Chapitre II - Partie II
- Il en est hors de question ! hurla Astoria.
Elle tapa du poing sur la table basse en se levant brusquement, la faisant vibrer. Tous sursautèrent.
- Vous avez complètement perdu la tête !
Elle semblait en proie à une colère intérieure. Son visage se défigurait et les veines sur son front palpitaient tellement que c'était à en avoir mal à la tête. À peine on la reconnaissait.
- Je n'ai aucune envie de voir ma nièce être offerte en réconciliation à ce déglingué !
Aurianna, soudain agacée, lui lança un regard foudroyant avant de murmurer :
- Sale orgueilleuse...
Lyra s'efforçait de ne pas sauter du tabouret et de hurler à tous son avis sur la question. Elle ne savait pas quoi penser ; était-ce logique, et elle viendrait en aide à son peuple, ou était-ce de la folie ? L'attention n'avait jamais été autant portée sur elle.
Elle décida tout de même d'intervenir :
- ASSEZ !
Elle venait de se lever, dominant la petite assemblée dans le salon. Tête baissée, et s'adressa à eux.
- Je ne dis pas avoir confiance en vous - elle s'adressait à Aurianna -, mais si vous souhaitez autant que moi stopper cette guerre, je suis prête à m'engager à...
- TU ES FOLLE ? Elle essaye tout simplement de nous piéger !
Astoria la regarda dans les yeux. Elle était sincère et, comme à l'accoutumée, fixait Lyra de ses petits yeux.
- Si tu dis oui, nous allons perdre cette guerre ! dit-elle.
- Dans le cas contraire aussi ! s'écria Lyra. Le royaume meurt de faim...
Elle sentit les larmes monter, mais les retint juste au bon moment. Pas dans ce moment-là. Elle avait besoin de paraître forte.
- Nous n'avons guère le choix.
Sa voix se perdit dans les ténèbres. Elle voulait sembler en totale confiance en elle, mais ce ne fut pas possible. Quand elle réussit à reprendre le fil, elle lâcha :
- Veuillez transmettre ma réponse au Prince - un silence se fit durant lequel chacun essaya de respirer normalement. J'accepte votre proposition.
Trente minutes auparavant
- Bon, nous commençons ?
Toutes hocherent la tête à un moment différent et se tournèrent vers Aurianna.
- Il faut en finir, juste.
Tous les regards se tournèrent vers elle, attendant la suite.
- Pendant un siècle, nous avons attendu qu'un royaume anéantisse l'autre. Pendant un siècle, nous nous sommes laissés nous entre-tuer. Et je pense que vous savez, tout comme moi, la suite... Si la guerre ne se termine pas, nous n'auront même plus de royaume capable d'accuser l'autre.
Un long silence plana au-dessus du salon et s'installa confortablement, laissant l'assemblée bouche bée. Alienor perça le silence :
- C'est horrible.
- Votre armée continue de nous envahir, pourtant vous nous parler de vos sornettes. Vos négociations ne seront possiblement mises en place que si vous nous en dites le contenu, trancha Astoria.
Silence.
- Venez-en au fait, Mlle Aurianna. Que voulez-vous ?
- Comme vous. La fin de cette abominable guerre. Et être en paix. Mais on ne peut pas se réconcilier en papier. Il en faut en faveur du Prince.
Astoria se leva d'un bond.
- Je ne comprends pas. "Votre" prince ?
- ... Et tant qu'il n'aura pas obtenu quelque chose, il ne pourra pas être roi.
Un silence pesant composait chaque partie de la pièce, une nouvelle fois.
- Des fiançailles.
Des voix étouffées parcoururent le salon.
- Notamment, une personne possédant du sang de la tribu du Nord.
Lyra sentit son coeur faire un bond. C'était d'elle qu'elle parlait ? Impossible. Elle n'était même pas connue ! Comment aurait-il pu choisir une jeune fille orpheline avec du sang de la tribu du Nord dans ses veines ? Rien ne concordait. Personne ne pouvais compter sur une personne aussi banale qu'elle ! Elle réfléchit à toute vitesse, tentant de chercher une meilleure explication. Cependant, ce peuple avait disparu, et Lyra était sûrement la seule descendante.
Chaque mot d'Aurianna résonnaient dans sa tête logiquement, et elle ne put se rendre qu'à l'évidence : le Prince de Nedlens l'avait choisie.
- Mais il n'est pas dans sa nature de bien choisir. Ainsi, c'est mon choix qui se propose.
C'était donc sa soeur qui l'avait choisie ? Qu'avait-elle de spécial ? Sa conscience s'apprêtait à dire "rien", quand ses mots vinrent une nouvelle fois la percuter.
Mais pourquoi du sang de la tribu du Nord ? Ça n'avait aucun sens ! La tribu du Nord n'avait aucune particularité. Elle était seulement un des meilleures armées, et c'était tout. Lyra se retourna tous ses souvenirs sans sa tête. Non, c'était la seule chose qu'elle savait. Alors, elle se lança :
- Est-ce de moi dont vous parlez ?
Aurianna aquiesça doucement.
Sa belle-mère aurait pu pour cette fois paraître détendue et compréhensive envers Lyra, mais ce ne fut malheureusement pas le cas.
- Ma belle-fille n'a pas du tout l'étoffe d'une princesse, et elle a sans arrêt la tête ailleurs.
Lyra détourna les yeux, cachant sa gêne.
- Pas l'étoffe d'une princesse ? Il me semble pourtant que c'est elle qui m'ait accueillie tout à l'heure.
Tous détournèrent la tête, gênés.
- Il ne s'agit pas de ça, trancha Astoria.
- Alors de quoi s'agit-il ?
Astoria sembla soudain prise au dépourvu, ce qui faillit faire naître un éclat de rire provenant de Lyra.
- Ma belle-fille est la personne la plus maladroite que vous pourriez trouver.
Lyra ne lui donna pas tort.
- Mais vous ne pouvez décliner une demande du Roi.
- Mais...
Astoria soupira.
- Cela signifiera d'un autre côté que nous n'aurons plus Lyra dans les pattes.
" Comment ça ? " pensa Lyra. En effet, elle était un peu maladroite, mais ce n'était quand même pas ça qui motivait sa belle-mère.
- Où habitera-t-elle ? questionna Astoria après un long soupir.
- À Nedlens, à la Cité des Étoiles.
- La quoi ?
- La capitale. Elle demeurera dans le grand Château.
Lyra faillit s'étouffer. Elle ? Entourée de luxe ? "Impossible ".
- Donc... dans... dans votre royaume ?
Aurianna aquiesça. La belle-mère de Lyra devint soudain rouge de colère.
- Il n'en est pas question !
[...]
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