#2. Où la vengeance est un plat qui ne se mange pas forcément froid
#2
Séoul.
2 Octobre 2008.
— Angie, regarde !
Gaya avait la bouche pleine, et balançait son iPhone flambant neuf devant le visage de sa meilleure amie. L’américaine avait offert ces petits bijoux à ses amis, lors de son dernier voyage dans son pays natal. Peu de coréens en avaient et Gaya ne lâchait plus son précieux trésor.
La blonde jeta un regard furtif vers l’écran. Elle reprit une bouchée de riz en haussant les épaules.
— Laisse tomber, c’est des conneries.
— Quelles conneries ? Demanda Jaejoong en s'asseyant en face d’elles.
— Angie a été élue « Miss Campus 2008. » s’excita Gaya.
— Laisse tomber, c’est des conneries, marmonna le blond.
Gaya regarda ses deux amis et aperçut Yoochun qui pénétrait dans le réfectoire, elle lui fit de grands gestes.
— Chunnie ! On est assis là.
La classe imparable de ce garçon fit se retourner quelques filles, ce qu’il ne releva même pas. Il déposa son plateau à côté de celui de Jaejoong et sourit.
— Alors les lâcheurs ! Vous avez cru vous être débarrassé de Gaya et moi ?
Angel eut ce petit rire qui faisait bondir les cœurs de chacun.
— Désolée ! On ne le fera plus, promis.
— La faute à notre intelligence, minauda Jaejoong faisant allusion aux niveaux qu’avait sauté Angel.
— Ou à notre connerie, grommela Gaya en le fusillant du regard.
Angel s’était retrouvée rapidement dans la classe de Jaejoong qui était son aîné alors que Yoochun, lui avait redoublé et s’était retrouvé avec Gaya.
— Peu importe ! Deux ans sans vous à la cantine, c’était fade ! Sourit Yoochun.
Le silence se fit momentanément dans le réfectoire, comme si un évènement particulier allait se produire.
Des bruits de talons se firent entendre à l’unisson. Quatre jeunes étudiants entrèrent par la double porte et se dirigèrent vers le self-service.
— Cékissa-encore, bafouilla Jaejoong en lançant un regard par-dessus son bol de riz.
— Les F4, Boys Over Flower, ricana Angel.
— Tu le connais pas ? S’étonna Yoochun. C’est Jung Yunho, le fils du recteur de la fac.
Jaejoong fit non de la tête.
— Aucun des quatre n’était là les années précédentes. C’est lequel Yunho ?
Yoochun pointa du doigt un des trois garçons du groupe. Joli minois, chemise à grand carreaux, épis bruns indomptables, l’air sûr de lui.
— Oh ! C’est Ji Eun avec eux ! S’exclama Gaya.
— Tu la connais ? S’enquit Angel, curieuse de rencontrer les nouveaux venus.
— Oui, elle s’est assise à côté de moi, dans l’amphi.
Jaejoong voulait en savoir plus.
— Et les deux autres, ce sont qui ?
Mais Yoochun haussa les épaules.
Après un rapide coup d’œil circulaire, Yunho trouva une table libre, pas très loin de celle d’Angel.
— Hey, Changmin, c’est pas elle, la « Miss Campus » ? Ricana-t-il en la pointant du menton.
Le dénommé tourna la tête et aperçut la belle américaine.
— Canon, murmura-t-il…
— Tu ne l'auras pas, annonça placidement Junsu.
Lee Ji Eun pouffa :
— Ça serait bien la première fois que Changmin n’arriverait pas à pé-cho la nana sur qui il jette son dévolu.
Junsu attrapa son plateau à deux mains et déclara :
— Eh bien, il serait temps pour notre ami, d’apprendre que les « nanas sur qui il jette son dévolu » ne sont pas des morceaux de viandes mis à sa disposition.
— Oh, ça va le moralisateur ! Bougonna le jeune homme qui lançait des œillades à la jolie blonde.
Angel détourna le regard et se remit à manger. Jaejoong, lui, détailla les quatre inconnus assis pas très loin, d’un œil suspicieux.
— J’aime pas trop la façon dont ils te regardent, Angie.
Elle balaya l’air de la main comme pour dire qu’elle n’en avait rien à cirer.
— Homosexuel à cent pour cent, déclara sans prévenir Yoochun tout en mâchant son riz.
— Lequel ? Questionna Jaejoong sans les lâcher du regard.
Yoochun était connu par ses amis pour avoir du flair pour ces choses-là.
— Jung Yunho. Il est gay, ça se voit.
Jaejoong haussa les épaules.
— N’importe quoi, je vois pas ce qui te fait dire un truc pareil.
Son ami lui sourit sans répondre et enfourna une cuillerée dans sa bouche. Jaejoong sourit à l'intention de Ji Eun.
— Elle est mignonne la petite brune qui les accomp… AÏE !
Gaya avait balancé son pied dans le tibia de son vis-à-vis.
— Commence pas, tu veux ? Grogna-t-elle, presque menaçante.
— Jalouse, mon p’tit trognon de pomme ?
Gaya leva les yeux au ciel et allait répondre, mais fut coupée par son amie.
— Bien sûr, qu’elle l’est. Mais elle le dira pas.
L’américaine souriait de toutes ses dents blanches. Gaya susurra entre ses dents à l’intention de sa meilleure amie :
— Ce soir, tu vas mourir !
Yoochun se racla la gorge et attrapa la main de la brune.
— De toutes façons, ça sert à rien d’être jalouse. La jolie fille là-bas n’a aucun intérêt pour Jaejoong.
Gaya rougit. Elle avait honte de son comportement. Elle connaissait Jaejoong depuis qu’elle avait cinq ou six ans et elle en était tombée amoureuse quand il l’avait défendue contre un gamin qui était venu casser la moto en plastique avec laquelle elle jouait.
— C’est un jouet de garçon ! Avait balancé hargneux la petite teigne.
Jaejoong avait été témoin de la scène. Il avait alors saisi le sale gosse par les cheveux, et lui avait foutu la tête la première dans le sable où ils jouaient.
— Qui a décrété qu’il y avait des jouets pour fille et des jouets pour garçon ? Avait-il hurlé.
Il s’était trouvé super cool sur le coup. Et super fier de lui aussi.
Il n’avait jamais dit à Gaya, ni à personne d’autre d’ailleurs, que trois jours plus tard, le grand frère du gamin lui avait refait le portrait dans une ruelle pas loin de l’école.
— J’ai essayé de faire du vélo sans les mains, avait-il sorti comme excuse à ses deux amies, Gaya et Angel.
— Tu crois vraiment ça, Yoochun ? Qu’elle s’intéresserait pas à moi ? Demanda Jaejoong presque vexé.
— C’est mort, mec. Je te le dis. Gaya a plus de chance que toi auprès d’elle.
La jeune femme recracha le riz qu’elle avait en bouche, et quelques grains vinrent se figer sur le visage du joli blond androgyne.
— Ah ! Putain ! Gaya ! T’es dégueu !
— C’est pas une putain, annonça calmement Angel, c’est ma meilleure amie. Un peu de respect.
— Elle est dégueu quand même, répondit-il en s’essuyant.
*
Décidément, c’était pas le bon jour. Gaya avait eu la nausée après le repas. Elle avait certainement mangé trop rapidement. Elle quitta ses amis promptement pour aller aux toilettes, et passa à côté des quatre nouveaux qui débattaient dans le couloir.
— Trois contre un, c’est déloyal, avait dit celui qui semblait dans la lune. Mais vous verrez… Je suis sûr qu’elle a un sale caractère.
— Elle s’appelle Angel Casyliss. Avec un nom pareil, et son physique de petit oisillon tombé du nid, tu te trompes, Junsu ! Déclara son ami.
Gaya avait ralenti sa course en entendant le nom de sa meilleure amie.
— Cent dollars, continua le fanfaron. Cent dollars que je la mets dans mon pieu avant la fin du mois.
— T’as l’air bien sûr de toi, Changmin. Marché conclu.
Gaya serra les poings. Ces imbéciles étaient en-train de parier sur Angel. Mais pour qui se prenaient-ils ?
Elle les dépassa pour se rendre aux toilettes en soupirant. Elle savait qu’elle n’avait pas à s’en faire pour son amie. Mais cela ne l’empêchait pas de se sentir en colère.
En passant près des trois garçons, elle s’aperçut que Ji Eun n’était pas avec eux.
Où était cette imbécile ? Si elle était amie avec ces trois prétentieux, elle ne valait sûrement pas mieux qu’eux ! Pourtant Gaya avait eu le sentiment que la jeune femme aurait pu devenir une amie…
« Il y a plus de chances qu’elle s’intéresse à Gaya qu’à toi, Jae ! » avait dit Yoochun avec son tact légendaire.
L'étudiante ferma les yeux un court instant en repensant à cette affirmation, et soupira.
Elle ne s’était jamais positionnée sur sa sexualité.
Dans sa tête, rien n’était clair.
Lycéenne, elle s’était fortement rapprochée d’Angel, son amie de toujours et avait eu avec elle sa première expérience sexuelle. Son premier orgasme. Et pour autant, il n’y avait aucune ambiguïté entre elles à cette époque.
Elles avaient voulu tester, et ça leur avait plu. Autant Angel ne se voyait absolument pas coucher avec d’autres filles que Gaya, autant ce n’était pas le cas de la coréenne.
Elle ressentait un attrait sexuel aussi bien pour les femmes que pour les hommes, si ceux-ci n’étaient pas du genre baraqués à rouler des muscles. Elle avait un penchant très net pour des hommes efféminés. Pour des hommes comme Jaejoong.
Elle entra dans les toilettes et tourna le robinet d’eau froide pour se rafraîchir le visage.
Elle détestait penser à ce qu’elle ressentait pour lui. Elle se détestait.
Il l’avait toujours considéré comme sa petite sœur, une amie, quelqu’un qu’il devait protéger et elle savait que s’il apprenait ce qu’elle ressentait vraiment pour lui, toute leur amitié éclaterait en morceaux.
— Sale pute !
Une porte claqua contre le mur, Gaya sursauta. En jetant un œil dans le miroir, elle vit la fameuse Ji Eun qui avait attrapé à l’encolure une autre fille. Ce petit bout de femme qui ne devait pas mesurer plus d’un mètre soixante, semblait, d’un coup, immense.
Ji Eun cracha au visage de l’autre.
— T’es rien qu’une petite salope pétée de fric ! Tu te prends pour qui ?
Gaya se retourna pour stopper l’agresseuse et venir en aide à l’autre, mais s’immobilisa. Derrière les deux bagarreuses, une autre jeune fille était au sol, le visage en sang.
— Merde, murmura-t-elle.
Ji Eun balança la fille qu’elle avait empoignée vers la sortie en hurlant :
— DÉGAGE ! LA PROCHAINE FOIS, JE TE PÉTE LES ROTULES !
Elle se pencha vers la jeune femme encore au sol en lui tendant la main :
— Ça va ?
Gaya observait la scène. Le fille à terre n’était visiblement pas coréenne. Peut-être américaine comme Angel ? Ou alors Européenne. Elle avait de longs cheveux bouclés, couleur de feu, qui lui tombaient en cascade sur les épaules. Ses yeux verts transcendants et son visage parsemé de mille petites étoiles rousses rehaussaient l’éclat de sa peau laiteuse.
L'étrangère hocha la tête et saisit la main tendue.
— Merci, murmura-t-elle du bout des lèvres.
Gaya s’approcha d’elle deux et s’aperçut que la lèvre de la rouquine saignait encore.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? S’enquit-elle auprès de Ji Eun tout en cherchant un mouchoir dans sa poche.
— Quand je suis rentrée dans les toilettes, j’ai entendu l’autre connasse se moquer d’elle, expliqua Ji Eun. Elle parlait de sa couleur de cheveux et de ses taches de rousseurs. Mais je pense qu’elle l’a aussi frappée. N’est-ce-pas ? Demanda-t-elle en se retournant vers l’autre jeune fille.
Cette dernière baissa la tête.
— Lee Ji Eun ! Se présenta sa sauveuse en tendant sa main.
Un léger sourire vint éclairer le visage de l’inconnue et elle serra brièvement ses doigts.
— Luna, chuchota-t-elle. Luna Lopez. Mer… merci.
Son accent étranger était adorable. D’un geste rapide, Gaya passa le mouchoir qu’elle avait imbibé d’eau, sur les lèvres de Luna.
— Ji Eun, je dois te parler, aborda tout de go Gaya.
La petite brune leva les yeux sur elle.
— Je suis occupée, là, je vais l’amener à l’infirmerie.
Le ton sec était sans appel. Elle souleva Luna, et passa un de ses bras autour de ses hanches. En passant près de Gaya pour sortir, Ji Eun inclina vaguement sa tête comme pour la remercier.
*
Le soleil éclairait de ses derniers rayons dorés le parc qui jouxtait le campus.
Gaya s’était allongée dans l’herbe près d’Angel en lui tenant la main, leurs deux acolytes inséparables tiraient sur une cigarette qu’ils se partageaient, pas loin d’elles.
— Angie… commença Gaya.
Elle devait absolument lui parler des intentions du Casanova, et du pari dont elle avait entendu parler.
Angel reposa le livre qu’elle lisait d’une main.
— Hum, chérie ?
— Méfie-toi d’un certain Changmin… Je crois qu’il s’appelle comme ça.
Le petit rire de son amie ne la surprit pas.
— Pourquoi ?
— Je l’ai entendu parier avec son ami, comme quoi il te mettrait dans son lit avant la fin du mois.
La blonde se redressa sur ses coudes.
— Joli programme, déclara-t-elle ! Je commençais à avoir des fourmis au vagin.
Jaejoong recracha la fumée de sa cigarette en toussant.
— ANGEL !
— Quoi, mon chou ? Que ta petite princesse adorée aime la baise t'étonne ? Le piqua-t-elle derrière son sourire ravageur.
Gaya partit dans un fou-rire en voyant le visage écarlate de Jaejoong.
Elle, elle était habituée au langage de plus en plus poétique de son amie, mais la gêne que les garçons pouvaient ressentir face à sa spontanéité était toujours un régal.
Quoiqu’en observant correctement, il n’y avait guère que Jaejoong qui se sentait comme un idiot. Yoochun souriait discrètement sous la remarque de la blonde.
— On n’est pas âme-sœur pour rien, marmonna Jaejoong.
— Qui se ressemble, s’assemble mon chou, rétorqua l’américaine.
Yoochun tira une longue taffe sur la cigarette et lança d’un air nonchalant :
— Tellement ressemblants tous les deux qu’on se demande comment ça se fait que vous ne sortez pas ensemble !
Gaya maugréa entre ses dents :
— Ils passeraient leur temps à se sauter dessus, on les verrait même pas. Mauvaise idée.
Mais Jaejoong prit un air de dégoût :
— MAIS ÇA VA PAS, OUAIS ? VOUS ÊTES MALADES !
L’américaine le regarda.
— Effectivement, coucher avec Jae reviendrait à coucher avec mon frère.
Elle fit une mine contrite et secoua la tête.
— Même si j’admets qu’il a un sacré sex-appeal, je n’ai pas vraiment envie de le sucer.
— MAIS ARRÊTE DE PARLER COMME ÇA, ANGEL !
Le visage cramoisi de Jaejoong en devenait carrément comique.
— Pardon, chou. Mais tu imagines deux secondes la scène ?
— NAN ! NAN ! NAN ! JE VEUX PAS IMAGINER ÇA !
Gaya pouffa. Ce mec avait déjà la tête d’un personnage tout droit sorti d’un manga, en le voyant s’agiter comme ça, elle l’imaginait comme un personnage de dessin, gesticulant dans tous les sens.
— On se connaît depuis qu’on est tout petit… Arrête de me mettre des images incestueuses dans la tête, Angie, Gémit-il ! Vous êtes comme mes sœurs…
— Merci pour moi, intervint Yoochun.
Jaejoong partit dans un grand rire.
— Mais je suis pas homo, mec ! Même si je ne nie pas ton charisme indéniable… il faudrait qu’il n’y ait plus du tout de femmes sur terre pour que je me tourne vers des mecs.
Yoochun lui offrir son sourire le plus sincère :
— Que tu crois, Jae….
La conversation fut stoppée net. Un joli brun, bien bâti, s’était approché. Le fameux Don Juan, le joueur, le parieur.
— Salut, lança-t-il à l’assemblée en fixant Angel dans les yeux.
Gaya donna un coup de coude dans la hanche de son amie, et lui murmura :
— C’est lui, celui qui te veut dans son lit pour cent dollars.
Angel le détailla de haut en bas en appuyant son regard sur lui, et répondit tout aussi discrètement :
— Pas mal comme spécimen. Ça aurait pu être pire.
Gaya ricana.
— C’est toi Casyliss ? Demanda Changmin.
Angel tourna la tête comme si elle cherchait quelqu’un d’autre.
— Eh bien, puisque mon père n’est pas là, je suppose que c’est moi, oui. Répondit-elle sans sourciller. Mais je préfère qu’on m’appelle par mon prénom, c’est plus joli.
Changmin s’éclaircit la voix. Dire qu’il était beau était un doux euphémisme.
Avec les rayons du soleil qui jouait entre ses mèches, cela lui donnait une certaine prestance. Une classe ou un charisme. Quelque chose qui ne laissait pas indifférent.
— J’aimerais faire plus ample connaissance avec toi, annonça-t-il sans s’embêter de la moindre convenance.
Angel se leva et se mit face à lui.
Jaejoong pouffa. La toute petite taille de l’américaine semblait presque ridicule face au gigantesque Changmin. Mais Gaya eut un éclair dans les yeux. Ils étaient indéniablement beaux.
Ce type était sûrement très présomptueux et sûr de lui, le couple qu’il formait à l’instant avec Angel avait quelque chose de magique.
— Faire connaissance, c’est ça ?
Changmin recula, impressionné par ce petit bout de femme qui avait employé un ton presque autoritaire. Elle s’avançait vers lui.
— Mais en réalité, je ne suis pas très intéressée par votre personne, assena-t-elle.
Le vouvoiement le mit mal-à-l’aise. Il se rappela les paroles de Junsu qui le mettait en garde contre le caractère sûrement bien trempé de la jolie blonde.
— Je… euh…
— Vous voulez coucher avec moi parce que je suis « Miss Campus », c’est bien ça ?
Elle souriait d’un air vicieux.
— Oui… Non ! Non, enfin… non… pas du tout ! Connaissance…
— On peut faire connaissance sous la couette. Venez.
Elle s’éloigna sous le regard ébahi de Jaejoong, et surtout de Changmin. Il n’y croyait pas. Pas aussi facilement. C’était presque trop suspect.
Il jeta un regard vers les trois autres toujours assis au sol. Gaya ricanait, et Yoochun fumait sans s’intéresser vraiment à ce qui se passait.
C’était le blond qui avait l’air le plus en colère. Changmin osa s’adresser à lui :
— C’est… ta sœur ?
— C’est tout comme, connard. Je te préviens, si tu la fais chialer, t’as plus de virilité, menaça-t-il.
Son air de chaton qui veut se battre sans griffes fit rire Changmin.
— D’accord, d’accord, petite peluche. C’est la famille « je tente d’impressionner les gens malgré ma gueule d’ange » ou quoi ?
Gaya leva les yeux au ciel. Elle voulut répondre quelque chose de cinglant, mais elle n’avait décidément pas la repartie d’Angel.
Et Changmin s’était déjà mis à la poursuite de la blonde. Yoochun l’observa.
— Eux… ça va durer longtemps, rit-il.
Jaejoong haussa les épaules.
— Je m’y oppose. Pas ce connard avec ma sœur.
— Biologiquement parlant, c’est pas ta sœur, grogna Gaya.
Jaejoong s’empourpra :
— J’ai vécu chez elle depuis qu’elle est arrivée en Corée ! C’est comme ma sœur !
Angel était arrivée à Séoul depuis l’âge de deux ans. Son père, un haut diplomate américain, avait eu un poste important à l’ambassade, puis à la Maison Bleue. Jaejoong était le fils d’une des employées de maison chez les Casyliss.
Peut-être étaient-ce leur quatre années de différence, mais il s’était tout de suite positionné en « grand frère protecteur » du « fragile petit ange blond »… pas si fragile.
Gaya, elle, avait rencontré Angel un peu plus tard, dans le grand parc qui séparait leurs résidences. L’une aussi masculine que l’autre était féminine, mais leur amitié avait été scellée par un lien de sang, quand elles avaient 10 ans. À la vie, à la mort. Peu importe les embûches de la vie.
*
Angel Casyliss s’était assise sur son lit, laissant la porte de sa chambre ouverte. Elle se doutait que le jeune homme allait la suivre. Il était arrivé quelques minutes après elle, et s’était immobilisé devant l’encadrement de la porte.
— Entrez, lui sourit-elle.
Il rougit.
— On peut laisser tomber les formalités ? Osa-t-il. Je m’appelle…
— Je m'en fous.
Changmin fut décontenancé. Et il perdit tout ses moyens en voyant que la jeune femme enlevait son petit haut laissant apparaître sa peau nue, laiteuse et ses deux seins ronds et fermes.
Un peu plus gros que ce dont il avait l’habitude chez les coréennes, mais plus petits que ceux de Pamela Anderson sur lesquels il fantasmait.
— Merde, murmura-t-il en se frottant la tête.
— Tu viens pas ?
Angel avait enfin lâché le vouvoiement et finit de se déshabiller.
Nue sur son lit, elle le jaugea du regard. Il déglutit. Il ne s’attendait pas à une chose pareille.
Il voulait la séduire, lui faire la cour et une fois satisfait, coucher avec elle.
Mais là, il ne savait plus comment agir.
— Bah merde… répéta-t-il comme un idiot.
— T’as jamais vu une fille nue ? C’est pas ça que tu voulais ? Faire connaissance. C’est pas ça, dans ton langage ?
Décontenancé, il avança et ferma la porte derrière lui.
— Je… je me déshabille, alors ? Bafouilla-t-il.
Elle s’impatienta :
— Fais comme tu veux, mais je commence à m’ennuyer, je vais devoir finir toute seule.
Il n’arrivait pas à détacher ses yeux des prunelles vertes de la jeune fille qui le fixait sans complexe.
Il ferma les yeux et tenta de retrouver un peu d’assurance.
— OK, faisons connaissance, asséna-t-il en déboutonnant sa chemise blanche.
Le sourire d’Angel se dessinait sur son visage et laissa apparaître ses dents blanches.
« Cette fille est vraiment magnifique » se dit Changmin.
Ce devait être la première fois qu’il était tellement impressionné par une femme.
Son habit glissa au sol, et il s’assit sur le rebord du lit.
— Distance de sécurité ? Demanda Angel en notant l’endroit éloigné où il s’était assis. Je n’aimerais pas être celle qui a l’air de faire un cours, mais pour baiser, va falloir qu’on se rapproche…
En disant ces mots, elle s’approcha à quatre pattes. Changmin était hypnotisé par ses jolis seins qui se balançaient au rythme de ses pas.
— Merde.
Il n’arrivait plus à dire autre chose.
Soudain, la main opaline de la jeune femme se posa sur son entrejambe. Il sursauta.
— Oh… je suis déçue, décréta-t-elle. Vu la musculature qu’il y avait sous la chemise, je m’attendais à quelque chose de plus… Gros.
Il attrapa sa main et la balança de côté.
— Elle est pas encore en action ! Grommela-t-il.
Angel se recula et se pencha pour chercher ses habits au sol.
— Si je ne suis pas à ton goût, pourquoi t’être embêtée à venir faire connaissance ?
Il la rattrapa par le poignet.
— C’est pas ça du tout ! Tu es… impressionnante. C’est… c’est tout !
— Impressionnante ? Je ne mesure qu’un mètre cinquante-deux…
Il grogna. Un rictus presque amusé se dessina sur son visage. D’un geste ferme, il la rapprocha de lui.
— Je n’ai jamais vu de souris aussi féroce que toi !
— Souris ? Je ne suis pas…
Les lèvres pulpeuses du beau brun se posèrent sans ménagement sur celle d’Angel, lui intimant presque l’ordre de se taire.
De ses deux mains, elle appuya sur ses épaules pour s’échapper à lui. Elle secoua la tête.
— Non, c’est pas vraiment ce qu’on avait convenu, déclara-t-elle
— C-comment ça ? Bégaya le jeune homme qui perdit à nouveau toute constance.
La jolie joueuse, toujours nue, s’assit sur les cuisses de Changmin et enlaça son cou de ses deux bras.
Elle pencha sa tête et l’embrassa langoureusement. L’étudiant crut rêver. Il ferma les yeux et il aurait juré que de sa vie, il n’avait jamais reçu ce genre de baisers.
Des filles, il en avait eu à la pelle. Il lui suffisait d’entrer dans une pièce, et de choisir parmi toutes les groupies qui s’agglutinaient derrière lui. Mais des comme Angel, jamais.
Délicatement, il posa ses mains sur les hanches fines de la blonde qui avait commencé à se mouvoir lascivement contre lui.
Il avait envie d’elle. D’une force qu’il avait rarement ressenti.
Ce n’était plus le simple petit pari qu’il avait lancé en riant à son ami, c’était un désir brûlant qui le rongeait de l’intérieur. Sa confiance en lui revenait autant que son membre qui se gonflait sous les gestes indécents de l’ange blond sur ses genoux.
Il accentua le mouvement de sa langue autour de celle, voluptueuse, d’Angel. Quand elle poussa un gémissement à l’intérieur de sa bouche, il perdit pieds et la bascula sur le matelas. Elle enroula ses jambes autour de ses hanches.
— Enfin, haleta-t-elle de sa voix sensuelle.
S’occupant de découvrir de ses lèvres pulpeuses les tétons finement dressés de la belle, il se défit de son pantalon.
— Vite, murmura-t-elle en se cambrant de tout son long.
— Vi-vite ?
Décidément, cette fille était surprenante. Comment ça, vite ? De quoi vite ? Pourquoi ?
Mais il n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps, il vit la main de la belle se faufiler sous le lit pour en ressortir un paquet de préservatifs.
— J’en ai goût fraise, mais je n’ai pas l'intention de te sucer, donc je ne vais pas gaspiller, annonça-t-elle. J’en prends un classique, m’en veux pas.
Changmin se redressa, et fronça les sourcils. Que devait-il répondre à une chose pareille ? Son air malicieux et son sourire coquin n’appelaient aucune réponse, alors il se contenta de grogner.
Elle sourit et ouvrit le paquet.
Délicatement, elle déroula le morceau de latex sur la verge dure de son partenaire du moment.
— Ah quand même, murmura-t-elle en estimant la taille de l’engin.
Cela le fit rire. Comme si l’atmosphère était détendue.
— Qu’est-ce que tu croyais ? Répondit-il.
Elle le provoqua du regard :
— Je ne crois que ce que je vois…
— Ou ce que tu sens ! Murmura-t-il en entrant en elle rapidement mais avec une sensualité extrême.
Elle serra les draps sous ses doigts, surprise, et se laisse envahir par le plaisir qu’elle ressentait alors. Les mouvements qu’il faisait sur elle, la subjuguaient.
Rapidement, de légères plaintes douces se firent entendre. Ce mec baisait divinement bien.
Elle le regarda dans les yeux et perçut un éclair, un arc-en-ciel, ou des paillettes… Non, il ne baisait pas. Il lui faisait l'amour.
Elle se noyait peu à peu dans l’étendue brune de ses yeux. Elle se perdait dans le plaisir de ses caresses douces. Elle tourbillonnait au milieu de ses râles sensuels.
Son esprit s’embuait, elle semblait se dire : « Profite du moment présent, mais ne tombe pas dans le piège de ce dragueur. Ne tombe pas amoureuse, Angel. »
Mais de ses doigts, il détaillait sa silhouette fine et fragile tout en voyageant en elle, et remuant profondément pour lui donner plus de plaisir encore. Ne se concentrant que sur elle, sur ses gémissements et ce qu'elle semblait apprécier.
— Tu as la peau si douce, susurra-t-il.
Il s’en étonna lui-même. D’habitude plus bourrin et sans précaution, il ne s’embêtait pas de manières, cherchant à jouir et se satisfaire.
Cette nana lui faisait littéralement tourner la tête.
Elle posa soudainement ses mains sur les épaules musclées du brun, et exerça une pression telle, qu’il s’étonna de la force que ce petit bout de femme avait. Elle le fit rouler sur le matelas, et lui monta dessus sans prévenir.
Elle posa un doigt sur les lèvres pleines de son vis-à-vis.
— Chut, lui intima-t-elle.
Le sourire qu’elle avait allait le damner, il le savait ! Elle souleva son bassin, et s’empala sur lui sans émettre le moindre son. Sous la surprise, il se mordit la lèvre et planta ses doigts dans les hanches mouvantes de l’ensorcelleuse.
— Putain… gémit-il.
Elle se mit à rire.
— Tu m’as appelée par mon prénom…
Il écarquilla les yeux, et se sentit mal.
— Nan ! Nan ! Ce… ce n’est pas ce que je voulais dire… C’est juste que…
Elle reposa son doigt sur sa bouche.
— Tu parles trop, Casanova. Laisse-moi jouir sur toi.
Sa voix langoureuse, ses gestes lascifs, son corps sensuel, Changmin ne pouvait plus se retenir. Il s’accrocha aux cuisses de la jeune femme et sentit venir son orgasme, au moment-même, où silencieusement, Angel ouvrit la bouche et se sentit emplie d’une grâce immense.
Elle s’effondra sur lui, alors qu’il atteignit enfin la pleine satisfaction.
— Bordel de merde, ça fait du bien de baiser, lança la blonde en roulant sur le lit.
Changmin se tourna vers le côté, éberlué.
— Pardon ?
Angel se mit à rire en évitant son regard.
— C’était bien la nature de ta venue ici, non ? Baiser avec la meuf élue « Miss Campus », déclara-t-elle.
Elle s’assit sur le rebord du lit et s’habilla. D’une main malhabile, Changmin caressa le dos de la blonde.
— J’aimerais... J’aimerais qu’on fasse mieux connaissance.
Angel se dégagea de sa main et attrapa son téléphone, sans répondre à l’homme encore nu dans son lit.
— Oh ! C’est un iPhone ? S’enquit Changmin très gêné de ne pas avoir de réponse.
— J’aime pas faire la conversation après la baise, répondit froidement Angel. Je te montre pas la sortie, tu la connais.
Le brun ferma les yeux. Merde. Loupé. Elle était fâchée. Pourquoi exactement ?
— Ah, finit-elle par dire. Et ton pari avec ton pote, là. Tu l’as perdu.
Il se redressa d’un coup. C’était donc ça ! Elle savait ! Elle avait entendu ! Mais quel con il était ! Quel con !
Il s’en voulait, il n’était qu’un sombre crétin prétentieux. Il devait lui répondre quelque chose, vite. Nier, s’excuser, n’importe quoi.
— Tu lui dois cent dollars. Parce que c’est moi qui t’ai mise dans mon lit, et non l'inverse l’acheva-t-elle en le regardant dans les yeux.
Il eut si honte. De sa vie, il ne s’est jamais senti aussi petit et minable. Il n’avait rien à rétorquer à ça. Absolument rien.
Il avait joué et s’était brûlé les doigts.
Il n’eut la force que de remettre son pantalon et sortit de la chambre, penaud.
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Et voilà ! La deuxième est enfin là. Ouf !
Je voulais absolument vous présenter mon admirable Angel, mon ange, mon amoureuse. Avec son caractère et sa répartie... Mais elle a encore des secrets à livrer.
Nous étions donc dans le passé... Juste avant la formation de leur amitié indéfectible. Luna et Ji Eun se rencontrent... Mais... Vous verrez la suite.
Quant à Yunho, encore effacé, il ne va pas tarder à se déclarer à Jaejoong...
Maiiiiiis on reverra ça plus tard... Car pour la prochaine chronique, nous retrouverons notre bande de potes, de nos jours !
En espérant que vous avez apprécié, n'oubliez pas la petite étoile 🌟
Pleins de bisous !
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