Bonne lecture !

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Adrian le regarde avec de grands yeux curieux depuis plusieurs minutes. Posé sur le rocher qui surplombe le royaume, celui atteint par les quelques rayons du soleil qui traverse la surface, Octavius soupire.

– Si tu as quelque chose à dire : dis-le.

Adrian sera un bon dirigeant. Sa candeur est encore une défaut, mais bientôt elle deviendra une qualité et toutes les sirènes fêteront son règne comme il se doit. Comme ils l'ont fait pour Octavius, qui peut enfin laisser sa place à quelqu'un d'autre.

– Je me demandais....

Il nage jusqu'à lui, sa nageoire jaune soleil luisant dans l'obscurité des profondeurs. Ses yeux sont si claires : comme de l'or.

– Tante m'a raconté une histoire, ce matin. Une histoire a propos de toi. Est-ce qu'elle était vraie ?

Il relève sur lui un regard plein de curiosité. Octavius peut presque lire dans ses pensées : « as-tu vraiment vécu quelque chose d'aussi incroyable ? ».

– Les légendes ne sont souvent que des exagérations.

– Alors tu n'es pas allé dans le monde des humains ?

La voix d'Adrian lui parvient sans même qu'il n'ait à ouvrir la bouche : c'est là toute la différence. Le son de sa propre voix lui manquerait presque.

– Si. Il y a très longtemps. Elle devrait vraiment arrêter de raconter cette histoire.

Il retient un soupir, car les bulles qui sortent de son corps ne sont jamais agréables. Parfois, il se surprend à de nouveau réagir comme un humain.

– Oh, allez, raconte-moi ! Ta version doit être bien meilleure ! Les humains sont comme on le dit ? Ils ont vraiment deux petites nageoires toutes dures ? Est-ce qu'ils sont.... méchants ?

Octavius sourit. Il lève une main, caresse les cheveux blonds d'Adrian, puis hoche la tête.

– Certains. Comme nous : certains sont bons, d'autres moins bons. Ils sont malins pour des choses, et vraiment idiots pour d'autres.

– Et ils ne te manquent pas ?

Cette question, elle le prend au dépourvu. Il regarde son successeur et ses grands yeux, et n'y voit que de la curiosité pure. Lui a-t-elle parlé de.... ?

– Si. Ils me manquent. Ou tout du moins, l'un d'entre eux était...

Il ferme les yeux, ouvre les lèvres, et utilise ses cordes vocales pour articuler :

Cher à mon cœur.

Adrian fronce les sourcils.

– J'ai rien compris, tu sais ?

Un sourire, et Octavius hausse les épaules. Il se lève, quitte le rocher, et s'élève un peu avant de commencer à redescendre vers le palais en contre-bas.

– Si tu ne te dépêches pas, ta tante va te gronder tu sais ?

C'était un autre monde, d'un autre temps. À présent, la mer allait bientôt le reprendre, faire disparaître ce corps dont il n'aurait plus l'utilité, et alors : alors peut-être qu'il pourrait le rejoindre.

Rejoindre celui, qui, le temps d'un regard, avait réussi à lui voler son cœur.

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Fin

Je vous embrasse !