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IX La confiance viendra

La grande salle résonnait du brouhaha des conversations, répercuté par les voûtes démesurées. Tout le monde mangeait déjà. Il fit quelques pas en direction de sa place, à la haute table, et le vacarme se fit murmure. Son arrivée produisait à chaque fois le même effet. Il faudra du temps pour être accepté.

Corbeau se servit une assiette, rafla une chopine et s'assit à côté de Mélys. Cette dernière but une gorgée de sa bière puis lui sourit, amusée. « Mon père, ce galant homme, faisait toujours goûter ce qu'il avalait. C'était souvent le rôle de Mère.

-Je ne suis pas ton père.

-Encore heureux ! » D'un doigt et d'une délicatesse toute aristocrate, elle essuya la légère écume de mousse sur sa lèvre. « Et ta journée ? Tu as été fort occupé ?

-J'ai fait le tour du Foyer. J'ai vérifié l'état des murs, le nombre d'hommes que compte la garnison, leur passé, leurs compétences, la qualité de l'arsenal, enfin tout ce qui peut être utile. Et j'ai pris quelques dispositions... »

Bélius arracha une grosse bouchée à une cuisse de poulet. « Dis donc, tu ne perds pas de temps !

-Plus vite je règle votre problème, plus vite je récupère mon épée.

-Mon bon Corbeau, tu n'as donc que ce mot à la bouche. J'en suis fort attristé. » Il agita son pilon. « Ne sommes-nous pas bien ici ? Manques-tu de quoi que ce soit ? Manger, boisson, femme, repos... Ne penses-tu déjà qu'à nous quitter, sitôt arrivé ? Suis-je un si mauvais hôte ?

-Je n'ai pas dit ça. Je veux juste...

-Votre épée, oui, on sait », le coupa Morgan, acide. Le regard qu'il lui adressa valait un coup de lame. « Mais... j'ai peut-être mal compris, mais quelque chose m'interpelle. Vous avez pris des dispositions, peut-on savoir de quoi il s'agit ?

-Eh bien, dans un premier temps, j'ai visité votre armurerie. Votre équipement laisse à désirer et votre armurier est mort. C'est clairement le premier problème à résoudre.

-Et alors, vous êtes arcaniste ? Vous allez nous pondre des épées et des masses d'armes toutes neuves ?

-Moins simple, mais plus réaliste. Votre armurier actuel est l'apprenti du précédent, cependant j'ai constaté qu'il connaissait pas mal son métier, même s'il manque encore un peu de pratique. Il est précieux, car vous n'avez que lui. Je l'ai donc relevé de la garde, il ne prendra plus part aux quarts ni aux exercices pour se consacrer tout entier à sa tâche. Et je lui ai suggéré de chercher deux ou trois gars capables et intéressés pour les former à son tour. Vous ne pouvez pas vous permettre de vous retrouver sans artisan compétent et l'équipement doit être entretenu.

« Ensuite, j'ai décrété qu'un jour sur quatre, l'entraînement serait remplacé par la maintenance. Dans un premier temps, la maintenance de votre arsenal. Vos hauberts rouillent sur leurs chevalets. Ensuite, la maintenance des dispositifs défensifs, notamment votre porte, dont les gonds commencent à se déchausser.

« Enfin, j'ai constaté que vous ne manquiez pas de fer. J'ai demandé que soient coulées de simples barres de métal, pour l'entraînement. Ça ne sera pas trop de travail, et les hommes pourront ainsi se battre et sentir le poids d'une arme véritable dans leur main. »

Le capitaine siffla d'admiration feinte. « Eh bien, pour reprendre les termes de notre seigneur, vous ne perdez pas de temps. Par contre de quel droit un étranger prend-il des dispositions, de quel droit donne-t-il des ordres et décrète-t-il des mesures, voilà ce qui m'interpelle !

-De quel droit ? Je pense que votre seigneur a une annonce à vous faire. »

Le Double-Poitrail se rinça un bon coup le gosier en vidant son bock d'étain, s'éclaircit la gorge et prit la parole. « Morgan, tout le monde, écoutez-moi ! » Il prit une grande inspiration et un ton solennel. « Vous l'avez tous vu, comme moi, ser Corbeau est un atout tombé du ciel. Il va nous aider à nous débarrasser du Cauchemar. Et je lui ai donné toute autorité pour ce faire. Il est chevalier-protecteur du Foyer et vous ferez ce qu'il dit. »

Un silence accueillit ses paroles. Miche opinait du chef. Personne ne protesta. Hormis Morgan qui, pâle, les traits figés, commença par s'agiter sur sa chaise. Sa cicatrice au coin de la bouche frémissait. « J'ai dû mal comprendre, articula-t-il péniblement. Ou... ou c'est une mauvaise blague.

-Voyons, vieil ami, dit Belius, tu restes mon capitaine. Tu es crucial pour le Foyer, nous avons besoin de toi et tu garderas ton autorité sur la garde...

-Mais cet étranger aura autorité sur moi ?

-Absolument. Corbeau est aussi crucial que toi, ne vois-tu pas ?

-Bon sang, vous a-t-il jeté un sort ? On ne le connaît pas ! Peut-être qu'il cherche seulement à gagner notre confiance. » Devant le mutisme général, il eut un mouvement d'humeur et renversa sa timbale. « Ne me dites pas que vous acceptez ça ? Voyons, cet étranger n'a aucune loyauté, il n'est pas des nôtres. Le bien du Foyer est le cadet de ses soucis. Il le dit lui-même, tout ce qu'il veut c'est sa fichue épée ! Celle avec laquelle il a tué Eckman ! »

Le Brümien prit sur lui et fit un gros effort pour ne pas laisser paraître son agacement. « Écoutez, Morgan, nous sommes dans le même camp. Nous avons tous deux à cœur de préserver le Foyer, même si nos motivations divergent, même si nous ne sommes pas d'accord, même si nous ne sommes pas amis. Cessons de nous battre.

-Tant que votre intérêt est sauf. Tant que vous avez le pouvoir. C'est ça ?

-L'autorité ne m'est utile que pour accomplir la tâche qui m'a été confiée... »

Le capitaine ricana. « Mais oui, bien sûr. Et tout le monde gobe tout ce que vous dites. Mais pour ma part j'y vois clair. Votre histoire d'épée, je n'y crois plus, vous vous êtes arrogé une si belle place parmi nous. Allez-y donc, Belius, rendez-la-lui, et vous verrez qu'il restera néanmoins parmi nous. Et sinon, eh bien bon débarras ! »

Perdant patience, le Double-Poitrail se leva et abattit ses deux énormes poings sur la table. Toute la vaisselle trembla. « Maintenant ça suffit ! Ce n'est pas sujet à discussion. Les runes sont favorables et Galléa m'assure que Corbeau pourrait être notre salut à tous. »

Le capitaine se leva brusquement lui aussi et sa chaise tomba derrière lui. Son regard foudroya d'abord la mystique, puis revint sur le mastodonte qui le dominait de sa masse difforme et colossale. Sa voix était réduite à un souffle tendu lorsqu'il parla. « Les runes... elles étaient favorables à l'expédition de Firman aussi. Moi, je crois en ceci. » Il déboucla son baudrier d'épée et jeta son fourreau au milieu des assiettes et des victuailles. « Mon épée est vôtre, comme elle l'a toujours été depuis que vous régnez. Si vous choisissez l'étranger, donnez-la-lui. Mais je ne marcherai pas sous ses ordres. »

Il tourna les talons et quitta la salle. Le claquement sec de ses bottes sur les dalles habita un instant le silence qu'il laissait derrière lui.

Ensuite Belius alla se resservir en bière, sirota sa mousse et, comme l'ambiance avait perdu de sa chaleur, il brandit sa chope et en répandit la moitié par terre. « Je veux que tout le monde boive et s'amuse ! L'avenir n'a plus paru si radieux depuis longtemps et nous avons la nomination de notre nouveau protecteur à fêter ! » Il agita la main en direction de la table voisine. « Moq, Grim, Faucheux ! Un peu de musique et amusons-nous ! Déridez-moi toutes ces grises mines ! »

Les trois gaillards s'en furent puis revinrent avec des instruments. Pour Moq, une cithare. Grim, sa laide frimousse plus chiffonnée que jamais par la concentration, se dandinait en jouant de la viole. Et le Faucheux, dégingandé, ses longues pattes un peu tordues, soufflait dans une sorte de panse de cuir dont jaillissait une série de flûtes. Ils jouèrent un air jovial et entraînant.

Double-Poitrail fit quelques pas de danse, avec une souplesse qu'on ne pouvait suspecter en le voyant, si massif. Et, en rythme, avec un large sourire, il s'approcha de Corbeau, passa sa lourde paluche autour de son cou et se pencha pour chuchoter à son oreille. « Ne te tracasse plus pour Morgan. Tu fais du bon boulot. Il finira par le reconnaître.

-Tout ce que j'espère, c'est qu'il ne soit pas dangereux. S'il rallie les hommes qui le suivaient jusqu'à présent et sape mon autorité...

-Oh ça n'arrivera pas, crois-moi. Sinon ils savent qu'ils auront affaire à moi. » Il eut un rire sonore et bref. « Allons, fais-moi plaisir et amuse-toi ! Fais au moins semblant de te plaire parmi nous. »

Il se détourna et présenta son bras à Soraya. Elle accepta l'invitation et tous deux dansèrent devant l'âtre immense et vide. Ils furent bientôt rejoints par d'autres et l'on oublia peu à peu la dispute. Les rires et les chants remplirent la grande salle. Et Corbeau, pour la première fois depuis longtemps, avait presque l'impression d'être chez lui. Tout à coup, mourir l'arme à la main n'était peut-être pas l'avenir le plus radieux à envisager.

Son assiette à peine vidée, Soraya s'approcha de lui, sa peau hâlée merveilleusement dorée par la lueur des chandelles. Elle tendit une main et des bracelets tintèrent à son poignet. « Notre chevalier-protecteur me fera-t-il l'honneur d'une danse ?

-Seulement si vous voulez que je réduise vos jolis orteils en purée.

-Vous ne pouvez pas si mal danser. C'est plus facile que de manier l'épée, vous savez. »

Elle lui saisit la main, tira et le mit sur ses pieds. C'est qu'elle a de la poigne cette petite dame. Ensuite elle l'attira devant la grande cheminée et lui montra quelques pas. Pataud, Corbeau se dandina et, malgré sa concentration, il surprit un éclair de jalousie dans le regard de Mélys. Tout à coup, la charmante Keelyane l'emporta dans un tournoiement rapide et acheva sa course tout contre lui. Il pouvait sentir son petit corps ferme à travers sa tunique.

« Vous voyez, dit-elle, vous y arrivez.

-C'est grâce à vous.

-L'alchimie n'est pas l'unique art que l'on développe en Keelyn.

-Et la nécromancie non plus visiblement. »

Elle éclata de rire. « Vous me prenez toujours pour une sorcière ? Je vous ai tout de même guéri.

-Disons une enchanteresse, qui ne manque ni de charmes ni d'envoûtements. »

Elle lui tourna le dos, se frotta contre lui, puis l'emmena dans une nouvelle série de pas. « Alors c'est vrai ? Vous comptez vraiment partir, une fois votre épée récupérée ?

-C'est possible.

-Et pour aller où ? Qu'y a-t-il là dehors pour vous attirer à ce point ?

-Je ne sais pas encore. » Il avait tout à coup ses boucles noires dans le visage et prit une bouffée de son parfum. Il en eut presque le tournis. « Il paraît qu'il y a un havre à nul autre pareil en Himmland, vaste, vert, préservé. On dit qu'il y règne un roi, que les hommes ne s'y entretuent pas.

-C'est tentant, en effet. Mais il y a peu encore, on ne s'entretuait pas au Foyer non plus.

-Vous y avez déjà mis les pieds ? En Himmland, je veux dire.

-Seulement la frontière. Le pays entretient encore beaucoup de commerce, et comme je vous l'ai dit, j'étais marchande. Je connais les routes... »

Soudain le morceau joué par les musiciens changea et Miche se rua sur le chevalier. « À mon tour ! » s'écria-t-elle.

Soraya se laissa évincer de bonne grâce et Corbeau se retrouva entraîné par une tornade pleine d'énergie. Les joues rosées, le souffle court parce qu'elle riait plus qu'elle ne respirait, Aradelle rayonnait. « Je suis ravie qu'Belius vous ait nommé protecteur !

-Maintenant, je dois me montrer à la hauteur.

-Oh, je ne doute pas de votre succès, ser. Déjà rien que d'avoir rabattu le caquet d'Morgan, c'est un premier exploit. Personne n'osait rien lui dire. » Elle s'immobilisa un instant, reprit son souffle. « C'est pas un mauvais gars. Très dévoué à Belius et au Foyer. Mais tellement aigri depuis que le Cauchemar est arrivé.

-J'espère qu'il ne créera plus de problème. Vous pourriez peut-être lui suggérer de cesser de me faire la guerre. »

Elle pouffa, puis s'élança dans un nouveau ballet effréné. « Qui ? Moi ?

-Il vous écoute. C'est vous qui l'avez empêché de m'exécuter.

-Je ne sais pas s'il l'aurait fait... Je ne crois pas...

-Vous l'avez aidé à se ressaisir en tout cas. »

Elle rit à nouveau. « Et m'entraînerez-vous, ser ?

-Saurez-vous seulement tenir une épée ? »

Elle lui adressa un regard noir. « Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi. Vous avez affirmé que les Brümiennes sont des furies au combat. »

Corbeau sourit. « C'est vrai. Je n'ai rien contre. Mais êtes-vous certaine de vouloir combattre et tuer ?

-Je veux être utile. Et je veux rendre justice à ceux qui sont morts.

-Ça je peux comprendre. »

Sitôt la chanson terminée, Mélys vint prendre son tour. Le chevalier s'épongea le front. « Vous allez me tuer...

-Serai-je la seule à qui tu refuseras une danse ?

-Bien sûr que non. »

Et hop ! Nouvelle sarabande pour le protecteur du Foyer exténué.

Du côté des musiciens, Moq siffla. « Eh bien, un vrai séducteur notre chevalier ! Elles sont toutes folles de lui. »

À son côté, Grim ronchonna. « Bah ! L'a plus beaucoup d'cheveux su'l'sommet, l'est même pas bien rasé... Peut pas dire qu'il est beau.

-Tu t'es regardé, avec ta laide frimousse ? Pourquoi qu'on t'appelle Grimace, tu crois ?

-Ben oui, justement, je m'suis r'gardé. Chuis pas plus moche que lui, mais j'ai beau vérifier l'bras gauche, l'bras droit, pas une demoiselle pour v'nir s'y blottir... »

Mélys plaqua vigoureusement ses lèvres contre celles de Corbeau, puis le regarda dans les yeux. « Ils ont raison, tu sais. »

Il leva un sourcil, un léger sourire aux lèvres. « Je suis un séducteur ?

-Non. » Son regard s'emplit d'un feu émeraude. « Tu n'es pas très beau, mais tu as du succès. Quelle en est la raison à ton avis ?

-Mon charme naturel ?

-Allons, sois sérieux. Qu'est-ce qui a soudain changé ?

-Je ne sais pas, tout change à une vitesse dans ma vie depuis quelque temps... »

Elle eut un soupir excédé. « Tu as du pouvoir, de l'influence. Voilà ce qui a changé.

-Morgan en avait avant moi et il ne m'a pas paru crouler sous les poulettes à mon arrivée.

-Cesse de faire l'idiot, veux-tu ! Tu as de l'autorité sur les gens, tu as un titre, une fonction, et maintenant tu incarnes un nouvel espoir. »

Il haussa les épaules. « Et alors ?

-Fais attention à Soraya. Elle va essayer de te manipuler.

-Je ne serais peut-être pas contre... »

Elle lui frappa la poitrine. « Promets-moi de rester sur tes gardes, tombeur.

-Je pense que j'ai davantage à craindre votre Cauchemar, voire votre capitaine, que les charmantes demoiselles du Foyer.

-N'en sois pas si sûr. Belius t'a donné ton pouvoir, il peut aussi te le reprendre. Et Belius mange dans la main de Soraya. Alors promets-moi d'être prudent. »

Il hocha la tête. « Promis. »


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