Agathe resta inattentive tout le long de sa journée d'école. Elle voulait absolument rentrer chez elle, et monter dans cette pièce poussiéreuse qui se trouvait sous le toit de sa maison.

Plus petite, son papa avait l'habitude de les chérir, elle et son frère. Chaque Noël était toujours plus beau que le précédent. Le géniteur d'Agathe innovait chaque année. Il voulait voir sa fille heureuse.

Une année, l'année de ses quatre ans pour être précis, le père d'Agathe lui avait offert un cadeau de toute beauté. Elle n'avait rien vu d'aussi beau, et elle le pensait encore.

Son père s'était démené pour lui offrir ce présent. Il avait fait le tour des magasins de jouets de la ville, à la recherche du cadeau parfait pour sa fille qu'il trouvait parfaite.

La note fut salée. Il avait demandé un jouet unique, aux couleurs exactes, et à chaque recoin travaillé avec la patience qui lui était destinée. Finalement, il avait trouvé son cadeau parfait.

Le soir de ce Noël là, Agathe ouvrit le paquet joliment décoré avec une délicatesse qui ne lui était pas innée à l'époque. Elle défit soigneusement le ruban rouge et sortit avec précision le jouet. Son regard semblait s'être émerveillé à la vue du cheval à bascule que lui avait offert son père. Ce dernier le lui posa au sol et aida la petite fille à monter dessus.

Plus elle se basculait, plus son rire heureux emplissait la pièce. Son bonheur était contagieux.

Ce cheval à bascule, elle l'avait précieusement gardé. Pour rien au monde, elle ne l'aurait jeté. En rentrant de l'école ce soir-là, elle monta dans son grenier.

Elle toussa fortement en y pénétrant. Même la poussière était d'époque ! Elle avança prudemment vers le fond, songeant à revenir plusieurs fois sur ses pas. Le manque de lumière était un point qui qualifiait la plupart des greniers. Elle avait oublié ce point-là. Elle n'aimait que l'obscurité lorsqu'elle voyait ses amies les étoiles, dansantes dans le noir.

Arrivée à la présumée hauteur du carton, elle passa délicatement sa main dessus, s'assurant qu'il était bien le bon. Elle ne douta pas une seconde. Le paquet avait gardé le même toucher que ce soir de Noël.

Agathe le tira difficilement hors du grenier. Elle veilla à faire le moins de bruit possible en allant jusqu'à sa chambre, de peur de réveiller sa mère, si cela était encore possible.

Une fois arrivée à destination, elle s'agenouilla devant le paquet. Elle l'ouvrit avec la même délicatesse qu'au premier jour et en sortit son vieux cheval à bascule.

Les couleurs étaient presque effacées à certains endroits, mais le jouet n'en était que plus beau.

Elle le posa à la seule place libre de sa chambre et monta dessus. Plus elle se basculait, plus elle se laissait transporter en rêvant à ce Noël de ses quatre ans.

Sa famille pouvait être encore considérée comme une famille à cette époque-là. Mais au moment où le père d'Agathe partit tout commença à dégénérer. Était-ce sa faute ? Non, papa est bien trop gentil. Alors, pourquoi ne répondait-il jamais quand sa fille appelait ?

Juste avant de se coucher, elle ouvrit la cinquième fenêtre de son calendrier. Derrière les "volets", elle découvrit une famille, encore une, qui sortait des décorations de Noël d'un carton. Puis elle se rappela que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu de sapin dans son salon. Et elle pleura.