Jeudi 20 mai
Chère maman,
En rentrant du lycée, je me suis rendue chez Mme Valentine pour acheter des fleurs. En entrant dans sa boutique, j'ai eu l'impression que le temps venait de faire marche arrière. J'étais à nouveau la petite fille curieuse et émerveillée qui accompagnait sa mère chez la fleuriste. L'atmosphère de l'endroit, ses couleurs, ses odeurs et même l'arrangement des étalages me rappelaient ces moments passés ensemble. J'aimais tellement admirer les fleurs, sentir leurs parfums. Ce lieu était une véritable caverne d'Ali Baba pour moi. J'appréciais tout particulièrement te voir composer un bouquet. Tu choisissais toujours les fleurs avec une grande attention, veillant à ce qu'il y ait une parfaite harmonie entre elles. Aujourd'hui, c'était à mon tour de créer ma propre composition. J'ai choisi de faire un bouquet de pensées, car ce sont tes fleurs préférées. Ce sont des plantes si délicates, si gracieuses. Elles te représentent si bien !
Si j'ai acheté ce bouquet, c'est parce que j'ai pris une grande décision. Aujourd'hui, je vais aller te rendre visite. Je n'ai jamais osé le faire auparavant, peut-être parce que je n'étais pas encore prête à faire face à la réalité. Je préférais t'écrire car cela me permettait en quelque sorte de maintenir à distance la douleur causée par ta perte. Mais cette lettre est la dernière que je t'adresse. Je suis enfin prête à accepter la réalité. Cela fait maintenant un an jour pour jour que tu es morte et je vais enfin avoir le courage de me rendre sur ta tombe. Pour te voir une dernière fois, pour te dire adieu...
Je t'aime,
Éléonore
***
Le cimetière d'Avonléa était désert en cette douce soirée de printemps. Hormis le léger pépiement des oiseaux dans les arbres, tout était silencieux. Éléonore s'avança sur le chemin qui permettait de se déplacer entre les tombes. Tandis qu'elle marchait, la jeune fille retenait son souffle, comme si le simple bruit de sa respiration pouvait perturber la tranquillité des lieux. Entre ses mains, elle tenait son bouquet de pensées ainsi que les lettres adressées à sa mère. Son regard parcourait à toute vitesse les noms inscrits sur les tombes, à la recherche de celle de sa mère. Lorsque Éléonore la trouva enfin, elle sentit une vague d'émotions la submerger. Elle prit une grande inspiration et s'agenouilla devant la dalle de marbre. La jeune fille ferma les yeux et se mit à penser à sa mère, à des souvenirs heureux qu'elles avaient en commun. Elle sentit les larmes arriver et ne chercha pas à les réfréner. Elle éclata en sanglots et laissa le chagrin l'envahir toute entière. Au fur et à mesure qu'elle pleurait, elle sentait la douleur la quitter peu à peu. Lorsque ses dernières larmes eurent fini de couler, Éléonore se sentit beaucoup mieux, apaisée, comme si un poids longtemps accumulé venait de quitter ses épaules. Elle déposa les lettres et le bouquet sur la tombe puis murmura : « Je t'aime maman. Je ne t'oublierai jamais. ». Après avoir jeté un dernier regard sur la tombe de sa mère, elle se leva et s'éloigna, un sourire flottant sur ses lèvres.
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