BITTERSUITE
petite suite, qui s'appelle Bittersuite, inspiré par la chanson "Bittersuite" de Billie Eilish. Bonne lecture :))
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Sidjil ne pouvait pas tomber amoureux de Maxime. Pas comme ça, pas aussi fort, et pas dans cette vie. Il lui était pourtant impossible d'imaginer sa vie sans lui. Mais Sidjil jouait avec les profondeurs de son âme. Il avait craqué, l'autre soir, et avait emporté Maxime dans une nuit d'embrassades généreuses. Alors non, Sidjil ne pouvait pas tomber amoureux de Maxime. Pas dans ces conditions.
Il aimait les femmes, jusqu'à preuve du contraire. Il le savait, il en était sûr, il en était convaincu. Et pourtant lorsqu'il posait ses yeux sur Maxime, tout son corps se figeait. Il était comme au fond de l'eau, serein. Il en devenait même intimidé, alors que ce n'était pas son genre. Il aimait les femmes. Peut-être. Il avait aimé des femmes. Alors il ne pouvait pas être amoureux d'un homme. Si ?
Ses rêves la nuit lui démontraient son attirance pour les hommes. Du moins, pour Maxime. C'était toujours Maxime. L'objet de ses désirs, de ses songes, de son cœur. C'était lui. Et personne d'autre. Et le temps d'une nuit particulière, ses rêves devenaient réalité, et cette réalité l'avait frappé d'une violence telle qu'il n'en assumait plus grand-chose le lendemain.
Cette nuit, cette douce nuit...
Il était là, éclairé par un lampadaire, assis à côté des buissons de fleurs bleues et blanches. La lumière forte venait s'écraser sur ses cheveux, détourant sa silhouette d'une fine ligne blanchâtre. Il l'attendait, il l'avait appelé, et Sidjil était venu, sans trop savoir pourquoi. Il n'arrivait plus à se dire « non » lorsqu'il s'agissait de Maxime.
Sidjil était à genoux, prêt à offrir le monde à Maxime.
Comme une expérience de mort imminente, Sidjil sortait de lui-même et observait la scène d'un troisième œil. Hors de son corps, il voyait les mouvements tendres de son amant d'une nuit le caresser hâtivement, et il se voyait lui-même y répondre plus fermement.
Il pouvait voir à travers le regard de Maxime à quel point il le voulait. Il le voulait lui, seulement lui et personne d'autre. Ils avaient tout à gagner et pourtant tant à perdre. Maxime voulait Sidjil, Sidjil voulait Maxime, c'était si simple. Mais Maxime avait besoin d'une présence sincère et fidèle, et Sidjil était encore trop effrayé pour cela.
Sidjil voulait être cette personne pour Maxime. Il le voulait si fort. Et c'était si paradoxal que les batailles dans son crâne n'avaient plus aucun sens. Tout ce qui était clair dans ses pensées, c'était Maxime et son sourire.
Mais il devait faire attention à ses limites. Celles de Maxime, et les siennes, si différentes mais si similaires. Sidjil avait dépassé leurs limites à chacun cette nuit là, il était allé trop vite, malhonnête et peu sûr de lui.
Qu'allait-t-il lui dire, après ce soir là?
Si seulement Sidjil pouvait effacer de sa mémoire sa nuit avec Maxime, il le ferait. Sans ce souvenir, il n'aurait pas à affronter le regard lourd de sens de Maxime lorsqu'il entrait dans leur bar habituel pour le rejoindre.
Sidjil ne pouvait pas tomber amoureux de Maxime.
-Sid, tu m'écoutes ?
Sidjil ne l'écoutait pas. Revoir Maxime si proche de lui le rendait nerveux, et il avait tant de mal à se concentrer sur autre chose que la façon dont ses lèvres bougeaient.
-Hein ? Pardon, j'étais ailleurs.
-T'es souvent ailleurs en ce moment. Du moins, quand je te parle, lui annonça Maxime avec un air de reproche.
-Je-
-Me dis pas que c'est rien, Sid. Sois honnête pour une fois.
Peut-être qu'il avait raison. Et peut-être que c'était la meilleure personne à qui parler. Alors, Sidjil se lança. Après tout, qu'avait-il à perdre ? Il avait déjà blessé Maxime et le regrettait terriblement. Maxime. Maxime ne l'abandonnerait jamais. Il ne l'avait déjà pas fait après cette fameuse nuit.
-Je dors peu la nuit.
-J'avais remarqué, répondit-il insolemment.
-J'ai des rêves... envahissants, finit-il par avouer.
Serait-ce trop lui dire ? Devait-il mentionner seulement son problème avec sa potentielle homosexualité ? « Sois honnête », lui avait dit Maxime. Alors, Sidjil choisit l'honnêteté.
-Quand je te regarde, je repense à ces rêves et je m'y perd.
Un silence lourd pesait entre eux. Sidjil devait aller au bout des choses, faire comprendre à Maxime qu'il le voulait lui et personne d'autre.
-Quand tu me regardes, j'ai plus besoin de respirer, souffla-t-il.
Les joues de Maxime semblèrent s'embraser sous ses yeux en quelques secondes. Sidjil ne réalisait pas forcément l'impact de ses mots sur le plus petit, mais ne pu s'empêcher d'esquisser un petit sourire pour accompagner ses dires.
Mais Maxime se rattrapa rapidement et remplaça son presque sourire par une mine aux sourcils froncés.
-Tu peux pas me dire des trucs comme ça, Sid, cracha Maxime.
Sidjil se mordit la lèvre. Il était peut-être allé trop loin dans sa confession. C'était peut-être trop tôt pour Maxime qui certes ne l'avait pas abandonné mais était tout de même toujours blessé.
-Pas en m'appelant ton meilleur ami juste après.
Sidjil avait l'impression de se noyer. L'air n'était plus respirable.
-Maxime... Je m'en veux tu sais, murmura-t-il enfin.
Encore un silence, plus lourd que le précédent.
-Je suis honnête. Je t'apprécie beaucoup, Max...
-Non, tais-toi, recommence pas... le coupa Maxime.
Ils avaient fini leurs verres. Le temps s'était écoulé, et Sidjil n'avait plus d'excuses. Il avait pourtant tout essayé. Il se noyait maintenant dans ses anciens doutes, doutant à nouveau de sa récente décision de suivre son cœur.
-Je t'attends à la voiture ?
-...Nan j'arrive.
Maxime était à peu près la seule chose qui lui faisait garder les pieds sur terre. Sa seule présence dans sa voiture lui permettait de garder fermement ses mains sur le volant, même si ses yeux avaient du mal à ne pas quitter la route pour l'observer.
-Je te ramène ou tu viens chez moi ?
-Euh... Je sais pas si c'est une bonne idée.
-Max...
Mais il avait l'air méfiant. Et après ce que Sidjil lui avait fait, c'était normal. Sidjil voulait tellement revenir en arrière, faire les choses bien, s'ouvrir à Maxime autrement qu'en l'embrassant, peu importe le romantisme derrière ce geste.
-Je viens mais je dors sur le canapé, décida-t-il.
Lors de leur arrêt à un feu rouge, Sidjil tourna enfin sa tête vers Maxime. Il le contemplait sans honte, appréciait les traits droits et la douceur de sa silhouette. Les angles de sa mâchoire, l'ombre sous ses yeux, ses mains anguleuses et le début de son torse qu'on pouvait voir proche du col de son t-shirt.
Et ce fut là qu'il réalisa que toutes les choses qui se bousculaient dans sa tête étaient futiles : il n'avait jamais eu besoin de douter. Il était sûr, pour de bon cette fois, qu'il voulait être cet être cher pour Maxime. Il voulait l'aider, l'accompagner, lui tenir la main, l'embrasser fièrement et sans honte. Certes, ça allait être dur et nouveau pour Sidjil, mais il ne pouvait pas se permettre de laisser Maxime hors de sa vue.
Une fois chez Sidjil, Maxime avait l'air paralysé. Il semblait de ne pas savoir où se mettre, et la vision qui le frappait était presque attendrissante. Sidjil enleva sa veste et Maxime fit de même. Puis, nonchalamment, il l'invita à aller dans le salon. Le plus petit s'avança dans la pièce, détaillant du regard tout ce qu'il y avait autour de lui mais toujours en évitant au mieux les yeux de Sidjil. Timidement, ce dernier se rapprocha de Maxime, les mains dans le dos, le cherchant du regard. Maxime, lui, regardait maintenant ses mains, la tête baissée.
Il prit simplement son visage entre ses mains, lui faisant relever la tête. Le regard de Maxime en disait long, il avait besoin de preuves, d'honnêteté de la part de Sidjil. Il regarda un instant ses lèvres, et humidifia les siennes. Vérifiant dans les yeux de Maxime qu'il le voulait aussi, il s'approcha lentement de sa cible, tant présente dans ses rêves. Leurs lèvres s'effleurèrent un instant et le souffle de Maxime se coupa.
Sidjil s'approcha encore afin de rompre l'espace qu'il restait entre leurs lèvres. C'était doux, lent, et passionné, et Sidjil n'aurait pas pu rêver mieux. Les lèvres gercées de Maxime caressaient les siennes avec tant de tendresse que son cœur aurait pu fondre. Si Sidjil devait mourir comme cela, ça lui allait. Embrasser Maxime allait devenir son activité favorite s'il continuait.
-J'avais des doutes, Max, et je suis désolé. Je pensais vraiment ce que je disais tout à l'heure, chuchota Sidjil en posant son front contre celui de Maxime.
-Mmh...
-Vraiment, si je peux respirer le même air que toi toute ma vie, alors je le ferais. Je veux plus me poser de questions. Je veux juste t'aimer.
L'effet de ses mots sur Maxime était instantané. Il voulu cacher son sourire dans ses mains et Sidjil laissa échapper un petit rire. Il replongea ses yeux dans ceux de Sidjil, et le temps de quelques secondes il cru qu'il allait encore l'embrasser. Mais son sourire disparu peu à peu, laissant place à un regard lourd.
-J'ai peur, Sid, lâcha-t-il tout bas.
-Je sais. Je m'en veux. Je veux pas être juste ton meilleur ami.
Maxime ferma les yeux, sûrement car il se rappelait de ce moment douloureux. De ce post-it.
Alors, simplement, Sidjil déposa un baiser sur son front avant de prendre Maxime dans ses bras. Leur étreinte dura plusieurs minutes, silencieuse mais témoin d'une certaine discussion. Puis Maxime se recula, et, se mettant sur la pointe de ses pieds, posa à nouveau ses lèvres sur celles de Sidjil. Ils se redécouvraient, sans l'angoisse que tout s'arrête demain.
-Si tu savais combien de fois j'ai rêvé de ça... chuchota Sidjil entre deux baisers.
-Tais-toi et embrasse moi encore.
-Tu dors pas sur le canapé du coup ?
Maxime le fit taire d'un baiser langoureux. Sidjil était aux anges. Maxime l'avait un peu pardonné, et il se savait maintenant capable de l'aimer correctement. Serait-ce assez pour Maxime, qui se tendait peu à peu sous ce baiser pourtant si doux ?
-Il me faudra du temps, Sid... chuchota Maxime contre ses lèvres.
Sidjil acquiesça d'un signe de tête, ne voulant pas poser plus de questions pour l'instant. Ils auraient tout le temps qu'ils voudraient, si tout se passait bien. Si Sidjil s'en tenait à son honnêteté. Maxime était peut-être l'amour de sa vie. En tout cas, Sidjil l'espérait. L'amour pourrait être amer entre eux, surtout lorsque Maxime se rappellerait de la faute de Sidjil. Mais ils y arriveraient.
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