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" Les enfants d'une mère sont comme des rêves. Aucun ne sont plus merveilleux que les siens. "
Proverbes Chinois

*

Le temps que je passe dans ma nouvelle chorale me fait le plus grand bien, chanter libère et apaise toujours autant mon esprit tourmenté. La semaine dernière Kennedy est venu me voir en concert, il n'avait jamais entendu ma voix tourner à plein régime et il a été très étonné de me découvrir sur scène.

Je crois bien que je lui en ai bouché un coin !

Ce retour au Gospel est une bénédiction, j'avais besoin de chanter, rencontrer de nouvelles personnes et d'élargir mes horizons. D'ailleurs, Nilani est très envieuse de ces nouvelles amitiés, je crois surtout que ses hormones de grossesse la chamboulent. Elle est dans son dernier trimestre et nous commençons tous à trouver le temps long.

Je suis tellement pressée de voir son bébé !

À propos de bébé, ces derniers temps n'ont pas été simple pour mon couple. Le duo que je forme avec Kennedy a du plomb dans l'aile. La faute à ce désir d'enfant dont il ne veut pas entendre parler.

La maturité aidant, j'essaie de prendre du recul. Avant, je lui aurais hurlé dessus, je serais partie ou je lui aurais casser les pieds chaque seconde de sa vie, mais là, rien. Je reste calme et tente de vivre cette situation du mieux que je peux. Je crois surtout que j'aspire à plus de paix.

Quant à Joy, elle est toujours ce petit bonheur dans mon coeur. Entre elle et moi c'est la fusion.

Et j'exagère à peine !

Je reconnais que cette enfant m'apporte beaucoup mais je veux ajouter du bonheur à mon bonheur. Peut-être qu'un jour prochain Kennedy changera d'avis ? Parce que personnellement, je ne veux pas faire une croix sur ce bébé. Cependant, la sagesse veut que je reporte mon projet. Qui sait ce que l'avenir nous réserve ? Pour l'instant, il me faut simplement patienter.

*

Les allers-retours de Kennedy me pèsent. Six mois c'est beaucoup trop long et franchement, je subis le poids de ma résignation. Suis-je vraiment heureuse ainsi ? Dois-je continuer dans cette voie ? Kennedy est-il réellement l'homme de ma vie ? Les questions émergent sans que je ne puisse jamais leurs trouver de réponses.

Deux mois et demi que ces allers-retours me contrarient et je ne parviens pas à évacuer ma frustration. J'admets faire semblant d'être heureuse pour le contenter, la réalité est tout autre. Notre vie ne me convient plus et je compte bien lui en toucher un mot lorsqu'il reviendra le week-end prochain.

Perdue dans mes pensées, j'entends à peine le téléphone sonner, je décroche in extremis et c'est Ijaz. Nilani est son train de mettre au monde son premier enfant. Une rivière de larmes coule de mes yeux et mon coeur se serre en priant pour que tout se passe bien pour eux.

Je m'empresse de réserver le premier vol disponible, mais il n'y en a aucun avant le surlendemain. Ijaz appelle en Facetime car malgré la douleur persistante des contractions Nilani insiste pour me parler :

— Ma Sissi... Oh mince alors ! Ça fait un mal de chien ce truc... Ouh !

— Nilani. ça va ?

— Ça ira mieux quand il sera complètement sorti. Là, je déguste tu v....... Aaah ! Ça fait...

— On peut parler plus tard si tu veux ? Tu souffres trop là.

— Attends ! Attends ! Tu veux bien être la marraine de bon bébé ?

— Mais évidemment que oui, j'en serai honorée !

— Par Shiva... Qu'est-ce que ça fait mal !

— Allez concentre-toi. Tu as besoin de toute tes forces.

— J'aurais aimé que tu sois là... Dommage... Ça me fait du bien te parler. Raccroche pas s'il-te-plaît...

— Mais Nilani...

— Oh mince alors.... Voilà une contraction qui... Je vais mourir...

Au bout de quinze minutes, elle daigne raccrocher, la force intense des contractions a eu raison d'elle. Nilani a accouché douze heures plus tard d'un beau bébé prénommé Âdi, ce qui signifie « le premier » dans sa langue maternelle.

*

— Cet enfant est trop beau !

— Il est peut-être beau si il veut mais il m'a fait bobo ! Jamais je n'ai eu mal à ce point, dit-elle encore traumatisée.

— Mais tu t'attendais à quoi ? Ça fait mal un accouchement, tout le monde sait ça !

— Tu as raison, mais tu peux être
sûre que je ne recommencerai jamais.

— Tu parles !

— Changeons de sujet veux-tu ?

— On peut parler de Kenny ?

— Qu'est-ce qui te chiffonne Elsie ?

— Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il est avec moi sans l'être vraiment. Il veut que je m'investisse dans ses projets sans jamais prendre les miens en considération. Il passe sa vie sur son chantier en Espagne, il me refuse un bébé...

— Humm !

— Quoi Humm !

— Je pense qu'il ne sait pas comment faire. Il est traumatisé par Godzilla et il ne veut surtout pas souffrir à nouveau.

— Et comment tu sais ça toi ?

— Parce qu'il m'en a parlé !

— Comment ça ?

— Elsie, ne t'offusque pas...

— Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

— J'ai oublié... Cette grossesse m'a siphonné le cerveau. Je ne suis pas prête de recommencer, crois-moi ! Répète mon amie dépitée.

— Explique...

— Tu devrais lui en parler Elsie. C'est un chic type tu sais ?

— Tu en sais beaucoup plus que tu ne dis, Nilani. Ça ne me plaît pas.

— Écoute, ton Kenny voudrait bien faire, mais il est maladroit.

— C'est peu dire !

— Tu l'aimes toujours, au moins ?

— Il y a des jours où je ne sais plus.

— Tu te fais encore des noeuds au cerveau pour rien, je pensais que tu avais perdu cette habitude... Il t'aime Elsie.

— Parfois j'en doute.

— Il t'aime je te dis ! Tu es juste tombée sur plus effarouché que toi, voilà tout.

Je ne sais pas comment je dois prendre le fait que Kennedy se confie à Nilani. Normalement, je devrais m'en réjouir mais cela m'agace. À moi, il ne dit jamais rien, il est si peu loquace que parfois, je suis obligée de parler pour deux.

Alors que je berce Âdi, je me fais la promesse de régler ce différent dès que possible. J'ai trop perdu de temps.

*

Ces quelques jours à Londres m'on fait le plus grand bien, et je dois dire, qu'en règle générale, passer du temps avec Nilani me procure toujours un immense plaisir.

Je suis contente de retrouver Paris même si je n'ai pas vu Kennedy depuis deux longues semaines. Il me manque et je ne comprends toujours pas son silence. En réalité, nous deux, c'est vraiment étrange.

De tout façon, que faut-il espérer d'une relation comme la nôtre, où nos ex respectifs sont en couple ?

Compliqué hein !

Je décide d'appeler Nisrine que je n'ai pas eu depuis longtemps et c'est au moment où je compose son numéro, que Grace m'appelle. Je souris à la seconde où j'entends sa voix :

— Bonjour ma petite chérie, comment s'est passé ton voyage à Londres ?

— Très Bien, merci !

— Tu as eu le temps de visiter ?

— Oh non, j'ai surtout pouponner. Le petit Âdi est magnifique.

— J'espère qu'un de ces jours, ce sera ton tour. J'ai hâte de pouponner à tes côtés, ma belle Elsie !

— Et bien... Ce n'est pas au programme pour le moment !

— Alors j'attendrai, dit-elle avec un large sourire dans la voix.

Si seulement elle savait que ça risque de ne jamais arriver...

— Et ces vacances de Pâques alors ?

— Avec Joy, nos vacances sont toujours bien remplies. Nous n'avons pas le temps de nous ennuyer ! Dis-moi Elsie, c'est d'ailleurs à ce sujet que je t'appelle.

— Je vous écoute.

— Kennedy ne pourra pas revenir le week-end prochain et Jenny avait prévu de la récupérer à Paris Samedi après-midi. Pourrais-tu venir la chercher jeudi ou vendredi ?

C'est bien ma veine !

J'apprends à l'instant (et indirectement) que Kennedy ne rentrera pas. Je bouillonne de colère mais Grace et Joy n'y sont pour rien. Je tente maladroitement de maîtriser le feu qui brûle en moi et j'essaie de répondre le plus calmement possible :

— Laissez-moi regarder dans mon agenda...
— Ok !
— Ah, c'est bon... aucun projet ne se télescope. Je viendrai la récupérer mais plutôt jeudi.
— Ah merci Elsie, tu me sauves la vie !
— Je vous en prie Grace. Par contre je viendrai en train. Je ne me sens pas de prendre la route un week-end de vacances scolaires.
— Tu as bien raison. Donc on se dit à jeudi ?
— Parfait.

Nous discutons encore quelques minutes et nous raccrochons. J'ai les nerfs en pelote ! Comment ose-t-il me manquer de respect à ce point ? Je suis certaine qu'il sent les choses arriver et il s'arrange pour ne pas être là.

Quel goujat !






***

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