Chapitre 13
***YAMA KHADY MAR DIAGNE***
Cela faisait maintenant une semaine que j'avais quitté le domicile conjugal pour revenir chez mes parents.
Et jusqu'à présent, Bireume n'était pas encore venu me voir pour entamer les démarches de divorce.
Mon père, sorti de l'hôpital deux jours après mon arrivée dans la maison, avait bien essayé de me convaincre de retourner gérer mon ménage, mais ma mère s'y était fermement opposée. Moi-même, je ne voulais plus avoir la moindre relation avec cet homme qui m'avait trahi.
Je passais mes journées recluse dans ma chambre, à pleurer toutes les larmes de mon corps. La douleur était insoutenable, comme si on m'avait arraché le cœur pour le remettre en place.
Rien n'est plus douloureux que d'être trahi par celui en qui on avait placé toute sa confiance. Celui qui vous promettait de décrocher la lune, qui savait lire en vous comme dans un livre ouvert, qui vous rappelait chaque jour votre importance à ses yeux. Tout cela, Bireume l'avait incarné mais hélas il avait tout perdu.
Sa trahison m'avait tellement déçue que je ne saurais l'exprimer. À vrai dire, mon amour pour lui n'était plus qu'une cigarette dont la flamme s'était éteinte dans un cendrier.
Pendant que j'étais recroquevillée sur le lit, la porte de ma chambre s'ouvrit doucement. Ma mère et ma sœur Aisha entrèrent, me trouvant ainsi, le visage enfoui dans le couvre-lit.
En parlant de ma mère, quand elle a su le problème, au lieu de me consoler, elle m'a accablée d'injures avant de proclamer sa phrase préférée : "Je le savais !"
C'est ce jour-là que j'ai compris le sens du célèbre dicton: "Magg dina Toll si souf guiss lou xalei ba nék si kaw doul guiss" - "Un adulte peut être assis en bas et voir ce que l'enfant qui est en haut n'arrive pas à voir".
—'Kone ya ngui dioy ba lègui ?' « Comme ça tu déprimes toujours ? », fit-elle sarcastiquement en posant un verre d'eau sur la table de chevet.
Je ne lui répondis pas et restai muette.
—Bois ces médicaments et lève-toi. Tu n'as pas besoin de te morfondre pour cet imbécile qui, je crois, est présentement en train de s'amuser avec sa femme. Tu es une très belle femme, masha'Allah, et les garçons dehors veulent une femme comme toi. 'Kone diougoul diayou dji' « Alors relève-toi et refais ta vie », me lança-t-elle d'un ton sec.
—Ayyyy maman. Tu ne vois pas qu'elle a assez mal là ? S'il te plaît, évite de la blesser encore plus, intervint Aïsha, tentant de m'épargner les paroles dures de notre mère.
—Qui lui a causé cette peine ? Moi ? Si elle m'avait écoutée, elle serait en ce moment en train de vivre les plus beaux moments de sa vie. Combien d'hommes a-t-elle fait balader juste pour être avec ce bâtard ? Elle a perdu son temps dans cette maison à jouer à la belle-fille parfaite. Maintenant, elle n'a qu'à assumer, dit-elle avant de sortir, laissant Aïsha et moi seules.
Ses mots étaient certes blessants, mais elle avait raison. Moi qui pensais perdurer dans cette famille, me voilà plongée dans les moments les plus sombres de ma vie. Je me haïssais pour cela.
***BIREUME SALL***
—MI AMOR, s'exclama Noémie en claquant des doigts pour capter mon attention.
Je sortis de ma rêverie éveillée et me tournai vers elle. Ses yeux bruns me scrutaient avec inquiétude.
—Oui ? Répondis-je doucement.
—Qu'est-ce qui t'arrive ces temps-ci ? Tu sembles constamment perdu dans tes pensées. Est-ce que tu as des problèmes ? S'enquit-elle en posant délicatement sa main sur ma cuisse.
Je baissai le regard, hésitant à lui confier le poids qui pesait sur mon cœur. Après un bref instant de silence, je me levai doucement, retirant sa main avec douceur.
Je me dirigeai vers la cuisine et me servis un verre d'eau que je bus lentement, savourant la fraîcheur du liquide qui apaisait ma gorge nouée.
Quelques instants plus tard, j'entendis les pas de Noémie qui me rejoignait. Elle se plaça face à moi, ses sourcils froncés trahissant son inquiétude.
—Pourquoi est-ce que tu me fuis ? T'ai-je fait quelque chose sans le savoir ? Ou bien est-ce à cause de...ce que tu as fait avec cette autre femme ?
Je fermai les yeux, incapable de soutenir son regard empli de douleur.
—Que veux-tu, Noémie ? Que je me sente coupable, c'est ça ? Lançai-je d'un ton plus sec que je ne l'aurais voulu.
—Loin de là, répondit-elle d'une voix posée. J'essaie juste de te faire comprendre que ce qu'elle peut endurer, moi je ne pourrais pas l'accepter. J'ai fait des efforts surhumains pour digérer ton infidélité et...
Submergé par un tourbillon de colère incontrôlable, je me retournai brusquement, faisant violemment tomber mon verre qui se brisa en mille morceaux sur le sol carrelé, la faisant sursauter.
—NON MAIS TU PEUX ARRÊTER !? On en a déjà parlé, non !? M'écriai-je, la voix tremblante de rage.
Noémie s'avança alors vers moi, me pointant du doigt avec véhémence.
—EH, NE ME CRIE PAS DESSUS COMME ÇA, D'ACCORD ? Non mais ça ne va pas ou quoi ? Rétorqua-t-elle, son visage déformé par la colère.
Elle marqua une pause avant de poursuivre d'un ton grave :
—Oui je te parle d'infidélité, parce que je suppose que les autres pensent que pensent que j'étais au courant de ton « mariage », alors que c'est tout le contraire ! Donc laisse-moi te rappeler qu'à l'heure actuelle, tu n'as qu'une seule et unique femme, et c'est moi, parce que tu as signé la monogamie avec moi. Certes, je ne connais rien de votre culture, mais ce que je peux te dire, c'est que tu ne vas pas me le faire, sois-en sûr. Alors si j'ai bien un conseil à te donner ce serait bien de divorcer d'elle au plus vite.
Elle me lança un dernier regard empli de colère avant de me tourner le dos. Je tapai du poing sur le rebord de la table de la cuisine, frustré.
En cet instant, je ne saurais dire avec précision ce que je ressentais, tant les émotions se bousculaient en moi, le regret n'étant qu'un pâle mot pour décrire ce chaos intérieur.
Je savais pertinemment que quand Noémie voulait quelque chose, elle allait jusqu'au bout. Ce n'était pas pour rien qu'on la surnommait "The perfect lawyer" à Paris, où elle était reconnue comme l'une des avocates les plus redoutables.
Sans compter qu'elle était la fille d'un riche homme d'affaires, ce qui lui conférait une influence et des moyens non négligeables.
Notre rencontre remontait à quelques mois en arrière, lorsque je m'étais retrouvé dans de sérieux ennuis judiciaires.
J'avais été accusé d'avoir fait disparaître une importante quantité de drogue, alors que je n'étais qu'un simple colocataire, aidant mon hôte dans les tâches ménagères en attendant de trouver un emploi.
Lorsque la police était arrivée, je n'avais même pas cherché à résister, sachant pertinemment que je n'avais pas les moyens de m'offrir les services d'un avocat.
C'est au poste de police que j'ai appris que Noémie était l'avocate de mon codétenu, Fredric. Ce dernier, ayant eu vent de ma situation, en avait parlé à Noémie, qui avait alors décidé de me prendre sous son aile, sans même me connaître. Ce jour-là, lorsque nos regards se sont croisés, j'ai ressenti une connexion indescriptible.
Noémie a alors commencé à venir me rendre visite régulièrement, ce qui était inhabituel selon Fredric. Après avoir plaidé mon innocence, elle m'a pris sous son aile, m'aidant à trouver un travail et un logement.
Au fil des mois, j'ai appris à la connaître et à l'apprécier, en oubliant peu à peu Yama et ma famille.
Maintenant, je me retrouve dans une situation délicate, tiraillé entre deux choix : soit divorcer de Yama pour poursuivre ma relation avec Noémie, soit rester avec Yama et perdre tous les privilèges que m'offre Noémie. Quel chemin dois-je emprunter ?
***AMINA SALL***
Comme à mon habitude, je me réveillai aux alentours de treize heures, ma journée commençant toujours très tardivement.
Je restai quelques secondes supplémentaires allongée sur mon lit, profitant du confort douillet des draps avant de me lever doucement.
Omettant mes étirements matinaux habituels par crainte de raviver la douleur de mes blessures encore en phase de guérison, je me mis sur mes pieds, grimaçant sous les élancement lancinants.
Eh oui, vous avez bien entendu !
Mon corps était couvert de bleus et d'ecchymoses après ma dernière soirée catastrophique au club.
En effet, ce salaud avec qui j'étais, au lieu de simplement assouvir ses désirs puis de partir comme l'avait fait son acolyte quelques heures plus tôt, s'était brutalement déchaîné sur moi.
Il m'avait roué de coups avec sa ceinture, se comportant comme un véritable obsédé sexuel, si bien que je m'étais retrouvée à l'hôpital, dans un état déplorable.
Depuis, je n'étais pas retournée travailler au club, malgré les nombreux appels insistants de Sébastien, me suppliant de revenir. En parlant de lui, je l'avais vertement insulté, car il était en grande partie responsable de mon lamentable état, m'ayant présenté cet homme comme son ami.
Et à l'heure où je vous parle, je me retrouve sans emploi mais également sans le moindre sou en poche. J'ai donc décidé d'exploiter la seule option qui me venait à l'esprit : aller voir Bireume pour récupérer ma part d'héritage.
Sur cette résolution, je me levai lentement du lit, mes membres encore engourdis par la fatigue de la veille. D'un pas traînant, je me dirigeai vers la salle de bain afin d'effectuer ma routine matinale.
Je commençai par me brosser soigneusement les dents, prenant le temps de bien nettoyer chaque recoin de ma bouche. Ensuite, je m'appliquai à démêler délicatement ma chevelure bouclée, veillant à ne pas aggraver les douleurs qui me tiraillaient encore le cuir chevelu.
Après m'être lavée à l'eau tiède, j'enfilai rapidement un peignoir moelleux, savourant la sensation apaisante du tissu contre ma peau meurtrie..
Une fois ma toilette achevée, je pris le temps de choisir une tenue simple mais élégante qui masquerait discrètement mes blessures. J'optai ainsi pour un large pantalon blanc et une chemise longue manche jaune.
Aucun maquillage ne vint rehausser mes traits, je me contentai simplement d'enfiler mes chaussures avant de saisir mon sac à main.
Avant de sortir de ma chambre, je jetai un prudent coup d'œil par la fenêtre pour m'assurer que ma mère ne se trouvait pas dans la cour.
Par chance, le chemin était libre. Il ne fallait surtout pas qu'elle me voie partir, sachant pertinemment qu'elle tenterait de m'en dissuader.
Je marchai sur la pointe des pieds jusqu'à la porte, veillant à ne faire aucun bruit. Mais alors que j'allais enfin pouvoir m'extirper de cette maison, j'entendis soudain mon prénom résonner derrière moi.
Oh non, pas elle !
Je n'avais plus le choix, je me retournai doucement jusqu'à lui faire face, le cœur battant.
—'Amina fo dieum ?' « Amina, où vas-tu ? » me demanda ma mère, d'un ton inquiet, teinté de colère.
—Je vais récupérer mon héritage. Puisque Monsieur Bireume est revenu avec une nouvelle épouse, il doit forcément avoir de l'argent pour pouvoir me rembourser CE QUI ME REVIENT DE DROIT, répondis-je en me dirigeant de nouveau vers la porte.
—Eh reste là ! S'écria-t-elle, la voix vibrante de colère. 'Yaw est-ce niit ngua ? Koula
bayi ngua dém nane da nguay dieuli ay
ndodo ak lifi diota xew yeup tei batay sakh nio ngui si nék. Boudoul lolou sakh guiss ngua sa mélokane bi ngua mél' « Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Tu ne penses tout de même pas aller chez ton frère pour récupérer ta part d'héritage après tous les problèmes que nous traversons en ce moment ? Et malgré le fait que tu ne sois pas encore complètement remise de tes blessures, tu veux sortir dans cet état ? »
Je sentais toute la frustration et l'inquiétude percer dans ses paroles. Au fait, la version que j'avais servi à ma famille après mon accident était que je m'étais fait agressée dans la rue. Je n'avais pas voulu leur avouer la véritable raison de mes blessures, préférant éviter leur "fausse compassion" et surtout ne pas avoir à me justifier.
—Tu veux peut-être que je le lui laisse ? Jamais de ma vie ! Cet argent, c'est mon père qui l'a durement gagné, alors je ne vais pas y renoncer. Que chacun récupère sa part et le problème sera réglé.
—QUEL PÈRE ?!? Je vois que tu commences réellement à dépasser les bornes et il est temps que je mette les points sur les i et les tirets sur les t, rétorqua-t-elle, hors d'elle.
C'est à ce moment que Fifi, ma sœur, revint du marché, son seau de poissons à la main, qu'elle déposa sur le sol. Nous voyant dans la cour avec nos postures, elle comprit qu'il y avait un problème et nous interrogea du regard.
—Qu'est-ce qui se passe ici ? Demanda-t-elle en nous observant tour à tour.
Je ne lui accordai pas d'importance et detournai mon regard vers ma mère.
—Aujourd'hui, je ne vois pas qui pourra m'arrêter, répondis-je avec détermination. Si Bireume est intouchable on en saura quelque chose.
—'Yaw bokoulo si héritage bi !!! Ya ngui may dégu ? BOKOULOSI' « Tu n'as pas ton mot à dire dans cet héritage !!! Tu m'entends ? Tu N'EN FAIS PAS PARTIE ! » Vociféra notre mère, le visage déformé par la colère.
Fifi sursauta, écarquillant les yeux face à cette déclaration. Elle me lança un bref regard inquiet avant de se précipiter vers notre mère, s'accrochant à son bras.
—Maman, arrête ce que tu dis ! La supplia-t-elle.
Mais celle-ci ne l'écouta pas et continua sur sa lancée.
—'Sétlou wo dara xana ? Sétlou wo que ni Fifi, Bireume ak ioe nouro wou léne ? Guissou ni ngua khéssé niom niou nioul' « N'as-tu pas remarqué que vous trois - Fifi, Bireume et toi - vous ne vous ressemblez pas ? Tu es beaucoup plus claire qu'eux.
—Que veux-tu dire par là ? Demandai-je, soudain inquiète.
—Que je ne suis pas ta mère !!! Tu n'as pas de mère ni de père ! Lâcha-t-elle finalement, sous le choc.
—MAMAN ! S'écria Fifi, totalement dépassée par l'attitude de sa mère.
J'éclatai d'un rire sans joie, bien que je fusse profondément troublée par cette révélation.
—Juste pour une affaire d'héritage, tu veux me rejeter de la famille ? Non, ça ne passera pas comme ça !
—JE TE DIS LA VÉRITÉ ! TU N'AS PAS DE MÈRE NI DE PÈRE. JE T'AI RAMASSÉE DANS LA RUE...poursuivit notre mère, implacable.
—CE N'EST PAS VRAI ! CE N'EST PAS DU TOUT VRAI ! M'écriai-je, refusant catégoriquement d'accepter cette horrible vérité.
Elle n'eut pas le temps d'en dire davantage que je m'élançai hors de la maison, courant comme une possédée et hurlant à pleins poumons mon refus de cette réalité que je ne pouvais concevoir.
—CE N'EST PAS VRAI !!! NOOOOOONNNNNN....
_____________
À suivre....
Alors Yama campe toujours sur sa décision on dirait hein
Qu'avez-vous à dire sur ça ?
Un mot pour sa mère
Un mot pour sa sœur
Comme ça, Noémie n'était pas au courant du mariage de Bireume avec Yama
Que va-t-elle faire ?
Bireume va-t-il divorcer de Yama comme il le lui a suggère ?
Hum Amina n'est pas la fille de Lisoune
Qu'avez-vous à dire sur ça ?
Enfin qu'en pensez-vous de ce chapitre ?
Votez et commentez please❤
#Sooxnv
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