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Chapitre 32

*Retour dans le moment présent*

***YAMA KHADY MAR DIAGNE***

Toujours sous le choc, mes jambes refusaient de me porter, et Amina semblait dans le même état. L'entendre nier avec tant de véhémence avoir tiré sur Mayacine me laissait sans voix.

Comment pouvait-elle affirmer cela alors qu'elle était la seule dans cette cour à tenir le pistolet entre ses mains ?

Les mots restaient suspendus dans l'air, comme des ombres glaçantes qui refusaient de se dissiper. Une myriade de questions se bousculaient dans ma tête, chacune plus perturbante que la précédente.

La situation venait de prendre un virage encore plus sombre, une réalité à laquelle nous n'étions pas préparées.

Après de longues minutes de silence, je parvins enfin à reprendre mes esprits et pris la parole après avoir inspiré et expiré à plusieurs reprises pour me remettre du choc qui m'avait assaillie.

—Amina, écoute-moi, je peux comprendre que tu sois troublée par ce qui vient de se passer, mais ne t'inquiète pas, d'accord ? Tu as simplement voulu nous sauver. Considère cela comme de la légitime défense.

—Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans ce que j'ai dit ? Je... n'ai... pas... tiré, Yama. Je te jure que je n'ai pas appuyé sur la gâchette ! Cria-t-elle, les mots perçants comme des lames.

—MAIS AMINA, ARRÊTÉL  ! TU ARRÊTES DE MENTIR, JE TE DIS ! répliquai-je avec émotion, pointant mon doigt tremblant vers elle. TU N'AS PAS VU QUE MAYACINE A REÇU UNE BALLE SUR LE CÔTÉ GAUCHE ET QUE PARMI NOUS TROIS, TU ÉTAIS LA SEULE ET UNIQUE PERSONNE QUI ÉTAIT ARMÉE ? Donc cela signifie que tu as tiré. Admets ton erreur !

—Non, non, non, c'est impossible, c'est pas moi, c'est pas moi... Répétait-elle comme une litanie, en secouant la tête de droite à gauche.

Juste avant que je ne puisse répliquer, la sonnerie de la porte principale retentit. Puisque nous étions encore dans la cour, la porte était juste devant nous, à quelques pas seulement.

Nous tournâmes la tête dans sa direction, puis nous nous fixons mutuellement, cherchant des réponses dans les yeux de l'autre.

Qui pouvait bien se présenter à un moment si critique ?

Nous n'avions pas le temps de réfléchir, car la porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître une silhouette familière.

C'était Souleymane, le fils de Mayacine.

Il nous regarda avec un air ahuri, puis son regard se posa sur le corps inerte de son père, allongé sur le sol, une mare de sang sous lui. Ses yeux s'ouvrirent en grand, et il se précipita vers lui. Il vérifia son pouls pendant quelques instants.

—Papa ! Papa ! Réveille-toi ! Qu'est-ce qu'elles t'ont fait ?! Hurla-t-il en le secouant par les épaules.

Puis, il leva les yeux vers nous, et son expression changea du tout au tout. Il nous lança un regard empli de haine et de mépris, et cracha :

—Vous ! Vous êtes les responsables ! Vous avez tué mon père !

Il se leva d'un bond et se dirigea vers nous, les poings serrés.

—Non... Écoute... Ce n'est pas ce que tu crois...essayai-je de lui expliquer en balançant les mains, rongée par la peur.

Mais il ne voulut rien entendre de nous. La colère qui émanait de lui transparaissait dans ses mouvements. Au moment où il attrapa le bras d'Amina et la fit se lever de l'endroit où elle s'était accroupie, j'entendis mon nom résonner. Je tournai la tête et vis Sokhna, ma meilleure amie, qui venait d'apparaître dans la maison.

—Sokhna ! M'écriai-je, soulagée de la voir.

Sans réfléchir, je courus vers elle et la serrai fort dans mes bras en pleurant. Elle resserra l'étreinte et me murmura des mots apaisants, sans réellement comprendre la raison de mes pleurs.

—C'est bon, arrête de pleurer. Je suis là maintenant, tout est fini, me chuchota-t-elle.

Je me détachai d'elle, le visage baigné de larmes et le souffle saccadé.

—Écoute, j'ai amené des agents de police avec moi pour qu'ils t'aident. Il suffit juste que tu leur racontes tout et ils vont te soutenir. M'expliqua-t-elle.

—Police ? Dis-je, mettant une main sur ma bouche, choquée par son erreur monumentale qu'elle avait commise sans s'en rendre compte.

—Oui, la police. Tu n'as pas besoin d'avoir peur, il faut juste que tu leur dises ce que ton mari...

—Sokhna....la coupai-je, en secouant la tête.

Avant que je ne puisse lui expliquer quoi que ce soit, deux hommes en uniforme franchirent le seuil de la maison et s'avancèrent vers nous. N'arrivant sûrement pas à comprendre ma réaction, elle me regarda, me demandant du regard ce qui n'allait pas. Finalement, elle suivit mon regard vers le corps sans vie de Mayacine, réalisant ainsi la tragédie qui s'était produite.

Les yeux écarquillés, elle lâcha un hoquet de surprise en se couvrant la bouche de sa main. Sa réaction attira également l'attention des agents de police, qui oublièrent momentanément ce qui les avait amenés et s'approchèrent rapidement de la scène.

—Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Demanda l'un des agents d'une voix grave.

Souleymane, qui avait lâché le bras d'Amina, prit la parole avec colère :

—Ces deux femmes ont tué mon père.

Il désigna du doigt Amina et moi, qui étais à côté de Sokhna.

Les policiers nous regardèrent avec suspicion, puis nous ordonnèrent de nous mettre à côté et de lever les mains en l'air sans bouger.

—Nous sommes innocentes ! Protestai-je, en essayant de leur expliquer la situation.

—Ce n'est pas le moment de parler. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Vous êtes en état d'arrestation pour meurtre, récita l'autre policier, en nous menottant.

Ils appelèrent aussitôt une ambulance et la police scientifique, puis demandèrent à Souleymane de se déplacer et de se mettre à l'écart de la scène afin de ne pas compromettre les preuves potentielles sur les lieux du crime.

Pendant l'attente, ils soumirent Souleymane à un interrogatoire, lui posant des questions sur sa relation avec la victime et tout ce qu'il avait vu ou entendu. Il relata rapidement ce à quoi il avait assisté, faisant des gestes avec ses mains. Il était évident qu'il était toujours en état de choc.

De là où nous étions, nous pouvions entendre le bruit des sirènes de l'ambulance qui résonnait, indiquant son arrivée. Peu de temps après, la police scientifique fit de même, et chacun se mit à travailler sur sa tâche respective.

—Vous deux, venez avec nous au commissariat, nous dit l'un des policiers.

Sokhna, en entendant cela, se précipita vers moi pour me dire :

—Yama, je suis vraiment désolée. Je n'imaginais pas qu'en arrivant ici, j'allais trouver une telle situation. Mais ne vous inquiétez pas, je vous rejoindrai tout à l'heure au commissariat.

Les agents de police ne nous laissèrent même pas l'occasion de parler et nous entraînèrent dehors vers la voiture de police.

***VOIX EXTERNE***

Après quelques minutes de route vers le commissariat, la voiture de police avait finalement atteint sa destination. Le moteur ronronnait en se stoppant, et un silence pesant s'installa dans l'habitacle.

Yama et Amina, assises côte à côte dans la banquette arrière, échangèrent un regard empreint de nervosité, leurs mains crispées sur leurs genoux.

C'était un moment où l'incertitude semblait engloutir tout espoir, où chaque seconde qui passait était chargée d'anxiété.

Le commissariat se dressait devant elles, imposant et intimidant. Les portes s'ouvrirent, et un officier les invita à descendre. Les jeunes femmes se levèrent, leurs pas résonnant sur le sol froid et dur du commissariat.

Les couloirs semblaient interminables, leur écho semblant amplifier leurs pensées et leurs inquiétudes.

Enfin, elles furent conduites dans une petite salle d'interrogatoire, où les murs blanchis à la chaux semblaient se refermer sur elles.

La pièce était étrangement calme, mais cette tranquillité semblait être une façade fragile derrière laquelle se cachaient des secrets et des enjeux majeurs.

Assises en face d'une table métallique, elles attendaient nerveusement l'arrivée de l'inspecteur en charge de l'affaire. Le temps s'étirait, chaque seconde semblant peser plus lourd que la précédente.

L'inspecteur fit son entrée, son regard perçant scrutait les deux femmes, chacun de leurs mouvements avec une intensité déconcertante. Son visage impassible ne laissait rien transparaître de ses intentions, créant une aura d'imprévisibilité qui pesait lourdement sur la salle.

—Mesdames, nous n'allons pas perdre de temps, déclara-t-il d'une voix grave. Vous êtes ici pour répondre à nos questions concernant les événements qui se sont déroulés il y'a quelques heures de cela. Nous n'attendons de vous que des réponses claires et honnêtes.

Il sortit un dossier de la pile de documents devant lui et l'ouvrit avec une précision méthodique.

—Je vais vous poser quelques questions pour clarifier les circonstances. Toute information que vous fournirez sera enregistrée et pourra être utilisée dans le cadre de notre enquête. Comprenez-vous cela ?

Le regard de Yama et Amina se croisa brièvement, une lueur d'appréhension brillant dans leurs yeux. C'était le moment où leur destin serait déterminé, où chaque réponse pourrait avoir des conséquences incommensurables. Elles se devaient donc de choisir leurs mots avec précaution.

Elles acquiescèrent lentement, leurs mains serrées dans leurs genoux alors qu'elles s'efforçaient de maîtriser leurs émotions. Le commissaire prit une profonde inspiration et commença l'interrogatoire.

—Alors, pouvez-vous nous raconter ce qui s'est réellement passé ? Nous avons des informations selon lesquelles vous étiez présentes sur les lieux d'un incident grave.

Yama prit la parole en premier, essayant de moduler sa voix pour paraître calme malgré les battements frénétiques de son cœur.

—Nous tentions de nous échapper de la maison où Mayacine nous retenait captives. Amina avait été kidnappée par lui, et moi je m'étais à lui. Il nous infligeait à toutes deux des tourments dans cette maison. 'Lépp lou bone lo xalat rék dafniou ko dans déf inspecteur' (Il nous faisait vivre toutes sortes d'horreurs que vous pouvez imaginer). En fin de compte, nous étions épuisées de subir cela, et nous avions pris ensemble la décision de fuir la maison en son absence. Malheureusement, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu, car il est arrivé juste au moment où nous allions partir.

Le commissaire Ly arqua un sourcil, semblant incrédule.

—Hum. Et cette arme à feu ? Comment s'est-elle retrouvée entre vos mains ?

Amina prit une grande inspiration avant de répondre d'une voix empreinte de tension.

—C'est moi qui l'ai trouvée dans le bureau de Mayacine. Je l'ai prise malgré les avertissements de Yama, car selon elle, je ne devais pas la prendre pour éviter de commettre un acte regrettable. Pour ma part, je l'ai prise simplement pour nous défendre au cas où. C'était une mesure de précaution...

Il la coupa dans son élan.

—Vous défendre ? Et c'est pour cette raison que vous avez tiré sur la victime ?

—Je n'ai pas appuyé sur la détente, Inspecteur. Oui, c'est vrai, j'avais l'arme entre les mains et je l'ai pointée dans sa direction, mais je n'ai à aucun moment ouvert le feu.

L'inspecteur sembla réfléchir un instant, puis changea de tactique.

—Il semblerait que nous disposions de preuves matérielles qui contredisent vos déclarations. Un témoin affirme vous avoir vues tirer sur la victime. Comment expliquez-vous cela ?

Les regards des deux femmes se croisèrent à nouveau, une lueur d'incompréhension mêlée à une pointe d'angoisse.

—Nous ne comprenons pas, répondit Yama d'une voix tremblante. Il n'y avait que nous trois dans la cour.

L'inspecteur Ly maintint son regard fixé sur elles, ses yeux scrutant chaque expression, chaque micro-expression.

—Voulez-vous dire que ce témoin aurait menti sur ce qu'il a vu ?

—Nous n'avons pas voulu dire cela, mais nous vous informons simplement que nous n'avons jamais vu une autre personne entrer dans la maison pendant que nous y étions, répliqua Yama d'une voix résolue.

L'inspecteur Ly fit une pause, puis se pencha en avant, son ton devenant plus sévère.

—Mesdames, vous êtes dans une situation difficile. Un homme est mort. Croyez-vous que votre loyauté mutuelle sera suffisante pour vous protéger ?

Yama et Amina échangèrent un regard déterminé, leurs épaules se redressant légèrement.

—Nous ne vous dirons plus rien sans la présence de notre avocate, déclara Yama d'un ton qui sous-entendait de la détermination.

Le commissaire Ly les observa silencieusement un moment, puis lâcha un rire.

—Vous pensez sérieusement pouvoir exiger quoi que ce soit dans la situation où vous vous trouvez ? Non mais quel culot ! Je vous rappelle que vous êtes accusées d'avoir tiré sur une personne et d'avoir causé sa mort. Si l'on se réfère au Code Pénal, toute personne ayant commis l'homicide volontairement est qualifiée de meurtrière et la peine qui lui sera applicable sera lourde, avec ou sans l'intervention d'un quelconque avocat. Donc sortez de votre tête dès à présent cette idée et facilitez-nous la tâche au lieu de nous faire perdre du temps comme ça. Ou bien vous pensiez peut-être qu'en adoptant cette attitude, vous réussiriez à me faire lâcher l'affaire ? Eh bien, vous vous trompez lourdement. J'ai rencontré beaucoup de criminels qui avaient la même ténacité que vous. Et savez-vous comment ils ont fini ? J'ai piétiné cette ténacité, en ai fait une bouffée avant de les envoyer moisir en prison. Je vais répéter la même chose avec vous, car je ne suis pas ici juste pour jouer. Oh que non, mesdames. Si je suis ici, c'est pour m'assurer que des gens comme vous, des criminelles, soient condamnées à perpétuité. Et malheureusement pour vous, vous avez la malchance de tomber sur moi, et aucune personne, je dis bien aucune, ne pourra empêcher cela. Alors vous avez intérêt à ouvrir vos bouches et à nous dire tout ce que nous voulons savoir.

Un lourd silence s'installa dans la salle, les paroles de l'inspecteur résonnant comme un avertissement sinistre. Yama et Amina échangèrent un regard, leur inquiétude mutuelle reflétée dans leurs yeux qui commençaient d'ailleurs à se remplir de larmes.

Mais avant que l'inspecteur ne puisse continuer son discours menaçant, une voix forte et dominante fit irruption dans la pièce, coupant court à ses paroles.

—Mes clientes ne répondront à aucune de vos questions. Alors je vous demanderais de bien vouloir arrêter de les persécuter.

Les policiers s'interrompirent brusquement, leurs regards se tournant instinctivement vers la source de cette voix forte et intimidante. La stature imposante de Sokhna Diarra, vêtue d'un costume gris assorti avec une veste cintrée et un pantalon, attira leur attention. Un sac était tenu dans une main, tandis que l'autre maintenait fermement un dossier.

—Mais... vous.... qui vous a permis d'entrer ici ? Sortez d'ici, ordonna le commissaire d'une voix sévère, pointant du doigt la porte d'entrée dans un geste autoritaire.

Sokhna Diarra ne se laissa pas intimider. D'une main sûre, elle sortit sa carte professionnelle et la présenta au policier.

—Permettez-moi de me présenter, Inspecteur Ly. Je suis Maître TAVARÉZ, l'avocate qui va défendre et même s'il le faut empêcher à ces femmes de croupir en prison. Annonça-t-elle avec calme, son ton portant une assurance indéniable, glissant par la même occasion une réponse indirecte à la prétention de l'inspecteur concernant l'impunité qu'il projetait d'infliger aux deux femmes.

L'atmosphère de la pièce avait changé avec son arrivée, prenant un tournant inattendu, et les policiers semblaient légèrement décontenancés par son entrée en scène.

Le commissaire Ly plissa les sourcils, un mélange d'irritation et de curiosité se lisant sur son visage. Cependant, il ne pouvait ignorer la présence de l'avocate et la carte professionnelle qu'elle avait remise.

—Maître TAVARÉZ, avocate, hein ? Répéta-t-il, semblant évaluer chaque mot de sa déclaration. Et en quoi ces femmes sont-elles vos clientes ? Qui ne vous dit pas qu'un avocat n'a déjà été commis d'office pour elles ?

Sokhna Diarra sourit légèrement tout en gardant son calme, sa posture rigide témoignant de sa détermination.

—Pour qu'un avocat soit commis d'office pour MES clientes, il faut déjà qu'elles soient dans l'incapacité de se permettre de payer leurs propres services juridiques, alors que c'est tout à fait le contraire ici. Et même si c'était le cas, même si un avocat leur avait été assigné, vous n'aviez pas le droit d'utiliser la persécution comme moyen de les faire parler. Vous avez des obligations envers les droits de l'accusée, et soyez assuré que je veillerai à ce qu'elles soient respectées.

Le commissaire Ly plongea son regard dans celui de l'avocate, un duel silencieux de volonté s'instaurant entre eux. Juste à ce moment, un homme en uniforme entra dans la pièce.

Il s'approcha discrètement de l'inspecteur et lui murmura quelque chose à l'oreille. Le visage du l'inspecteur se figea, puis il fit signe à l'homme de s'éloigner.

Finalement, il se détourna, semblant reprendre son calme.

—Très bien, Maître TAVARÉZ. Vous aurez l'opportunité de rencontrer vos clientes, mais soyez consciente que malgré tout ce que vous pourriez faire, ça ne nous empêchera pas de suivre les procédures légales à la lettre.

Sokhna Diarra inclina légèrement la tête en signe d'acceptation.

—C'est tout ce que je demande, Inspecteur.

Pendant ce temps, Amina et Yama observèrent la scène avec un mélange de soulagement et d'espoir. L'intervention de l'avocate avait ouvert une brèche dans l'impasse dans laquelle elles étaient pris. Sokhna Diarra, avec son assurance, était devenue leur porte-parole face à l'autorité qui leur oppressaient.

Une fois que l'inspecteur et son collègue quittèrent la pièce, laissant Sokhna seule avec ses deux clientes, elle posa le dossier qu'elle tenait soigneusement sur la table métallique.

Son geste respirait la confiance, signifiant à Yama et Amina qu'elles étaient entre de bonnes mains. Elle prit ensuite place, s'asseyant avec l'assurance d'une avocate chevronnée.

Ses yeux se posèrent alternativement sur les deux femmes, transmettant un sentiment palpable de soutien et de compréhension. Pour Sokhna, elles n'étaient pas simplement des clientes, mais aussi des individus ayant besoin d'aide et d'amitié en ces moments difficiles.

—Comment vous sentez-vous ? Tenez-vous le coup ? Demanda-t-elle doucement, mêlant à la fois son rôle d'avocate et son empathie d'amie à cette question.

Leurs regards se croisèrent, et un léger sourire s'étira sur ses lèvres. Elle connaissait l'importance de cette connexion humaine dans des moments aussi tendus que celui-ci.

Amina hocha légèrement la tête, ses yeux reflétant à la fois la tension et la gratitude.

—C'est difficile, avoua-t-elle d'une voix légèrement tremblante.

Yama approuva d'un mouvement de tête, ajoutant :

—Oui très difficile Sokhna. Et nous avons peur aussi. Peur d'être condamnées injustement et de devoir passer le restant de nos jours en prison, surtout pour un crime que nous avons pas commis.

Sokhna acquiesça avec compréhension. Elle savait que son rôle était bien plus que de les défendre devant la loi. C'était aussi d'être leur alliée, leur épaule sur laquelle s'appuyer.

—Je vous comprends raison pour laquelle je suis ici pour vous aider, vous soutenir et vous guider à travers tout cela. Vous n'êtes pas seules dans cette bataille, et je peux vous assurer que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter les scénarios que vous redoutez. Ne vous inquiétez pas, déclara-t-elle d'un ton rassurant.

Les yeux de Yama brillèrent d'émotion tandis qu'Amina lâchait un soupir de soulagement presque imperceptible. La présence de Sokhna avait apporté une lueur d'espoir dans leur situation apparemment désespérée.

—Vous devez comprendre que tout ce que vous direz peut être utilisé contre vous, mais vous avez également le droit de garder le silence, poursuivit Sokhna. Nous aborderons chaque question avec soin et prudence.

Yama hocha la tête, reconnaissant la nécessité de la prudence dans leurs réponses. Elle savait que Sokhna était là pour les guider à travers les subtilités du processus juridique.

—D'accord. Nous te faisons confiance et nous faisons tout ce que tu nous diras de faire. Affirma Yama à l'encontre de sa meilleure amie, une lueur de détermination dans son regard.

Sokhna esquissa un sourire, sentant la force naissante en elles. Elles n'étaient peut-être pas seules dans cette pièce, mais elles formaient une équipe soudée, déterminée à faire face à cette épreuve ensemble.

—C'est rassurant de vous entendre dire ça. Nous allons maintenant discuter des détails de ce qui s'est passé. Je veux que vous approfondissiez les explications et ne vous limitez pas seulement à ce que vous m'aviez raconté toute à l'heure sur le lieu de l'incident. Entrez dans les profondeurs et soyez concises. Je suis toute ouïe.

Le récit débuta alors, dans cette petite salle d'interrogatoire, où Amina et Yama décrivirent les événements avec autant de précision que possible, conformément à la demande de Sokhna.

Cette dernière, assise en face d'elles, écouta attentivement chaque mot, absorbant les détails de leur histoire. Les lumières blafardes semblaient ternes par rapport à l'intensité de la situation.

Méthodiquement, elle prit des notes, écrivant avec rapidité et précision pour capturer les éléments essentiels de ce qu'elles racontaient.

De temps en temps, elle relevait la tête pour poser des questions, son regard bienveillant incitant Amina et Yama à se sentir à l'aise pour s'exprimer.

—Amina, peux-tu m'expliquer en détail comment tu t'es retrouvée dans cette situation ? Comment as-tu fait pour te retrouver dans cette maison ? Demanda Sokhna, sa voix douce transmettant de l'encouragement.

Amina prit une profonde inspiration, se lançant dans son récit avec détermination. Elle décrivit les détails de sa captivité ainsi que les circonstances entourant son enlèvement, exposant le comment et le pourquoi de cette situation éprouvante.

Cependant, contrairement au récit qu'elle avait partagé précédemment avec Yama, elle choisit délibérément de ne pas mentionner à Sokhna sa fausse couche.

À la place, elle se concentra sur la mise en lumière des sévices brutaux infligés par Mayacine et sur les raisons qui les avaient poussées à fuir, animées par un désespoir ardent pour mettre fin à leur cauchemar.

Le ton de sa voix oscillait entre la colère et la tristesse, alors qu'elle relatait les épreuves qu'elles avaient endurées.

Lorsqu'elle aborda le moment où Mayacine les avait surpris en rentrant à la maison, Sokhna l'interrompit doucement.

—Je comprends que la situation était très tendue, Amina. Cependant, il est important que nous soyons précises sur les événements qui ont suivi. Pouvez-vous me décrire EXACTEMENT ce qui s'est passé quand Mayacine est arrivé ? Si vous le pouvez, mimez même les gestes que vous avez faits à ce moment-là, ne laissez rien de côté.

Amina hésita un instant, se concentrant pour relater chaque détail.

—Je venais tout juste d'assommer son homme de main qui avait surgi dans la maison pour éviter qu'il nous repère et nous empêche de nous enfuir. Une fois que c'était fait, nous étions sur le point de quitter la maison quand Mayacine est revenu plus tôt que prévu. On ne savait même pas comment il avait réussi à entrer dans la maison. C'est alors que nous avons décidé de courir quand il a soulevé la moquette d'un coup sec, provoquant la chute de Yama. Il l'a relevé et a mis un couteau sous sa gorge. Il voulait qu'on retourne dans la maison, mais je ne voulais pas le faire. J'avais conscience que l'occasion que nous avions eue ne se représenterait peut-être pas une deuxième fois. J'ai saisi l'arme que j'avais trouvée dans son bureau et qui était derrière mon dos avant de la pointer dans sa direction. J'ai lui ai demandé de laisser partir Yama afin que nous puissions quitter la maison. C'est vrai que j'avais eu une longueur d'avance par rapport à lui et qu'il me suffisait de faire quelques pas pour sortir définitivement de la maison mais je ne pouvais pas abandonner Yama alors que sa vie était en danger. Je suis donc restée en espérant que ma « menace de tir » le ferait réfléchir et qu'il allait avoir peur pour sa vie mais non. Au lieu de cela, il a ri et s'est moqué de moi, allant même jusqu'à m'inciter à appuyer sur la gâchette pour lui montrer que je n'avais pas peur et que j'étais capable de le faire. Il a même mentionné une phrase où il a dit que je devais le faire pour lui montrer si j'étais vraiment la fille de ma mère. Là par contre, je n'ai pas trop compris ce qu'il voulait dire... mais bon, bref. Après le long silence qui a suivi nos échanges, où nos regards étaient figés l'un dans l'autre, une détonation s'est produite. J'ai lâché l'arme dans la seconde qui a suivi, en voyant Mayacine s'écrouler au sol, touché par une balle. Cependant, je t'assure, Sokhna, que ce n'était pas moi qui ai déclenché cette détonation. J'étais en colère certes, et je pensais pouvoir le faire, mais au fond de moi, je savais que je n'aurais jamais eu ce courage.

Sokhna la fixa avec un regard scrutateur, puis se tourna vers Amina. Elle savait que quelque chose ne tournait pas rond dans toute cette histoire et cela se manifestait notamment par son expression qui était devenue encore plus sérieuse, et son ton était chargé d'une certaine gravité.
Elle posa son stylo avant d'entrecroiser les doigts sur la table.

—Écoutez, je comprends à quel point cette situation est difficile pour vous, mais laissez-moi vous dire ceci. En toute honnêteté, votre cas est difficile, voire même trop complexe, et je vous le dis dès à présent sans détour hein, il risque de s'aggraver encore plus si ça atterrit entre les mains d'un juge, surtout s'il n'est pas clément et qu'il est corrompu. Vous risquez alors d'écoper d'une peine très lourde pour complicité de meurtre. D'ailleurs, il faut que vous sachiez que le fils de Mayacine a porté plainte.

Les deux accusées se regardèrent, les yeux écarquillés suite à cette annonce.

—Eh oui, renchérit Sokhna en voyant leur état, il fallait bien s'y attendre. Selon lui, vous « avez tué » son père, et donc il est inconcevable pour lui de laisser ça comme ça. Mis à part cette plainte, il faut savoir que Mayacine n'était pas un homme ordinaire qu'on tue impunément. Non, non. D'ailleurs, vous avez vu la manière dont le commissaire Ly vous a persécutées avant mon arrivée, rien que pour vous faire avouer ? Eh bien, dites-vous que ce n'est pas pour faire respecter la justice qu'il agit ainsi. Loin de là ! Il le fait parce que c'est un ordre. Un ordre venu d'en haut et je sais très bien de quoi je parle. Donc, pour vous épargner toute éventualité de guet-apens ou d'accusations fondées sur un crime dont vous ne connaissez même pas l'origine, il faut être honnête avec moi. Si nous voulons avoir une chance de vous défendre et de vous sortir de cette situation, nous devons agir avec honnêteté et transparence. Vous devez me faire confiance pour être votre voix.

Amina, les larmes aux yeux, soutint le regard de Sokhna avec détermination.

—Je t'assure, Sokhna, je te dis la vérité. Je n'ai pas tiré, je ne suis pas responsable de la mort de Mayacine. Je veux sortir d'ici et prouver notre innocence.

Sokhna ne rompit pas le contact visuel, son regard pénétrant semblant sonder l'âme d'Amina. Puis elle se tourna vers Yama.

—Yama, as-tu quelque chose à ajouter ?

Celle-ci secoua la tête avec conviction, plus confiante cette fois-ci dans ses propos.

—Non, je confirme les mots d'Amina. Elle dit la vérité. Nous n'avons rien fait à Mayacine.

Le silence retomba dans la pièce, le poids de leurs déclarations se répercutant dans l'air. Sokhna brisa finalement le silence, sa voix empreinte de détermination.

—Très bien, je vous crois. Je vais prendre cela en compte dans notre stratégie de défense. Mais rappelez-vous, la vérité est notre meilleure alliée. Ne me cachez rien, même les détails insignifiants. Si nous devons gagner cette bataille, nous devons le faire en étant authentiques. D'accord ?

Leurs têtes hochèrent en signe d'approbation, un pacte silencieux scellant leur engagement à travers cette épreuve.

—À présent, il est probable que vous passiez la nuit ici en cellule. Je crains que c'est ce que l'inspecteur a l'intention de faire, en attendant de vous transférer à la prison pour femmes en vue du procès. Néanmoins, je vous assure que je m'efforcerai de tout mettre en œuvre pour accélérer les démarches et faire en sorte que le procès ait lieu dans les plus brefs délais.

Ces mots résonnèrent comme un choc électrique pour Amina et Yama, qui avaient déjà commencé à imaginer comment leur nuit se déroulerait.

Elles avaient peut-être espéré être relâchées pour pouvoir rentrer chez elles, mais maintenant, elles se trouvaient au seuil de la véritable prison qu'elles avaient désespérément tenté d'éviter.

—Bon, reprit Sokhna en regardant sa montre, je vais vous laisser pour l'instant, j'ai un rendez-vous. Tenez bon, d'accord ? Et n'oubliez pas, je serai en contact avec vous régulièrement. Si vous avez des questions ou des préoccupations, n'hésitez pas à me le faire savoir. En attendant, restez fortes et essayez de vous reposer du mieux que vous le pouvez dans cette situation.

À la fin de ses mots, elle adressa un geste d'encouragement en prenant brièvement la main d'Amina et de Yama dans les siennes, tout en esquissant un sourire chaleureux.

C'était comme une manifestation tangible de son soutien continu. Enfin, elle se lève avec son dossier en main, prête à affronter les défis qui l'attendaient hors de la salle d'interrogatoire.

___________

À suivre.....

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