Chapitre III - Partie I
Un tourbillon de couleur l'emporta et elle se recroquevilla sur elle-même. Des milliers de lieux défilaient devant ses yeux, rayonnants de couleurs toutes différentes. Soudain, alors que le tourbillon avait brusquement accéléré, il s'arrêta et Lyra sentit ses pieds toucher brutalement un sol de pierre. Ses jambes cedèrent et elle tomba à genoux.
Mais le paysage qui s'offrait à elle n'avait en rien l'allure d'un château, contrairement aux indications des hommes et d'Aurianna. Il était magnifique, mais aucune habitation ne se discernait à l'horizon.
Elle venait d'atterrir sur un sol dallé. Elle avait dû se tordre la cheville. Un immense champ de lavande s'étendait devant elle, jusqu'à une plaine sauvage, semblable à une savane. Et plus loin, une gigantesque jungle envahissait l'horizon et sûrement encore plus loin. Elle se releva.
Dix secondes plus tard, une dizaine d'hommes apparurent derrière elle, sortant du tourbillon. L'homme roux aux cheveux ébouriffés dut percevoir son anxiété du fait qu'elle ne voyait pas ce fabuleux château, ainsi il remonta la tête de la jeune fille et lui indiqua un point dans le ciel. Lyra fronça les yeux pendant quelques secondes, peinant à apercevoir l'étincelle d'argent entre les nuages.
- Un escalier ! s'exclama-t-elle soudainement, sans se rendre compte qu'elle avait dit ça à haute voix.
Un long escalier se tenait là entre les nuages, scintillant de sa couleur argentée. Soudain, elle vit l'escalier se rapprocher. Elle baissa les yeux. Non, le sol ne bougeait pas sous ses pieds. Les escaliers d'argent non plus n'avaient pas bougé.
- C'est... c'est une illusion ? demanda Lyra, éblouie par ce phénomène indescriptible.
Tous les hommes répondirent seulement par un léger sourire, leurs regards toujours rivés vers les longs escaliers. Soudain, juste quand les escaliers allaient les percuter, les marches argentées de marbre s'immobilisèrent et les longs escaliers commencèrent à clignoter, jusqu'à se poser devant Lyra avec une extrême douceur.
Lyra tendit le doigt vers la rampe étincelante et la toucha du bout des doigts. Une sentation qui lui compressa les entrailles la frappa de plein fouet et elle ferma les yeux. Après un long moment d'hésitation, elle rouvrit doucement les yeux, et se rendit compte qu'elle était vers le haut des escaliers, juste avant l'épaisseur des nuages qui ne laissaient percevoir la suite des marches de marbre.
Elle lança un regard interrogateur aux hommes, son visage décelant un stress soudain quant à la rencontre de la famille royale de Nedlens, et surtout du phénomène qui venait de se produire. Un d'eux lui répondit :
- Oh, ce n'est pas à nous qu'il faut demander ! Mais la Princesse connaît ces phénomènes-là.
Cette réponse ne l'aida pas plus. Elle se tourna vers la brume épaisse qui se dressait à ses côtés, la dominant de sa grandeur. Un sentiment d'inquiétude mêlé à une curiosité soudaine la prit et elle se surprit à monter lentement et timidement les marches, à travers le brouillard argenté. Ses pas touchaient chaque marche, résonnant avec une tinte mélodieuse à l'intérieur d'elle-même.
Elle se fondit dans les nuages, et les hommes de la Garde disparurent subitement. Elle baissa les yeux : sa vue était claire, les marches de marbre restaient distinctes, mais au-delà des escaliers, ce n'était qu'une épaisse couche de nuage qui ne laissait percevoir que les rayons du soleil.
Ses mains glissèrent le long de la rampe, l'approchant peu à peu de la fin des escaliers argentés. Chaque pas semblait représenter chacune de ses respirations. Soudain, elle se rendit compte d'une chose : la température avait changé depuis son arrivée à Nedlens, la chaleur avait clairement augmenté. Elle, qui était constamment habituée à une atmosphère plutôt humide ou froide, commençait à suer.
La lumière augmenta soudainement et sa tête émergea des nuages. Là, le paysage ne fut que beauté. En rien avec le paysage que percevait quelques secondes plus tôt. Un chemin ample, fait de dalles de marbre argenté, serpentait sur les nuages, jusqu'à ce qui semblait être le fameux château royal. Il brillait de milles feux à travers les nuages blancs et gris.
Des tourelles faites du même matériau que l'escalier s'élançaient vers le ciel, luisantes d'un éclat argenté, renvoyant les rayons vers une gigantesque pierre, posé entre deux tours. Faite en kunzite, elle illuminait la cité de sa couleur rose. Seulement les toitures se différenciaient du reste du château entièrement de marbre. Elle s'entrecroisaient vers le bas du domaine, formant un chemin étroit et difficile à arpenter entre entre celles-ci. Les nombreux toits portaient une légère teinte de bleu, contrastant avec une petite volière, à côté du château, dont le toit était rouge bordeaux.
La cité entière semblait faite de nuages, comme l'environnement dans lequel elle se trouvait. Mais on ne pouvait la confondre avec les nuages. Elle s'élançait dans le ciel en miroitant de milles feux.
Lyra émergea entièrement des nuages, pour mieux admirer l'immense édifice qui se dressait devant elle. Les hommes de la Garde sortirent à leur tour, et celui avec les cheveux roux en broussailles se pencha à sa hauteur et lui murmura à l'oreille :
- Bienvenue à la Cité des Étoiles.
Puis il ricana gentillement.
Dans son grand lit en baldaquin qui trônait au milieu de sa chambre, Aaku continuait à dormir contre son oreiller.
Des coups portés à la porte le sortirent de son sommeil. Il grogna, endormi.
- Oui ? demanda-t-il, mécontent qu'on l'ait réveillé.
- Puis-je entrer, mon Prince ? demanda la voix d'un valet.
Le Prince tapa du pied contre son lit et se leva difficilement. Il marcha, à peine réveillé, jusqu'à la lourde porte qu'il ouvrit brutalement.
- Qu'est-ce qu'il y a ? grogna-t-il de mauvaise humeur.
- La fille arrive dans deux heures, murmura le valet.
Petit et fin, il semblait minable par rapport à son Prince, avec ses cheveux bruns ébouriffés et mi-longs, coiffés en queue-de-cheval basse.
Aaku lui ordonna d'un coup de tête de continuer.
- Elle est déjà dehors, elle, Jundre et ses hommes viennent de prendre les Traînées. Ils sont venus jusqu'ici grâce à un glisseur.
- D'accord, répondit-il seulement.
Un silence de mort s'abattit. Puis un des deux décida de prendre la parole pour terminer cette conversation.
- Je vais m'habiller, dit le Prince.
Il referma la porte brutalement, et retourna dans sa chambre, ses yeux ne voulant pas s'ouvrir. Il se les frotta, et les ouvrit doucement.
Les armoires de sa chambre débordaient de longues capes aux parures merveilleuses, de chemises de luxe et d'accessoires précieux, mais il enfila seulement un pantalont noir et une chemise assez ouverte avec une sorte de décolleté.
Puis il enfila des chaussons rouges simples et sortit de sa chambre. Il déambulait dans les couloirs quand il vit une touffe de cheveux bruns passer en vitesse à côté de lui.
— Hé ! HÉ ! cria-t-il. Aurianna !
La jeune princesse se retourna, chargée de tissus en soie dorée et bordeaux. Elle s'était arrêtée, mais continuait de courir dans le vide.
— Oui ? demanda-t-elle, essoufflée
— Non...Non rien.
Alors la jeune fille se pressa dans le couloir suivant, haletant à chaque pas.
Aaku la regarda, ébahi, avant qu'elle ne disparaisse derrière la tapisserie qui montrait un coq blanc, rouge et vert en train de picorer, en-dessous d'un cerisier en fleurs.
Le Prince reprit sa route, enchaînant couloirs et escaliers. N'importe quelle personne qui n'était jamais allée dans ce château aurait pu se perdre très facilement.
Puis, arrivé devant un grand rideau, il tira ce dernier sur le côté et entra, en prenant bien soin à refermer le rideau derrière lui.
Derrière, c'était un grand salon luxueux, chaleureux et confortable. Une table basse en verre soutenue par des pieds de table dorés était posée sur un grand tapis rouge qui remplissait presque tout l'espace du sol. Trois grands fauteuils bordeaux étaient posés autour de la table basse. Leurs coussins était blanc et dorés et une odeur de pain chaud remplissait la pièce.
Plus loin, un autre fauteuil était posé juste devant l'immense baie vitrée qui illuminait la salle. Celle-ci donnait sur les grands escaliers, et, en la touchant du bout des doigts, le Prince pouvait voir à travers les nuages.
Il s'assit là, reposant ses pieds sur un pouf marron clair. Ses yeux scruterent la grande étendue de nuages, puis il se pencha pour toucher la vitre, mais son geste s'arrêta quand il vit des personnes petites comme des fourmis, de là où il était, qui étaient juste au bord des escaliers appelés les "Traînées".
Une jeune rousse s'extasiait devant le château de marbre, ce qui fit ricaner Aaku. Un valet toussa derrière lui. Il se retourna.
— Quoi ? demanda-t-il désagréablement.
— Que souhaitez vous, mon Prince ?
— Deux tartines au beurre de rjuteo, du café, du miel, et des biscuits de Omeli.
Le valet s'inclina et repartit. Le Prince baissa les yeux. La roussette était sur le chemin menant au château, et elle était toujours aussi ébahie. Mais elle disparut au moment où elle, Jundre et ses hommes passèrent sous la tour et Aaku la perdit donc de vue.
C'est bien ce que je pensais, c'est encore une de ces filles peureuses et qui ne pensent qu'aux garçons et à la beauté, la mode, songea-t-il.
L'arrivée du valet avec son plateau repas lui fit oublier la jeune fille pendant un temps. Soudain, Aurianna entra par les rideaux vivement, ordonnant un ordre bref gentillement au valet.
Il lui apporta vite une tartine grillée avec du beurre et du miel dessus, et elle le remercia en lui adressant une regard gentil et un "merci". Aaku était convaincu qu'il ne ressemblait en rien à sa soeur, autant mentalement que physiquement.
Aurianna sortit du salon par les rideaux en courant prudemment, puis elle s'engagea dans les couloirs, mangeant sa tartine. Couloirs après couloirs, escaliers après escaliers, elle finit par arriver au Hall resplendissant.
Deux escaliers longeaient les murs de part et d'autre de la salle circulaire. Deux grands piliers surportaient le plafond, d'où pendait un énorme lustre en forme de maquette du cycle lunaire, occupant la quasi-totalité du plafond.
Aurianna dévala les marches rapidement et courut à travers le hall d'entrée. D'un claquement de doigt , les lourdes portes du château s'ouvrirent sur une chaleur épouvantable. À cent mètres, la garde de Jundre et Lyra marchaient sur le chemin menant jusqu'au château. Puis la fille rousse tourna la tête vers Aurianna et son visage s'illumina.
À suivre :3...
Hello ! Oui, vraiment en retard 😔
Je suis sincèrement désolée...
J'espère que vous avez aimé ce chapitre ! ^^
Bisous 💖
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