19) Premiers cours
Cher Journal, je n'ai pas l'habitude de t'écrire de cette façon, mais j'ai besoin de parler sans être jugée. Ces premiers jours à Ylisse ont été très particuliers. Lucretzia et Abrahame se font une guerre d'ego et veulent que je prenne parti, mais moi, j'en ai rien à foutre de leurs histoires. En parallèle, j'ai rencontré mes premiers Professeurs, ils sont vraiment spéciaux, Gwanmyre et Ellius sont bien plus durs qu'Icharion, mais ça va le faire. Harlace a l'air gentil même si j'ai l'impression qu'il me cache quelque chose au-delà de son rôle de prof. Hopes est également géniale, totalement perchée et drôle, j'ai hâte de suivre ses cours. Pour la première fois de ma vie, je me sens bien à l'école et j'ai sincèrement envie d'étudier.
Côté amitié, j'ai rencontré Royé, le Prince de Royco. Contrairement à Iñigo, il n'est pas méprisant, juste normal. Il m'a présenté Shana, sa seule amie. C'est un vrai rayon de soleil, jamais, je n'ai vu une fille aussi joyeuse. J'ai essayé d'aborder Nalina Kosolov, mais elle s'est braquée quand je lui ai parlé de son père. Visiblement, elle ne l'aime pas et préfère se concentrer sur ses études. Heureusement qu'il me reste Velcane et Edmund. Avec eux, tout va bien, ça fait vraiment du bien, enfin, j'ai envie de dire. Je n'y croyais pas, mais je crois bien avoir trouvé ma place dans ce monde, en espérant que cela continue.
Lucina referma son journal et observa la forêt qui bordait Ylisse. Toute cette nature lui donnait envie de sauter les grilles de l'académie et de partir explorer. Voir l'horizon se confondre avec les cimes des arbres lui rappelait les panoramas qu'elle avait à Arcadia, même si c'était surtout de la mer et des immeubles qu'elle avait à observer.
Des bruits de pas sur la tôle firent sursauter la jeune fille, mais soulagée de voir que ce n'était qu'Emiliana. Elle avait beau être la disciple d'Abrahame, les règles, ce n'était pas son truc.
– En te voyant, on ne dirait pas que t'es une rebelle, tu es trop mignonne pour ça, commenta mauvaisement la jeune violette.
Emiliana se sortit une plante de sa poche qu'elle écrasa dans une petite feuille à rouler avant de l'allumer, d'en fumer une taffe et de la tendre à sa camarade qui la refusa poliment.
– Ne fais pas ta chochotte, c'est le rôle d'Edmund ça. La Saugeale, ce n'est pas dangereux, ça détend juste.
– C'est cool que vous soyez amis, j'espère qu'il va gagner en confiance auprès de toi, et qu'il va adoucir ton caractère.
Emiliana se moqua de la pique de sa camarade. Elle lui jeta un regard farouche et lui cracha sa délicate fumée au visage.
– Il y a deux choses inéluctables dans ce mode, la peur d'Edmund et mon sale caractère. Je ne suis pas ici pour changer ou me faire des amis, mais pas obligation, rétorqua sèchement la jeune fille.
Lucina commençait à avoir l'habitude du ton âpre d'Emiliana. Même si elle était dure, cette fille ne voulait faire de mal à personne. Mais son caractère ne donnait quand même pas envie de l'approcher.
Lucina commençait sa première année d'étude à Ylisse avec le cours de Géographie du Professeur Harlace. Un homme certes bienveillant, mais proche de Lucretzia. Il valait donc mieux s'en méfier pour l'instant.
La jeune fille retrouva Royé qu'elle salua avec un câlin. Bien que gêné, le Prince resta stoïque. Ils furent rapidement rejoints de Velcane et Auria, ainsi que d'Edmund et d'Emiliana. Lucina constata avec joie que le trio d'Arcadia avait de nouvelles fréquentations, une bonne chose pour eux.
Même si elle était excitée à l'idée de suivre ses cours, Lucina traîna le pas pour bavarder avec son nouvel ami.
– Harlace a l'air vraiment gentil, c'est le petit nouveau, alors tout le monde a choisi son cours, expliqua Royé.
– C'est idiot, on ne prend pas un enseignement parce que le prof est sympa, dénigra Velcane.
– Tu sais, on n'a pas tous le luxe d'avoir le choix, ajouta Emiliana. Ta copine la Princesse muette, elle a un programme dicté par sa mère. Edmund n'a pas choisi l'astronomie pour ne pas décevoir la sienne. Moi, j'ai pris que des trucs faciles pour ne pas me faire taper dessus par Abrahame, ajouta-t-elle avec un franc mépris.
Velcane n'avait pas vu les choses sous cet angle, encore un problème d'Ylisse qu'il fallait palier. Ils entrèrent en classe, tandis que Lucina et Royé se mirent à rigoler derrière eux. Mais leur bonheur fut de courte durée. En effet, la sinistre présence de Doloresse vint à planer au-dessus d'eux en une fraction de seconde.
– Savez-vous quelle heure est-il ? demanda très strictement l'horrible vielle femme.
– L'heure d'aller en classe ? rétorqua Royé avec une pointe de sarcasme dans le ton.
– Exactement ! Il est donc inutile que vous traîniez dans les couloirs, ajouta la sous-directrice avec férocité.
C'était leur premier et dernier avertissement. Il était inutile d'avertir le Professeur de ce retard, la perte de temps étant suffisamment grande comme ça. Une minute, pour une simple minute de trop, elle leur fit une remontrance des plus effroyables.
Lucina constata que la grande majorité de leur niveau d'étude était présent dans la classe d'Harlace. Les deux amis prirent place à côté de Shana. Le Professeur Harlace et son merveilleux sourire réconfortant arrivèrent de la pièce située derrière le bureau. Il se présenta et salua la salle avec un ton des plus doux. Il fit tout pour paraître sous son meilleur jour.
Le Professeur Harlace campait toujours la même position, droit comme un piquet, les mains jointes dans le dos. Mais cette fois, il s'ouvrit davantage et commença à jouer avec ses bras. Il fit apparaître au tableau l'illusion d'une carte d'Yrmoonia. Il appela à ses côtés Daræn, Royé, Iñigo, Aurline ainsi que Nidiane et Dielgo, deux étudiants de troisième cycle.
Chacun d'eux allait présenter un pays. Ce fut tout naturellement le Prince d'Isgarde qui commença. Sa terre natale composait le pôle nord d'Arvermoor, mais se limitait principalement à la côte, le reste n'étant que montagnes de neiges sans vie.
– Je ne vais pas vous mentir, mon pays est sur le déclin, les erreurs de ma famille l'ont conduit à la ruine, expliqua gravement le garçon. Aujourd'hui repaire de bandit sans foi ni loi, c'était à l'époque une grande puissance commerciale et militaire. Mon premier devoir, en tant que Roi, sera de rendre à Isgarde sa noblesse d'antan.
Iñigo avait presque l'air triste et énervé lors de sa présentation, des sentiments qui n'échappèrent pas à Lucina. D'un grand geste du bras, Harlace transforma la salle en une immense plaine blanche. Les murs devinrent un horizon lointain. Au fond, de petits chalets légèrement éclairés qui donnaient l'impression d'être des étoiles dans la douce nuit de ce pays reposant. Tout le monde resta bouche bée face à cet impressionnant spectacle. Était-ce une illusion ou les avaient-ils réellement transportés en Isgarde ?
Collé au sud-est, le premier pays d'Yrmoonia, le berceau de la Sorcellerie, Harmonia. Une terre isolée ne vivant pas sous les lois religieuses de la Régence. Les bâtiments, tous faits de pierre blanche, avait un air semblant futuriste.
Tout à l'est d'Yrmoonia se trouvaient les îles d'Arakon. Composées en grande partie de jungle habitées par un peuple autochtone ; elles ont pendant longtemps été considérées comme la poubelle du continent. Aurline en parlait avec beaucoup d'amertume. C'était difficile à croire dans cette terre unie, mais il semblait y avoir une forme de xénophobie envers cette population antique à l'architecture si spéciale.
À l'extrême sud-est du continent, le pays de Royé, le magnifique désert de Royco. Comme les trois autres, son contexte géopolitique était instable et sa population encore une fois unique. Autre berceau de la Sorcellerie, le sable de Royco cachait encore bon nombre de secrets sur la création d'Yrmoonia. Comme Iñigo et Aurline, Royé avait à cœur de faire changer les choses avec son père.
L'ouest d'Yrmoonia était occupé par la titanesque île principale qui se divisait en trois pays. Au nord, la Ranvatrinia, terres natales d'Harlace et lieu aux mille folklores. Vampires, loups-garous et Scoldorbloods trouvaient leurs origines sur cette terre à l'aspect inhospitalier avec ces centaines de ruines qui la parsemait.
Au centre, Yrisia, deuxième pays le plus riche grâce à une position stratégique et une politique très complète, bien qu'archaïques sur les questions de la Sorcellerie. Les terres d'Yrisia n'avaient que trois points d'intérêts, Ylisse, Alquamaria, sa capitale et le château royal de trente-cinq mètres de hauts. Le plus grand et imposant du continent.
Le dernier pays fut présenté par une Daræn de nouveau joviale. Telmar était la nation la plus riche de toutes. Elle possédait l'architecture et la politique les plus diversifiées et modernes. Il n'y avait presque rien de mal à dire dessus tant tout y semblait parfait.
Certains aimaient à considérer l'île de la Régence comme le huitième pays d'Yrmoonia. Mais il n'en était rien. Plaque tournante du continent, c'était davantage un leader qu'un État membre.
Avec tout ça, Harlace voulut soulever la différence qu'il pouvait exister entre les terres lointaines, souvent habitées par des peuples antiques et le centre du continent. L'ouest étant communément admis comme la partie riche et prestigieuse, là où les îles de l'est étaient des pays plus sauvages et barbares.
Grâce à son pouvoir d'illusion, ses paroles justes et sages, Harlace fit une très bonne impression à ses étudiants. Tout le monde s'accorda sur le fait que c'était un homme génial et un excellent Professeur. Même si Lucina se méfiait de lui, elle était d'accord avec ses camarades.
La carte d'Yrmoonia :
Hors de la salle, Lucina jeta un regard malicieux à Edmund qui se décomposa sur place, à la surprise de Velcane.
- Tu as accepté de venir, tu n'as pas le choix, proclama la jeune fille.
Abattu, le petit timide se rangea du côté de son amie. Lucina salua les autres et traîna Edmund vers le parc d'Ylisse. Ils se rendirent dans un bâtiment excentré. En les voyant arrivés, Iñigo adressa un rictus malicieux à sa rivale.
Un étrange fracas provenant de l'intérieur de l'écurie attira l'attention des divers étudiants présents devant. Un homme à l'allure de morse qui traînait derrière lui une immense bedaine se présenta aux jeunes. Son nez rougi par l'alcool, ses yeux éclatés par la fatigue et ses cheveux plein de pailles donnaient une apparence négligée à ce titubant « professeur ».
– Ho, vous voilà tous là les minus, exprima l'homme d'un ton haletant. Vous savez, quand marchent les Griffons, la liberté s'écrase. Ce n'est pas vous qui choisirez, mais eux qui vous choisiront.
Edmund lança un regard choqué à Lucina. Visiblement, cet homme n'avait pas toute sa tête, mais ses propos semblaient clairs.
– Si on m'avait dit que le Professeur Billius ressemblerait à ça, commenta Lucina d'un ton pantois.
Effectivement, celui qui était leur professeur de vol se présenta comme un alcoolique qui ne paraissait pas avoir toute sa tête. Billius se posa sur une caisse et demanda à son assistant, un homme morne habillé en cuir noir, de sortir les bêtes.
C'est alors qu'une dizaine de griffons sortit de l'écurie. Ils ressemblaient tous à Vilda, des sortes de léopard géant avec des ailes. Il y en avait de toutes les couleurs, allant du violet au vert en passant par le noir et le blanc.
Lucina les observa attentivement, elle avait le don de leur parler, mais ne tenait pas à ce que ça se sache. Comme l'avait dit Billius, ce sont les Griffons qui choisirent leurs cavaliers. Une bête grasse, mauve et craintive s'approcha d'Edmund.
– Vous avez l'air aussi pathétique l'un que l'autre, je doute que celui-là te rassure, se moqua amicalement Lucina.
- C'est eux qui choisissent. Et si ça peut m'empêcher de voler avec, je le prends.
Le Griffon le plus particulier s'approcha de Lucina. Il était magnifique avec sa robe noire et son ventre blanc.
– Toi, tu es spéciale, commenta la bête d'une douce voix suave.
– En effet, tout comme toi, répliqua Lucina en plongeant un regard déterminé dans celui de sa nouvelle monture.
– Tu peux donc me comprendre. Je suis Twilight, et je pense que nos destins sont liés, jeune Maïtraçe Lucina.
La jeune fille fut étonnée de voir que la Griffonne connaissait son nom, mais sentit la connexion qu'il y avait entre elles. De ce fait, elle fut la première à monter sur le dos de sa monture.
– En voilà une petite très douée, commenta Billius avec un sifflement impressionné.
Iñigo enragea de voir Lucina mieux réussir que lui. Cette dernière s'approcha d'Edmund et de son pathétique animal. Billius les rejoignit et fit les présentations. La bête violette, c'était Mazimo, le Griffon qui ne payait pas de mine, mais qui avait un potentiel caché. Les deux timides étaient faits pour être ensemble.
Cette première leçon consista à apprivoiser la domestication des Griffons, rien d'autre. Même si Billius avait un sacré coup dans le nez, il savait de quoi il parlait sauf que ce n'était pas toujours simple de le comprendre. Après le cours, Lucina demanda à sa nouvelle amie aillée d'aider Mazimo pour qu'il soit la meilleure compagnie pour Edmund. La petite en fut certaine dès qu'elle posa sa tête sur celle de Twilight, elles étaient faites l'une pour l'autre.
Dans l'après-midi, tous les premiers cycles eurent cours d'escrime avec Vivianelle. Quand elle était seule, elle pouvait plus aisément être de bon conseil et douce avec les nouveaux. Même si c'était une Nerlfe, une créature des bois, elle était très bienveillante envers les jeunes humains et à l'écoute de leurs capacités. Bien qu'en grande partie théorique, cette première vraie leçon fut très plaisante.
Le lendemain, Lucina et sa bande eurent cours avec Hopes. Comme elle s'y attendait, la lapine était complètement folle, mais dans le bon sens. Extrêmement joviale et positive, elle était extravagante, mais était si passionné par les bêtes fantastiques, que c'était un plaisir de l'écouter parler. Le premier cycle serait consacré à l'étude des créatures à l'intelligence quasi-humaine et il en existait des tonnes.
Le Professeur Voirane ne cacha pas être un Spectre, une âme décédée ayant choisi de rester sur Arvermoor et qui fut lavée de ses pêchers. Cette grande longévité lui permettait d'en connaître un rayon sur l'histoire moderne d'Yrmoonia, mais d'être également passionné par le passé. L'homme avait de longes cheveux noirs ainsi qu'une barbe presque aussi volumineuse. Cela donnait un air effrayant à ses petits yeux sombres, mais c'était un professeur juste, calme et sévère quand il le fallait.
L'après-midi était redoutée par beaucoup. En effet, c'était le cours commun de Gwanmyre et Ellius, les deux pires Professeurs d'Ylisse. Lucina le savait, cela allait être un moment douloureux, à l'image de leur test d'aptitude. Mais il fallait bien passer par là pour devenir une grande Sorcière.
Si Magie et combat étaient enseignés ensemble, c'était parce que les deux matières étaient indissociables. Les jeunes devaient apprendre à se battre et les techniques martiales étaient les mêmes avec et sans la Sorcellerie. Le cours se diviserait en deux parties. La première serait théorique, tandis que la seconde, centrée sur l'action.
Comme les jeunes s'y attendaient, l'enseignement d'Ellius et Gwanmyre, n'avait rien de bienveillant. Visiblement, ils n'avaient pas digéré la nullité de leurs élèves lors des tests d'aptitude. Néanmoins, leurs leçons portaient quelques fruits malgré tout.
Pour la partie pratique, Ellius eut une idée brillante, mais inquiétante. Cela ne lui avait pas échappé qu'Iñigo Forgo avait un certain talent couplé à une arrogance propre. Il le désigna pour être l'adversaire à abattre, mais personne n'osa se dresser contre le terrifiant Prince.
Lucina jeta un regard complice à son frère qui le lui rendit sans même le comprendre. Pleine de confiance, elle se redressa sur ses jambes, suivit d'un Velcane tout autant galvanisé.
– S'il peut manipuler les esprits comme tu le penses, on va devoir faire gaffe, confia le jeune garçon.
– T'inquiètes, il veut nous affronter à la loyale, ça se voit dans ses yeux, rétorqua Lucina en observant le regard de son adversaire.
Iñigo se savait désavantagé face à deux ennemis. Lucina vit tout de suite sur son visage qu'il ne les sous-estimait pas, malgré son animosité envers eux. Les trois étudiants prirent quelques instants pour se juger et établir une stratégie.
C'est Velcane qui ouvrit officiellement l'affrontement en fendant droit sur Iñigo sans que personne ne le remarque. Ce dernier para avec plus ou moins de facilité les coups très irréguliers de son rival.
– Tu es doué, souffla le nordique avec mépris, mais tu es gauche.
En un instant, Velcane perdit l'équilibre, permettant au Prince de le mettre à terre avec un chassé dans l'estomac. Ce n'est pas toi qui m'intéresses, ajouta-t-il en jetant ses yeux électrisés sur Lucina, resté en retrait pour mieux observer.
Aussi, rapidement que son frère, la jeune fille se transforma en une sorte d'aura rougeâtre qui fendit vers Iñigo. Lucina en sortit, le nez en sang, et bondit pour porter un coup plongé à son adversaire qui esquiva de justesse avant d'être repoussé. Les spectateurs étouffèrent un cri de stupeur, tandis que les Professeurs observaient en silence.
Lucina tenta un habile coup de pied, qui n'effleura même pas le garçon, ce qui le mit en joie. Lui tournant le dos, elle profita qu'il ne vit rien pour lui jeter un sort, ce qui fit voler Iñigo au loin.
De nouveau transformer en aura rouge, la jeune Maïtraçe tenta un coup de grâce avec sa jambe, mais Iñigo se téléporta dans un aveuglant flash blanc. Lucina s'écrasa au sol, mais put vite se relever.
Iñigo rageait de voir sa rivale ainsi se moquer de lui. Il fendit sur la jeune fille et un combat plus singulier put enfin démarrer. De talent équivalent, les deux ne firent que se protéger et contre-attaquer. Heureusement, Velcane revint dans la bataille, déstabilisant de nouveau l'arrogant Prince.
La grande salle d'entraînement n'offrait pas énormément de hauteur, mais il était possible d'en prendre en sautant sur les murs, ce que fit Iñigo. Velcane ne se priva donc pas pour le suivre. Même en l'air, ils parvenaient à se donner des coups de poings et de pieds. Leur chorégraphie aérienne était surréaliste, mais impressionnante à voir. Trop proches l'un de l'autre, Lucina ne put viser Iñigo sans espérer toucher son frère également.
Le Prince d'Isgarde commençait à enrager. Avec son pied, il prit appui sur Velcane, d'une part pour reprendre de la hauteur, mais de l'autre, pour le dégager de lui. Svectus ! Hurla Iñigo en se retournant d'un coup sec. Un rayon blanc fendit droit sur Lucina, prête à charger un sort pour aider son frère.
Ledit sort se brisa et la Sorcière tomba au sol en hurlant de douleur. Rapidement, du sang se mit à couler de son bras droit. Ellius mit un certain moment avant de réagir.
– Elle est blessée ! Faites quelque chose, intima fermement Daræn.
– Fichtre, voilà qui est fâcheux, rétorqua sèchement Ellius.
– Vous êtes d'horribles Professeurs, commenta mauvaisement Nalina en fusillant les deux adultes, restés inactifs.
C'est Royé qui se jeta en premier sur son amie pour lui porter assistance. Elle avait une énorme entaille sur toute la longueur du bras, ce qui n'était pas beau à voir.
– J'y suis peut-être allé un peu fort, toutes mes excuses, petite lune, lança Iñigo avec une compassion faussée.
– T'inquiètes, tu ne perds rien pour attendre, menaça Lucina d'un ton compétitif avant de souffler la mèche qui lui cachait le visage.
Velcane se précipita rageusement sur Iñigo pour faire s'abattre son poing sur sa figure avant qu'Ellius ne le projette au sol avec un vissage encore plus enragé. Auria vint soutenir son ami et mépriser ses enseignants avec les autres.
– Tss, une belle génération de fragile, cracha le vieux.
– Elle connaissait les risques, ajouta farouchement Gwanmyre. Royé, amenez-la chez Frenglin, les autres, dehors !
Tout le monde obtempéra en silence, même si la colère était présente. Edmund regarda Lucina s'éloigner en s'appuyant sur l'épaule de son nouvel ami. Emiliana le rejoignit avec son air contrarié.
Frenglin était le Savant d'Ylisse. Il portait la traditionnelle robe verte des soignants et ne semblait pas porter ses deux collègues dans son cœur, vu l'air désagréable qu'il prit en apprenant l'origine de la blessure de Lucina.
– Abrahame devrait avoir honte de cautionner de tel débordement dans ses classes ! dénigra le médecin en passant ses mains au-dessus de l'entaille de la jeune fille.
– C'est Iñigo Forgo qui m'a fait ça, mais j'ai l'habitude de me blesser avec mon Dji, avoua Lucina en jetant un triste regard à son nouvel ami.
Royé paraissait plus soucieux qu'elle sur cette blessure. Heureusement, ce n'était pas grave. En quelques secondes de magie, elle n'avait plus qu'une cicatrice. Lucina demanda d'ailleurs à la conserver, ce qui étonna les garçons. Selon elle, la garder allait l'aider à se rapprocher de son rêve. Même s'il trouvait cela étrange, Frenglin ne s'y opposa pas.
– Tu comprends pourquoi je voulais faire changer les choses à Ylisse maintenant ? confia une voix tendre, mais froide.
Dame Lucretzia se tenant stoïquement dans le cadre de la porte. Son regard jugeait Lucina, mais était malgré tout plein de tristesse. La pette regarda son bras marqué à vie et serra son poing. Plus que jamais, elle était déterminée à devenir plus forte et à se venger d'Iñigo. Même si Ylisse était un endroit violent, elle se sentait prête à se battre pour y survivre et améliorer son Dji. C'était ça l'électrochoc dont elle avait besoin pour travailler à l'école.
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