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Marchant tranquillement dans la rue, ne se souciant pas du monde autour de soi, elle se rendait chez elle après une petite escapade pour évacuer le stress de la journée. Il faisait un peu frais en ce soir d'automne, elle se hâtait pour enfin être au chaud.
À peine rendue chez elle, que son téléphone portable se mit à sonner à tue-tête. Elle décrocha en vitesse – après avoir cherché l'objet bruyant dans son sac à main – tout en refermant la porte de son appartement derrière elle d'un coup de pied.
L'appelant était une amie, Stéphanie – surnommée plus communément Steph – qui voulait savoir s'il était possible qu'elles se voient un de ces soirs, histoire de passer du temps entre filles, parler des dernières nouvelles, faire les folles... En bref passer une soirée entière devant la télé en critiquant les acteurs, les mains remplies de pop-corn, de chocolat et autres sucreries mauvaises pour leur ligne, et puis rire. Surtout rire, car c'était le meilleur remède pour éviter de plonger.
Elle cherchait de quoi écrire, il fallait qu'elle note tout ça sur un papier qu'elle mettrait en évidence, sinon elle serait bien capable d'oublier. Elle chercha dans la poche droite de sa veste, se disant qu'elle avait peut-être laissé là un vieux morceau de papier, même un emballage de bonbons aurait fait l'affaire.
Trouvant ce qu'elle voulait, elle nota le jour et l'heure du rendez-vous, ainsi que le lieu avec un vieux crayon qui écrivait à peine, traînant là sur un meuble dans l'entrée.
Ayant terminer de discuter avec son amie, elle raccrocha avant de quitter sa veste et de se diriger vers la cuisine pour fixer le papier sur le réfrigérateur et par la même occasion se préparer quelque chose à manger.
Il devait être aux alentours de dix-neuf heures, et n'avait pas envie de cuisiner maintenant. Elle sortit alors un plat du congélateur qu'elle fit ensuite réchauffer. Quelques minutes après elle se retrouvait attablé et mangeait avec empressement dans un silence quasi total.
Elle resta plusieurs minutes ainsi, devant son assiette vide, le regard dans le vide. Quand enfin elle releva la tête, et remarqua que quelque chose n'allait pas au niveau du frigo. Le papier qu'elle avait accroché là quelques minutes plus tôt avait été mit à l'envers, laissant apparaître une série de chiffres. Intriguée, elle se leva et alla voir ça de plus près avec une certaine hésitation, comme si elle avait peur de quelque chose.
La jeune femme décrocha le papier et regarda attentivement. Il s'agissait sûrement d'un numéro de téléphone, et ce n'était pas son écriture. Seulement elle ne se souvenait pas avoir reçu le numéro de quelqu'un ces derniers temps. Mais alors comment ce papier portant ce numéro avait pu atterrir dans la poche de sa veste ? Quelqu'un l'aurait-il glissé intentionnellement ou par mégarde ?
Elle vérifia si elle n'avait pas déjà entré ce numéro dans ses contacts téléphoniques – on ne sait jamais, peut-être avait-elle oublié ? – mais il n'y était pas. Et elle ne voyait absolument pas à qui il pouvait appartenir.
Il ne restait qu'un seul moyen pour en avoir le cœur net ; passer un coup de fil. Sans plus attendre elle composa les dix chiffres du numéro et attendit que quelqu'un décroche.
Les bips s'enchainaient sans avoir de réponse, elle s'apprêtait à raccrocher lorsqu'enfin une voix masculine résonna à l'autre bout du fil.
— Allô ?
— Oui, bonjour... Pardonnez-moi de vous déranger à cette heure-ci, mais j'ai trouvé par hasard votre numéro et je ne savais pas à qui il pouvait appartenir et ni comment j'ai pu me le me procurer. J'ai donc pris l'initiative d'appeler en espérant avoir plus de réponses, expliqua la jeune femme.
— Eh bien ce n'est pas trop tôt ! J'ai failli attendre moi ! s'exclama alors son interlocuteur.
— Pardon ? Qui êtes-vous ?
— Quoi ? Tu m'as déjà oublié ?! s'étonna l'inconnu, semblant vexé.
— Je suis désolée, mais sincèrement je ne vois pas... s'excusa-t-elle tout en réfléchissant. Comment aurait-elle pu le connaître ? Et pourquoi se permettait-il de la tutoyer ?
— Je vais devoir te rafraîchir la mémoire dans ce cas... susurra-t-il.
La jeune femme restait perplexe. Elle ne voyait pas du tout à qui elle pouvait avoir à faire et cela commençait à l'inquiéter sérieusement.
D'ailleurs elle hésitait à raccrocher immédiatement, se disant que celui qui était à l'autre bout du fil n'était peut-être qu'un affreux tordu aux envies plus que déplacées. Mais alors pourquoi aurait-elle son numéro ?
Elle respira fortement, comme pour se donner du courage et affronter cet énergumène quel qu'il soit.
— Eh bien, qu'attendez-vous pour vous faire un plaisir de me rappeler ? lança-t-elle, de façon plutôt agressive.
— Je me souviens encore, de tes courbes magnifiques, de ton odeur, de la chaleur de ton corps, de ce désir qui, lentement, prenait place en toi mais qui, malheureusement, resta en suspend. Je me souviens de ce que tu étais, si belle, sûre de toi, forte et en même temps si... délicate. J'aurais tant aimé qu'on aille plus loin... répondit alors l'homme sans aucune hésitation.
C'est ainsi, qu'enfin les choses semblaient prendre place. Elle comprit.
— Oh... laissa-t-elle échapper.
La jeune femme ne savait que dire, étonnée et en même temps gênée. Elle ne pensait pas un jour reprendre contact avec cet homme. Mais, lui, en avait apparemment décidé autrement. Il avait donc glisser son numéro dans la veste de la demoiselle avant de partir ?
— Tu es toujours là ? demanda-t-il face à son silence. Il regarda d'ailleurs l'écran de son téléphone de peur qu'elle ait raccroché, mais l'appel était toujours en cours.
— Euh, oui oui, s'empressa-t-elle de répondre avant de s'asseoir. Posant une main sur le combiné elle prit une grande inspiration. Elle voulait dire quelque chose, mais elle restait muette. Que dire après tout ?
— Tu vas bien ? sembla s'inquiéter le jeune homme.
Il n'eut pour réponse qu'une série de bafouillements suivi d'un « oui » quasi inaudible. Il préféra attendre un peu avant de reprendre la parole.
— J'aimerais qu'on se revoit...
— Qu-qu'on se... revoit ? fit-elle presque sans voix.
Se revoir ? Jamais elle n'avait envisager cela possible. Elle pensait même n'avoir qu'à partir et à oublier toute cette histoire. Et l'oublier, lui, aussi. Un peu moins d'un mois s'était écoulé depuis leur rencontre, elle avait en fait laissé tout ça de côté en se disant qu'elle ne le reverrait jamais de toute façon. Si elle avait su que depuis tout ce temps elle avait son numéro dans sa poche...
— Oui, cela te pose un problème ?
Elle ne sut quoi lui répondre. Elle tenta tant bien que mal de s'expliquer mais ceci n'aboutit qu'à quelques bégaiements.
— Mais bien sûr, dans d'autres circonstances que la fois dernière, plus communes, comme autour d'un café par exemple, ajouta-t-il sentant le malaise. Il cherchait un moyen de la rassurer en quelques sortes.
Étrange, ce comportement, elle lui avait semblé bien plus sûre d'elle l'autre fois. Et pourtant ils étaient l'un en face de l'autre, en vrai, pas derrière un écran de téléphone. Oh oui, elle était bien plus confiante, l'air si inaccessible et pourtant si proche... Sous ses yeux, dans son esprit, voire même dans ses rêves, il revoyait son corps, nu, aux formes aguicheuses. Rien que d'y repenser et de nouveau son désir pour elle refaisait surface. Ce désir qui, depuis des jours, restait inassouvi.
— Autour d'un café ? Mais où ? Quand ? Et pour quelle raison ? questionna-t-elle d'une voix plus dure, plus méfiante.
Mmm... et cette voix, cette voix le rendait absolument fou, même en cet instant. Ni plus, ni moins, son jeans commençait à le serrer dangereusement. Encore heureux qu'ils soient au téléphone, il n'était pas sûr d'assumer ainsi ses ardeurs s'il avait été en face d'elle en ce moment.
— Oui... Eh bien, je ne sais pas, là où tu préfères, à la date et à l'heure que tu souhaites. Et la raison est que j'ai très envie de te revoir, d'en apprendre davantage sur cette mystérieuse femme que tu es, répondit-il non sans pouvoir dissimuler le désir qu'il portait sans sa voix, celle-ci devenue soudain plus grave et plus profonde. Il espérait qu'elle n'en prendrait pas compte.
Elle sembla déroutée quelques instants, mais peut-être ne faisait-elle que réfléchir, rien de plus ?
— Rejoignons-nous place marchande aux alentours de dix-huit heures demain soir. Mais je n'ai que faire de la raison que tu me donnes. Ce n'est pas parce que j'accepte qu'on se voit que je vais tout te dévoiler sur moi. J'ai même envie de dire que tu peux rêver ! dit-elle cette fois-ci avec plus de conviction, plus de confiance en elle.
— C'est beau de rêver. D'ailleurs, certains rêves se réalisent si on y croit très fort et qu'ils sont dans la mesure du possible...
La jeune femme lâcha un rire moqueur.
— Assez plaisanté, je n'ai pas que ça à faire de parler avec un inconnu, dit-elle froidement.
— Un inconnu ? Vraiment ? Cela dépend sous quel point de vue on se place... Si c'est face à ton sublime visage... Ou en gros plan sur ta généreuse et magnifique poitrine... Ou encore en vue plongée sur tes fesses rebondies... Le tout est un délice pour les yeux et une folie pour mes mains chaudes... Donc je ne sais pas si on peut vraiment dire à cent pour cent que je suis un inconnu, répliqua-t-il de manière à la contredire, haletant légèrement, sa respiration plus profonde, plus rapide.
Mais à sa surprise, la communication fut coupée. Il regarda l'écran de son téléphone où restèrent quelques secondes les mots "fin d'appel" avant de disparaître comme l'avait fait à deux reprises la femme qu'il convoitait. La première fois c'était peut-être lui qui était parti, mais elle avait ensuite disparu de toute circulation. Et n'ayant aucune information sur elle il ne lui restait plus qu'à espérer qu'elle trouve son numéro ou bien la croiser à tout hasard dans la rue.
Mais maintenant qu'il possédait son numéro il allait être beaucoup plus simple de reprendre le contact. Immédiatement il lui envoya un message :
« Coupure volontaire ? »
Il attendit quelques minutes avant de recevoir une réponse affirmative. Il comprit alors qu'il avait été trop rapide, qu'il s'était un peu lassé aller à cause de son désir trop ardent.
« Donc, demain soir, dix-huit heures, place marchande, ça tient toujours ? » voulu-t-il s'assurer en envoyant un second message.
Alors qu'elle commençait à se poser des question par rapport à ce type, son téléphone vibra une seconde fois. Encore lui.
Elle répondit de nouveau par l'affirmative même si ce rendez-vous ne l'enchantait pas vraiment. Elle soupira grandement en s'effondrant sur son canapé, fermant les yeux quelques instants voulant oublier ce qui l'attendait demain.
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