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Le mal est fait. Je n'arrive pas à me fier à cette expression. Oui, peut-être bien que le mal est fait, mais personne n'a-t-il donc eu l'intelligence d'essayer de stopper l'horreur que tu vivais ? Non, effectivement, personne n'y a pensé, ou plutôt personne n'a perçu la tristesse qui se dégageait de ton regard au-delà de tes sourires forcés. Pas même moi. Je suis une bien piètre sœur, n'est-ce pas ? Si seulement je pouvais arranger les choses ...
C'est mal, mais vu le point où on en était, j'aurais peut-être mieux fait de fouiller dans ton refuge et y découvrir ce que tu vivais quotidiennement. Finalement, je n'ai pensé à le faire qu'après la tragédie, quand je suis venue te rendre visite à l'hôpital et que ton cahier reposait avec tes autres affaires, dans l'armoire blanche. Ton visage était pâle, si pâle. Et pourtant, tu étais belle. Oui, tu es belle, Sora, et je t'ai toujours jalousée sans pourtant te l'avouer. Mais maintenant tu es morte et je n'ai plus personne à envier. Bizarrement, cette idée me fait un vide dans la poitrine, dans le ventre, et même partout dans le corps.
Je t'avais pris la main, elle était froide. Je t'avais doucement caressé la joue, qui avait perdu sa couleur rosée pour n'y laisser qu'une grande cicatrice encore ensanglantée cachée par un vulgaire pansement. Cette vision m'avait mise en colère. À quoi bon masquer ton visage par d'inutiles bandages alors que tu étais déjà partie ?
Une infirmière était venue et m'avait présenté ton cahier en me disant qu'on l'avait retrouvé dans la poche de ta salopette, contre ta poitrine, tout près de ton cœur expirant. Je l'avais pris entre mes mains, et, du bout du doigt, j'avais commencé à le feuilleter et à peu à peu entrer en contact avec ton univers intérieur.
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