23 Décembre
Agathe était au fond du gouffre. Il ne lui restait rien, à part une maison insalubre et une mère en coma éthylique.
Son père l'avait abandonné. Son frère était parti on ne sait où. Le clodo avait bougé de sa place. Et son meilleur ami imaginaire avait disparu.
Agathe quittait par la même occasion le monde de l'enfance, faisant vraiment face aux problèmes dont elle était victime.
Appuyée au pied de son lit, la tête reposant sur son coude, son regard flottait dans le vide.
Cependant, malgré elle, ses yeux bougèrent, se dirigeant vers le calendrier de l'avent qu'Agathe avait acheté en début de mois. Elle ne voulait pas ouvrir la fenêtre du jour. Elle savait très bien ce qu'elle y trouverait dedans. Peu importe ce que l'image représenterait, elle afficherait un bonheur écœurant.
Soudainement, loin dans la rue, elle entendit des aboiements de chiens, comme tous ceux qu'elle entendait régulièrement finalement. Mais ceux-ci provoquèrent chez Agathe des sortes de flashs, qu'elle n'avait jamais vécu jusqu'à l'instant. Tous les souvenirs heureux qu'elle avait pu ressentir pendant ce mois de décembre pourtant si sombre lui remontèrent au cerveau, des larmes apparurent, formant des petites gouttes d'eau salées sur ses joues.
Agathe rassembla le peu de courage qu'elle trouvait au fond d'elle, se leva, prit son écharpe, sa veste rapiécée et ses gants en laines, avant de finalement descendre dans son salon. Alors qu'elle s'apprêtait à sortir, elle regarda sa mère allongée sur le canapé, hésita, pour finalement fermer la porte et faire demi tour. Elle se pencha vers le canapé où était couchée sa mère et la prit dans ses bras, pour finir par déposer un bisou abominablement tendre sur son front.
« Je t'aime maman... Et je vais t'aider, je te le promets ».
Elle mit finalement une couverture sur le corps endormi de sa mère, pour enfin sortir de sa maison.
Agathe se dirigeait assez rapidement dans la ville berlinoise, vaillant à ne pas tomber la tête la première. A la neige, qui était redevenue assez abondante, s'étaient ajoutées des plaques horriblement glissantes de verglas. Apres plus de dix minutes de marche, où la jeune fille avait maintes et maintes fois songé à faire demi-tour, la vue de la place où se déroulait le marché de Noël apparu comme le Messie aux yeux d'Agathe.
Elle passa devant le marchand de bretzel et de jus de pommes chaud, auquel elle s'arrêta pour acheter une de leurs boissons, mais son objectif n'était qu'à deux maisonnettes de là. A l'entente des aboiements des chiens, elle courut vers l'emplacement qui leurs étaient dédiés, bousculant des touristes et se faisant bousculer par la même occasion. Agathe entra dans le petit enclot où jouaient les huskis et les shiba inu, s'adossant à la barrière pour reprendre quelques instants son souffle. Un shiba se dirigea en courant vers la jeune fille, tout heureux de la voir. Agathe se baissa à la hauteur de Kanda, puis la serra fortement dans ses bras, comme elle l'avait fait plusieurs minutes auparavant avec sa mère.
« Agathe ? Que fais-tu là ?
-J'ai besoin de vous pour sauver ma maman... ».
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