moq se pencha sur sa selle. « Voyez rien, ser ? On doit rester ici, et attendre ?

-Je ne le vois pas. Et nous n'avons pas le choix, nous devons frapper là où se trouve Sertoro. C'est notre tâche de le défaire. Nous ne devons nous préoccuper de rien d'autre. »

Le Brümien les avait dûment chapitrés avant la bataille. Il avait confiance en eux. Mais ce serait peut-être ça le plus dur, ignorer une débâcle, les appels à l'aide d'amis en difficulté, pour se focaliser exclusivement sur leur but.

À côté de lui, Moq se raidit soudain. Il avait perçu quelque chose et sa réaction alerta Corbeau. En effet, au loin, un nouveau panache de poussière embrumait le fond du val et s'approchait à grande vitesse.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda le jeune homme.

-Des cavaliers. Comme nous. Je te parie ce que tu veux que le Cauchemar est à leur tête. »

La réserve adverse dévala une butte pour se précipiter sur le flanc de Morgan, côté falaise. Il a compris que s'il veut percer, c'est là qu'il doit le faire. Les rangs des pillards s'écartèrent vivement pour leur laisser la voie libre et leur ruée s'enfonça dans la ligne du Foyer, en profondeur. L'aile droite était près de voler en éclat. Des archers s'en avisèrent et s'élancèrent au contact, contre toute prudence, pour venir en aide à leurs amis.

Il n'y avait pas de temps à perdre. Le chevalier éperonna sa monture. « Avec moi ! »

Il traversa l'étroite vallée, ses hommes dans son sillage, et longea la ligne de front. Arrivé à quelques foulées à peine de la terrible mêlée qui menaçait de rompre, Corbeau hurla : « Place ! »

Et dès qu'une ouverture se fit, il piqua des deux et plongea dans l'enfer d'acier acéré. Le bruit submergea ses sens. Craquement d'un bouclier sous le sabot de son cheval. Heurt de sa lame de Ferfroy, passée en travers d'un heaume cabossé, cris de rage, d'agonie et de terreur.

Du sang chaud empoissa sa main, tandis qu'il s'enfonçait à son tour dans les rangs du Cauchemar. Il écrasa un homme, en poussa un autre à terre d'un coup d'encolure, agrippa un cavalier ennemi en difficulté pour le désarçonner. L'homme tomba au sol, vite englouti par la piétaille.

Soudain la pointe d'une lance darda, repoussée par la tranche de son vieux bouclier. D'un revers, son épée transperça les protections de cuir clouté de l'assaillant comme s'il se fût agi d'un morceau de viande tendre. À ses côtés, ses hommes profitaient de son élan pour élargir la brèche et semer la mort. L'avancée des adversaires fut stoppée net et ce répit permit aux rangs du Foyer de se reconsolider.

Corbeau crevait de chaud sous sa maille. Il profita du recul et de l'effroi de l'ennemi pour reprendre son souffle et évaluer la situation. Le Cauchemar était tout proche. Lui aussi s'était couvert d'acier pour la bataille. Mais il conservait néanmoins son masque d'os, moins solide, mais plus terrifiant qu'aucun heaume. Son cheval blessé, il avait mis pied à terre et se taillait un chemin, impitoyable. Sa lame traçait des arcs bleutés. Une épée de Ferfroy...

Le regard attaché à la silhouette de son rival, Corbeau se tourna vers ses soldats. « Taillez-vous un chemin vers la gauche et balancez-y vos tonnelets de fluide. Il faut lui couper la retraite. »

Et il n'aime pas le feu.

Le chevalier, quant à lui poussa vers Sertoro. Il fut soulagé de découvrir Morgan, toujours en vie, plus brave que jamais. Le capitaine émergea de la masse pour s'opposer au Cauchemar et endiguer son avancée. Une lueur féroce brillait dans ses yeux. Ses cheveux étaient plaqués de sueur sous son casque. Il haletait, couvert de sang, mais n'hésita pas à s'élancer contre le colosse.

Les deux hommes échangèrent quelques coups d'épées retentissants. Morgan ne manquait pas de fougue, mais à chaque assaut, il était contraint de reculer, déséquilibré par la force de son adversaire. Il n'était pas idiot et restait prudent, sachant pertinemment que sa maille ne vaudrait guère face à la lame trempée à l'essence. De son côté, le Cauchemar ne retenait pas ses coups. Il se battait avec tant de virulence qu'un cercle s'était fait autour de lui, même parmi ses alliés, de peur d'être fauché.

Fasciné par ce ballet, le chevalier baissa sa garde un instant. Un pillard s'empara de la bride de sa monture, hurla et plongea un fer de hache dans le poitrail de la bête. Un sursaut la secoua et le Brümien vida les étriers avant d'être coincé dessous. Il roula sur la caillasse dans un bruit de métal malmené.

Son genou protesta tandis qu'il se redressait et un gars du Foyer l'aida à se remettre sur ses pieds, juste à temps pour réceptionner une nouvelle attaque sur son bouclier. Le bois gémit. Puis le chevalier se rua en avant, tête la première et renversa le guerrier à la hache. Il tomba sur lui de tout son poids cumulé à celui de son armure. Sans lui laisser davantage de répit, il frappa sous le haubert et lui ouvrit le mollet comme un fruit mûr. Le Brümien ne s'attarda pas, se remit debout tant bien que mal et laissa un autre finir le boulot. Morgan avait besoin de lui.

À grands renforts de coups d'écu et d'épaule, il se fraya un passage le long de la ligne de front pour gagner le cercle formé autour de leur duel. Corbeau approchait, il était sur le point d'en atteindre l'orée et le capitaine subissait une déferlante d'assauts percutants.

Mais tout à coup, un pas en arrière, une pierre branlante, et Morgan fut à terre. Il roula de côté afin d'esquiver le tranchant bleuté qui grinça contre la roche. Cependant, avant qu'il n'ait le temps de se mettre hors de portée, la pointe d'une botte le cueillit en plein visage. Il fut projeté en arrière et retomba, désarticulé, le visage en sang.

Les traits crispés par la stupeur et l'effroi, le capitaine rampa à reculons. Il secouait la tête, à demi sonné, et mit un genou en terre pour tenter de se redresser, mais le Cauchemar était sur lui. De toute sa force, aidé de sa taille et de sa position dominante, le colosse porta un coup qui eût terrassé un dragon. Des deux mains, Morgan saisit son épée et la brandit. Lorsque les lames se rencontrèrent, la sienne se brisa. Cependant, sa parade désespérée avait légèrement dévié la frappe et c'est la garde qui lui tomba sur le sommet du casque. Le capitaine du Foyer s'effondra, immobile, inconscient.

Un cri déchirant s'éleva et Miche quitta les rangs pour s'élancer auprès de lui. Furieuse, elle en oublia toute prudence et s'interposa entre les deux hommes. Puis elle amorça une attaque en direction du masque d'os. Sans même bouger d'un pas, Sertoro imprima un nouvel arc bleu à sa lame. Le fil de l'arme ne rencontra pas la moindre résistance, coupa net et détacha la main du poignet d'Aradelle. Les doigts encore serrés sur la garde, l'épée vola, décrivit quelques cercles et tomba par terre.

La jeune femme ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Ses yeux se portèrent à son bras mutilé. Derrière elle, Corbeau aperçut un autre visage familier. Soraya se précipitait à son tour pour venir défendre Miche. La joie de la savoir vivante fut vite éclipsée par l'angoisse de la voir se mesurer au Cauchemar.

Une dernière ruée permit au chevalier de gagner le cercle formé autour de Sertoro. Il rassembla son courage, prit une profonde inspiration. « Et si tu te mesurais à moi, pour voir si finalement tu arrives à avoir ma peau ? »

Le colosse se tourna lentement vers lui. Il se découpait en nuances de rouge. Le soleil couchant peignait le masque blanc d'écarlate. Ses bras et son plastron étaient tachés de sang. Son regard injecté brûlait d'une soif de meurtre. « Tu n'aurais pas dû forcer ta fortune, chevalier chanceux. Tu prétends m'avoir survécu par trois fois et ça tient déjà du miracle.

-Je ne demande qu'à voir. »

D'abord, il défit son bouclier et le laissa tomber à terre. Cette vieillerie ne vaudrait pas un clou contre le métal magique et l'encombrerait une fois réduit en morceaux. Ensuite, sans rien ajouter, il chargea son adversaire. Un coup d'œil lui avait suffi pour s'assurer que la Keelyane s'occupait de Miche et se tenait à l'écart. Le moment était venu. C'était à lui de jouer.


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