Agathe, comme la plupart des gens "normaux", n'aimait pas, mais vraiment pas le sport. À quoi bon suer comme un yack pendant deux heures alors que tout ce que l'on veut faire, c'est écrire des bouquins ? À rien !

Mais, et on pouvait le dire, Agathe avait de la chance. Dans l'établissement où elle étudiait, là-bas il n'y avait pas de demi-fond, de piscine ou de tennis de table. Non, là-bas, en hiver, il y avait du patin à glace.

Et ils faisaient les choses bien. Patinoire municipale réservée, adaptation aux niveaux des élèves, patins pas trop moches, tout y était. Mais pourtant, Agathe détestait toujours autant le patin à glace.

Pourtant, cette pratique aurait pu être libératrice pour elle, elle qui portait un étrange intérêt aux autoroutes, aux étoiles et aux rames de métro. Mais non. Alors que certains semblait s'envoler en patinant sur la glace, Agathe n'avait plus que jamais les pieds sur terre.

Et bien sûr, détester un sport oblige à être nul dans sa pratique. Agathe ne comptait même plus le nombre de fois où son arrière-train avait rencontré le froid et l'humidité de la piste. Stupides cours obligatoires.

Et alors qu'elle grommelait dans son coin, assise à même le sol, elle vit passer Blonk devant elle. Celui-ci semblait virevolter sur la glace, dans ses patins inexistants. Chanceux va.

Son domaine de prédilection était la guitare, pas le patinage artistique ! Et ces petites allemandes blondes coiffées de nattes qui y arrivaient sans problème avec leurs patins à deux cent euros l'un...

Ce fut donc le moral dans les chaussettes, et le fessier trempé qu'Agathe rentra chez elle ce soir-là. Elle n'avait même plus la force de sortir sa guitare et de former son duo magique. Elle se hâta de changer, avant d'ouvrir la douzième fenêtre de son calendrier. Des musiciens, où plutôt une harmonie, jouait dans une sorte de théâtre. Qu'est ce qu'ils avaient tous avec la musique en ce moment ?