18) Rite de passage
C'est un violent torrent de flammes destructrices qui réveilla Lucina en sursaut. Sans doute les prémices de ce que lui réservait son entrevu privé avec Abrahame. C'est avec leur cœur lourd qu'elle alla prendre son petit-déjeuner. Naturellement, Emiliana n'était pas là pour lui en dire plus sur le caractère du Directeur.
– C'est quel genre d'homme, Abrahame ? demanda fébrilement Lucina à Edmund.
– Je ne l'ai pas vraiment rencontré, il a l'air gentil, mais il est très strict avec Emiliana, répondit-il tout aussi faiblement. Mais je te rassure, il ne va pas te renvoyer comme ça, c'est lui qui voulait que tu sois à Ylisse, il était déçu quand tu es restée avec Lucretzia.
L'heure sonna rapidement, c'est avec l'estomac noué que Lucina hésita à frapper à la porte du bureau du premier étage.
Celle-ci s'ouvrit toute seule et la jeune fille put découvrir la somptueuse pièce aux teintes brunes qui se dévoila. Des instruments scientifiques, magiques et des livres à ne plus savoir que lire ; le tout, parfaitement bien ordonné et propre.
Dans l'immense trône, situé derrière le bureau, ne se trouvait pas le grand Maïtraçe Abrahame, mais... Velcane.
Lucina trouvait cette situation de plus en plus surprenante. Pourquoi son frère était-il là ? Sortit de nulle part, le directeur apparut derrière elle, un attendrissant sourire aux lèvres. Voilà qui les rassurèrent, bien qu'ils restassent sur leurs gardes.
Abrahame observait les jeunes avec complaisance, la petite était admirative et pleine de crainte, tandis que son frère demeurait froid et étonnement très méfiant. Lucina ne comprit pas de suite son attitude.
Abrahame reprit sa place à Velcane avant de remettre quelques artefacts en ordre sur son bureau. Son sourire était malicieux, tandis que ses yeux fermés ne disaient rien.
– Vous allez nous dire ce que nous faisons à Ylisse ? Alors que vous savez très bien que notre place n'est pas ici, cracha fermement Velcane.
Abrahame sembla tout aussi choqué que Lucina, bien qu'il ricanât. Depuis combien de temps gardait-il cette question ? Lui qui ne voyait son avenir qu'à travers l'académie.
– Votre puissance existe, vous le découvrirez tout à l'heure. Sauf i, comme vous le pensez, votre place est ailleurs. Il est difficile de trouver tous les ans vingt élites capables de changer le monde, beaucoup ne sont ici que pour faire joli, expliqua le maître d'un ton bien trop détaché pour de si lourdes paroles.
– Lucretzia avait raison, vous vous foutez d'Ylisse, intervint Lucina.
Abrahame se leva de nouveau, tout en continuant de sourire avec bienveillance et douceur.
– Ce que pense ma Pupille importe peu, vous êtes destinés à étudier ici et vous en avez le potentiel, au même titre que vos dix-huit camarades de classe.
D'un pas lent, mais déterminé, Abrahame s'approcha de Velcane. Sans doute par télépathie ou par lecture de son visage, il devina ce qu'il avait en tête. Sa haine de la Sorcellerie, ses inquiétudes pour sa sœur et son meilleur ami. Mais aussi, la dangerosité de ses étranges camarades. L'épisode du Festival conforta le jeune garçon dans ses idéaux. Il en était de même pour sa visite au château d'Yrisia.
Lucina ne comprit rien, d'eux deux, c'était elle qui avait le plus de raison de se méfier d'Ylisse. Elle qui pensait que tout ceci n'était qu'un simple piège de son passé. Mais Abrahame se tourna de nouveau vers eux, le visage froidement réconfortant.
– Je ne suis ni votre père, ni votre tuteur. Je n'ai aucun lien avec vos familles et ignore tout de votre passé. Tout ce que je sais, c'est à quel point le Dji qui sommeil en vous est puissant et utile pour l'avenir radieux que nous convoitons tous, déclara le Maître avec une éloquence digne du grand Sorcier qu'il était.
Abrahame connaissait les parcours scolaires des jeunes qu'il avait face à lui. Ne pouvant les tolérer, il demanda à Velcane de se montrer plus ouvert d'esprit et libre. Quant à Lucina, il lui intima d'apprendre à respecter l'ordre. La discipline était importante pour son avenir.
À Ylisse, l'insolence et la flemmardise de Lucina ne seraient pas récompensées. Ici, elle allait devoir endosser le rôle d'élite. Cette pique transperça la jeune fille en plein cœur.
Face à la méfiance de ses élèves, Abrahame changea de discours. Le monde était en guerre, celle-là même qui priva les jeunes de leurs familles. Par conséquent, ces temps difficiles appelaient à de drôles de mesure. Le tout, pour le bien commun. Sauf qu'il existait autant de vision de ce futur que d'individus en Yrmoonia.
Le bien et le mal n'étaient pas des concepts qui existaient ici, au fond, tout le monde était égoïste et cupide, chacun luttant pour son propre avenir radieux. Abrahame n'avait qu'une chose à leur garantir, la formation nécessaire pour survivre à tous ces dangers. Il ne semblait vouloir que leur bien. Abrahame se présenta à eux comme un guide, plus que comme un dirigeant. Un homme prêt à leur tendre la main à la première nécessité.
La colère bouillonnait en Velcane, Lucina dût l'aider à la contenir. Visiblement, les belles paroles d'Abrahame ne l'avaient en rien fait changer d'opinion sur Ylisse et son Directeur.
Velcane se retrouva rapidement avec la tête embrumée, il ne savait plus que dire où penser. Abrahame l'avait sensiblement noyé sous ses belles paroles, ce qui était une preuve de son manque de franchise. Lucina comprit facilement la situation et tenta de la sauver.
– Pourquoi vous voulez que ce soit spécialement nous qui rentrions dans la guerre ? demanda-t-elle.
– Je sens votre puissance et je pressens votre importance, votre désir d'améliorer le monde peut nous être utile. Ylisse forme des soldats et c'est ce que vous souhaitez devenir, expliqua simplement le Directeur d'un ton presque convaincant.
- Comme Lucretzia, vous voulez contrôler Ylisse à votre image et nous manipuler. Mais votre rivalité débile, ce n'est pas notre dos.
– Logique. Vous êtes très perspicace, jeune Maïtraçe Lucina. Que Lucretzia aime ou non mes méthodes, ce sont elles qui contrôlent Ylisse et donnent le LA dans la lutte contre Grimar. Libre à vous de choisir votre camp en connaissance de cause.
Les paroles, quasi prophétiques d'Abrahame résonnèrent comme un mystère pour Lucina. Cette histoire la touchait bien trop personnellement à son goût. Le destin d'Ylisse importait peu à Abrahame, contrairement à celui de ses élèves. Sauf que Velcane ne vit là que de l'hypocrisie.
Hors du bureau, Lucina parut désemparée une seconde, avant de réfléchir à ce qu'il venait de se passer.
– C'est moi qui n'ai pas confiance en Ylisse. Pourquoi tu as cette attitude d'un coup ? questionna-t-elle fermement.
– Disons, que l'on m'a ouvert les yeux. Les paroles de Lucretzia et...
– Velcane, qu'est-ce que tu as fait au château ?
Comme lui, Lucina commençait à douter de cette histoire, mais elle doutait également des dires de son frère. La confiance qu'elle arrivait à conserver s'amenuisait au fil des mensonges.
Le jeune garçon esquiva la douloureuse question en s'indignant. Lucina comprit alors à quel point son attitude était agaçante.
– Mes parents m'ont abandonné, comme les tiens, je ne veux pas les revoir ! invectiva-t-il avec colère. J'ai simplement, parler avec le Roi...
Velcane, qui avait toujours cru son destin tout tracé, était démunie. Heureusement pour lui, Royé, venu aux nouvelles, les interrompit, lui permettant d'esquiver les douloureuses questions.
– Royé, je te présente ma sœur, Lucina, claironna Velcane en poussant son camarade vers la jeune fille. Elle a plein d'histoires fascinantes sur la Terre, plus que moi en tout cas.
Le garçonnet venait de jeter un gros malaise entre ses deux camarades. Avec une grande gêne, le Prince de Royco salua Lucina en lui baisant délicatement la main. Ses joues devinrent aussi rouges que la chevelure de Royé. Mais voir ce garçon mal à l'aise qu'elle lui fit dire qu'il était déjà plus sympa que les autres élèves.
Velcane adressa un clin d'œil complice à sa sœur, qui gloussa devant l'embarras de la situation. Après Iñigo, cet autre Prince ne pouvait pas être si terrible, peut-être même, pourraient-ils être amis.
Ce matin avait lieu les tests d'aptitude qui allaient déterminer le destin des vingt premiers cycles. Ellius, Vivianelle et Gwanmyre se tenaient prêt à combattre, tandis que Doloresse, Lucretzia et Abrahame les observaient en silence.
La Sous-directrice intima sèchement le silence et expliqua le dérouler de l'épreuve. Chaque Professeur allait avoir un bandeau à protéger. Un par un, les étudiants devront s'en emparer en utilisant seulement la discipline de l'enseignant en question. Les paroles de Doloresse étaient si effrayantes qu'elles glacèrent le sang de tout le monde.
Personne n'osa bouger avant que Daræn ne se lève. Royé et Emiliana la suivirent de près. Ellius, Gwanmyre et Vivianelle venaient de trouver leurs premières victimes. Dix secondes, c'est le temps qu'il fallut au Sorcier pour balayer la jeune Edamonde d'un rayon bleu-ciel. Le vieillard toisa salement son élève avant de l'envoyer chez ses collègues.
Emiliana donnait l'impression d'avoir toujours eu une épée entre les mains. Ses mouvements fendaient l'air avec précision et sa technique, bien que brutale, était intéressante. Malheureusement, sa jambe glissa sur de la terre humide, offrant à l'enseignante une porte vers la victoire. Après le combat, elle encouragea la petite, au contraire d'Abrahame qui dégagea sa première expression fâchée.
Gwanmyre était une grande femme avec des bras aussi larges que ses cuisses. Son visage ne trompait pas, faire s'abattre ses gros poings sur de Royé était un réel plaisir. Heureusement, le garçon n'avait pas seulement une impressionnante musculature, il avait la force équivalente. Entre ses mains, le corps de sa Professeure paraissait être fait de brindilles. Il fut aisé pour lui de s'emparer du bandeau, ce qui énerva la dure combattante, qui lui accorda malgré tout sa victoire.
Les autres combats furent très rapidement expédiés. Emiliana n'avait aucun pouvoir magique et faillit périr sous la force de Gwanmyre. Bien que Daræn ait l'agilité d'une danseuse étoile, elle ne maîtrisait ni le combat, ni l'escrime.
Les étudiants suivants furent tout simplement massacrés. Les trois Professeurs ne prenaient pas de gants avec eux. Seule Vivianelle essayait de se montrer juste et bienveillante après ses victoires. Même un vantard comme Iñigo Forgo ne fit pas long feu face à la puissance destructrice d'Ellius.
Certain comme Edmund ou Robin n'avaient littéralement pas de capacités. Un simple coup les mit à terre, tels des insectes fragiles, Ellius se délectait d'écraser ces jeunes inexpérimentés, bien que leur modicité le désolait.
Quand vint le tour de Lucina, elle commença par affronter Ellius. Elle savait que son Dji lui ferait défaut, elle tenta quand même de se protéger et de contre-attaquer. Elle jeta un sort, ce qui fit mieux que les autres, mais comme eux, perdit instantanément.
– Je vois que ton nez saigne déjà, je vais donc éviter le visage, commenta Gwanmyre ton massacrant.
Lucina la prit au mot, ce qui lui fit défaut, puisqu'elle esquiva l'uppercut dans son ventre, mais pas la gauche dans sa mâchoire qu'elle sentit bien passé. Même avec une bonne base d'escrime, la jeune Maïtraçe perdit face à Vivianelle, trop forte pour elle. Velcane ne fit pas un meilleur parcours que sa sœur, ce qui l'enragea.
Tout le monde était finalement passé. Vingt étudiants à moitié blessés jonchaient le parc d'Ylisse. Lucretzia s'attrista de ce spectacle, mais Abrahame lui jeta un regard qui la calma tout de suite.
– Personne ici ne sait se montrer digne d'Ylisse ? Voilà qui est navrant, cracha Ellius d'un ton désagréable.
Il parlait avec une vielle voix rocailleuse, détruite par l'alcool et le tabac, comme si un chat était resté coincé dix ans dans sa gorge. Daræn se releva avec une ferme détermination, tandis que son frère fit un pas en arrière. Iñigo lui emboîta le pas avec Royé, de même qu'Emiliana, toisée par Abrahame. Ellius se sentit enfin en confiance.
Gwanmyre et Vivianelle vinrent rejoindre leur collègue. Ce serait donc un quatre contre trois, sans aucune règle.
– Ça va mal finir, commenta Nalina Kosolov.
– Laissons-leur une chance, ils sont doués, ajouta Shana, qui surplombait tout le monde de sa grandeur, même si ça va finir en massacre, c'est l'attitude qui est attendue à Ylisse.
Se tenant assez loin de Professeurs pour murmurer, Iñigo sembla établir une stratégie. Était-il seulement capable de travailler en équipe ? Royé avait déjà remporté la victoire sur Gwanmyre, tandis qu'Emiliana tenait à sa revanche, tout comme Daræn. Avant de disparaître dans les arbres, le Prince d'Isgarde récupéra une épée qu'il confia à Royé.
Galvanisés, les trois camarades se jetèrent sur leurs Professeurs. À la dernière seconde, Royé jeta son épée à Daræn pour surprendre Vivianelle. De son côté, Emiliana passa entre les jambes de Gwanmyre pour la frapper par-derrière. Parfaitement unis, les étudiants paraissaient répondre à un seul cerveau, un spectacle pas dénué d'intérêt pour les observateurs subjugués.
Le Prince du désert s'envola et frappa l'air si fort qu'une bourrasque fendit de plein fouet sur Ellius. Sa technique impressionna tout le monde. Leur stratégie, bien que bancale, fonctionnait. Les trois étudiants faisaient en sorte que leurs adversaires restent proches pour les entraver dans leurs mouvements, surtout Ellius. Celui-ci ne pouvait que parer les coups de Royé, une attaque trop grande mettrait en danger ses collègues.
En difficulté, Daræn jeta un coup d'œil au combat de Royé et décida de jeter un sort à Ellius. Sans lui adresser le moindre regard, le mage para son attaque et la lui renvoya. Sauf qu'il toucha la Nerlfe, permettant à la jeune Sorcière de cabrioler autour d'elle pour s'emparer victorieusement de son foulard.
– Emiliana va venir m'affronter et Daræn va remplacer Royé, confia Vivianelle à Gwanmyre.
– Pas si je massacre cette insolente, répliqua la concernée en faisant s'abattre ses gros poings sur le corps très mobile de la petite violette.
Bien que ce soit le déroulé le plus logique, il n'en fut rien. Sans prévenir, Royé se mit à tournoyer sur lui-même, créant une gigantesque tornade. Cette attaque fut une aubaine pour Ellius, qui put ainsi retourner ce sort contre les jeunes. Le Sorcier s'éleva dans les airs et fit fendre un puissant rayon magique vers un arbre, délogeant Iñigo Forgo de sa misérable cachette.
Perdus, les trois étudiants mirent une seconde à recouvrer leurs esprits. Emiliana s'empara de l'épée de Daræn et retenta sa chance face à Vivianelle. Tandis que la jeune Edamonde fonça sur Ellius, les mains chargées d'éclairs roses. Ses attaques manquèrent de blesser le pauvre Royé, qui esquiva de justesse. Que se passait-il ? Soudainement désordonné, chacun joua son propre combat perso.
Ellius profita de la distraction de Royé pour le piéger dans un trou magique. Daræn se montra presque aussi violente que son Professeur. Ses sorts et maléfices fusèrent dans tous les sens et agressaient Ellius qui perdit vite patience. Pour s'en défaire, il usa du même sort qu'avec son camarade.
Daræn se retrouva dans un trou qui la téléporta au-dessus de son ennemi, mais elle parvint à contre-attaquer. Le vieux Sorcier se mit alors à plier la plaine comme si ce fut une vulgaire crêpe. La petite Sorcière tomba de nouveau dans un trou qui la fit se cogner contre un arbre avant d'être prisonnière de chaînes magiques.
Sans prévenir, il jeta un sort qui assomma Emiliana, sur le point de gagner son combat à l'épée.
– Ce n'était pas à toi de la vaincre, Ellius ! gronda Vivianelle.
– Cette mascarade a assez durée, certifia-t-il en toisant le corps inanimé d'Iñigo.
Déçu, Royé retrouva Lucina, lui expliquant n'avoir aucun souvenir du combat. C'était comme si son corps et son esprit avait été dissocié et que ce n'était plus lui qui le contrôlait. La jeune fille trouva cela étrange. Iñigo avait-il ce genre de pouvoir ? Elle lança un regard complice à son frère, qui ne sembla pas saisir.
Plus personne n'osa tenter d'affronter les Professeurs, bien trop puissants pour leur faible niveau. Voir Iñigo et Daræn, deux étudiants très réputés, s'être fait massacrer de la sorte, ça dégoûta tout le monde.
– Voilà une attitude indigne d'Ylisse, cracha sèchement Ellius. La défaite n'existe pas ici, seul l'apprentissage compte !
– Ce n'est pas avec cette attitude de lâche que vous affronterez les démons qui se cachent hors des murs de l'académie, surenchéri Gwanmyre du même ton assassin.
Abrahame s'approcha de ses élèves en les applaudissant presque avec sarcasme. Il les félicita tous et leur donna une dernière chance de briller. Ils avaient tous un cycle pour mériter le rang d'élites. Cet ordre sonna comme un déclencheur pour les jeunes. Plus motivés que jamais, ils jurèrent d'une même voix qu'ils y parviendraient.
Lucretzia se servit de son sceptre pour générer des morceaux de glace et les donner aux blessés, dont Lucina, qui le prit avec dédain en voyant son regard attristé.
– Ça ne change rien, Velcane et moi, on se fout de rivalité avec Abrahame, assura froidement la petite. J'ai l'habitude des entraînements durs, avec Icharion.
Lucretzia la laissa tranquille, sans doute, savait-elle que ce combat était perdu d'avance. Elle fut rejointe par le Professeur Harlace qui constata avec autant d'effroi l'état lamentable des jeunes.
Voir ses camarades dans cet état conforta Lucina dans l'idée qu'Ylisse était un endroit horrible. Mais voir la détermination maladive de certains, lui donna envie de se dépasser. Elle s'en sentait capable. C'était là son rêve, se surpasser et être la meilleure.
Ellius, Professeur de Magie à Ylisse :
Gwanmyre, Professeure de combat à Ylisse :
Vivianelle, Professeure d'escrime à Ylisse :
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