Agathe, cette chanceuse, finissait les cours TOUS les vendredis à midi. 16 décembre 2016 oblige, cette année, elle était en vacances à midi, contrairement à certains.

N'ayant donc vraiment rien à faire à part essayer peut-être des tenues ou rendre visite au clodo, elle décida d'aller acheter ses cadeaux de Noël.

Après tout, sa mère n'était pas apte à penser qu'ils étaient étions en décembre. Elle était dans un stade où l'incapacité à offrir et à recevoir des cadeaux était permanente chez elle. Une personne en moins sur la liste.

Le frère d'Agathe, contrairement à leur mère qui monopolisait le canapé, ça faisait 6 mois qu'elle n'avait pas entendu parler de lui. Pourtant, elle pensait qu'il était encore là, enfermé dans sa chambre infestée de marijuana ou d'ecstasy. Après tout, n'entendait-elle pas du bruit assourdissant certains soirs ? Encore une personne de moins à qui acheter des cadeaux.

Et quand à son père, ah, que c'était drôle. Elle avait voulu lui envoyer un cadeau, la première année. Mais elle avait abandonné l'idée, voyant qu'elle devrait chercher pendant encore longtemps l'adresse nouvelle de son cher père.

Il ne restait donc plus qu'elle, Blonk et cette année, le sans-abri. De quoi rentabiliser les cinquante euros qu'elle piquait dans le sac à main de sa mère, reçus eux-mêmes par la pension versé par le père d'Agathe.

Pratique.

Le moins pratique dans l'histoire, c'est qu'elle n'avait plus le monopole de la surprise, elle ne ressentait plus l'excitation à chercher dans tous les recoins de sa maison ses cadeaux magnifiquement cachés. Puisque c'était elle qui se les achetait elle-même.

À Blonk donc, elle acheta un petit ukulélé à vingt euros (et Agathe se ferait un plaisir de l'utiliser).

À elle-même, elle acheta pour vingt euros de vinyles. De quoi en avoir juste deux. Waouh.

Il lui restait donc dix malheureux euros. Elle voulait se faire le plaisir de rendre peut-être heureux ce pauvre SDF. Avec dix euros, presque mission impossible.

Faisant la tournée des magasins jusqu'au soir, elle tomba par une intervention divine sur son cadeau idéal. Dix euros tout pile.

Les bras chargés de paquets, elle se hâta encore et toujours de rentrer chez elle. Exténuée et avec un mal de pied horrible, elle prit quand même la peine d'ouvrir son calendrier. Sur l'image du jour, se trouvait encore une putain de famille heureuse. Ils semblaient nager dans le bonheur, décorant dans la joie et la bonne humeur un sapin de Noël.

Le magnifique projet de sapin d'Agathe version je n'ai pas d'argent et ma mère est alcoolo allait être mis à l'œuvre.