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XIV Au son des cors et des combats (1)

Une pluie de rais lumineux perçait la couverture épineuse au-dessus de leurs têtes. L'air était déjà lourd et immobile. Ils avançaient au pas dans le sous-bois. Ainsi, ils évitaient de soulever trop de poussière et de blesser leurs montures. De toute manière, les chariots avaient pour consigne de prendre leur temps.

Les cavaliers s'étaient espacés et avaient adopté une formation en tirailleurs. Corbeau, penché sur sa selle, les sens en alerte, voyait les silhouettes des pics grandir à vue d'œil au travers des frondaisons, à mesure qu'ils approchaient. Il avait à peine dormi, avait vaguement rêvé de sang, de pleurs, de viols et de défaite. Toutefois rien n'aurait pu le détourner de sa garde vigilante. Il avait imposé le silence. Il sentait que c'était là, tout proche. Ses tripes le lui criaient.

Un instant, le temps parut s'étirer, le monde se figer.

Soudain, la clameur d'un cor brisa l'apparente tranquillité et ricocha sur les parois rocheuses. Ça y est ! Le sang du Brümien se mit à bouillir.

Il fila vers la route. Derrière lui, la course de ses compagnons produisait un son mat sur le tapis d'épines. La caresse d'un vent factice l'enveloppait tandis qu'il fendait l'air. Ses yeux se réduisirent à deux fentes. Son environnement se résumait à des taches d'ombres et de lumières. Mais ces dernières gagnaient en éclat comme il approchait de l'orée.

Nouvel appel de cor. Plus bref, cette fois.

Enfin, il atteignit la route. Le soleil se déversa sur lui et il poussa sa monture au grand galop. La voie sinueuse montait à l'assaut d'une pente. Une boucle, puis une autre et bientôt, le fer et les voix se firent entendre. Ce fut comme un coup de fouet. La bataille l'appelait.

Le cor gémit une fois de plus.

Et voilà qu'ils atteignaient le sommet de la crête. La route s'aplanissait pour se faufiler entre deux hauteurs. Devant eux, au cœur d'un tourbillon de poussières et de reflets d'acier, les trois chariots s'étaient immobilisés. Cernés, les hommes s'étaient déversés des véhicules et formaient un cercle protecteur. Mais leur bel alignement cédait sous l'effet d'un furieux corps à corps.

Lancé à pleine vitesse, Corbeau ouvrit ses sens et évalua le combat. Une série d'informations se bousculèrent dans son esprit et firent émerger un tableau plus vaste. Les forces ennemies étaient relativement équivalentes à celles du Foyer et l'effet de surprise était en train de s'estomper, si bien que l'issue de la bataille était indécise. Pour l'heure, il y avait peu de corps au sol, mais la dislocation des lignes était en passe de changer la donne. Dans une mêlée confuse, l'attaque pouvait venir de n'importe où, la mort frappait sans prévenir. Morgan tenait le rang au milieu de ses hommes, l'épée déjà rougie. Par contre, le chevalier avait beau chercher, il ne voyait pas trace du Cauchemar.

Le moment était venu de prendre une décision. Tenter de dénicher le chef leur ferait perdre du temps et l'élément de surprise. Son choix fut vite arrêté. Le chevalier dégaina son épée, poussa un rugissement et s'élança dans le dos des pillards les plus proches. Il n'avait pas besoin de les voir pour sentir la présence de ses compagnons autour de lui. Une rage intense le submergea.

Les cavaliers percutèrent leurs ennemis de plein fouet. Corbeau abattit sa lame en travers d'une nuque, prit la vie d'un homme, et le poitrail de sa monture en jeta un autre à terre. Leur charge souleva une soudaine brume de sang et provoqua un concert de hurlements. Leur arrivée initia un flottement parmi les adversaires. Tout à coup, ces derniers réalisèrent que le cours de la bataille avait à nouveau changé de façon tout à fait inattendue et se bornèrent à se défendre, à survivre.

Les armes s'abattirent sur les boucliers levés, sur les gardes fermées. Sitôt qu'une ouverture se créait, Corbeau y dardait la pointe de son épée. Plus d'une fois encore, il fit jaillir le sang. L'intégrité de la ligne de défense n'était plus en péril. Mais l'ennemi tenait bon et se rassemblait peu à peu pour former un mur, tandis que les isolés mordaient la poussière.

Cependant, un nouvel élan gagna les pillards, guère habitués à rencontrer tant de résistance. Un élan de fierté, un élan de hargne ou de désespoir. Certains se découvrirent pour lancer une nouvelle offensive et plusieurs soldats du Foyer, surpris, furent fauchés. Des cris de joie féroces fusèrent.

Mais l'arrivée de Corbeau avait néanmoins donné l'avantage aux hommes de l'escorte et ils n'étaient pas disposés à le perdre de sitôt. Le Brümien poussa sa monture au cœur des combats, quitte à bousculer ses voisins. Il dévia une hache avec son bouclier et un coup de masse lui cueillit le genou. La douleur explosa en dépit de l'armure. Il serra les dents, tint bon, et, d'un revers puissant, il heurta le heaume de l'assaillant. Sa tête projetée en arrière, celui-ci tituba, sonné. Grim plongea sur lui et le transperça. Une fontaine rouge lui inonda le visage, mais il se redressa, une lueur meurtrière dans les yeux. Et son humeur se propagea aux autres.

Les hommes se précipitèrent sur le mur des pillards, qui recula, puis se brisa. Au son de rugissements de victoire, talonnés par des gens assoiffés de mort, les guerriers du Cauchemar prirent la fuite. Ils remontèrent la route et s'élancèrent vers une combe qui bordait le col et se faufilait vers des vallons ombreux.

Morgan courut à leur suite. « La victoire est nôtre ! Avec moi ! »

Corbeau s'immobilisa et se dressa sur ses étriers. Son genou l'élançait. Il reprit son souffle, essuya l'écume de sueur à son front et épia les alentours. L'endroit vers lequel refluaient leurs adversaires était formé d'une série de gorges étroites nichées entre les hauteurs. Autour saillaient des aiguilles de pierre et des épaulements granitiques. Leur débandade ne semblait pas trop désorganisée. Ils devaient avoir un point de repli.

C'est alors qu'il l'aperçut, au sommet d'une éminence. Le guerrier puissant au masque blafard l'observait de ses yeux vides, campé sur ses jambes solides. Immobile et muet, et néanmoins menaçant.

Le chevalier frémit. « Attendez ! hurla-t-il. Le Cauchemar ! Il est là ! Suivez-moi ! »

Mais la plupart des hommes avaient été emmenés par le capitaine dans une poursuite effrénée vers le fond du val. Ne subsistaient que Moq, Firman et deux autres cavaliers autour de lui. À l'affût, ils attendaient ses ordres. Tant pis. Espérons que ça suffira. Il éperonna son cheval et les emmena vers une pente qui attaquait le flanc de la montagne et menait au promontoire du Cauchemar.

La vue du chef ennemi, imperturbable, lui donnait des sueurs froides. Mais il refoula la bile qui lui brûlait la gorge. Ils étaient là pour lui après tout. Ce n'était pas le moment de se dégonfler. Et pourtant, leur ennemi n'avait pas l'air inquiet.

Comme ils gravissaient l'escarpement, il aperçut, en contrebas, Morgan et les autres, lancés dans leur poursuite vengeresse. Et le Cauchemar se décida enfin à bouger. Il ramassa un grand cor, taillé dans ce qui devait être une défense d'éléphant, ou d'un autre animal colossal. Une plainte longue, grave et lugubre s'éleva et se déversa dans les vallons. Corbeau ralentit et son regard se porta vers le bas, là où le capitaine s'était engouffré. Il perçut d'autres cris, d'autres cliquetis d'armes. Ses tripes se nouèrent de plus belle.

Il avait une réserve, lui aussi.

Aussitôt, le son d'un cor, de leur cor, retentit à nouveau. Bientôt suivit le fracas de l'acier. Le chevalier jura. « Merde ! Morgan !

-On fait quoi ? demanda Moq.

-S'ils ont sonné, c'est qu'ils ont besoin d'aide. On descend ! »

Avec un soupir de frustration, il fit volter sa monture et dévala la pente aussi vite que possible en direction des appels. Le cheval donnait des signes de fatigue, mais il avait encore besoin de lui. Au moins pour une charge. Ils s'enfoncèrent dans les ombres de la vallée et aperçurent, dans ses profondeurs encaissées, les gens du Foyer à nouveau aux prises avec les pillards. Et une nouvelle troupe ennemie qui surgissait sur leurs arrières en poussant des hurlements sauvages.

Dès qu'il parvint sur un sol plus stable, Corbeau piqua une fois de plus des éperons. La brave monture lui donna à nouveau des ailes. Et comme la réserve ennemie s'élançait contre le capitaine, le Brümien la prenait de flanc et la traversait. Au milieu d'adversaires confus, il fit jaillir sa lame à gauche et à droite en une succession d'arcs meurtriers. Leur sang empoissa son armure et sa tunique. L'odeur de la mort lui envahit les narines. Il se fraya un passage et émergea de l'autre côté. Derrière lui : un sillon de blessés et de cadavres. Leur élan était brisé.

Ses amis s'étaient glissés à sa suite pour parachever son ouvrage. Mais Firman s'englua dans la mêlée et fut jeté bas de sa selle. Moq s'arrêta à sa hauteur pour le défendre. Non, petit ! Tu vas te faire avoir aussi ! Corbeau se jeta à nouveau dans la masse.

Arrivé au contact, il bondit de sa selle. Son cheval avait assez travaillé et, esseulé comme il l'était, la monture serait vulnérable. D'ailleurs, le cheval de Moq fut abattu sous lui et le jeune homme poussa un cri de surprise avant de disparaître dans la cohue. Le chevalier se tailla un chemin dans sa direction. Il traçait une route rectiligne dans le chaos environnant. De toute sa force il poussait du bouclier, taillait de l'épée, heurtait de l'épaule et, devant lui, les rangs se clairsemèrent. Une voie s'ouvrit.

Il redressa la tête et vit les pillards refluer à nouveau. Une vraie débandade, cette fois.

Le chevalier laissa à Morgan le soin de mener la poursuite et sa moisson de mort. Pour sa part, il accourut auprès de Moq et Firman. Le premier haletait et se contorsionnait pour dégager un pied de sous son cheval.

« Ça va ? lui demanda Corbeau.

-J'crois, oui. Quelques bosses, et la cheville coincée m'lance un peu. J'ai d'la sueur et du sang dans l'œil, ça m'pique. » Le Brümien l'aida à se dégager. Des larmes ruisselaient sur les joues du jeune homme. Il fit un geste tremblant vers son ami. « Mais... Mais j'crois qu'il a eu moins d'chance... »

Le chevalier s'approcha de Firman. Il était immobile, allongé sur un entrelacs de corps ennemis. Son casque avait roulé un peu plus loin. Ses traits étaient figés, horrifiés, sa langue tirée. Sa gorge ouverte laissait encore échapper une écume rouge. Corbeau se pencha au-dessus de lui et lui ferma la bouche et les yeux. Maintenant, il a l'air en paix.

Au loin grondait la clameur des hommes, encore ivres de carnage et déjà gonflés de l'enthousiasme de la victoire.


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