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II Mort en sursis (1)

Une vilaine douleur, une sorte de migraine, rompit les ténèbres veloutées dans lesquelles il était confiné. D'abord légère, puis de plus en plus forte. Elle devint si intense que tout son corps réagit et que la lumière inonda à nouveau son regard, aveuglante, incandescente.

Il grogna, se redressa péniblement, cracha une bouchée de sable. Son crâne l'élançait, lui donnait l'impression de résonner comme un tocsin, derrière les yeux et jusque dans la nuque. Son épaule aussi. Salement entaillée, elle était empoissée de sang coagulé et la plaie encrassée, si elle n'était pas vraiment ouverte, sourdait à chacun de ses mouvements.

Lorsqu'il eut recouvré une vision claire, il observa les alentours. Le jour était levé depuis peu. Le ciel pâle était parsemé d'effilochements rosés. Il retrouva des éléments familiers, en même temps que des bribes de souvenirs. Le lit de pierres, les rives escarpées, la vallée encaissée cernée de sommets torturés. La grogne. Le massacre. Ça n'était pas un mauvais rêve. Il avait roulé depuis la berge et avait été à demi enseveli par la tempête. Et, miracle, il était toujours en vie. Mais pour combien de temps encore ?

Sa bouche était sèche, sa gorge brûlante. Le Brümien tenta de se remettre sur ses pieds, mais la tête lui tourna et son épaule le vrilla. Un râle lui échappa. Il reprit son souffle, à genoux, attendit que les vertiges s'estompent, puis réitéra. Debout, sa tête le faisait souffrir encore davantage. Mais bon, ce n'était pas la première fois qu'il connaissait un dur réveil.

Tout était calme alentour. Il était seul, et il ne lui restait rien. Une telle soif l'étreignait. Il attrapa son outre, toujours à sa ceinture et en savoura l'ultime filet d'eau, le répartit en plusieurs petites gorgées. C'est en la rattachant qu'il réalisa à quel point il avait été dépouillé. Mon épée ! Un profond désespoir lui noua les tripes.

Pris d'une soudaine frénésie, il arpenta les abords immédiats, l'œil rivé au sol. Un reflet métallique attira son regard. Il se précipita, tomba à genoux et extirpa son vieux bouclier du flanc de la dune. Mais il le laissa choir. Il voulait sa lame !

Haletant et furieux, il se jeta par terre, creusa les agrégats de terre et de sable accumulés par les bourrasques. À moins que ces pillards me l'aient volée... mais dans ce cas, ils m'auraient découvert, ils m'auraient achevé. Sauf si son arme était tombée au loin, ou pire, si elle était restée en haut de la berge. Mais le mercenaire fouissait, fébrile, à grosses poignées. Sa main gauche rencontra une arrête rocheuse et s'y blessa. Il n'en avait cure. Il poursuivit sa tâche désespérée, s'éloigna peu à peu du lieu de sa chute. Si j'ai été enseveli, mon épée... Tout à coup ses doigts rencontrèrent quelque chose. C'était solide, froid, façonné par une main humaine. Et ça avait une poignée.

Avec un cri de triomphe, il arracha sa magnifique lame à la terre. Soulagé, il parcourut son fil d'une finesse inégalée, éprouva son équilibre parfait, admira ses reflets bleutés. Ensuite il vida son fourreau de la poussière qui s'y était glissée, dénoua son foulard pour épousseter son arme et la rengaina.

Satisfait de sentir à nouveau ce poids réconfortant à son côté, le Brümien récupéra finalement son bouclier et parcourut le bord de la rive jusqu'à trouver un endroit qu'il soit capable d'escalader. Le bas était constitué d'une sorte de grosse dune élevée par les vents de la veille. Puis une pente raide, mi roche mi terre, semée d'arbustes, menait au sommet. Au charnier.

Il le sentit avant de le voir. L'air immobile ne dispersait pas la puanteur. Lorsqu'il émergea, une nuée d'ailes noires s'écarta à grands cris rauques. La nuée de mouches, par contre, resta. Les chariots avaient disparu, sauf celui de tête, dont l'attelage avait été pulvérisé et qui gisait un peu plus loin dans le lit asséché. Mais son contenu avait été emporté. Y compris son armure.

Les carcasses de chevaux morts avaient été nettoyées. Même pas moyen d'y récupérer une lichette de viande. Débonnaire n'avait pas échappé à la récolte. Harnachement, fontes, chairs, tout avait disparu. Ce qu'ils avaient pu laisser, entrailles et autres, avait été boulotté par les charognards. À présent, ceux-ci s'occupaient des cadavres humains. Les corps des pillards avaient disparu, mais ils n'avaient pas pris la peine d'inhumer ceux des gens de la caravane. Le Brümien parvenait à peine à les différencier, entamés comme ils l'étaient. Au moins, le désespoir n'a pas encore poussé ces brigands au cannibalisme.

Et il n'y avait ni femme ni enfant. Ça aussi c'était un soulagement. Il savait le sort qui leur était réservé dans des cas comme celui-ci. D'anciens souvenirs refirent surface, angoissants. Une nuit troublée de cris, de sang, de larmes. De honte.

Il détourna les yeux. Il n'y avait rien à récupérer ici. Des nausées, peut-être une maladie... Et sa paie s'était envolée avec la mort du marchand. Il ne lui restait vraiment que sa lame, ses frusques défraîchies et quelques piécettes dans son escarcelle. Ce pauvre bouclier ne compte pas. Il s'agissait plus d'un souvenir qu'autre chose. Combien de temps pouvait-il espérer survivre sans nourriture et surtout sans eau ? Le soleil montait déjà dans le ciel, rappelant la touffeur.

Il y a encore un chariot plus au Sud, se rappela-t-il. Les pillards ignoraient peut-être qu'il y avait un cinquième véhicule. Mais combien lui faudrait-il marcher ? Sous un soleil de plomb. Pour peut-être découvrir que tout avait été emporté. Le mercenaire préféra tenter sa chance au Nord, miser sur ce havre que Drees Haagen désirait rejoindre, le Foyer.

Il quitta ce lieu qui empestait la mort.


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