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I Course à la grogne (3)

Ils s'élancèrent aussi vite que possible à travers la vallée. A présent, ils pouvaient entendre le roulement sourd de la grogne, apercevoir ses éclairs écarlates et presque sentir cet air plus dense, ces frissons hérissants. Un vent brûlant s'était levé.

Les chevaux paraissaient avoir repris du poil de la bête. Jusqu'à ce qu'ils se trouvent au pied de la colline suivante et soient à nouveau obligés de la gravir et avec tout le poids des lourds chariots derrière eux. L'œil du mercenaire se portait sans cesse du côté des contreforts montagneux et de cette écume de poussière à leurs sommets torturés. Au fond du val, il avait retrouvé quelque espoir, à présent dissipé, avec la montée laborieuse.

Une nouvelle fois, il prit les devants et rejoignit son éclaireur. Ce dernier patientait, placide, en haut de la butte. Il tétait ses dents. C'était là le seul indice de nervosité visible. Nott ajusta son chapeau à large bord sur sa tête et se tourna vers lui.

« Des nouvelles ? demanda le Brümien.

-Pas bon. J'tez-y un œil, ser. »

Plus loin, au sommet des crêtes, il pouvait distinguer les reflets irisés du métal, des hampes alignées. Voilà qui ne laissait guère d'équivoque quant à la nature de ces autres voyageurs. « Ils sont quoi, une trentaine ?

-Et p'têt' plus derrière la crête. Et pis z'avez vu le type, là ? Fout la frousse, non ? »

Son regard suivit le doigt tendu de la Bonne Pomme. C'est alors qu'il le vit, dressé sur un pinacle de pierre, dominant son monde. Il fallait avoir l'œil aiguisé. Il n'était guère plus qu'une silhouette, mais le Brumien le devinait massif. Une aura de menace émanait de lui et même son visage ne paraissait pas humain, comme s'il portait un masque blafard.

Sa gorge se noua. « Nous n'allons pas affronter ces hommes. Suis-moi, nous retournons auprès du marchand. »

Ils redescendirent le flanc de la colline à la rencontre de Drees Haagen. L'Ybohrien les regarda venir avec une appréhension muette. Il n'osa poser la question fatidique, ni entamer un débat sur la survie avec le chef de son escorte.

« Halte ! » lâcha le Brümien.

C'est Galimas, un autre homme d'armes, qui s'enquit le premier de la situation : « Et quoi ? C'est des mauvais bougres ? Va d'voir se battre ?

-On fait demi-tour. »

Le marchand s'approcha, les yeux réduits à deux fentes. « Qu'avez-vous en tête, chevalier ? Pas la distribution de mes biens, j'ose espérer.

-Nous allons redescendre, puis longer ces hauteurs. Le terrain ne semble pas trop mauvais.

-Vous voulez nous conduire vers la grogne ?

-Précisément. Droit dessus. Elle nous procurera un couvert, ils n'oseront sans doute pas nous y suivre. Et la tempête, elle, ne veut pas notre mort. Du moins je l'espère. » Il s'éclaircit la gorge et tenta de se convaincre lui-même. « C'est risqué, mais ça vaut la peine d'être tenté. Et sait-on jamais, une fois dans la tourmente, on aura peut-être la chance de trouver une crevasse ou quelque abri pour attendre la fin de la grogne. Ça vous paraît être un compromis honorable, marchand ?

-Vous ne désirez décidément pas tirer l'épée.

-Je ne rechigne pas à tirer l'épée si elle peut m'apporter la victoire. Mais ce combat est perdu d'avance. Nous sommes onze, dix-sept avec vos aides et j'ai aperçu au moins une trentaine des leurs, bien armés... Si vous l'ordonnez, nous nous battrons. Et nous mourrons. »

Sa dernière phrase fit mouche, sinon auprès de Drees, du moins parmi l'escorte et les conducteurs. Ils avaient envisagé un repos dans un bon lit pour ce soir, pas le repos éternel. Leur employeur hocha la tête. « Bien, bien, demi-tour.

-Et continuons de nous dépêcher, » ajouta le Brümien.

Ils filèrent vers l'Est, vers les rouleaux sombres, menaçants. Du moins les chevaux n'avaient-ils plus à gravir de douloureux escarpements. Le convoi s'enfonça dans la campagne desséchée où le vent grinçant soulevait des gerbes de terre sableuse. Et ils tracèrent leur route comme s'ils avaient les démons extérieurs aux trousses.

Régulièrement, le chef d'escorte se retournait sur sa selle. Depuis le creux du val, difficile de voir quoi que ce soit. Et pourtant, il aurait juré que le fin voile d'écume était bien là, plus proche qu'avant. A grands cris, il harangua son monde et poussa ses compagnons à forcer l'allure.

Il se trouvait en queue de peloton, à lorgner sur leurs arrières, quand la voix du marchand le rappela à l'avant. Il éperonna doucement Débonnaire et dépassa les chariots. Arrivé auprès de Drees Haagen, il aperçut une ligne d'un gris-brun plus sombre que le reste de la vallée, qui traçait un sillon du Nord au Sud.

« Qu'est-ce que c'est ? demanda le marchand.

-Un obstacle. » Il l'avait pressenti, que cette vallée avait été creusée par un cours d'eau. Mais il ne pouvait pas deviner que le lit de celui-ci était si encaissé. « Je pense qu'il s'agit du lit presque à pic d'une rivière.

-Les chariots ne pourront pas traverser.

-Nous allons devoir longer. Le Nord nous rapprochera de la grogne et de notre destination, le Sud aura pour avantage d'être inattendu et peut-être, si la chance est avec nous, de semer nos poursuivants. »

Le marchand se frotta le menton. « Tentons le Nord. Plus tôt nous serons couverts par la grogne, mieux cela vaudra, n'est-ce pas ? »

Un bref signe de tête, puis le Brümien prit les devants et les guida déjà légèrement plus au Nord. Et bientôt, comme annoncé, ils atteignirent le bord de rives abruptes. Le fond du lit était sec, mais le sillon tracé par le cours d'eau les empêchait toutefois de passer, du moins avec les véhicules. Ici, de puissantes bourrasques agitaient les grappes d'arbustes accrochées aux berges, le soleil disparaissait par intermittences derrière d'épais nuages et la colère du ciel se répercutait sur les reliefs, murmurante, fulminante.

Ils poursuivirent leur route sans s'arrêter. Les chevaux donnaient des signes de fatigue mais tenaient bon. Le vent soulevait une brume de poussière qui leur occultait parfois le terrain. A droite, une pente raide plongeait vers le lit de cailloux. A gauche, des collines basses se succédaient, monotones.

Lorsqu'un grand craquement retentit. Les regards convergèrent vers le second chariot. L'une de ses roues venait de se rompre sur une roche saillante. Aussitôt, le Brümien donna ses directives : « Le conducteur sur un autre véhicule et tant pis pour les coffres ! »

Mais Drees Haagen s'insurgea. « Pas question. Vite, récupérez-les et répartissez la charge.

-On n'a pas le temps ! »

Le désespoir se peignait sur les traits de l'Ybohrien. Des mèches grisonnantes volaient autour de son visage et le reflet d'un éclair brilla dans son regard. Il grimaça. « Bon, bon. Laissez-moi simplement récupérer deux trois bricoles. »

Il sélectionna les coffres les plus précieux parmi les moins encombrants, des provisions notamment, et le transfert ne s'éternisa pas. Ils reprirent la route sans tarder. Mais la lumière se faisait de plus en plus chiche et les bourrasques de plus en plus fortes. Malgré tout, la caravane s'étirait vers le Nord, poussée par l'urgence.

Tout à coup, un arc de lumière rouge et aveuglante fendit la nue et frappa une éminence de pierre non loin devant. Le tonnerre roula. Et ce fut comme un signal. Une voix hurla, aiguë, lugubre, comme le chant d'un loup, et d'autres lui répondirent, nombreuses et irréelles.

En haut des collines, des silhouettes de cavaliers apparurent et dévalèrent les pentes, reprenant les cris bestiaux. Le vent les environnait de tourbillons grisâtres. Le sol vibrait. Soit ils avaient anticipé leur route et coupé au plus court, soit ils avaient affaire à un second groupe qui s'était tenu en embuscade.

Le convoi poursuivit son chemin. Les fouets claquaient, les éperons piquaient, mais l'adversaire était déjà presque sur eux.

Le Brümien cracha sa chique et se saisit de son vieux bouclier. Le cuir en était usé et le dessin du corbeau à sa surface à peine visible. Puis il tira l'épée au clair et la brandit au-dessus de sa tête. Le métal jeta des reflets bleutés dans la pénombre. « Escorte, avec moi ! »

Et contre toute attente, les dix autres mercenaires s'alignèrent à ses côtés pour couvrir la fuite de la caravane. Subir la charge, c'était la certitude d'être emporté par leur galop fougueux. Aussi s'élança-t-il à leur rencontre. Je n'ai pas d'armure, mais qu'importe. Ceci est ma dernière chevauchée. Peut-être enfin la délivrance. Les cris des autres, à ses côtés, le galvanisèrent, de même que ses doigts resserrés sur le pommeau ouvragé.

Au sein de ce monde mugissant, des éléments furieux, il distinguait la ligne de cavaliers opposée. Elle s'approcha à toute vitesse, telle une lame de fond. Puis le fracas et la cohue empêchèrent de plus rien discerner, l'espace d'un instant. Le métal crissa, les montures hennirent, les hommes hurlèrent.

Sa propre lame s'enfonça sans mal dans le col du cheval puis dans le bras du pillard sur sa droite. Un liquide chaud l'éclaboussa. Sur sa gauche, un puissant choc ébranla son écu et le fit vaciller, mais il se contorsionna et resta en selle. Puis il émergea de l'autre côté. Vivant. Entier.

Il fit volter Débonnaire et constata les dégâts. Deux des siens, Snotti et Galimas, avaient vidé leur selle et mordaient la poussière. Un autre, Nassyr, était coincé, entouré d'ennemis. Il parvenait à détourner les assauts qui pleuvaient, mais pour combien de temps ? La lance de Nott Bonne Pomme était brisée, le fer était resté enfoncé dans la poitrine d'un de ces ruffians. Mais du sang dégouttait de sa main tandis qu'il dégainait son coutelas.

Sans prendre le temps de souffler, il replongea dans la mêlée, en direction de son homme en difficulté. Sur sa droite, un cheval se cabra, il tailla dans les pattes. Son bouclier encaissa un nouveau coup et il riposta aussitôt. La pointe de son épée perça la brigandine rafistolée du pillard, qui cracha une gerbe de sang avant de disparaître. Le Brümien frappa encore d'un côté et de l'autre, fit voler des esquilles, des mailles d'acier, une main... Puis un coup d'œil lui indiqua que Nassyr avait lui aussi été défait, submergé.

Avant d'être à son tour cerné de toutes parts, il se rua hors du corps à corps. Il était toujours indemne. Seul son épaule gauche l'élançait à cause d'un coup mal encaissé. « Aux chariots ! Avec moi, braves amis ! »

Il se rua le long de la rive escarpée en direction du convoi. Les pillards, surpris par cette défense hargneuse, se rassemblèrent et leur laissèrent un répit. En se comptant lui-même, il restait sept hommes d'escorte. Sous lui, Débonnaire renâclait. Elle arrivait au bout de ses forces. Néanmoins, il rattrapa le dernier chariot, mais ne le distingua qu'une fois qu'il fut proche, tant le vent soulevait de cette terre friable. Il soufflait si fort que parfois une pierre se mêlait à la poussière. Le ciel rugissait à présent.

Cependant, comme il rejoignait la caravane, le Brümien distingua des silhouettes, sur les hauteurs, munies d'arcs. Et parmi elles, un puissant guerrier avec une face blafarde, un crâne, mais inhumain, allongé, pourvu d'orbites étranges. Ce dernier brandissait un énorme rocher au-dessus de sa tête.

Un cri s'échappa de sa gorge : « Non ! »

Mais il était déjà trop tard. Le bloc de pierre chuta parmi les chevaux du chariot de tête et leur arracha un horrible hurlement. Le joug se dressa, se rompit, et le véhicule fit un bond vers la berge toute proche. Il retomba vers le lit caillouteux et disparut. Le suivant heurta l'attelage brisé et tout le convoi s'immobilisa.

Ensuite une volée de traits s'abattit, dont la moitié fut emportée par le vent. Les conducteurs furent cloués à leur banc de conduite. Puis les pillards se jetèrent des hauteurs, toutes armes dehors, prêts à lutter avec les derniers survivants. Aux côtés du Brümien, deux autres hommes d'armes avaient succombé aux flèches. Le reste était aux prises avec les assaillants et les cavaliers déjà affrontés arrivaient sur leurs arrières.

Une belle mort.

Il se jeta sur le premier adversaire venu. Les lames crachèrent des étincelles au contact l'une de l'autre. Et comme il parait à gauche avec le bouclier, à droite avec l'épée, son regard fut happé par le monstre à la face de mort. Il ne s'était pas trompé, celui-là était massif et il maniait un long estramaçon noir au fil creusé de dents meurtrières. Il chevauchait une monture sombre et musclée. Le pauvre Nott se trouvait sur sa route. Les forces de la charge et du coup cumulés ouvrirent la Bonne Pomme de l'épaule au nombril. Le guerrier ne ralentit même pas et poursuivit vers le Brümien.

Le sang du mercenaire se glaça, malgré la mort attendue. Même Débonnaire recula devant l'assaut. Les montures encaissèrent le premier choc et les jambes de sa chère jument, épuisée, cédèrent. La chute lui épargna l'impact direct de l'assaut. Le colosse lui avait réservé le même sort qu'à Nott, le même coup dévastateur. Une douleur fulgura dans son bras droit, épée brandie pour la parade, aussitôt suivie d'une morsure plus aiguë encore à l'épaule.

Le monde bascula sous lui. Il vida les étriers. Sa tête heurta quelque chose. Un éclair l'aveugla. Un éclair rouge. Bref. Définitif.


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