Pour une fois, Agathe ne rentra pas directement chez elle. Après tout, sa mère étant bourrée comme un coing, on se demandait encore si elle savait qu'Agathe était sa fille. Ainsi, cette dernière partie au square.

Elle n'y allait plus depuis ses 8 ans. Pour elle, le square était un pseudo symbole familial. Les enfants y jouaient gaiement dans la neige ou l'herbe, et leurs parents les admiraient, assis sur un banc. Agathe se mit à leur place.

Elle voulait voir les sentiments que procurait la première image qu'elle avait découverte.

Plusieurs fois pourtant, elle avait songé à rentrer chez elle, trouvant cela ridicule. Elle venait au square étant plus petite, quand son père n'avait pas encore découvert ceux avec qui il formerait leur soit disant groupe de rock, et que sa mère et son grand frère n'avaient pas encore fait la rencontre de leurs démons.

Agathe resta finalement longtemps sur son banc, tellement longtemps qu'elle ne sentait plus ses doigts ni ses jambes. Elle passait son temps à regarder des enfants se trouvant non loin d'elle. Certains s'amusaient à se lancer des boules de neiges, ce qui produisit une splendide bataille, alors que l'autre partie du groupe travaillait à la confection d'un bonhomme de neige.

Au bout d'un moment, un petit garçon faisant partie de la bataille la remarqua. Il se dirigea vers elle d'un pas incertain. Arrivé à sa hauteur, il lui lança d'un air enfantin :

«Tu viens jouer avec nous ?»

Voyant que la brune hésitait, il la tira difficilement vers leur terrain de jeux. Les enfants se présentèrent tous à elle, et tous ensemble, ils partirent confectionner un nouveau bonhomme de neige, plus joli, et plus grand. Et pour une fois depuis un temps, un sourire se créa sur les fines lèvres d'Agathe.

Elle rentra finalement chez elle tardivement. Comme elle s'en doutait, ni sa mère, ni son grand frère ne l'avait remarquée.

Elle ouvrit la deuxième fenêtre de son calendrier. Elle y découvrit une petite fille qui avait entre les mains un paquet, d'où dépassait également une paire de chaussons de danse. Amusée, Agathe prit un stylo, et remplaça plutôt maladroitement les ballerines par une paire de Doc Martens.