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1: Cauchemar

Silence. Ténèbres.

Halètement.

Soudain éclair lumineux, éblouissant, métallique.

Et de nouveau l'obscurité, profonde comme un océan.

Silence.

Halètements, plus rapprochés, pressants.

"Doucement... Doucement !"

Larouille étouffait sous son casque. L'acier au-dessus de ses arcades obstruait sa vue. Le renfort interne, en cuir aussi dur que du bois, lui râpait le front à chaque foulée de sa monture. La sueur gouttait sous son menton en rythme avec le bruit des sabots.

"Avancez encore... Isidore, essaie de soulever sous le genou."

"Par Saint Benoît... Sa bouche..."

"Je sais... Je sais ! Ne regarde pas !"

Malgré la vitesse de sa course, aucune brise ne venait rafraîchir son visage. L'air était pégueux et brûlant. Son armure l'enserrait avec la brutalité d'un serpent constricteur. Ses doigts tremblants, poisseux, se crispaient sur les rênes pour éviter de les laisser glisser.

Le galop se poursuivait, les fers claquant sur les dalles antiques avec une ardeur féroce ; chaque pas résonnait comme un défi, lancé jusqu'au plus profond des fosses infernales.

"Vous devant, avec les torches... Eclairez mieux les racines ! On voit rien..."

"Doucement... Ne remuez pas..."

"Il perd tout son sang ! La civière est trempée..."

"Plus vite ! Allez, plus vite !"

Une étroite passerelle de pierre, à peine assez large pour qu'un homme s'y couche en travers. Et tellement longue que son extrémité se perdait dans l'écarlate de l'horizon. La jument y poursuivait sa course, filant comme une tempête sur la chaussée interminable. Quelques brisures dans le pavement laissaient entrevoir l'obscurité du tunnel situé juste au-dessous. Plus bas, une série d'arches en massifs blocs de calcaire soutenait la structure, elle-même juchée sur d'autres arches plus puissantes encore, avant une dernière succession de voûtes, aux colonnes épaisses comme des tours, qui ancraient le Pont au sol de la vallée, impossiblement loin au-delà.

Un seul faux-pas, la plus légère erreur dans la conduite du cavalier ou les mouvements de la monture, précipiteraient homme et bête dans le vertigineux abîme qu'ils surplombaient. Aucun n'en avait cure. Non pas qu'ils n'éprouvent aucune peur ; les deux étaient terrorisés. Mais l'objet de leur épouvante ne se trouvait pas sous leurs pieds. Il était face à eux, sur la passerelle.

Et fonçait droit dans leur direction.

"Je pars devant... Je vais préparer le lit..."

"Fait amener tous les braseros que tu peux dans la salle d'hôtellerie ! Que ce soit bien éclairé. Il faut tremper les bandages... Demande à frère Gauvain, il sait faire..."

"J'y vais !"

"Attends ! Les braseros... Mets le tisonnier dedans. Et tout ce que tu peux trouver en fer avec un long manche..."

"Tu vas... cautériser ? Au fer rouge ?"

"Ce que je peux !... Tu crois que j'ai le choix ?"

Un cavalier, immense, hideux, horrible. Un visage dont la peau écorchée dévoilait une chair noirâtre, gangrénée, le masque d'un immuable rictus sans lèvres. Les mailles de sa cotte se rehaussaient de pointes, semblable à un entrelacs de ronces d'acier, suintant un ichor sombre et huileux. Il montait un cheval à la robe pâle, cadavérique, plus lourd qu'un taureau, aux yeux comme deux puits insondables.

Les deux guerriers galopaient l'un vers l'autre, à vitesse éperdue, lances baissées, sur cette lice au sommet du Monde.

"Que quelqu'un tienne la porte... Plus grand que ça !"

"Poussez-vous ! Doucement, doucement..."

"On le fait glisser ? Rouler ?..."

"Tu es fou ? Posez la civière comme ça sur la paillasse."

"On fait comment pour la côte de maille ? Il va falloir la découper..."

"Miséricorde..."

Larouille affirma sa prise sur les rênes. Se pencha vers l'avant, en partie dressé sur ses étriers. Plissa des yeux pour faire couler la sueur de ses cils.

"Tenez mieux la bouche !"

"C'est... Ah quelle horreur !"

"Il y a une autre plaie sur le ventre... Elle a l'air plus profonde que les trois autres..."

Une immense nuée noire se déploya soudain autour du cavalier démoniaque. Une tempête, bouillonnante et furieuse, qui enfla autour du pont, noyant le ciel de ténèbres, avant de fondre sur le vieil homme en une abominable cacophonie grinçante.

Des corbeaux. Décharnés et crasseux. Leurs plumes brûlantes comme des braises qu'un soufflet attise. Hurlant leurs croassements.

Larouille serra la mâchoire, baissa la tête, tâcha de poursuivre sa course malgré les battements d'ailes ardentes. Mais la chaleur devint vite insoutenable.

"Il... tremble... Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il lui arrive ?"

Les mailles de son armure se mirent à briller, rouge puis blanc aveuglant. Les rênes s'embrasèrent entre ses mains. La peau des avant-bras se couvrit de cloques et de gerçures. Une douleur intolérable enflamma ses yeux ; l'humeur qui les emplissait s'était mise à bouillir, et fit exploser les globes oculaires, pendant que la peau du visage commençait à couler le long de son crâne...

"Je crois... Je crois qu'il essaie de crier..."

Père Sébastien observait les moines s'affairer autour de la paillasse, une main crispée sur le chambranle de la porte, l'autre grattant nerveusement le duvet qui garnissait ses tempes. Frère Raymond, le vieux maître des novices du petit prieuré, attendait patiemment à ses côtés, dardant vers la scène un regard sombre sous ses épais sourcils cendrés.

"Vous l'avez trouvé à côté de la rivière, c'est ça ?" s'enquit à nouveau le jeune prieur.

"Oui, mon père."

À chaque fois qu'un interstice se découvrait entre les robes noires des moines, il essayait de saisir des détails de leur patient, de sa tenue ou de son équipage. Un fourreau d'épée vide, une armure de mailles tombant en morceaux, des bottes aux semelles si usées qu'une page de vélin protègerait sans doute mieux les pieds de son propriétaire...

"Je ne pense pas l'avoir déjà croisé dans la région", fit père Sébastien après une longue hésitation. "Un voyageur, peut-être..."

"Rien n'affaiblit l'âme comme les voyages", répartit frère Raymond après un raclement guttural. "Tout voyage est une fuite vers un inconnu illusoire, un renouveau mensonger, une fausse illumination. La prière et les Écritures sont le seul Vrai Voyage, le seul qui nous rapproche du Royaume des Cieux."

Père Sébastien roula discrètement les yeux dans la direction du seul Vrai Voyage. "Certes, mon frère, certes. Mais lui n'est ni un colporteur, ni un vagabond... C'est un guerrier. Un guerrier, blessé à mort sur les terres de notre prieuré. Qu'est-ce que..."

"Mon père ?" l'interrompit timidement une voix dans son dos.

Le maître de la petite communauté se retourna. La lune éclairait suffisamment le cloître pour qu'il puisse reconnaître le visage émacié de frère Augustin.

"Des visiteurs, mon père", poursuivit le moine d'une voix effacée, à peine un murmure. "Deux hommes, à l'entrée de l'église."

"En pleine nuit ?"

"Des hommes en armes, mon père."

Les ongles du jeune prieur dérapèrent sur sa joue, marquant la peau d'une série de lignes claires. Il jeta machinalement un regard derrière lui, vers le mourant sur la couche. Le frère infirmier, aidé de deux autres moines, s'affairait avec un rouleau de bandages autour de la tête sanguinolente. Un bénédictin soutenait le blessé par la nuque ; l'autre, réprimant visiblement des haut-le-cœur, tâchait de donner forme à la mâchoire. La mâchoire...

Père Sébastien se détourna. Sa peau se hérissait sous sa robe de bure.

"Ils... avaient un blason ?" demanda-t-il enfin. "Ils sont envoyés par quelqu'un ?"

"Ils disent venir de la maison Puisac, mon père."

"La maison Puisac ?..."

Le prieur darda un regard incrédule vers le portier. Il prononça la suite sans y penser.

"... Dame Ermessinde ?"

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