Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝐕𝐈 - 𝑳𝒂 𝒕𝒉𝒆𝒐𝒓𝒊𝒆 𝒅𝒖 𝒚𝒐-𝒚𝒐 🌸

CHAPITRE SIX.
La théorie du yo-yo.
(non corrigé)

Jisung avait compté, cela faisait bientôt plus de douze heures que Minho ne lui avait déroché aucune parole, aucun regard au de là de simples politesses. Quand les enfants étaient arrivés hier après midi, la seule chose qui lui avait dit était "C'est le groupe violet qu'on prend.", pas même un petit ton narquois, ou même un sourire suggestif, rien, plus sec et on aurait passer le stade du désert. Ça l'avait surpris mais sur le coup, il n'y avait pas pensé plus que ça. Ils avaient accueillis les enfants, s'étaient assis au coin du feu avec des chamallows grillant au bout de leur pic en bois. Honnêtement, les adolecents étaient adorables même s'il dût intercepter une flasque ou deux bien remplis, il avait eu le temps d'apprendre à les connaître, de rigoler avec eux accompagné de Seojung et Félix, une soirée des plus agréables, si Minho ne l'avait pas totalement ignoré. Encore une fois, Jisung s'était simplement dit qu'il avait peut-être eu la décence de ne pas flirter avec son collègue devant les enfants. Cela ne lui ressemblait pas mais qui sait ? La situation avait commencé à le titiller quand ce fut la même chose sur le chemin du retour à leur bungalow. Minho lui avait marmonné un "bonne nuit" sans enthousiasme avant de fumer une cigarette près du pavillon et de n'entrer qu'une heure plus tard. Il était même presque certain qu'il avait vérifié si Jisung dormait avant de finalement se coucher dans son lit. Bien sûr, Jisung ne dormait pas parce qu'il était un insomniaque chronique et l'agissement de Minho n'arrangeait rien.

Le reste de la semaine avait été similaire mais de pire en pire. Minho l'évitait désormais comme la peste. Certains soirs il ne revenait au bungalow qu'au petit mation quand il venait le moment de travailler. Jisung n'avait pas besoin de beaucoup d'imagination pour savoir à quoi il passait ses soirées étant donné qu'il ne manquait pas de le décrire à ses amis au téléphone sans retenue. Jisung aurait put lui dire d'arrêter, de passer ses entrevues répugnantes hors de son champ auditif mais il y avait une sorte curiosité presque masochiste à vouloir connaitre chaque petit détails de ses soirées d'ébauche. Il ne pouvait pas s'empêcher de baisser la musique de son casque dès qu'il passait un de ces appels, esperant que ses amis posent plus de questions pour que lui ai plus de réponses. Cela était arrivé trois fois. Les deux premières étaient des filles qui l'avaient abordés, ils avaient fini dans une chambre d'hôtel, rien de très spécial.

C'est le dernier en date qui l'avait fait tiqué. Tout simplement parce que c'était un "il". Jisung avait dût éteindre sa musique complètement pour être sûr que c'était bien ce qu'il avait entendu. Non c'était bien un "il". Un bassiste du groupe au bar dans lequel il était. "Je tombe toujours sur des bassistes" avait-il dit. Ils s'étaient jetés des regards toute la soirée d'après ses dires, et c'était Minho qui avait fait le premier pas. Ils avaient flirtés un moment, avaient partagés un baiser dans les toilettes et finalement il avait fini dans son lit. C'était la goutte de trop.

"Est-ce que tu peux faire tes appels autre part ? avait-il demandé en le coupant juste avant qu'il arrive à la partie cruciale de leurs ébats.
— Oh. Ok."

Ok. Deux lettres, à peine un mot. Il s'était levé, et était partit à l'extérieur. Encore une fois, pas de résistance, pas de sourire ou de petits commentaires pour lui prouver que le Minho qui se tenait était bien le vrai et pas un clone bizarre remplacé par des aliens. Il avait l'impression de devenir fou. Minho aimait les garçons. Et les filles manifestement. Mais aussi les garçons. C'était une claque. Pourquoi il ne lui avait jamais dit ? Enfin, Jisung non plus ne lui avait jamais dit alors, ils étaient égaux. Et ce n'est pas comme si il avait essayé de le cacher mais Jisung avait seulement pensé à une énième mauvaise blague de sa part. Quand il était revenu quelques heures plus tard, il s'était juste couché sur son lit, dos à lui et Jisung avait marmonné un bonne nuit orphelin.

Et ce matin, Jisung était littéralement en boxer sur son lit, encore humide de sa douche et à part l'ombre d'un regard, rien. Il n'avait rien dit, il était passé à côté de lui comme si de rien n'était. Comme si Jisung ne venait pas de lui tendre la plus grande perche du monde. Jisung devrait s'en rejouir, c'est tout ce qu'il voulait non ? Enfin Minho avait fini par se taire et l'avait laissé tranquille. Mais il n'y arrivait pas. Quelque part, il dirait même qu'il en était vexé. Il ne pouvait pas faire ça, pas après l'avoir supllié de rester à ses côtés il y a quelques nuits. Il méritait au moins une explication, un avertissement, quelque chose.

Au même moment, Minho sortit lui aussi de la douche, avec une chemise et un short en jean, rien de spécial mais Jisung devrait trouver quelque chose, n'importe quoi pour le faire réagir, pour lui rappeler qu'il existait lui aussi.

"Elle euh, elle est belle ta chemise, balbutie t-il maladroitement"

Minho se stoppa dans l'application de son parfum pour le dévisager, les sourcils froncés. Jisung avait eu du mal à savoir si c'était de la confusion ou de l'agacement, ou les deux. Il ouvrit la bouche avant de la refermer et de lui tourner le dos pour retourner dans la salle de bain. Jisung était sur le cul. Il n'avait même plus le droit à une réponse maintenant ? Son coeur se serra. Il avait passé ces derniers jours à le supplier de lui lâcher la grappe, à le repousser, à le traiter de tous les noms et maintenant qu'il le faisait, il voulait pleurer ? Jisung était pathétique. Il voudrait mettre ses sentiments en pause, les enterrer pour de bon, pour de pas avoir à gérer ce genre de situation ridicule.

"Félix veut profiter du temps libre qu'on a cet après-midi et aller à la fête forraine, dit Minho massant son visage visiblement recouvert de produit pour la peau, Il m'a dit de te prevenir."

Jisung sursauta, mais fut presque rassuré qu'il lui adresse enfin la parole, même si c'était simplement pour transmettre un message. C'était surement mieux comme ça, qu'ils ne s'en tiennent qu'à des échanges cordiaux mais il n'arrivait pas s'y résoudre. Peut-être que c'était ça son but depuis le début, le rendre totalement fou. Ca marchait en tout cas.

"Oh euh...Tu viens ? Minho s'adossa à la commode et Jisung remarqua qu'il lui manquait deux boutons, laissant apparaitre une chainnette argenté.
— Peut-être, à voir, il regarda le sol tandis que Jisung le fixait, à la recherche du moindre signe du Minho qu'il avait connu il y a quelques jours, Si j'y vais ce sera avec des amis de toute façon alors t'as pas à t'inquiéter.
— Oh, d'accord."

Il aurait voulut poser plus de questions mais il se retint. Parce qu'il avait un peu peur de la réponse, peur que ce soit peut-être ce beau bassiste qui avait semblé lui faire tourner la tête vu comment il parlait de lui. Il fit tourner sa langue, tripotant la petite bille argenté sur le bout de celle-ci, et pourtant il n'avait pas pu retenir la prochaine question qui passa ses lèvres.

"Alors hm...T'aimes les garçons ?"

Minho s'était interromptu dans son massage faciale quelques secondes avant de reprendre et Jisung fit comme si il n'avait pas vu ses oreilles virer au framboise.

"Pourquoi ? Ca te pose un problème ?
— Qu- Non ! Non pas du tout fin j'ai pleins d'amis qui sont...Enfin même moi je...Fin tu vois. Enfin ce que je veux dire c'est que je m'en fous quoi. J'étais curieux."

Jisung put croire voir le fantôme d'un sourire avant qu'il ne revienne au même visage impassible qu'il semblait adorer arborer en sa présence. Il détestait à quel point cette expression l'affectait. Il détestait le peu de soulagement que cela lui apportait.

"Tu devrais t'habiller."

Et sur ses mots il était partit, Jisung toujours en boxer sur son lit, toujours perdu, toujours esperant une once de chaleur de sa part.

Sans surprise, le reste de la journée s'était passé de la même manière que toutes celles qui la précedait. Chaque pièce dans laquelle il entrait était une dont Minho sortait sans lui adresser ni salutation ou regard. Son meilleur ami, Félix, lui l'avait bien remarqué. La façon dont il essayait de commencer ne serait-ce qu'un semblant de conversation avec Minho, en vain, son appetit qui avait dramatiquement baissé, sa mine rêveur à chaque fois que Minho l'ignorait pour la centième fois de la journée. Il le connaissait par coeur.

"Félix je crois que je deviens fou, avait-il dit alors qu'ils surpevisaient une partie de waterpolo.
— Ah parce que tu l'étais pas déjà ? Jisung le poussa.
— Pour de vrai ! Depuis le deuxième jour Minho a passé son temps à m'ignorer. Totalement. Et ça me fait chier, genre vraiment chier. Alors que c'est moi qui lui ai demandé de le faire ! Je le deteste, je devrais être content qu'il me fiche la paix.
— C'est parce que t'es un yoyo.
— Un quoi ?
— Un yoyo. On te repousse et tu reviens au galop. Ou un elastique si tu veux, peu importe, l'image est la même. T'aimes bien au fond, qu'on te désire, que Minho te désire.
— Pff, n'importe quoi.
— Ok alors pourquoi ça te soule qu'il te parle pas alors ?
— Bah ce que t'as dis, mais c'est pas parce que c'est Minho..., Felix le fixa un moment, Quoi ?
— C'est fou de nier autant. Jisung, tu me parles plus de Minho que n'importe quel mec mignon du campus. Tu as à peine payer attention au mec qui voulait ton numéro au café la dernière fois pourquoi ? Parce que tu étais trop occupé à stalker la page de Minho. Et moi je te le dis, t'aimais bien les petits flirts de Minho. Je comprends toujours pas bien pourquoi tu t'entêtes à vouloir le detester, mais ça crève les yeux à tout le monde que t'as envie de lui, même un petit peu. Minho a dut en avoir marre que tu le rejettes tout le temps, il est passé à autre chose, et maintenant ton entetement te retombe dessus. C'est aussi simple que ça. "

Jisung resta bouche bée. Il est passé à autre chose. Ca lui avait fait mal, et pas qu'un peu. Félix avait raison sur tous les points, il voulait juste faire l'aveugle. Mais il pensait vraiment que ce serait la solution pour que lui passe à autre chose, que Minho le laisse enfin, qu'il ne lui adresse plus la parole. Sans Minho dans sa vie, il était bien mieux. Alors pourquoi il avait l'impression que c'était pire ? Il massa ses tempes, sentant une migraine pointer le bout de so nez.

"Peut-être."

Et il avait arrêté la conversation là. Félix souffla sans insister. Jisung ne savait plus où il en était. Si Minho ne voulait plus de lui alors il devait aller de l'avant, ça ne servait à rien de lui courir après. Ou il pouvait être honnête avec lui-même. Aucune des options ne lui semblait être la bonne et puis, même si lui et Minho se reconcillait, ça ne réglait pas tout. Ca ne réglait rien du tout. Au fond, Jisung savait que ce n'était pas le fait qu'ils ne soient plus amis le problème, il le savait très bien. Et tant qu'il ne sera pas honnête avec lui, le cycle se repetera encore et encore. Il souffla lui aussi. Il comprenait maintenant l'épuisement de son ami envers lui, il était fatiguant d'essayer de naviguer dans ses états d'âmes.

L'après-midi pointa le bout de son nez, le soleil à plus de la moitié de son trajet mais toujours aussi brûlant, bien heureusement la brise marine aidait à rendre la chaleur bien plus supportable. Jisung aurait apprecié la météo si la journée n'avait pas commencé avec des vérités aussi dures à avaler. La présence de Félix et Seojung réussissait à lui arracher quelques sourires mais son esprit restait ennuagé par la même personne. Ce n'est qu'à la vision d'un certain blond devant le parc qu'il regagna confiance quant au potentiel de cette journée.

« MES BÉBÉS ! Hurla t-il en sautant dans les bras de ses deux meilleurs amis, Ca fait une éternité j'ai cru que je n'allais plus jamais vous voir, que c'était la fin.
— Ca fait à peine une semaine, ricana Jisung en lui rendant son étreinte bien évidemment accompagné de Félix.
— Oui, c'est bien ce que je dis, une éternité. »

Après un calin longtemps attendu, ils se détachèrent, Seojung les observant avec attendrissement. Hyunjin qui ne perdait jamais le nord remarqua d'ailleurs le beau brun à leur coté et replaça une mèche derrière son oreille avec de se tourner vers Seojung.

« Et toi tu es...?
— Seojung, il lui sourit avant de lui serrer la main.
— Enchanté Seojung, moi c'est Hyunjin mais tu peux m'appeler quand tu v-, le coude de Jisung – qui avait vu clair dans son petit jeu – dans ses côtes l'empêcha de continuer plus loin.
— Il est hors limite, cracha Jiusng, avec tes sales pattes là. »

Comme d'habitude, cela ne fit que commencer le début de longues chamailleries tandis que Félix les regardait avec desesperation et que Seonjung ricanait devant la créativité surprenante des insultes qu'ils se lançaient à la figure. Pendant un instant, Jisung avait cru retrouver un semblant de normalité, il allait enfin pouvoir passer une journée libre de toute pensées qui impliquait-

« Minho ! »

C'était une blague. Sa vie était une blague. Il voyait Félix faire de grands gestes au blond de loin qui était accompagné de deux personnes qu'il reconnut assez rapidement. C'était bien évidemment Chan et Changbin. Ils devaient sûrement séjourner dans une villa aux alentours. Il esperait que Minho ignore Félix comme il l'avait ignoré ces derniers jours mais non, c'était même tout l'inverse. Il lui fit un grand sourire avant de s'avancer vers lui, accompagné de ses deux acolytes. Jisung tenta de faire abstraction de l'amertume au fond de sa gorge lors qu'il vit son meilleur ami parler avec autant d'aisance avec Minho qui lui rendait son enthousiasme sans aucun souci. Les sentiments de Jisung ressemblaient à des pièces de puzzle dispersés au sol et Jisung n'avait aucune idée de
comment le résoudre. Il était énervé, triste, il détestait Minho et pourtant il avait désespérément besoin de son attention, et il ne sentait légitime ne ressentir aucune de ces émotions.

« Eh bah dis donc, si je savais qu'il y avait autant de beaux mecs j'aurais peut-être déposer mon CV, déclara Hyunjin en affichant un grand sourire à Minho suivit d'un clin d'œil, Hyunjin enchanté. Tu dois être Minho je suppose.
— Hm effectivement.
— Et j'aimerais juste te dire à titre informatif que mon hôtel est au- Aïe ! »

Jisung n'avait pas pu s'en empêcher. Avant même que son cerveau ne réagisse son pied s'était écrasé sur les belles chaussures du blond.

« Jisung tu peux pas te garder Seojung et Minho faut que tu fasses un ch-
— Enfin bref, interrompit Jisung, On devrait y aller, il jeta un regard suppliant Felix
de le sortir de cette situation plus que gênante.
— Euh oui, on se croisera peut-être ! »

Jisung fut le premier à tourner les talons, suivit de près par Felix qui tenait Hyunjin par la manche de sa veste en jean et Seojung qui essayait encore de comprendre ce qu'il venait de se passer.

« C'etait quoi ça ? Dit le brun avec un léger rire.
— En gros, Jisung est amoureux de Minho mais il ne veut pas l'avouer alors il préfère faire ses petites crises de jalousie au lieu de passer à autre chose ou de l'avouer comme toute personne normalement constitué.
— C'est pas vrai du tout, marmonna Jisung à moitié convaincu.
— Et donc le premier coup était totalement gratuit alors ? se plaint Hyunjin.
— Non ça c'est pas t'es un vrai connard en relation, je t'aime mais c'est vrai. C'est pour ça qu'on avait dit que les amis c'était hors de portée d'ailleurs, sermonna Felix tandis que Hyunjin serra son t-shirt à l'endroit de son cœur, une expression blessée sur le visage. »

Seojung explosa de rire tandis que Hyunjin tentait avec bien du mal de se défendre. Cas compliqué parce que des preuves de ses agissements plus que douteux dans sa gestion des relations étaient très nombreuses. C'est au bout du quatrième ami que Felix a du réconforter à cause des tendances du blond qu'ils avaient instaurés cette fameuse règle mais bien sûr, il ne passait pas un jour sas que celle-ci soit disputée.

« Votre groupe d'amis est très...intéressant, sourit Seojung observant Hyunjin se défendre comme si sa vie en dépendait.
— Ouais, dis toi que c'est mon quotidien ça, Jisung rit, Mais je les aime je suppose alors..., il prit une fausse attitude détachée et Seojung rit à son tour.
— Avec des personnages comme ça, ça doit pas être si mal, il pointa du doigt Hyunjin qui était maintenant à genoux devant un Félix ininteressé, J'ai jamais vraiment eu d'avoir un groupe d'amis, mais à vous voir ça l'air vraiment très fun. Surtout que ça se voit vraiment que vous vous aimez tu vois ? J'adore votre dynamique. Hey, ça te dit de faire la grande roue ? J'ai jamais pu en faire, vu que bah j'ai personne avec qui en faire aha. »

Après qu'il ait filtré les informations des élucubrations du brun, Jisung hésita un moment. Il avait une peur phobique des hauteurs, il ne pouvait pas le supporter alors être dans une boîte suspendue au-dessus du vide dans une infrastructure mise en place en quelques jours, c'était loin de le rassurer. Mais du stand d'à côté, ses yeux avaient rencontrés ceux de Minho, ses sourcils définis froncés au dessus de ceux-ci et encore une fois, sa petitesse prit le dessus.

« Ok, pourquoi pas. »


Minho avait observé Jisung attraper Seojung vers la grande roue, la gorge serrée. Il savait que Jisung avait le vertige, il savait que même s'asseoir sur le muret d'à peine deux mètres du lycée était impossible pour lui, il savait aussi que la grande roue était l'attraction la plus romantique de toute fête foraine. Alors qu'est-ce qu'il fichait à y aller avec ce bouffon ? Il repensa à ce que Hyunjin avait dit, que Jisung voulait se garder Seojung. Pourquoi avait-il dit ça ? Et surtout pourquoi Minho se torturait encore avec lui ? Il avait clairement trouvé une personne qui valait plus que soupirs agacés et commentaires désagréables. Il avait réussi à passer une semaine sans lui parler plus que nécessaire, à ne plus passer ses nuits à regarder les anciennes photos qu'ils avaient ensemble le cœur serré. Ce n'est pas un tour de manège qui allait défaire toute sa progression.

« Bah super ça se voit que t'es content de nous voir, dit Changbin alors qu'il récupérait sa peluche Hello Kitty durement gagné.
— Hein ?
— Tu tires la tronche depuis tout à l'heure, précisa Chan et ce n'est que là qu'il se rendit compte que ses sourcils étaient froncés depuis un moment.
— Oh, je suis désolé c'est juste que- Eunjung ?
— On sait que cette histoire de mariage te préoccupe mais c'est l'été tu devrais-
— Non, y a vraiment Eunjung regarde ! »

Il força ses deux amis à se retourner et pointa du doigt une jeune fille au loin. De longs cheveux noirs relevés dans une queue de cheval serrée, une chemise blanche nouée autour de sa fine taille au-dessus d'un short en jean, des lunettes noires sur son nez, il n'y avait pas de doute : c'était bien elle.

« Qu'est-ce qu'elle fout ici ? Demanda Changbin, tout aussi confus que Minho.
— Aucune idée. Attendez moi, je reviens tout de suite. »

Le pas décidé, il se dirigea vers la jeune fille, curieux avec une légère envie de défouler la frustration de la semaine sur quelqu'un. Une fois qu'il fut arrivé à sa hauteur, elle sembla tout aussi surprise de le voir ici, paniquée même, comme s'il l'avait prise à traîner là où elle ne devrait pas.

« Minho ! Quelle...belle suprise, elle força un sourire et Minho ne lui rendit pas sa courtoisie.
— Pourquoi t'es là ?
— Oh pardon je n'avais pas réalisé que l'île de Jeju appartenait à papounet aussi.
— Prends pas ce ton condescendant avec moi quand t'es littéralement la définition du népotisme, répliqua t-il.
— Moi au moins j'ai-
— Tiens chérie je savais pas si tu voulais fraise ou vanille alors j'ai pris les..., la jeune fille qui venait d'arriver se décomposa dès qu'elle vit Minho, deux. »

Un silence s'installa, les informations montant au compte goutte à son cerveau. Elle venait de l'appeler « chérie » ou il rêvait ? Après ce n'était pas rare que des amies filles soient assez proches pour avoir une attitude de couple l'une envers l'autre, nombreuses étaient les fois où il avait vu des filles totalement hétérosexuelles s'embrasser et ricaner avec légèreté juste après. Cependant la réaction de Eunjung et de sa potentielle « chérie » n'avait rien de léger mais plus de personnes prises en flagrant délit.

« Euh j'ai dit chérie ? Je voulais dire, euh..., Eunjung posa une main sur son épaule, l'empêchant de s'enfoncer plus profondément.
— Ça sert à rien mon coeur, elle prit une grande inspiration, Minho, je te présente ma petite amie, Gyuri, Gyuri je te présente Minho mon, eh bien, fiancé. Et pour répondre à ta précédente question on passait de très bonnes vacances avant que t'arrives et que tu gâches tout. »

Minho était resté là, essayant toujours de comprendre ce qu'il se passait. Eunjung avait une petite amie. Il ne put s'empêcher de lâcher un ricanement jaune. Il n'arrivait pas à le croire. Depuis le début, ils étaient dans la même merde en fait. Lui qui avait toujours pensé que Eunjung était la plus investie et enthousiaste à propos du mariage. Après tout elle était toujours allée dans le sens de leurs parents sans jamais se plaindre, toujours avec grâce et un sourire tandis que Minho tirait la gueule jusqu'à ce que les caméras s'allument. Mais il se rendit compte que les caméras étaient toujours allumées pour elle. Il avait tellement de questions.

« Je vois pas vraiment ce qui est drôle là dedans..., dit-elle tandis que Gyuri mangeait silencieusement sa glace à ses côtés, anticipant la réaction de Minho.
— Oh putain c'est lunaire, dit-il, son rire nerveux ne voulant pas s'arrêter, Mon dieu...Eunjung, tes parents le savent ? Que tu n'es pas hétéro je veux dire.
— Qu- Oui ? Enfin ils pensent que je me suis remise sur le bon chemin mais je vois toujours pas le rapport.
— Eunjung, je suis pas hétéro non plus, mes parents l'ont appris et ils ont organisé ce mariage débile et je parie que c'est la même chose pour toi.
— C'est pas un scoop, pas du tout même. Je t'ai vu mater mon frère, plusieurs fois, t'es vraiment pas discret.
—  En même temps..., Eunjung leva les yeux au ciel.
— En tout cas t'as pas intérêt à dire quoique ce soit Minho sinon je forcerais la mort à nous séparer.
— Woah, pour qui tu me prends ? Bien sûr que je ne dirais rien. Solidarité arc-en-ciel et cætera...Mais tu comptes faire quoi ? Tu es fiancée je te rappelle. »

Eunjung pinça les lèvres, sa main attrapant celle de sa copine qui semblait tout autant contrariée qu'elle par la question. Minho eut un pincement au coeur. Il n'aimait toujours pas Eunjung, il détestait les petites Miss Parfaites comme elle mais il ne pouvait qu'empathir avec elle. Se rendre compte qu'on ne pourra jamais se marier avec la personne qu'on aimait, c'était dur. Dur à vivre, dur à accepter . Ils ne pourront jamais avoir la vie qui les rendront heureux et épanouis, la vie qu'ils ne regretteront pas sur son lit de mort.

« On...On en discute. Je voulais t'en parler, pas maintenant mais c'était dans mes plans.
— Ça fait combien de temps ?
— Deux ans, Minho écarquilla les yeux, en années lesbiennes c'était l'équivalent de deux décennies.
— Waw... Et ça te gêne pas, de vivre dans l'ombre ? Cette fois il s'était adressé à Gyuri et elle ouvrit la bouche avant de la refermer, Je comprends pas pourquoi tu as accepté ce mariage, dit Minho.
— Et toi ?
— Moi j'ai rien à perdre à part l'héritage. Le choix était vite fait.
— Vraiment ? Tu crois que je te vois pas ouvrir le même dossier avec les mêmes photos du même mec tous les jours ? Quand je te dis que t'es pas discret..., Minho s'empourpra, le regard vers le ciel nu de nuages, dans l'espoir que cela le distrait un moment de son embarrassment.
— C'est...C'est pas pareil. Il ne m'aime pas de toute façon...
— Ça reste une partie de toi que t'abandonne. Ne fais pas comme si ce mariage ne te concerne pas. On a tous les deux autant besoin de cette couverture Minho Tu t'imagines toi si les deux héritiers des plus grandes compagnies de ce pays s'affichaient avec des partenaires de même sexe ? Le scandale médiatique que ce serait ? Je ne veux pas exposer Gyuri à ça. Voilà pourquoi j'ai accepté de jouer le jeu. Arrête de faire comme si ça ne t'affectait pas aussi, tu pourras pas jouer le playboy sans coeur et détaché toute ta vie. »

Sans même tirer sa révérence, elle partit, Gyuri sur ses talons, Minho sur le cul. Eunjung a toujours eu du répondant avec lui, elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds mais là elle s'était surpassée. Il avait eu du mal à l'avaler celle-là. Elle avait raison et il détestait l'admettre mais c'était vrai. Il détestait ce mariage, il détestait tout ce qu'il devait abandonner pour une simple alliance, il détestait qu'il n'avait pas le choix. Pourquoi la personne qu'il aimait avait tant d'importance de toute façon ? Juste parce qu'il avait eu la chance – si on pouvait appeler ça comme ça – d'être né dans une foyer plus riche que la moyenne, soudainement tous ses faits et gestes avaient une importance capitale ? C'était de la merde mais il avait signé pour y être alors il ne pouvait qu'endurer.

« Plus jamais. »

Jisung était avachi sur une des tables d'un stand de street food tandis que Seojung rigolait entre réelle inquiétude et totale moquerie. Jisung avait l'estomac en vrac, le cœur à bout de souffle. La grande roue avait été, sans surprise, l'une des plus grosses erreurs de sa vie. Même sur  la terre ferme, le sol semblait encore tanguer sous ses pieds. Il n'allait pas mentir, quelques larmes avaient coulées alors qu'il s'était cramponné à Seojung, jurant que c'était leur derniers instants sur Terre.

« Tu aurais pu me dire non tu sais ? Ricana t-il, J'ai vraiment cru que t'allais t'évanouir là haut !
— Moi aussi je te ferais dire, il prit une bouchée de son churros, la pâte frite fondant sur sa langue lui faisant oublier son horrible expérience quelques instants, Mais au moins tu as pu faire ta première grande roue !
— C'est vrai, il pouffa avant de piquer un churros à Jisung qui ne dit rien.
— Comment ça se fait que t'ai jamais eu personne pour le faire avec toi ? Je pensais que t'avais pleins d'amis moi.
— Ah ! J'aimerais bien mais, il soupira, Je pense que ça se voit à ma couleur de peau, mes cheveux et mon nez mais je suis pas totalement coréen. Ma mère est cubaine, né là bas, a déménagé ici pour mon père, puis ils se sont divorcés enfin bref, ça a pas été facile pour elle non plus. J'ai jamais été très riche, et avec mon apparence je faisais « mauvais genre ». Et les rares personnes qui osaient m'approcher me traitaient comme un perroquet exotique : ils touchaient mes cheveux, me demandait sans cesse de parler espagnol ou de traduire leurs chansons préférées, trouvaient ça marrant de me donner des surnoms tous plus racistes que les autres enfin bref. Pas facile.
— Je...J'arrive pas à croire que des personnes puissent faire ça. C'est horrible.
— Yep. Du coup j'ai jamais eu de vrais amis.
— C'est fou, t'es tellement sympa et avenant, j'aurais cru que tout le monde veuille être ton ami, il haussa les épaules, Mais je comprends. Même moi j'ai jamais été très riche et ni très sociable. J'ai toujours été méfiant des autres, à l'époque j'avais que..., il s'arrêta, Seojung pendu à ses lèvres.
— C'est le temps des confessions. Vas-y, je t'ai déjà raconté toute ma vie alors on est plus à ça près, Jisung soupira, ça faisait tellement longtemps qu'il en avait pas parlé.
— Minho, Seojung ouvrit grand les yeux, on était meilleurs amis, de la maternelle jusqu'au lycée.
— Et qu'est ce qu'il s'est passé ?"

Jisung ne savait pas si c'était le confort de se confier à une personne qu'il ne connaissait à peine, le moment de vulnérabilité dont ils faisaient tous les deux preuves, ses pensées emmêlées ou même le fait qu'il était persuadé qu'il allait mourir il y a quelques minutes mais pour une fois, il voulait être honnête. Il voulait dire la vérité, il avait besoin de le faire.

"Je..., il soupira, J'ai commencé à tomber amoureux de lui, Seojung mit sa main devant sa bouche dont sortait un hoquet dramatique et Jisung s'empêcha de rire des réactions de son ami, Et au départ ça allait, parce que j'avais encore l'espoir que mon meilleur ami super hétéro soit ne serait-ce qu'un peu interessé par moi. Puis forcément je suis revenu à la réalité, Minho est allé à la fac pendant que moi j'étais encore bloqué au lycée et... je pouvais plus le supporter.
— Et aujourd'hui...? Pourquoi tu le détestes autant ?
— Je le deteste pas vraiment c'est juste que...que c'est plus simple comme ça. Enfin je croyais. J'avais juste besoin de, de mettre toute ma frustration quelque part. Mais maintenant il me parle plus, et il est fiancé..., il soupira, et...et je crois que j'ai tout gâché.
— Woah. Ta vie c'est une série en fait, Jisung rit jaune, Mais je pense pas que tout soit perdu.
— Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Le brun haussa les épaules
— J'sais pas. Si tu n'as pas pu passer à autre chose après toutes ses années,je doute que Minho puisse le faire du jour au lendemain tu crois pas ? Et puis faut être optimiste dans la vie ! Elle est déjà assez déprimante comme ça pour en rajouter une couche. »

Jisung haussa les épaules, à moitié convaincu. Il marquait beaucoup de points mais pour que les choses aillent de l'avant, il faudrait que Jisung ait le courage de dire tout ce qu'il avait avoué à Seojung à Minho et ça c'était loin d'être gagné. Au même moment, Felix arriva les bras remplis à ras bord de peluches, un serre tête de chat sur ses cheveux accompagnés de lunettes assorties, un Changbin tout fier derrière lui.

« Regardez tout ce que Changbin m'a gagné ! S'exclama t-il tandis qu'il s'installait aux côtés de ses amis.
— Oh c'est rien, dit Changbin voulant être nonchalant mais son torse était gonflé de fierté.
— Tu rigoles ?! T'es super fort ! Il palpa les biceps exposés du noiraud sans aucune gêne et sans remarquer les rougeurs qui chauffaient tout le visage de Changbin.
— Il est passé où Hyunjin ? Demanda Jisung.
— Oh je l'ai vu partir avec Chan. On lui a pas manqué longtemps on dirait, ricana Félix tandis que Jisung soupirait, ce gosse était intenable, ils devraient le castrer.
— Tu m'étonnes..., il regarda autour de lui et reprit la parole, un peu plus timidement, J'ai pas vu Minho depuis un moment.
— Oh il est allé voir sa fiancée, déclara Changbin et Jisung sentit son cœur tomber dans ses entrailles.
— Elle est là..?
— Apparemment, il haussa les épaules. »

La conversation dériva sur un autre sujet mais Jisung n'écoutait plus vraiment. Seojung sembla le remarquer et se contenta de mettre un bras réconfortant autour de ses épaules. Jisung ne s'y opposa pas, au contraire, il posa sa tête contre son épaulee et ferma les yeux, sa tête encore souffrante. Le soleil tapait, son t-shirt lui collait à la peau, son cœur était à deux doigts d'exploser. C'était censé être la solution, s'il se séparait de Minho, il se séparait de ses sentiments, de ce stupide béguin qui avait prit beaucoup trop d'ampleur. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Peu importe à quel point il essaiera de le repousser, Minho restera toujours son ancre, son réconfort, la personne qui ne l'avait jamais rejeté. Quand sa mère buvait encore trop, que les choses devenaient bien trop compliquées pour son esprit juvénile, il avait toujours gardé sa porte et ses bras ouverts. Et il aimerait avoir sa fin heureuse où ils marchent main dans la main vers un magnifique coucher de soleil mais c'était la vraie vie et elle lui faisait un beau doigt d'honneur.

« Ah Minho ! Jisung te cherchait, salua Changbin lorsque le blond pointa enfin son nez. »

Jisung ouvrit les yeux, se redressant comme un piquet, les joues enflammées et cette fois ce n'était pas à cause du soleil haut dans le ciel. Minho le dévisagea lui et le propriétaire du bras qui l'entourait et il poussa l'intérieur de sa joue avec sa langue avant de prendre place à côté de Changbin un peu trop violemment.

« Ah bon ? Fut sa seule réponse. »

Leurs regards se croisèrent et Jisung frissonna. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il avait vu Minho aussi remonté. Peut-être la fois où un mec avait fait un croche pied à Jisung devant toute la cafétéria avant de l'insulter de « pédale à vernis ». Il ne s'était pas beaucoup de fois martyrisé à l'école, il faut dire que la présence de Minho en dissuadait beaucoup et cette fois était la seule et unique exception. À ce moment-là, Minho juste derrière lui s'était précipité vers lui tandis que l'idiot et ses amis ricanaient. Une fois qu'il s'était assuré que Jisung allait bien, il s'était tourné vers le groupe avec un regard dont Jisung se souviendrait sûrement toute sa vie. Minho ne prenait jamais rien au sérieux, au pire il était agacé mais jamais rien d'aussi fort. Le lendemain, Minho s'était ramené avec les coupables de l'humiliation publique de Jisung et ils s'étaient tous inclinés à 90 degrés, lui faisant leurs plus plates excuses et personne n'avait plus jamais dire quoique ce soit à Jisung, en tout cas, pas en la présence de Minho. Alors oui, Jisung avait de quoi frissonner.

« Je suppose que ta conversation avec Eunjung ne s'est pas bien terminée vu la tronche que tu tires, Minho détacha enfin son regard des deux, passant sa main sur son visage.
— M'ouais. Comme d'hab quoi. »

Pour éviter que la mauvaise humeur du blond ne se répande, Changbin changea rapidement de sujet. Jisung essaya de faire de son mieux de cette fois participer à la conversation mais avec les yeux acérés de Minho pointés sur lui à tout moment, c'était compliqué que rester concentré.

Au bout de quelques minutes, ils décidèrent de faire un tour pour voir les manèges qu'ils pourraient faire même si Changbin et Felix semblaient déjà avoir fait le tour de tous les stands à récompenses, c'est à dire quatre-vingt-dix pourcents de la fête foraine mais dans les dix pourcent restait une attraction qui attira immédiatement leur attention : la maison hantée. Jisung n'avait pas vraiment peur facilement, encore moins dans ce genre d'attraction où des adultes leur sautaient dessus avec des costumes low costs mais il avait toujours aimé tout ce qui touchait à l'horreur. Cependant, les messes basses et ricanements de Félix et Seojung lorsqu'ils étaient dans la file ce qui l'inquiétait le plus.

Une fois arrivé devant la porte, toutes les craintes de Jisung se confirmèrent. Félix le poussa lui et Minho dans la maison juste avant que le staff ne ferme la porte derrière eux. Jisung eut à peine le temps de réagir qu'ils étaient déjà plongés dans le noir, seuls les faibles lumières verdâtres recouvertes de fausses toiles d'araignée guidant leur pas. Super.

Un ricanement théâtral résonna entre les murs et Minho sursauta, un léger cri s'étranglant au fond de sa gorge. Jisung se retint un rire et avança dans les couloirs sur lequel les lettres ensanglantées qui les tapissaient épelaient « Partez. ». Les personnes qui s'étaient occupées du décor avait vraiment fait un super travail. Jisung aurait presque cru au sang si une odeur sucrée ne s'en dégageait pas. Minho ne sembla pas avoir la même appréciation pour le travail artistique derrière cette maison hantée étant donné qu'il restait la tête baissée, sursautant à la moindre toile qui frôlait son épaule.

L'amusement de Jisung demeurait mais il y avait une partie qui se sentait mal pour lui. Traverser cette maison devait être aussi dur pour Minho que le tour de grande roue pour lui. Alors il avait attendu patiemment qu'il arrive enfin à sa hauteur et pris sa main. Le blond parut surpris, confus mais il ne le rejeta pas pour autant même si honnêtement, il avait tous les droits de le faire. Jisung n'allait pas mentir et dire que sentir les doigts de Minho s'entremêler aux siens ne lui avait pas envoyé milles et uns électrochocs dans le corps, mais il ne fit rien paraître et continua d'avancer. Quelques acteurs surgissaient de temps en temps et Minho se cramponnait à Jisung comme si sa vie en dépendait, il manqua même de frapper une fille aux longs cheveux noirs et à la peau cireuse, un liquide sombre et visqueux sortant de sa bouche. Mais plus il s'approchait de la sortie, et plus Jisung avait l'impression d'être proche du point de non-retour, comme si à la seconde où ils allaient passer cette porte, tous les non-dits, les mensonges, seront enfermés pour toujours dans cette attraction de mauvais goût.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Jisung s'arrêta, Minho fronça les sourcils.
— De quoi tu parles ?
— T'as arrêté de m'adresser la parole soudainement, je veux juste...enfin..., Minho rit mais il n'y avait aucun amusement dans ses éclats.
— Pardon ? C'est toi qui a commencé le premier je te rappelle. Au cas où tu t'en souviens pas, tu as arrêté de me parler il y a deux ans sans aucune explication. Tu m'as juste traité de connard et tu t'es volatilisé. Et quand j'essaye désespérément voire même naïvement de retrouver ce qu'on avait tu...tu m'envoies balader et tu me fais bien comprendre que tu veux que je te fiche la paix. Et maintenant que je fais exactement ça, c'est à moi que tu demandes ce qu'il va pas ? »

Jisung s'était tût. Dit comme ça, il n'avait pas l'air glorieux, et il ne l'était pas. Il avait fait ce qu'il pensait être le mieux pour lui sans jamais prendre le temps de se demander ce qui était le mieux pour Minho. C'était lui le connard égoïste depuis le début. Il mordit sa langue, faisant de son mieux pour empêcher les larmes de couler parce qu'il ne les méritait pas ces larmes.. Jamais Minho ne s'était adressé à lui aussi crûment, il avait l'impression de recevoir une claque qu'il se réservait bien de lui mettre depuis des années. Il avait toujours pensé qu'il était la victime dans l'histoire, le pauvre Jisung, condamné à amour à sens unique, mais Minho lui il avait perdu son meilleur ami du jour au lendemain.

« Je...Je suis désolé, était tout ce qu'il avait à répondre et Minho soupira.
— C'est pas- Je veux juste une explication. C'est tout. Je sais que je suis pas le meilleur en relation, je sais que je suis nul pour ça mais je veux au moins savoir pourquoi tu me détestes autant. C'est tout ce que je demande. »

Jisung pinça les lèvres, le ventre en vrac. C'était le moment fatidique, celui qu'il avait redouté pendant tant d'années. Mais il ne pouvait pas continuer de fuir, il lui avait déjà fait assez de mal comme ça, il méritait la vérité.

« Ok. Ok, alors, il prit une grande inspiration, Ce...Ce soir là, j'étais pas énervé parce que t'étais en retard. J'avais abandonné depuis longtemps l'idée que t'arrives à l'heure, il sourit doucement en se remémorant son retard chronique, Non c'était parce que...Parce que tu revenais d'un de ces rendez-vous que ta mère organisait pour toi. J'avais passé la journée à pleurer et ça devenait trop dur, j'en pouvais plus mais je pouvais pas..., il soupira, Je... J'avais besoin d'une excuse. Pour partir pour-
— Me fuir.
— Pour te fuir, oui. Parce que je..., il n'arrivait pas à le dire, c'était trop, trop lourd, des mots qu'ils s'étaient interdits depuis trop longtemps, Putain. Bon, tu te souviens des chocolats que j'avais fait pendant notre dernière lycée ? Minho hocha vaguement la tête, ils étaient pour toi. Pareil pour les chansons d'amour que j'ai écrites en « m'inspirant d'animes », pour toi aussi. Toutes les fois où je t'ai dessiné c'était pas juste parce que tu avais « une structure faciale intéressante ». Tout ça c'était des excuses. Pareil quand je t'ai lâché toutes ces choses horribles au visage, c'était juste en espérant que tu me détestes, que tu sois enfin hors de ma vie et que je puisse passer à autre chose. Mais je peux pas me passer de toi et mon dieu que c'est niais mais c'est vrai. J'arrive pas à passer à autre chose et pourtant j'ai essayé, j'ai vraiment essayé. »

Minho resta là, pensif. Il fit un mini tour sur lui-même, s'accroupit avant de se replacer devant Jisung qui, de son côté, se sentait mourir à petit feu. Chaque seconde de plus de silence que Minho mettait entre eux le ramenait au lycée quand il faisait le guet dans la cour tandis que Minho embrassait une énième fille qu'il ne rappelera jamais, une énième fille qu'il enviait tellement, une énième où il se demandait quelle rituel sombre devait il faire pour être à sa place, pour que Minho le voit enfin.

« Et Seojung ? Jisung cligna des yeux, décontenancé par la question du blond.
— Hein ? Je te fais une déclaration et toi tu- Je te comprendrais jamais...
— Est-ce qu'il y a quelque chose entre toi et lui ? Vous aviez l'air vachement proche tout à l'heure. En plus vous avez fait la grande roue alors que t'as une peur phobique des hauteurs, plutôt romantique je trouve. Je pose juste les bonnes questions, Jisung croyait rêver, est-ce que...
— C'est une crise de jalousie que tu me fais ? Il finit sa réflexion à voix haute et vu le blanc qui s'installa après, il le regretta amèrement. »

Minho fit une légère moue, la mâchoire serrée. Il ne dit rien, pas par manque de mots mais plutôt par manque de bons mots. Jisung avait l'impression d'être sur le point de vomir. Parce que Minho ne répondait pas mais il voyait qu'il le voulait. Cependant Minho n'avait jamais été très bon avec ses mots alors Jisung essayait de lire ses pensées à travers ses mirettes mais les siennes étaient déjà bien assez remplies comme ça. Il avait envie de fuir, de reprendre tout ce qu'il avait avoué et de les remettre dans la boîte qu'il ne fallait jamais ouvrir. Celle qu'on ignorait jusqu'à ce que tout explose. Mais la main de Minho sur sa joue le força à rester, les jambes en gelée, le cerveau en pâté. Le souffle saccadé, Minho s'était approché, tout aussi incertain de ce qu'il faisait que Jisung.

« Peut-être, il replaça une mèche sur son front, passant sa main dans ses cheveux et Jisung ferma les yeux instinctivement.
— Seojung et moi y a rien du tout. Même pas un peu.
— Tant mieux. »

Jisung ne savait pas quoi dire pas quoi faire. La signification de ces simples mots n'était pas à chercher bien loin et pourtant l'information ne parvenait pas à communiquerentre ses synapses. Ça a été un concept tellement abstrait toute sa vie, une idylle qui ne jamais ne deviendrait réalité et pourtant Minho lui disait clairement qu'il était jaloux de Seojung.

Son souffle se rapprocha, s'écrasant désormais sur ses levres et Jisung déglutit. Est-ce qu'il avait le droit ? Après lui avoir causé tant de torts, être si près de ce qu'il avait tant désiré depuis des années semblait illégitime. Et pourtant il ne bougea pas d'un iota. Les mains de Minho se posèrent sur sa taille et il le rapprocha, attendant le moindre signe de rejet de la part de Jisung mais le noiraud n'en fit rien. Au contraire, il positionna ses bras autour de son cou, d'un naturel qui le surprit lui-même, les rapprochant toujours un peu plus. Et juste comme ça, les lèvres de Minho se posèrent sur les siennes. De la cerise industrielle, douces et sucrées. Ses lèvres répondirent timidement, goûtant avec précaution au fruit défendu sans vraiment trop comprendre ce qu'il se passait. Son esprit était vide de toutes incertitudes, chaque membre de son corps électrifié par la réalisation d'un désir qu'il pensait appartenir à la fiction.

« Hey vous devez avancer des gens attendent, déclara un membre du staff déjà fatigué, à peine surpris des activités des deux garçons. »

La nonchalance de l'employé ne les empêchèrent pas de bondir de deux mètres l'un de l'autre, Jisung inspectant le sol et Minho le plafond. Jisung hocha la tête et attrapa la main de Minho pour enfin sortir de cette maison hantée qui bizarrement était devenu très angoissante d'un coup. À la sortie, leurs amis les attendaient, Félix apparemment très fier de les voir sortir en un seul morceau sans savoir qu'il y a quelques secondes ils étaient à deux doigts de faire qu'une bouchée l'un de l'autre.

Le monde tournait à l'envers.

Le ciel était vert.

Minho avait embrassé Jisung.

Jisung avait embrassé Minho.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro