Agathe aimait le ciel.

Elle aimait les nuages, le soleil, tout ce qui passait dans cet océan bleuté.

Elle aurait aimé traverser ce qu'elle appelait son paradis mais elle n'en avait pas les moyens.

Elle pensait également qu'il y avait une vie derrière ce ciel, derrière ces nuages et ces étoiles. Elle avait découvert une jolie chanson à ce propos là.

Mais par-dessus tout, elle aimait les étoiles. Elle les trouvait magnifique. Elle disait qu'elles étaient celles qui éclairaient ses pas. Elle n'avait que 13 ans, et déjà elle était poète.

Elle n'avait que 13 ans et déjà elle avait compris que la plupart du temps, avoir des amis en chair et en os ne servait à rien. Le ciel et les étoiles étaient ses compagnons.

Alors quand elle vit ces personnes de dos admirant ces petits points jaunes dans son calendrier, elle partit de chez elle en pleine nuit.

Nous étions dimanche et elle savait qu'elle aurait du mal à se lever le lendemain mais elle s'en foutait. Elle voulait revoir ses amies.

De plus, une vieille habitude lui disait que tous les mois, le même jour, elle devait se rendre au château d'eau.

Le château d'eau était un lieu parfait pour Agathe. En plus d'être à peu près accessible, il offrait la plus belle vue de la ville. Et la plus grande proximité avec les étoiles.

La jeune fille montait à chaque fois difficilement à l'échelle. Cette action lui demandait toujours des efforts surhumains. Après tout, en plus de n'avoir que la peau sur les os, la force était quasi inexistante chez elle.

L'effort en valait la peine. Arrivée en haut du château d'eau, elle devait à tout prix retrouver un équilibre à peu près stable. Et finalement, en récompense de ses efforts, elle se couchait au sommet de sa "tour" et pouvait enfin admirer ses belles amies.

«Bonsoir », soufflait-elle avant de se taire définitivement pour la soirée.

Généralement, elle venait là le 18 du mois. Elle disait que ce jour-là, les étoiles étaient toujours les plus belles.

Mais ce soir-là, elle découvrit un tout nouveau spectacle. Les étoiles semblaient s'être toutes allumées exclusivement pour Agathe. Elles éclairaient le ciel de la même beauté qu'une guirlande électrique décorait un sapin.

Plus à contrecœur que jamais, Agathe dut finalement rentrer chez elle. Elle ouvrit la quatrième fenêtre de son calendrier. L'image qu'elle y trouva lui rappela un tant soit peu un sourire heureux. L'image d'un père qui offrait un cheval à bascule à sa petite fille.