— C'est une trahison !

Ereyne somnolait tranquillement dans les bras de Zelyan lorsque l'exclamation la sortit de sa torpeur. Le couple dansait toujours au centre de la salle de bal enneigée et rien de bon n'allait arriver au perturbateur.

— Je vais l'égorger et le pendre à côté de Natalya, grogna l'immortel.

Sa compagne le lâcha et la musique s'éloigna avec elle. Ereyne quitta la pièce et regagna leur chambre. Elle n'avait que faire de l'énième querelle qui se tramait. Les murs millénaires en avaient hébergé des centaines, des milliers mêmes. Les pierres noires et grises de Woodcastle avaient absorbé coups, chocs, explosions et mares de sang sans broncher. Elles taisaient tous les secrets et jamais elles n'avaient révélé le nom d'un tueur. Certes, parfois elles contribuaient, avalant ça ou là une ou deux victimes perdues et apeurées, mais jamais elles ne crachaient le morceau.

Zelyan resta immobile quelques instants, humant la subtile fragrance d'Ereyne encore présente dans l'air.

— C'est un scandale ! Un outrage de la pire espèce !

Oh il allait mourir, d'une lente, très douloureuse et terrible mort.

Zelyan inspira profondément, bomba le torse, et sortit comme une furie. Il dévala les escaliers et ne s'arrêta qu'une fois dans le grand hall. Plusieurs de ses fils y étaient réunis et, surprise, ils se disputaient, loups contre vampires. John et Odin grognaient face à Ysun, Izanagi et Zeus, le hurleur.

Un peu en retrait, Freya et Izanami conversaient à voix basse. Louve et vampire n'avait aucune amitié mais elles avaient obéi, comme de nombreux conjoints, à un besoin impérieux d'entraide. Elles se toléraient donc et laissaient les pitreries et les massacres à leurs chers et tendres. Ces deux-là éprouvaient l'une envers l'autre une appréciation certaine, à défaut d'affection, bien qu'elles n'appartiennent pas à la même espèce.

Elles étaient attachées aux mêmes valeurs familiales. Freya, par nature, était liée à son âme sœur si étroitement que le jour où Odin tomberait il l'entraînerait aux enfers avec lui. Izanami quant à elle, avait passé un contrat moral avec son époux et ni la transformation d'Izanagi, suivie par la sienne, ni les siècles de vie de vampires ne les avaient détournés de cet accord. Par cette vision commune de la vie, les deux femmes trouvaient un terrain d'entente et se plaisaient à converser de ce sujet. A cela s'ajoutait le fait que les deux étaient maîtresses de grandes cités sanctuaires prospères et qu'elles les menaient telles des familles.

— Qu'y-a-t-il encore ?! s'écria Zelyan. Voulez-vous finir dehors avec les touristes ? Vous êtes aussi bruyants !

— Odin a transformé des touristes en arrivant ! Cafta Zeus. Tu l'avais explicitement interdit.

— En effet, déclara Zelyan en croisant les bras. Nous ne savons d'où ils viennent, donc nous ne les serviront pas pour Noël et à peine en casse-croute si nous sortons, mais il est hors de question d'en faire de nouvelles recrues.

Odin s'inclina et se confondit en excuses. L'idée d'en faire des tueurs et de les laisser causer peines et souffrances à leurs proches lui avait paru être une bonne entrée en matière.

— La prochaine fois garde tes idées pour tes balades au clair de lune !

— Zeus, grommela Zelyan.

— Père ?

— Lequel de nous deux est ici chez lui ?

— Pardon, répondit le vampire, fou mais pas téméraire, avant de reculer en silence.

— Odin, poursuivit Zelyan en se tournant vers son autre fils. Tu vas réfléchir à tes actes avec tes fils dans la forêt cette nuit.

— Ah ! A la niche Odin !

— Zeus !!!

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Merci d'avoir lu ce chapitre un peu tardif  !

Axel.